Entretien avec Phil Demmel et Mark Menghi (BPMD)

Le supergroupe BPMD, composé de Bobby Blitz (Overkill), Mike Portnoy (ex-Dream Theater, Sons of Apollo), Mark Menghi (Metal Allegiance) et Phil Demmel (ex-Machine Head, Vio-Lence), nous propose un album nommé American Made, composé uniquement de reprises de groupes américains des 70's. La rédaction s'est donc entretenu avec le bassiste et le guitariste afin de revenir sur cette nouvelle galette 100 % rock n' roll. 

Tout d’abord, qui est à l’origine du projet BPMD ?

Mark Menghi : La genèse de BMPD provient de mon propre fils. Et oui! Il m’a donné l’idée de reprendre le morceau “Saturday Night Special” de Lynyrd Skynyrd avec Metal Allegiance, mais je me suis dit “pourquoi ne pas faire cela dans un autre contexte”. C’est donc de là qu’est parti l'idee du projet, puis j’ai proposé à mes amis d’y prendre part et ils ont tout de suite été emballés de reprendre des standards américains.

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Le nom du groupe représente donc vos initiales, avez-vous envisagé un autre nom éventuellement ou le choix s’est fait tout naturellement ?

MM : C’était assez rapide, j’avoue qu’on ne s’est pas trop foulé pour trouver ce nom (rires). En fait c’est plus inspiré par Emerson, Lake & Palmer, qu’on appelle ELP, parce que c’est beaucoup plus simple ! Puis nous ne voulions pas trop nous démener à chercher un nom trop complexe pour ce projet qui reste une cour de récréation pour nous, et nous permet de familiariser le public avec la musique de notre pays.

Comment avez-vous procédé pour le choix des chansons ? Vous êtes-vous dit “on peut rajouter quelque chose de plus à ce morceau par rapport à l’original” ou vous avez tout simplement voulu reprendre des morceaux qui vous plaisent ?

Phil Demmel : Un peu des deux. En fait, chacun des membres a choisi deux groupes américains qu’il souhaitait reprendre, et nous ne pouvions pas s’opposer aux choix faits par chacun. Puis, une fois que nous avions les groupes, nous avons fait la sélection des compositions selon celles qui nous convenaient le plus. Lorsque nos choix ont été faits, on a vu si nous pouvions apporter un plus à ces morceaux, parce qu’il y a de nombreuses compositions dont la version originale est déjà très bien, donc il n’est pas forcément utile de trop dériver de sa première version.

MM : Pour ce qui est des chansons que j’ai choisies, j’ai voulu faire en sorte que les morceaux sonnent plus comme des jams en fait, où chacun pouvait se faire plaisir. La version d’origine de “Saturday Night Special” est déjà géniale, donc notre reprise ne dérive pas trop de celle-ci. Tout comme “Beer Drinkers & Hell Raisers” de ZZ Top qui donne vraiment envie de faire la fête, souhaitant conserver cet esprit bon enfant qui décrit bien le projet BPMD.

Pourquoi avoir sélectionné uniquement des morceaux de groupes américains des 70’s ?

MM : Le point de départ étant la reprise de Lynyrd Skynyrd, lorsque je l’ai proposé à Bobby Blitz, il m’a évoqué l’idée de reprendre uniquement des groupes de southern rock, ce qui me plaisait plutôt pas mal! Puis c’est Mike Portnoy qui nous a dit “on pourrait élargir un peu plus les styles de musique à reprendre”, dans le but de se donner un challenge supplémentaire et aussi pour avoir un plus large choix de compositions à reprendre. Il nous évoquait les groupes britanniques de cette période, comme Black Sabbath, Deep Purple, Judas Priest… L’idée nous plaisait beaucoup, ces légendes ayant aussi beaucoup inspirées la musique américaine de l’époque. Mais après de nombreuses discussions à ce sujet, nous avons plutôt décidé de partir sur des reprises de groupes américains, et je suis plutôt content de ce choix, car les groupes que nous avons choisis font aussi partie des monuments de la musique des 70’s. De plus, nous avons conservé l’idée de se donner un challenge, car personnellement je n’avais jamais joué de morceaux de ces groupes et je n’aurais jamais pensé le faire un jour ! De mon côté, ça m’a permis de diversifier mon jeu et apporter ma touche aux morceaux qui constituent l’essence du rock n’ roll de l’époque, et j’ai adoré faire ça.

Ce qui est bien aussi avec ce projet, c’est qu’on retrouve des groupes très connus, mais aussi des deep cuts, permettant de découvrir une autre facette d’artistes que l’on connaît déjà, qu’en pensez-vous ?

MM : C’est exactement ça. D’ailleurs, il y a même des morceaux que j’ai moi-même découvert, comme par exemple “Tattoo Vampire” de Blue Oyster Cult, choisi par Phil. En l’écoutant pour la première fois je me suis dit “mais comment on va pouvoir reprendre ce morceau ?” (rires).

PD : Pour le coup, c’est un morceau qui se trouve plus dans mon élément, et nous avons décidé de la jouer plus violente que l’originale, et le résultat est plutôt réussi je trouve. Ce qui était un sacré challenge pour ce morceau, ce n’était pas évident de visionner comment nous pouvions le reprendre, mais la touche metal que nous lui avons donné fonctionne bien et j’en suis très content.

MM : Le fait d’avoir varié les groupes dans différents styles, avec des compositions plus ou moins connues, m’a permis de me développer en tant que bassiste, en essayant de reproduire au mieux ce que les artistes originaux jouaient, tout en apportant ma patte. Je pense aussi au morceau “Evil” qui est, à la base, un morceau des années 50, interprété par Howlin’ Wolf, puis repris par Cactus dans les années 70. Bien sur, nous nous sommes basés sur cette seconde version, bien plus rock n’ roll que l’original, et je pense qu’il est important de pouvoir renouveler certains morceaux et leur donner une sorte de cure de jouvence, comme l’a fait Cactus à l’époque.

Considérez-vous BPMD plutôt comme un cover band (groupe de reprises) ou comme un tribute band (groupe hommage) ?

PD : Je pense qu’on est définitivement un groupe de reprises (rires). Nous rendons bien sûr hommage aux groupes de cette période en les reprenant, mais le but est surtout de pouvoir s’amuser en jouant ces morceaux et divertir le public en mettant une bonne ambiance. Nous ne sommes pas comme Steel Dragon avec le chanteur qui porte exactement la même veste de telle tournée de tel groupe de 1978 (référence au film Rock Star de 2001 avec Mark Wahlberg, ndlr). C’est vrai qu’on reste assez proche des versions originales sur une bonne partie de l’album, mais nous rajoutons forcément notre touche car c’est quand même très simple et peu original de singer exactement ce qui a été fait il y a des décennies auparavant.

J’ai cru entendre quelqu’un qui chante avec Bobby sur "Beer Drinkers & Hell Raisers", de qui s’agit-il ?

PD : C’est moi! C’était très plaisant d’accompagner Bobby au chant, le duo colle super bien sur ce morceau, j’en suis vraiment content!

Souhaiteriez-vous éventuellement faire intervenir des guests pour un futur album ? Un peu à la manière de Metal Allegiance ?

MM : On fait ça entre nous, nous ne pensons pas devoir faire intervenir d’autres personnes, déjà pour Metal Allegiance c’est pas toujours évident donc bon, nous n’allons pas nous mettre encore des bâtons dans les roues! Peut-être que nous le ferons si nous en ressentons vraiment le besoin, mais sinon nous nous contenterons de nous quatre. Tu peux me croire, avec les deux albums et l’EP de Metal Allegiance, j’ai une assez bonne expérience en la matière pour savoir si des morceaux nécessitent une intervention extérieure ou non (rires).

Chaque membre du groupe étant impliqué dans différents projets, peut-on s’attendre à des concerts événementiels ou tournées ?

PD : Évidemment, dès que la situation nous le permettra, nous souhaitons défendre l’album en salles, festivals, croisières… mais nous ne sommes pas un groupe de tournée. Avec nos emplois du temps, cela risque d’être très compliqué, donc nous donnerons différents concerts individuels à travers les Etats-Unis dans un premier temps, et nous verrons par la suite.

Allez-vous vous contenter de jouer les reprises de l’album ou pourriez-vous vous aventurer en proposant d’autres reprises, notamment de vos groupes ?

MM : Nous sommes ouverts à absolument tout, pour le moment rien est fixé du tout, mais comme on ne va pas jouer pendant un bon moment, nous prendrons peut-être des décisions prochainement à ce sujet. Visiblement, il n’y aura pas de concerts en 2020, donc je suis prêt à tout pour jouer n’importe quoi (rires). En tout cas, si nous voulons faire des plus gros concerts, il faudra forcément ajouter de nouveaux morceaux pour élargir nos setlists, cela est évident. Nous en discuterons prochainement afin de potentiellement produire quelque chose au premier semestre 2021, en reprenant potentiellement du Vio-Lence, Overkill, … nous verrons!

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Pour l’avenir du groupe, peut-on s’attendre à un nouvel album prochainement ? Si oui, sera-t-il composé uniquement de reprises ou pourriez-vous proposer du contenu original ?

MM : Je ne sais vraiment pas… je pense qu’on a déjà chacun suffisamment de quoi s’occuper en terme de compositions avec nos différents projets. Mais nous ne sommes pas fermés à l’idée; si jamais nous jammons et que quelque chose d’original en ressort, pourquoi pas en faire une musique, mais l’idée du groupe reste tout de même de s’éclater en faisant des reprises.

Question pour Phil: Vio-Lence s’est reformé dernièrement et a assuré quelques dates, avez-vous prévu de sortir un album prochainement ?

PD : Oui, nous avons quelques morceaux d’écrits qui vont être prochainement enregistrés en studio,. Nous venons de signer avec Napalm Records pour un EP 5 titres; pour le moment rien est acté à 100 %, mais nous sortirons de nouveaux morceaux dès que cela sera possible, espérons début 2021.

Et pour Mark, de même pour Metal Allegiance ?

MM : Pour le moment, je me concentre sur BPMD et la sortie de l’album, mais j’envisage la sortie d’un troisième album oui. Nous en discuterons prochainement et débuterons les sessions d’écriture quand la situation nous le permettra. En effet, je préfère avoir une interaction directe avec les musiciens que par Skype, afin de me rendre compte de comment sonne l’intégralité d’une composition. J’espère ne pas trop attendre avant de pouvoir m’y coller!

Que diriez-vous à nos lecteurs pour qu’ils écoutent American Made ?

PD : L’album s’adresse aux fans de rock classique en général, mais aussi aux addictes de musique un peu plus heavy, car la période 70’s marque le début de ce style de musique, et les morceaux choisis mettent bien en avant cela. D’autre part, je pense que le monde a actuellement besoin de ce genre de son, pour s’amuser et continuer à célébrer la musique comme il se doit.

MM : Oui et il s’agit avant tout d’un album enregistré par quatre amis qui ont pris beaucoup de plaisir à le produire, et qui ont envie de transmettre cette joie à travers des musiques qui ont façonné la musique que nous chérissons. C’est cela avant toute chose.

Interview réalisée le 29/04/2020 par téléphone.
Sortie de American Made le 12/06/2020 via Napalm Records. 

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