Peter Tägtgren, compositeur de Pain

Après Yann Armellino, l'ami Vyuuse ne chôme pas et enchaîne quasi directement avec une figure emblématique de la production metal : Peter Tägtgren. Non pas pour son groupe Hypocrisy ou un éventuel retour de Bloodbath, mais pour la sortie du 7ème album de qon projet electro-indus metal Pain. Ce You Only Live Twice étant prévu pour le 3 juin prochain chez Nuclear Blast.

Vyuuse : Bonsoir Peter ! Tu es ici pour la promotion du nouvel album de Pain, You Only Live Twice. C’est un titre plutôt étrange. Est-ce une référence au film de James Bond?

Peter Tägtgren : Non, la chanson parle plus d’envie, et aussi un peu du fait d’être déçu de la façon dont les choses ne vont pas comme tu voudrais dans la vie. Quand tu es petit, tu as des projets, et quand tu grandis, tu prends le mauvais chemin… Ces choses-là… Des fois tu fais des trucs et tu te dis « Tu voudrais pas vivre deux fois ?», comme ça tu peux les refaire.

 

Donc la déception est un des thèmes dans cet album. De quoi d’autre parles-tu dans tes paroles ?

Des choses de tous les jours. « Dirty Woman » parle de nous-autres, les mecs, on est pas très malins quand on voit une belle fille. Tu vois, le sang dans ta tête descend vers ton pénis (rires) et ton QI fait « wooon » (il mime quelque chose qui descend). Donc ça parle plutôt des gars comme nous, pas des filles, ça parle du fait qu’on soit un peu bêtes parfois… La fille voit ça et elle peut faire ce qu’elle veut de toi parce que t’es « haaa » (il mime quelqu’un l’air hébété). Il y a aussi « Feed the Demons », qui parle vraiment de craindre les démons en toi, de ce qui arrive quand tu craques, quand tu deviens dingue, tu vois ? Tu le vois à la télé, des gars qui sortent et qui vont tirer sur des gens dans des écoles ou des trucs comme ça… C’est un message du style « Attention à ta folie intérieure ».

Peter Tägtgren

 

Ce sont des thèmes assez terre à terre en fait.

 
Oui voilà, des trucs de tous les jours. Tu peux te reconnaître dedans, je le peux aussi... Ca ne parle pas de fantasy ou de trucs du genre.

 

Est-ce que tu y vois un moyen de réunir les gens, pour qu’ils s’y reconnaissent ?

 
Non, pas vraiment, c’est plus un moyen pour moi d’extérioriser tout ça. C’est une bonne thérapie d’écrire ces choses, de les enlever de ton cerveau.

 

Parlons musique maintenant. Comparé aux autres albums de Pain, cet album a l’air plus agressif. Est-ce que c’est le but de l’album ?

 
Oui, enfin, j’avais pas vraiment de but à la base. Comme j’ai composé l’album avec ma guitare, alors que dans les autres je le faisais avec mon clavier et ma guitare, il y a plus d’influences avec la guitare, et aussi parce que David (Wallin, batteur live de Pain) joue la batterie dessus. Il y a aussi une vraie basse, et d’autres trucs qui le font plus humain. Au final ça me semble plus « organique ».

 

A part ton batteur, as-tu amené d’autres musiciens comme Alexi Laiho dans Psalms Of Extinction ou Anette Olzon dans Cynic Paradise ?

 
Non, pas vraiment. J’avais dit depuis le début que David devait jouer dans l’album, pour le rendre plus « organique ». J’ai même pas eu le temps de penser aux guests, ça m’a pas traversé l’esprit parce que j’étais tellement occupé à faire l’album, et ensuite il était fini. Qui je pouvais appeler pour faire quelque chose ? Il y a eu Mikkey Dee de Motörhead, Alexi (Laiho, guitariste de Children of Bodom), Peter (Iwers) d’In Flames, et d’autres… je sais pas, Gene Simmons (Kiss) ? (rires) Il faut aussi que ça ait un sens, et cette fois je n’ai pas senti que j’avais besoin de quoi que ce soit, que je pouvais tout faire moi-même.

 

Qu’est-ce qui t’a influencé dans la réalisation de cet album ?

Je sais pas… la vie en général. Ca peut être plein de choses différentes, tu peux entendre une bonne chanson à la radio, un bon groupe, genre un groupe de metal ou un groupe du « top 40 », et ça t’accroche. Je capte les informations qui viennent de partout, c’est comme ça que je suis influencé. J’écoute de tout, de Shania Twain à Deicide, j’ai des goûts musicaux assez larges, et je pense qu’être ouvert d’esprit est un bon moyen d’être inspiré. Au début il y a eu pas mal de Rammstein et de Fear Factory, et après ça j’ai commencé à faire à ma manière, à incorporer mes trucs.

 

Tu l’as dit tout à l’heure, ton son est de plus en plus organique. De Rebirth à You Only Live Twice, on a eu une évolution dans le son de Pain, les instruments sonnent plus « naturels ». Comment tu interprètes ça ?

 
Je sais pas, ça évolue… Je ne planifie jamais rien. C’est surtout cet album qui s’écarte un peu des autres, mais quand même, si tu écoutes les chansons, c’est du Pain, c’est sûr. J’ai bossé un peu différemment, donc l’album sonne aussi un peu différemment. Il faut pas grand-chose pour en faire un album différent. Je veux toujours progresser, je veux pas jouer la sécurité, et refaire le même album en changeant les paroles, je veux continuer d’avancer et essayer des trucs différents.

Peter Tägtgren

 

Cette évolution ne serait-elle pas aussi due au fait que Pain fait de plus en plus de tournées ?

Ca pourrait être ça aussi. Je veux garder le côté heavy, parce que les gens trouvent que le live en apporte plus, donc je veux capturer ce sentiment aussi. Des gens m’ont dit « J’aime pas trop Pain, c’est pas ma tasse de thé, mais quand je vous ai vus en concert, c’était « wow » », donc tu veux avoir ça dans l’album. C’est très dur quand t’es tout seul, mais tu apprends en pratiquant je pense.

 

En live justement, quelque chose d’un peu étrange : Sur scène on a deux guitaristes, un bassiste, un batteur… et plein de samples ! Pourquoi ne pas engager un claviériste ?

C’est parce qu’il y a plein de trucs qu’un être humain ne peut pas jouer. Tous les sweeps, tu dois jouer et faire comme ça (il fait semblant de tourner un potard) en même temps, tu as plein de chœurs et d’autres trucs, il faudrait 3 claviéristes sur scène !

 

Ca pourrait être drôle !
 

Oui, ça pourrait être drôle, mais ça serait surtout le chaos. J’ai juste décidé de ne pas faire semblant, tout le monde sait que les claviers sont enregistrés, et ça marche très bien. C’est le cas de plein de groupes, comme In Flames n’a pas de clavier sur scène, Rammstein a plein de trucs dans les séquenceurs… Si tu ne fais pas genre « On joue tout sur scène », c’est un bon outil pour aider à restaurer le son de l’album. Tous les trucs de techno, on peut pas les faire avec un claviériste.

 

En studio, Pain est un  « one-man band ». Comment vous adaptez vos chansons pour le live ?

C’est pas vraiment un One-man band, ça devient de plus en plus autre chose depuis 4 ans. J’essaie de rester le plus près possible de l’album. Ce qui est bien avec les autres musiciens, c’est que j’ai pas à leur montrer quoi que ce soit, ils répètent eux-mêmes chez eux et font ce que je faisais sur l’album.

 

Est-ce que tu penses qu’ils ont une grosse part d’interprétation ?

Euh oui, ils y mettent leur « finesse » (dit en français), donc ça change un peu, je pense que c’est très bien.

 

En 2008, la première fois que tu avais ouvert pour Nightwish, tu avais dit adorer le public français. En octobre prochain, Pain va jouer 4 dates en tête d’affiche en France. Comment est ta relation avec le public français ?

 
Tout va très bien avec le public français. Pour Pain, le France est le meilleur marcher. J’espère que ça va s’agrandir. On a prévu de faire un DVD en France. Donc on va essayer de voir quelle ville a les meilleures pré-ventes, on aura peut-être besoin d’avoir une scène un peu plus grande, comme ça on pourrait amener tout notre attirail. On est déjà en train de tout préparer, on va mettre pas mal de trucs en plus.

 

J’allais justement parler d’un éventuel enregistrement live !

 
On espère pouvoir le faire. La balle est dans le camp des fans français, prenez votre ticket, comme ça on pourra vous voir ! Il faut que ce soit faisable, on peut pas aller filmer un DVD dans une toute petite salle, ce serait bizarre. On veut avoir la production complète sur scène… On verra !

 

Quand tu parles d’un « concert spécial », tu penses à quoi ?

On va avoir des écrans LED, pas mal de trucs en plus, le concert durera entre 1h45 et 2h, donc il y aura aussi des trucs spéciaux dans la setlist aussi. Je sais pas encore quelles chansons y seront exactement, mais je pense qu’il y a des chansons pour lesquelles on peut faire des trucs bien cools avec la lumière et tout ça, ce qui sera montré sur les écrans aussi. Ca demande pas mal de boulot !

Parlons maintenant de ce qu’il y a à côté de Pain. Ton autre groupe, Hypocrisy, a sorti un album en 2009, Taste The Extreme Divinity (Nuclear Blast). Il a été très bien accueilli par le public. Comment vois-tu l’avenir du groupe ?

 
Je sais pas, on s’est dit que quand on sentira que c’est le moment, on refera un album. On s’est pas séparés. On a mis 20 ans à arriver à notre niveau, et on ne veut pas sortir des albums parce qu’on est obligés, parce qu’on veut rester au même niveau. Donc c’est important pour nous d’être motivés et de faire de notre mieux.

Peter Tägtgren (Pain)

Tu es le compositeur principal dans Hypocrisy et dans Pain. Est-ce que tu penses que ces deux groupes s’influencent mutuellement ?

 
C’est pas facile de les séparer. Je fais de mon mieux pour ne pas qu’ils se ressemblent… Sur le nouvel album il y a pas mal d’influence d’« Hypo », parce que je voulais que certaines chansons soient plus « heavy ».

En tant que grand producteur dans le monde du metal, tu as pu en voir beaucoup dans ce monde en 15 ans, comment les choses ont évolué selon toi ?

Honnêtement, je n’ai pas vu beaucoup de changement. Bien sûr, tout le monde veut aller plus loin en faisant des choses différentes. Par exemple, Dimmu Borgir ne sonne pas comme le Dimmu Borgir auparavant, tout le monde se développe, mais c’est toujours la même formule. Ca fait longtemps que j’ai pas entendu de bonnes choses nouvelles, du genre « wow, ça c’est nouveau et différent ». Les choses n’ont pas beaucoup bougé depuis 15 ans.

 

Tu as cité Dimmu Borgir. Y es-tu pour quelque chose dans le changement de leur son ?

Non pas vraiment. Ils ont changé d’eux-mêmes avec l’orchestre et tout, et ils le font plutôt bien. Je pense que tout le monde veut avancer.

 

Malgré le peu de changement que tu as vu pendant ces dernières années, comment vois-tu l’avenir du Metal ?

 
Je sais pas… Ca restera pareil ! Je pense que tout le monde veut se développer à sa manière, mais au final, ça reste Metal, à part si tu le fais de manière très bizarre, c’est toujours la même formule : guitare, basse, peut-être un clavier, ça dépend.

 

Pour finir, un mot à dire aux fans français ?
 

Merci pour le soutien, j’espère que tout le monde va aimer le nouvel album, j’espère tous vous voir en octobre !

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