Felipe Andreoli, bassiste du groupe Almah

Le groupe de power metal brésilien Almah était de passage à Paris pour la promotion de leur prochain album, Motion (sortie le 14 octobre 2011). C'est dans le bar d'un hôtel parisien, que la Grosse Radio a eu la chance de rencontrer Felipe Andreoli, bassiste du groupe (et membre d'Angra). 

Goeth : D'ou vient le nom de l'album Motion, un titre assez énigmatique !

Felipe Andreoli : Motion n'est pas un concept. C'est une ligne de pensée ! Une pensée, que nous avons non seulement pour les paroles, mais aussi pour la musique et pour l'artwork : pour tout ! Nous sommes fatigués de répéter des formules ou de chercher des formules qui vont marcher. Ce que nous voulions, c'est prendre un nouveau départ.

Faire ce dont on avait envie, indépendamment de ce que les fans attendaient de nous, ou de ce qu'ils n'attendaient pas. Nous croyons à ce que nous faisons, c'est ainsi que Motion prend tout son sens.

A propos de l'artwork, pouvez-vous l'expliquer ? Il est aussi énigmatique que le titre et très différent des habitudes du power metal !

Vous savez, nous avons fait cet artwork nous-mêmes ! Entièrement. La photo a été prise par Edu, ici, à Paris. C'est la Tour Eiffel : mais vous ne comprendrez jamais vraiment ce que c'est ! Parce que l'angle sous lequel est prise la photo est très étrange. Edu a pris la photo avec son iPhone, après on l'a traité d'une manière qui nous plaisait… J'ai recréé l'effet sur Photoshop dans une plus grande résolution et je me suis occupé du reste de la pochette !

C'est une autre particularité de cet album : les autres groupes du genre ont toujours des artworks avec des dragons et des chevaliers, et on en a eu assez !

D'ailleurs c'est la même chose avec les paroles : on ne voulait pas raconter d'histoire ou  lier les paroles à des concepts de cet univers là. On voulait être plus libres, et écrire des textes qui nous ressemblaient, et qui collaient à ce qu'on voulait faire : des expériences personnelles, des choses qui arrivent dans le monde aujourd'hui… bref ce que nous aussi on aime lire, c'est ça la liberté ! Notre ligne de pensée nous pousse toujours vers l'avant : dans Motion il y a toujours un rapport avec le futur.

Felipe Andreoli, Almah, Paris 2011

Qui écrit les paroles ?

J'ai écrit deux textes, Edu a écrit les autres.

Vos textes sont souvent assez sombres, assez pessimistes à propos de la nature humaine… Est-ce vraiment ce que vous pensez, ou est-ce qu'ils ont une dimension théâtrale ?

On essaye d'écrire des textes de manière à ce que chacun se retrouve dedans. On ne veut pas dire "regardez comme on est torturé", "regardez le nombre d'histoires qu'on connaît" ! On cherche plus à être honnête avec les gens à propos des choses qui arrivent dans la vie de tous les jours, que ce soit des faits historiques ou des moments personnels.

Par exemple, "Late Night in '85", est un texte qu'Edu a écrit pour son père qui est mort quand il avait une douzaine d'année. Il voulait écrire à propos de ça… Ça collait au concept de Motion et de toute façon on voulait être libre d'écrire sur ce qu'on voulait !

Vous abordez aussi des thèmes plus généraux : il me semble que "Bullet on the Altar" parle de religion…

Oui, c'est à propos de religion. Plus précisément à propos d'une tragédie qui est arrivée au Brésil : un musulman intégriste est entré dans une école et a tué 12 filles. C'est à propos du fanatisme religieux : on se demande comment ça peut exister !

"Zombies Dictator" : politique ?

Oui, tout à fait. Ça a été écrit avant, mais ça correspond tout à fait à ce qui se passe en Lybie aujourd'hui. C'est vraiment à propos de ce qui se passe dans le monde aujourd'hui, c'est un sujet très sérieux. On ne peut pas se contenter d'écrire sur des concepts, il faut aussi savoir se positionner sur les problèmes actuels, surtout qu'on a une chance de faire entendre notre voix !

De quoi vous êtes parti pour aborder ce virage musical ? Comment vous avez décidé de votre orientation ?

En fait on a rien décidé, on a juste laissé le truc se faire. Parce qu'en réalité parfois quand tu composes, tu sais où tel riff, telle partie va bien se placer. Par exemple, quand je compose un truc dans le style d'Angra, je m'en rends compte tout de suite !

Mais pour Almah les possibilités étaient beaucoup plus large : on n'a pas encore vraiment de ligne de conduite à suivre ! Notre seul référent, c'était l'album précédent, Fragile Equality : on savait quelle chanson, les publics préféraient dans cet album. Au Brésil par exemple ils aiment "Torn", une chanson moderne, qui va droit au but, "Fragile Equality", qui est un morceau très heavy ! On avait ce point de départ, et de là, c'est venu tout naturellement : nous écoutons Pantera, Avenged Sevenfold, beaucoup, beaucoup de groupes…et quand on compose, ça nous influence consciemment ou inconsciemment.

Avez vous peur de la réaction des fans ?

J'ai pas peur du tout ! Je suis plus impatient d'entendre ce que les fans ont à dire, car je sais que c'est nouveau, surtout pour les gens qui nous connaissent par Angra ! C'est vraiment très nouveau et sans doute inattendu.

Je n'ai pas peur parce que nous croyons vraiment en ce que nous avons fait ! Je pense que l'album est super. En réalité, ça fait longtemps que je n'avais pas fait un album que j'écoute encore après sa sortie ! Si j'ai continué à l'écouter, c'est parce que je l'apprécie beaucoup. On a réussi à atteindre ce qu'on voulait faire !

Vous pensez que les fans vont apprécier cette honnêteté ?

Oui je pense ! C'est comme…quand vous invitez des vieux amis pour votre anniversaire : ils s'en souviendront comme d'un bon moment avant tout parce que c'était un moment vrai pour vous ! Et je crois que les fans sont assez intelligents pour distinguer les gens qui sont sincères, et ceux qui essayent simplement d'épater la galerie.

Pourquoi est-ce que l'album, qui est l'un des plus violents que vous ayez jamais fait, s'achève paradoxalement sur une chanson si calme, "When and Why" ?

Ça fait aussi parti de l'honnêteté, non pas que ce qu'on fait avec Angra ne soit pas honnête, mais là on avait envie de mélanger pleins de genres. On voulait être heavy, on voulait beaucoup de mélodies, d'harmonies, on voulait des parts très metal et on voulait y ajouter la dynamique d'Almah.
Si vous écoutez la fin de l'album vous avez "Late Night '85", qui est une ballade, ensuite "Daydream Lucidity" qui est à la fois très lente mais lourde, et qui finit avec une atmosphère très dramatique ! Et ensuite "When and Why" qui, à mon avis, arrive à point nommé… ça fait parti du concept : l'ordre des chansons dans l'album leur donne un sens à chacune. Et ce morceau acoustique créait une bonne rupture dans l'humeur générale de l'album.

Felipe Andreoli, Almah, Paris 2011

Comment vivez vous le fait d'être toujours comparé à Angra ?

Ça ne me dérange pas du tout, ça me paraît naturel qu'on nous compare. Je crois aux deux projets…

Est-ce que vous faîtes une vraie différence entre les deux ?

Maintenant, oui, et plus que jamais ! Avec le précédent album, Almah était encore trop proche d'Angra, avec cet album on a vraiment coupé le cordon. Et je pense que c'est bien. Aujourd'hui ce qu'on cherche à créer c'est une différence entre le fait d'être fan d'Angra et le fait d'être fan d'Almah. Peut être qu'il y aura des gens qui aimeront Angra et pas Almah, et inversement ! C'est tout aussi possible qu'ils y en aient qui aiment les deux.

Angra a vingt ans d'existence, avec des musiciens qui font les choses d'une certaine manière ; face à ça, Almah est encore un petit nouveau !

Les autres membres, qui ne font pas parti d'Angra, comment ils gèrent le fait d'être lié à Angra ?

Ils le vivent très bien ! On se connaît depuis très longtemps et quand on les a rencontrés, on jouait déjà avec Angra. C'est vrai qu'on a moins d'attention de la part des médias, parce qu'Almah est beaucoup plus petit qu'Angra. Ça leur va plutôt bien dans un sens : le fait qu'Edu et moi venions d'Angra apporte à Almah plus de visibilité que n'importe quel groupe qui débute ! Ils apprécient beaucoup cela.

Aujourd'hui, Edu comme moi, avons envie de vraiment nous concentrer sur le projet Almah, sur la promotion de l'album, sur la tournée…faire tout ce qu'il y a à faire avec ce groupe !

Et comment vous faites pour gérer autant de projets différents en même temps ?

En s'organisant c'est possible, mais de toute façon ils ne fonctionnent pas tous au même régime, au même moment : il y a un moment où Angra va faire beaucoup de choses, et puis d'autres où ont fait un break, comme c'est le cas en ce moment,…Du coup on se concentre sur Almah, mais peut être que là aussi on fera un break et du coup on fera encore d'autres choses !

Ce qui m'aide beaucoup dans la gestion des différents projets, c'est que j'ai une très bonne mémoire musicale.

Vous préparez une tournée pour cet album ?

Oui, nous allons bien sûr commencer par le Brésil, on espère que l'album marchera assez bien pour que nous puissions tourner en Europe et dans le reste du monde ! Almah a déjà eu des propositions pour ouvrir pour des plus grands groupes en Europe, et on essaye de trouver la bonne combinaison !

Des offres ? De la part de quiiiiiii ?

Je ne pense pas que ce soit utile de mentionner les artistes… ça se gère plus entre labels, et rien n'est encore sûr ! On avait une bonne opportunité mais le timing n'était pas bon !
(GROSSE LANGUE DE BOIS, ndlr)

Est-ce que vous attendez d'être sûr que l'album marche bien avant de planifier la tournée ?

Il faut rester réaliste : Almah est encore un jeune groupe. Oui c'est le troisième album, et oui Edu et moi venons d'Angra, mais on a vraiment besoin de voir la réaction du public, dans quels pays ça vaut le coup d'aller… On essaye de garder les pieds sur terre : bien sûr on a envie de jouer partout, mais on doit avant tout faire les choses dans l'ordre.

Felipe Andreoli, Almah, Paris 2011

Un message particulier à transmettre aux fans français ?

J'aime beaucoup jouer en France et venir en France. C'est toujours un plaisir !
J'aimerai énormément jouer en France avec Almah. Les fans français sont parmi les plus enthousiastes, mais aussi les plus exigeants : ce serait vraiment un challenge sympa d'amener Almah en France, et j'ai vraiment hâte !

J'espère que les fans vont aimer l'album autant qu'on l'aime nous-mêmes : on y a mis toute notre énergie et tout notre cœur !

Merci à Marion pour les photos

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