Joey Tempest, chanteur du groupe Europe

Bag of Bones : "Un nouveau départ"
 

Peu de temps après la sortie de leur dernier album, Europe a dévoilé leurs sentiments par rapport à Bag of Bones, un nouveau virage dans leur carrière. Joey Tempest, frontman légendaire du groupe, s'est prété au jeu de l'interview et a répondu aux questions de La Grosse Radio de manière franche sur son groupe et sa manière de travailler.

Bag Of Bones est sorti lundi 7 mai. Que ressens-tu par rapport à cet album ?

Nous avons trouvé un nouveau moyen de nous exprimer, plus profond. C’est un album de rock pur. Le premier du genre pour Europe. Il me rappelle des albums avec lesquels j’ai grandi, comme ceux de Led Zeppelin, ou Deep Purple. On en tire un sentiment d’honnêteté, de chaleur. C’est un nouveau départ.

Comment expliques-tu ce virage bluesy, par rapport au heavy metal des albums de votre reformation ?

Je ne l’explique pas, c’est juste le cours des choses. On n‘y peut rien ! (rires) Le fait qu’on se soit mis à écouter ce genre de musique pendant la tournée doit jouer. On a passé beaucoup de Bonamassa, il y a ce groupe de Göteborg, Graveyard, qui est cool, Rival Sons de Los Angeles… Il y a de jeunes groupes qui font du très bon classic rock. Et ils sonnent bien mieux que dans les années 80, parce qu’on utilisait trop d’effets digitaux. Mais c’est très gratifiant de faire un album comme celui-ci alors qu’on vient de Stockholm. On n’était pas censés faire cela.

C’est de cela que vous parlez dans le single "Not Supposed To Sing The Blues" ?

Oui, on ne fait pas ce qu’on devrait faire, mais les gens aiment ça. Les magazines anglais Classic Rock et Metal Hammer nous encensent, ils adorent l’album. En plus on fait le Download Festival cette année… Les choses bougent pour nous au Royaume-Uni. C’est un plaisir quand on est mentionné dans de tels magazines qu’on respecte.

Parlons des influences au sein de cet album.

Sans le savoir, nous avons exploités les groupes que nous avons écoutés en premier, comme Black Sabbath, Deep Purple et Led Zeppelin. On est allés plus loin avec les groupes qu’on aimait voir en concert, comme UFO, Rainbow, Thin Lizzy, Whitesnake. On était trop jeunes pour voir Led Zeppelin ou Deep Purple à leurs débuts. Mais on a grandi avec leur musique. Et c’est sur cet album que cela ressort le plus.

Joey Tempest europe 1

A-t-on là un album plus personnel ?

Oui, sur bien des aspects. Nous n’avons pas utilisé beaucoup d’overdubs ou d’arifices studio. On a simplement fait quatre ou cinq prises de chaque chansons, sélectionné les meilleures, on les a arrangées un peu, ajouté les voix, mais de manière très honnête. Les paroles le sont aussi, cela doit faire 25 ans que je ne vis plus en Suède, je rêve sûrement en anglais maintenant, je n’ai pas à penser en suédois. Ca aide. C’est le premier album dans lequel je mets plus de mon âme dans les paroles.

As-tu fait appel à de nouvelles techniques vocales, ou de nouvelles influences pour chanter sur cet album ?

Non, c’est à force de chanter en live que tu en arrives là. Tu ne peux pas chanter comme ça si tu as fait moins de 1000 concerts. Tu ne te rends pas tout de suite compte du changement, jusqu’à ce que ceux qui t’accompagnent en tournée te le disent. Ma voix est plus profonde, un peu plus éraillée. Et on me dit que ça sonne mieux, mais je n’y peux rien. J’espère que ça va rester à ce niveau. A force de faire des concerts et d’écrire des albums, tu arrives à cerner les sentiments plus facilement, et à mieux les retranscrire. Tu ne finis jamais d’apprendre.

Parlant de live, vous avez pu jouer des nouveaux titres sur une date en Pologne. Comment a été l’accueil du public ?

Oui, on a commencé avec trois nouvelles chansons, et la réaction a été très positive. C’est intéressant de voir que les fans sont pressés d’écouter Bag Of Bones, et ils avaient l’air contents des quatre nouvelles chansons qu’on leur a présentées. On a eu quelques couacs parce que c’était le tout premier concert de la tournée, mais en dehors de cela tout s’est bien passé.

Joey Tempest Europe 2

Que ressens-tu par rapport à la tournée qui arrive ?

On commence avec les festivals cet été, c’est un peu différent. On aura un set plus court, avec peu de nouvelles chansons, mais la véritable tournée commence en septembre, et on donnera trois concerts en France au mois de novembre. On va tournée pendant un an, et explorer les possibilités de ces onze chansons, et voir ce qu’on peut donner d’intéressant dans le set. Il est destiné à évoluer, et la première setlist en Pologne ne sera pas là même que celle du dernier festival cet été. Elle ne sera pas fondamentalement différente, mais on a déjà quelques idées en tête.

Est-ce que ça vous fait bizarre de jouer des chansons comme "Not Supposed To Sing The Blues" et "The Final Countdown" le même soir ?

Non, ça marche bien. "The Final Countdown" est une bonne chanson, et on l’adapte en live, en la jouant plus bas, cela donne un effet plus heavy, et tout le public est à fond dedans. D’autres chansons marchent aussi, comme "Superstitious" ou "Rock The Night", et collent avec les chansons plus récentes, parce qu’on les joue différemment.

Quels souvenirs gardez-vous du Hellfest, un festival qui était rempli de groupes plus extrêmes ?

Hellfest avait quelque chose de spécial, parce que c’était le premier gros festival de heavy metal qu’on faisait. C’était important pour nous de toucher la communauté rock et metal. On est allé à leur rencontre, et on devait leur prouver qu’on était un bon groupe. Ca nous a aidé à gagner du terrain dans cette niche. Et on était ravis de l’accueil du public.

Puisque vous jouez vos vieux titres un peu différemment en live, avez-vous déjà pensé à les réenregistrer ?

On en a parlé plusieurs fois entre nous, mais au final, on en arrive toujours à dire non. Ces chansons appartiennent à leur temps, et leur son fait leur identité. Souvent, quand un artiste réenregistre ses chansons, c’est pour des raisons économiques, parce que les originales appartiennent à une autre maison de disques. En les réenregistrant, ils ont des droits dessus, et gagnent donc plus d’argent avec. Parfois, ça marche, comme avec Kiss, quand ils ont réenregistré récemment leurs anciens titres. Ils ont réussi leur coup, et ce n’est pas si facile. Mais ce n’est pas ce qu’on veut faire, on estime que les originales se suffisent à elles-mêmes. En live, c’est différent, et on les mixe différemment, en mettant plus de guitare… Ca peut être intéressant de réenregister ces chansons, de les remettre au goût du jour, mais ce n’est pas la direction qu’on veut prendre, on préfère avancer et écrire de nouvelles chansons.

Joey Tempest Europe 3

La période The Final Countdown est loin maintenant. Que vous a-t-elle apporté ?

On a eu un succès fou à cette époque, mais on s’est de plus en plus déplacés vers la communauté rock. Le tube "The Final Countdown" a touché énormément de monde, tout est devenu si énorme, avec beaucoup de couverture médiatique, et tout ce qui va avec… On est plus à l’aise dans la niche rock, notre but n’est pas d’atteindre le grand public, c’est arrivé accidentellement ! Mais c’était énorme, beaucoup de portes nous ont été ouvertes, on a pu tourner à travers le Monde. Mais maintenant, on est plus à l’aise, notre musique nous appartient, on organise nos tournées nous-mêmes, et on continue d’avancer et de se découvrir en studio, chaque album est différent du précédent, et on s’amuse.

Cela va bientôt faire dix ans qu’Europe s’est reformé. Quel bilan en tires-tu ?

C’est une aventure très intéressante avec les albums Start From The Dark, Secret Society, Last Look At Eden et Bag Of Bones. On a eu beaucoup de chance en restant ensemble parce qu’on le voulait, et avancer sans subir la pression des tournées de reformation en ne faisant que des chansons des années 80. On a su rester concentrés, trouver de nouvelles manières de travailler, de s’exprimer, travailler avec de nouvelles personnes, et on en est très heureux. Quelques fois on a surpris les fans, mais je vois cela comme une bonne chose. Au début ils sont un peu déstabilisés par le changement, mais après ils te suivent, et les liens sont beaucoup plus forts. Un groupe comme Rush a changé de style au fil des années, a déstabilisé ses fans, mais a réussi a garder une forte fanbase, parce qu’ils ont été honnêtes avec eux-mêmes et ont fait ce qu’ils voulaient. Tant que les chansons sont bonnes, tu peux le faire.

Comment vois-tu le futur d’Europe ?

Je nous vois faire ce qu’on a fait jusque là, avancer, évoluer, trouver une nouvelle manière d’aborder notre musique à chaque album, comme ça on peut rester frais et continuer à s’amuser. Je ne sais pas à quoi va ressembler le prochain album. On fera notre dixième en 2014. C’est assez excitant. On fera aussi une compilation de nos chansons depuis notre reformation, qui seront donc tirées de Start From The Dark, Secret Society, Last Look At Eden, Bag Of Bones et le prochain. On fera tout nous-mêmes, avec peut-être un mix différent pour certaines, et mettre des inédites. Mais c’est loin. D’abord on va s’occuper de notre dixième album en 2014. C’est une étape à passer ! (rires)  Mais on ne sait pas encore à quoi il ressemblera. Tout dépend de ce que tu écoutes pendant la tournée. En ce moment j’adore ce que fait Graveyard, avec l’album He’s Singing Blues. On a adoré la pochette de l’album, et on a contacté celui qui l’a faite pour qu’il s’occupe de Bag Of Bones. Graveyard est ancré dans ce qui se faisait de sombre dans les années 70. Ils ne vont pas tarder à s’exporter. Ils ne marchant pas exactement comme cet autre groupe suédois, Ghost, qui réunit les influences de Black Sabbath et Blue Öyster Cult avec quelques harmonies pop. Graveyard est plus organique, plus stoner, plus chaud. J’aime beaucoup Rival Sons aussi, parce que je pense qu’ils arrivent à reprendre le flambeau de Led Zeppelin et Aerosmith, et les remettent à leur sauce.

Un dernier mot pour les fans français ?

On est très content de venir jouer chez vous, et on compte bien reconstruire la relation qu’on avait avec les fans et la communauté rock d’ici, s’amuser en live, et pourquoi pas faire d’autres festivals après nos trois concerts en novembre. On pourrait peut-être faire un autre Hellfest ?

Joey Europe 4

 

Un grand merci à EloEllie pour les photos.
 
 

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