Vivien Lalu, compositeur et claviériste de Lalu

Le metal progressif n'a pas forcément une foultitude de groupes dans le paysage français. Si certains arrivent à se faire un nom en sortant quelques albums de qualité, comme Spheric Universe Experience ou Lord of Mushrooms pour ne citer qu'eux, ils restent relativement rares.

Lalu fait pourtant partie de ceux-ci, et c'est 8 ans après un premier album déjà fort remarqué que Vivien et ses prestigieux amis ou guests reviennent avec un Atomic Ark fort convaincant paru il y a quelques jours chez Sensory Records.

Entretien avec son maître à penser, passionné et enthousiaste devant l'éternel !

Bonjour Vivien et merci de nous accorder cette interview !

De rien, tout le plaisir est pour moi !

8 ans après le premier album Oniric Metal, revoici Lalu avec un second album studio intitulé Atomic Ark. Pourquoi avoir attendu autant de temps pour proposer ce nouvel opus ?

Tellement de raisons pour cela... La production de Shadrane – Temporal, la naissance de ma première fille, puis beaucoup de boulot en tant que compositeur et guest pour des groupes comme Shadow Gallery etc. C'est seulement après la naissance de ma deuxième fille que j'ai décidé de réserver mon temps exclusivement à la prod du nouveau disque ! J'en avait marre de bosser pour les autres.

Avec le recul, quel regard portes-tu sur Oniric justement ? Y aurait-il des trucs que tu changerais ou l'aimes-tu comme il est ?

Je changerai des tonnes de trucs. Un album n'est jamais fini. Je suppose que c'est pour cette raison que plein de groupes jouent des versions différentes sur scène... le truc c'est d'arriver à se dire que c'est fini et qu'il faut vivre avec ce qui est gravé sur le disque. J'ai été jusqu'à envoyer trois fois la version mise à jour au label. Certains groupes comme Megadeth vont jusqu'à faire des remasters plus tard, voire des remixs ; c'est terrible d'entendre les défauts qu'on souhaiterait corriger sur un album qu'on a fait il y a longtemps. Pour Oniric, j'aimerais un mix différent, avec moins de basse... ma faute pour avoir voulu mixer le disque moi même. Une erreur de jeunessse.

Vivien Lalu 2013

Sur ce nouvel opus, Virgil Donati (batterie), Mike LePond (basse) et Simone Mularoni (guitares) ont respectivement remplacé Ryan van Poederooyen, Russell Bergquist et Joop Wolters en tant que membres officiels. Est-ce que ces changements se sont faits dans la douceur et étaient-ils prévus ?

Tout s'est fait dans la douceur. L'humain prime avant tout et on est tous de supers potes voire des amis proches. Joop qui avait fait toutes les guitares sur Oniric Metal a souhaité se concentrer sur son propre disque et sa carrière solo au moment ou j'ai commencé à bosser sur Atomic Ark et il m'a fallu respecter ça. Il a toutefois gratifié l'album de jolis solos à la fin. Il fait partie des gens qui m'ont conseillé d'embaucher Simone Mularoni pour les grattes. Concernant Ryan, ce changement a eu lieu uniquement car il n'avait pas le temps de bosser sur le disque, malgré nos essais. Il a passé deux années consécutives sur la route avec Devin Townsend et n'a pas pu souffler, pas une seule seconde pour pouvoir bosser sur d'autres projets. J'ai donc demandé à Virgil (Donati) que je connais depuis dix ans – et avec qui j'avais déjà bossé sur Shadrane – de prendre sa place. Concernant Mike LePond, j'ai toujours été un gros fan de Symphony X, j'ai donc eu la chance qu'il aime les démos au point d'accepter de nous rejoindre.

Par contre le chanteur Martin LeMar est resté à bord, une évidence j'imagine ?

Oui. Je reste persuadé qu'une voix est emblématique pour un groupe – quand SAGA perd Michael Sadler ou Iron Maiden perd Bruce Dickinson par exemple, ça secoue beaucoup les fans, et le groupe. Je reste persuadé que la voix de Martin – mélangée à mes claviers et ma musique – donne une touche personnelle à l'ensemble. C'est le plus important à mes yeux effectivement.

Il y a de nombreux guests sur l'album, de Jordan Rudess à Jens Johansson en passant par Mike Andersson. Etait-ce simple de tous les convaincre ? Quelques anecdotes peut-être à leur sujet ?

Pour Jordan c'est une histoire hallucinante. J'ai partagé un morceau de Shadrane avec lui par l'intermédiare de Spotify et le lendemain matin j'avais déjà reçu un message. J'en revenais pas – il doit recevoir des centaines de morceaux à écouter en permanence, je pouvais vraiment pas croire qu'il s'intéresse aux miens ! Temporal a fini dans ses favoris sur son profil public, puis il m'a filé son mail et de fil en aiguille il m'a invité à un concert de Dream Theater. C'est seulement plus tard pendant une tournée de Dream, qu'il ma contacté par video depuis son hotel à Jakarta et m'a dit qu'il ferait volontiers du piano sur mon album. J'étais abasourdi. Pour Jens c'était encore plus rapide que ça... il m'a dit un truc du genre "Envoie, je ferai tout ce que tu demandes". Je l'adore et il est le guest dont je suis le plus fier sur le disque. Enfin j'aime leurs contributions à tous... J'ai eu beaucoup de chance qu'ils aiment mes démos au point d'accepter de me rejoindre.

J'imagine qu'il y a certains invités que tu rêverais d'avoir à l'avenir... peux-tu nous en citer quelques uns ?

J'aimerais bosser avec des gens qui ne sont pas néccéssairement du milieu du métal. Par exemple Nobuo Uematsu qui a fait les musiques de nombreux Final Fantasy, ou encore Jon Anderson de Yes. Tellement de choses à faire et partager avec d'autres artistes...

Abordons le contenu de ce Atomic Ark. Pourquoi ce titre ? Est-il relié à un concept qui dicte chaque chanson ?

Ce n'est pas un concept album, mais un thème central relie toutefois l'ensemble : le thème des animaux. Atomic Ark était le nom d'une opération militaire Américaine qui a consisté à faire exploser une bombe atomique au dessus d'un bateau rempli d'animaux afin d'en analyser les effets dévastateurs. Le titre parfait pour un album "coup de gueule", pour dénoncer la crauté envers les animaux. Mais l'album ne parle pas que de cela... à l'inverse certains titres parlent de l'adoration que vouaient certains hommes aux animaux; ça va des Egyptiens ("Bast") jusqu'à des plongeurs comme Jacques-Yves Cousteau ("Deep Blue"). Il y a même un titre sur les fourmis ("Follow The Line"), petits êtres merveilleux qui dominent notre monde depuis 120 millions d'années. Elles seront probablement encore là quand toi, moi et tous nos descendants seront morts et enterrés...

Lalu logo

Conclure l'album avec un morceau de presque 20 minutes a dû être un sacré challenge, parles-nous de ce "Revelations" final !

Je m'étais promis de ne pas faire de long morceau sur ce disque mais étant inspiré vers la fin, j'ai voulu essayer quelque chose de plus "cinématique", de plus "conceptuel" que les autres . La grosse surprise c'était la partie piano que j'ai écrit avec Jordan Rudess et qu'il a rallongé – au final il s'est laché et nous a pondu une séquence hallucinante. Il a tellement été inspiré pendant l'enregistrement que j'en ai gardé l'intégralité. Il y a mis toute son émotion. Puis Martin a vraiment mis le paquet sur les autres parties... j'adore la manière dont le disque se finit. Une introduction rêvée pour le prochain.

Si tu devais présenter l'album à quelqu'un en parlant de tes influences et inspirations majeures, lesquelles citerais-tu ?

Je citerai Yes, Dream Theater, Symphony X, Devin Townsend, Virgil Donati, Jens Johansson... tellement d'influences...

Quid de la scène, as-tu des idées et/ou des envies pour défendre ce Atomic Ark en live ?

Le problème avec la scène c'est que le projet commence tout juste à "décoller". On a toujours pas assez d'audience pour justifier une tournée. Peut-être des dates dans des festivals ou du soutien pour d'autres groupes. J'ai déjà des propositions au moment même ou on fait cette interview.

Comment imagines-tu l'avenir de Lalu au-delà de ce nouvel album ? Déjà quelques idées pour le troisième ?

Haha, oui. Je peux dores et déjà te dire qu'il sera différent d'Atomic Ark, du moins du point de vue de la structure des morceaux et de la compléxité. C'est tout ce que je peux révéler pour l'instant. Tout comme je n'ai pas tenu à faire Oniric Metal deux fois, je veux pas que le nouveau soit un clone d'Atomic Ark. Mais je reste persuadé que tant que je reste à l'écriture et que Martin chante, on gardera le même esprit. Car c'est vraiment ça qui m'intéresse. Tenter de varier à chaque fois, tout en gardant l'esprit.

Tu es aussi dans un autre groupe nommé Shadrane dont le premier album est sorti en 2008. Quelle est son actualité ?

Joop Wolters et moi en avons parlé récemment et à vrai dire j'aimerais vraiment faire une suite. Le seul truc c'est que j'aurai pas le temps si je veux sortir le prochain LALU pour l'année prochaine. Wait and see.

As-tu d'autres projets musicaux en tête (guests ou autres) ?

Tout à fait. J'ai commencé à bosser sur le premier album de Dragonir, un concept-ablum "Heroic Fantasy" tiré d'une histoire que j'ai écrite il y a longtemps. Je veux tenter un truc un peu frais – vu qu'en général les albums qui parlent de dragons se font sur fond de Speed ou Power Metal. Je veux oser un truc plus "prog", légèrement mélodique, et Mike LePond de Symphony X est de nouveau de la partie, ainsi que Joop Wolters & Henrik Bath avec qui j'ai déjà bossé sur Shadrane bien sûr. Vraiment impatient d'avancer sur celui-ci ! 😉

Lalu wallpaper

Arjen Lucassen sort bientôt un nouveau Ayreon, rêverais-tu de collaborer un jour avec lui ?

Euh... non pas vraiment (rires). Un producteur et compositeur de génie n'aurait que faire de bosser avec un piètre claviériste. Il a mieux à faire (sincèrement). Par ailleurs l'un de mes concept-albums favoris est "Into the Electric Castle". Même si Alan Parsons l'a fait avant lui, c'est un peu Arjen qui a remis les concept-albums au gout du jour. Une grosse influence pour nous tous.

Que penses-tu de la scène metal française et de sa place dans notre société musicale ?

On a des musiciens fantastiques... je pense en vrac à Stéphan Forté, Kévin Codfert, Julien Negro, Piwee Desfray, Charly Sahona, Laurent James, Patrice Guers et j'en oublie un max... ça me faisait mal quand j'ai vu que des millions de Français se réveillaient niveau gratte instrumentale avec MattRach, alors que Rondat est là depuis un moment déjà, et que sa musique est majestueuse. Mais bon impossible de le savoir avec la musique que diffuse M6.

As-tu un dernier mot pour nos lecteurs ?

Merci d'écouter cette musique !  Je le répète sans arrêt mais je ne gagne pas d'argent avec des albums de progmetal, la vraie récompense est donc de savoir qu'on ne fait pas ça en vain. Sans oreilles pour l'écouter, la musique n'a aucun sens. Merci d'avoir écouté l'album... ça lui donne une raison d'exister !!

 

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