Ilchi et Ailun du groupe chinois Hanggai

*Entretien hors du commun réalisé par M'Sieur Seb*

C’est historique. Un groupe de rock chinois se plie au jeu de la promotion et parcours le monde à la rencontre de journalistes. Forcement, ça titille la curiosité. La rencontre fût des plus originales, la communication, les codes et les usages de nos pays étant aux antipodes. Pourtant, passé un premier sentiment d’amusement et d’étrangeté, il est important de saluer la démarche et l’originalité du groupe HangGaï dont la recette consiste comme vous allez le découvrir, à mélanger chants traditionnels et rock contemporain. La Chine, pays de tradition sans créer l’évènement risque de vous prendre par surprise. U2 attention, tu vas te faire bouffer, nous, on a déjà vendu Justin Bridou…  Ils sont partout les chinois mais ça vous le saviez déjà…

Comme vous êtes deux, je vais vous demander de vous présenter ?

IIchi : Je suis le leader du groupe HangGaï, je joue entre autres instruments du banjo.

Ailun : Je suis le guitariste et le joue également du saixan (instrument traditionnel mongol).

Pouvez-vous nous dire d’où vous venez ?

IIchi : Si tu regardes la carte de la chine, elle ressemble à un poulet. Nous venons de Mongolie, ce qui correspond à la tête du poulet.

Ailun : La Mongolie se situe à l’extrême nord de la Chine.

Comment vous êtes vous rencontrés ?

IIchi : Tout à commencé à Pékin avec ma rencontre avec notre joueur de Fido. Ensuite, le groupe s’est formé autour de nous. Les musiciens sont tous des amis ou des amis d’amis.  Quand nous sommes tous réunis, nous sommes sept. Nous avons dernièrement réalisé une vidéo pour le titre « Hong Galou », tu peux y voir le groupe au complet. Tu y verras la section traditionnelle d’un groupe de rock, guitare, basse, batterie à laquelle nous additionnons trois instruments traditionnels mongols. Pour les arrangements sur albums, nous changeons parfois d’instruments entre nous. Mais dans le cadre du « live », chacun se cantonne à son instrument.

Hanggai instruments

Vos instruments traditionnels ont été bidouillés, ils ne sont pas « électriques » ?

Ailun : Oui en effet. Ils sont simplement équipés de micros. S’ils ne l’étaient pas, il serait compliqué de faire cohabiter les deux orchestres dans le même univers. Le gros problème que nous avons surtout avec les instruments traditionnels c’est qu’ils sont sensibles au climat et comme nous voyageons beaucoup avec, ils peuvent sortir des sons différents aux quatre coins du monde (rires).

Ailun, qu’est ce qui t’a amené à jouer de la guitare ?

Ailun : J’ai débuté à l’âge de 16 ans. J’ai très vite arrêté de prendre des cours parce que dans mon village personne ne jouait mieux que moi (rires).

De quels groupes internationaux vous sentiriez-vous proche ?

IIchi : Je te dirai tous les groupes qui comme nous mélangent le rock et la musique traditionnelle. Il y a un groupe Malien qui fait ça très bien, il s’agit de Tinariwen.

Quels messages véhiculent vos chansons ?

Sur notre album « Baifang », nous reprenons des chansons traditionnelles mongoles qui essentiellement parlent de l’air du temps, de la vie, des histoires d’amour et surtout du changement.

Qu’entends-tu par « changement » ?

De la société qui évolue et du monde qui change. Mais ces sujets existent déjà les chants traditionnels de notre culture.

Est-ce que musicalement vous reprenez les thèmes traditionnels avec exactitude ou il vous arrive de composer ?

Nous commençons à travailler sur la base de jam. Sur laquelle nous ajoutons nos arrangements. Nous ne suivons pas strictement des partitions établies. C’est la musique qui va guider la chanson. Nous nous laissons transporter pour servir la musique.

Comment est perçu le rock en Chine ?

IIchi : J’écoute du rock depuis que je suis enfant, c’est quelque chose d’aussi courant que banal. Cependant, le « rock marketing » n’a fait son apparition que depuis peu. Au niveau des festivals par contre, nous avons beaucoup d’années de retard, il y a peu de rock à la télé et à la radio. Par contre, dans les grandes villes, on voit les concerts se développer de plus en plus.

Le rock anglo-saxon a-t-il trouvé une place ?

IIchi : Il va falloir du temps à la Chine pour se mettre à niveau. Les gens sont curieux mais les choses bougent doucement.

Ca risque d’être compliqué puisque votre gouvernement interdit la plupart des technologies de communication moderne…

Ailun : En effet, Facebook, Youtube et Twitter sont interdits chez nous. Et c’est très ennuyeux… c’est aussi pour ça qu’on fait de la musique. Pour lutter contre l’ennui (rires).

Quels sont les projets d’HangGaï d’ici la fin de l’année ?

IIchi : Après la rapide tournée européenne, nous partons en Australie pour faire découvrir notre musique. Puis nous irons aux Etats-Unis et au Canada avant de retourner en Chine ou nous partagerons notre temps entre l’enregistrement d’un nouvel album et quelques concerts sporadiques. Nous avons cependant gardé du temps libre pour cet été en juin, juillet et août, nous sommes déjà en contact avec les Etats-Unis et l’Europe pour participer à quelques festivals.

A voyager autant, vous ne pensez pas être surveillé par le gouvernement chinois ?

Ailun : Probablement mais qui n’est pas surveillé de nos jours ? (rires)

Si je peux tenter une question politique, que pensez-vous des Droits de l’Homme en Chine ?

Ailun : Et toi, tu en penses quoi ? (rires) Tout ça est un point de vue des gouvernements, pour les gens c’est une autre histoire. Si tu fouilles bien, trouve un pays qui respecte les droits de l’homme. Ou qui ne délocalise pas justement pour les enfreindre… C’est facile de montrer les gens du doigt…
 

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