Philippe Lageat, rédacteur en chef de Rock Hard, parle de son prochain livre sur AC/DC

C’est à l’occasion de la sortie en Octobre du livre AC/DC Tours de France 1976-2014 (700 pages pour plus de 4 kilos) qu’il a écrit avec Baptiste Brelet (webzine Can’t Stop AC/DC) que Philippe Lageat nous accueille dans les locaux de Rock Hard Magazine pour parler d’AC/DC bien sûr mais aussi de musique en Général…

Un grand et vrai moment de Rock ’n’ Roll !

Lionel / Born 666 : Tout d’abord, toi qui a toujours interviewé des centaines de groupes, ça te fait quoi d’être interviewé pour la sortie de ton livre ?
Philippe Lageat : Ça me fait bizarre… (Rires)… ) C’est une sensation particulière de passer de l’autre côté du micro. C’est vrai que j’ai répondu à plusieurs interviews ces derniers 15 jours. J’ai été pas mal sollicité depuis que Baptiste et moi avons lancé la souscription pour précommander le livre qui sortira le 9 octobre prochain. C’est vrai que c’est une sensation nouvelle et je m’aperçois que ce n’est pas évident…

Lionel : Cela doit être fatigant de répéter toujours les mêmes choses…
Philippe : Franchement oui, mais c’est pour la bonne cause (rires) Je peux comprendre certains artistes qui, après 40 interviews deviennent un peu moins bavards. Attention, je rigole. Pas encore u le temps de me lasser ! (rires)
 

Philippe Lageat

Lionel : Dans e titre AC/DC Tours de France 1976-2014, dans le titre il y a l’année 2014 tu es au courant de certaine chose, ils reviennent pour la fin de l’année ?
Philippe : Non. 1976-2014, parce que 1976, c’est l’année du premier concert en France. Nous avons monté notre propre maison d’édition, les Editions Point Barre, mais nous avons quand même un distributeur et un diffuseur, des gens qui vont mettre notre bouquin dans les magasins. Et ces derniers nous ont conseillé, alors qu’au départ nous avions intitulé le bouquin Tours de France 1976-2010 (2010, dernière date au Stade de France), de mettre 2014 parce que le livre sera en magasins en… 2014. On y trouvera néanmoins tout ce qui se sera passé dans notre pays entre 1976 et août 2014. Après tout, même si Malcolm Young vient de se mettre en retrait du groupe, il n’est pas impossible qu’un album sorte d’ici la fin de l’année. Je suis moins optimiste pour ce qui est d’une éventuelle tournée…

Lionel : Comment vous êtes vous partagé le travail avec Baptiste Brelet ?
Philippe : Ça c’est fait assez naturellement. Déjà, on n’a pas le même âge : il a 28 ans, et moi 46 depuis peu (rires). Quand j’ai assisté à mon premier concert d’AC/DC sur la tournée Back In Black, en janvier 1981, il n’était pas encore né !  (rires) Je ne sais même pas s’il avait vu le jour pour le Ballbreaker Tour 1996

Lionel : Ou alors il était à l’école…
Philippe : Voilà ! (rires) Mais peu importe notre différence d’âge. J’ai bossé sur ce livre avec quelqu’un de plus jeune que moi, qui avait la « patate », qui avait franchement envie et qui était fiable, mais qui était aussi dynamique et pointilleux. Parce qu’un bouquin comme ça, si tu veux le faire bien, il faut entrer dans le détail. 700 pages pour 62 concerts, tout de même. Le résultat est hyper précis, réservé aux die-hards, aux Ultras ! Batiste s’est surtout concentré sur les bibliothèques, dans toute la France, là où AC/DC était passé. 
 

AC/DC Tours de France 1976-2014

Lionel : La presse régionale ?
Philippe : Oui, parce qu’un photographe de quotidien avait pu, par exemple, assister à un concert en 1982 à Avignon et, le lendemain, n’en publier qu’une ou deux photos dans le journal. Certains ont pris des centaines de photos qui, depuis, dormaient dans des cartons. On en a retrouvé pas mal, des trésors de fous ! Baptiste s’est aussi intéressé aux tourneurs français.  En gros, c’était KCP qui, à l’époque, faisait tourner tout le monde. Ils s’occupaient surtout de Paris, signaient les groupes pour la France et les confiaient, dans chaque région, à un relais ou une association qui les aidait à monter le concert. Baptiste s’est donc chargé de tous ces tourneurs. Et ils étaient nombreux. Moi, de mon côté, j’ai fait pas mal d’interviews en anglais, spécialement pour le livre : quelques membres d’AC/DC, des ex-membres, mais aussi des groupes de première partie, des tourneurs, des roadies, des gens de maisons de disques...

Lionel : Y&T, par exemple, a ouvert pour AC/DC en 1982 (j’y étais)…
Philippe : Oui ils ont ouvert pour eux en 1982 à Avigon…

Lionel : A Paris aussi, au Bourget…
Philippe : Et à Lyon… Et il se trouve que Dave Meniketti, leur guitariste, avait fait des photos. Je l’ai donc contacté, et après l’avoir poussé un peu, il est allé fouiller dans ses boîtes à chaussures et a fini par m’en donner. Le seul regret, c’est qu’il a ensuite mis certaines de ces photos sur le net. Bref,  on a beaucoup de choses comme ça. Vu mon boulot pour Rock Hard, je disposais aussi d’un carnet d’adresses qui m’a permis de rapatrier certaines photos faites par des pros comme Alex Mitram, Marc Villalonga, Marc Delavaud, etc. Et puis, surtout, j’ai écrit la totalité des textes.
 

Philippe Lageat

Lionel : On peut dire que vous avez réalisé un travail d’archivistes et d’archéologues ?
Philippe : Oui, complètement… En fait, lorsque nous nous sommes lancés dans l’aventure en 2007, nous pensions que ça irait beaucoup plus vite. On s’était dit que le livre ferait 300 pages et qu’il sortirait deux ans plus tard. Et au fur et à mesure, on a creusé ,et la toile d’araignée s’est agrandie. Il y a peu, nous nous sommes forcés à arrêter, mais il y a deux jours, nous avons retrouvé un mec qui avait fait des photos d’AC/DC en 1979 et 1982, un pro qu’on ne connaissait pas du tout. Alors voilà, on va rajouter quelques pages au livre. Une douzaine. Nous sommes incorrigibles ! (rires) J’avais aussi beaucoup de contacts directs avec le groupe et pas mal d’archives qui nous ont permis de ne pas partir de zéro. Et puis, nous avons une très bonne synergie avec Vanessa Girth, la maquettiste de Rock Hard, qui a maquetté les 700 pages du livre. Elle a souffert. Il y a quand même 1200 photos, 600 documents, etc. Elle a dû nettoyer des photos, retravailler certains documents… Un travail de titan ! Sans compter que Baptiste et moi étions derrière elle à lui casser les oreilles (rires). Elle n’en pouvait plus ! 

Lionel : Il ne faut pas la relancer l’année prochaine pour la même chose sur Iron Maiden…(rire)
Philippe : Ne m’en parle pas ! J’ai des copains qui lancent la même chose avec AC/DC et la Belgique. Ce qui est intéressant, c’est qu’il y a eu bien moins de concerts (une vingtaine) en Belgique, mais il s’est passé pas mal de choses pour autant. Ils ont déjà trouvé pas mal de choses, mais Vanessa m’a dit : « Pour la maquette, ils se débrouillent ! » (Rire général) Je pense leur filer un petit coup de main au niveau écriture et interviews.

Lionel : Pourquoi parles-tu de votre livre en ce moment alors qu’il ne sort qu’à la rentrée prochaine ?
Philippe : Parce qu’il est si volumineux que son impression va coûter très cher. 700 pages pour 4 kilos, tout cela a un coût. Qui plus est, nous avons voulu l’imprimer en France parce que la plupart des beaux livres sont aujourd’hui imprimés en Chine. Les coûts sont incroyablement bas là-bas. Mais notre livre s’appelle « Tours de France », impossible de l’imprimer en Chine. C’est plus cher, mais c’est bien plus sérieux. Nous allons travailler avec l’imprimeur de Rock Hard que nous connaissons depuis des années. Ça nous permet un contrôle jusqu’au bout. Bref, tout ça coute très cher et c’est pour cela qu’on a lancé cette souscription, de manière que les collectionneurs aient quelque chose de spécial, une édition limitée agrémentée de bonus, afin que les fonds récoltés puissent nous permettre de financer partiellement l’impression.

AC/DC Tours de France 1976-2014


Lionel : Et il va couter 69 euros…
Philippe : 69,9 €

Lionel : Et pourquoi pas 66,6 € (rire) ?
Philippe : Je ne sais pas, on a essayé de calculer au plus juste. Je sais qu’on est en période de crise et que le prix peut paraître onéreux. 69.9 € dans l’absolu c’est cher, maintenant, pour un beau livre, avec autant de documents…

Lionel : C’est vrai qu’on voit de beaux livres sur les Stones ou les Beatles, mais qui ne renferment pas autant de pages…
Philippe : Quand on en a parlé à notre distributeur et à notre diffuseur, ils nous ont dit que ce prix était tout a fait décent. Je sais qu’on aurait pu le vendre 100 € et franchement, on l’aurait vendu aussi. Le but n’est pas de se faire de l’argent. Après 7 ans de travail acharné, un tel projet ne peut être rentable. L’idée, c’est surtout de sortir quelque chose dont nous soyons fiers, heureux à 100%, avec une belle qualité d’impression.

Lionel : Les albums For Those About To Rock et Blow Up Your Video ont été enregistrés en France ?
Philippe : For Those About To Rock a été enregistré en 1981 à Paris et Blow Up Your Video à Miraval, dans le sud de la France, en 1987. Il se trouve que la gestation de ces deux albums n’a pas forcément été simple. Ils ne sont pas juste arrivés en studio, ont enregistré l’album, puis sont repartis. Ça a été bien plus complexe que ça. En 1987, à Miraval, parce que la cadre était spécial : un vieux château avec des fantômes et pleins d’autres trucs… (Rire) Et à Paris parce qu’ils ont testé tout un tas de studios avant de trouver le son qu’ils voulaient ; Mutt Lange, leur producteur, un perfectionniste,  n’était pas satisfait, ça été très compliqué. On a retrouvé tous les ingénieurs du son  français et étrangers, les gens qui avaient loué les studios. Nous racontons l’histoire de ces albums comme personne ne l’a jamais fait. Nous insistons sur la qualité des documents inclus dans le bouquin, mais nous avons beaucoup travaillé sur les interviews et le texte, qui représentent un tiers environ du livre. J’espère que les fans prendront le temps de le lire autant que de le regarder. Ils vont apprendre beaucoup de choses.

Lionel : Quand as-tu entendu parler d’AC/DC pour la première fois ?
Philippe : 1978, par un copain d’école. Il avait un grand frère qui avait 3, 4 ans de plus que nous. A l’époque, j’avais 10 ans et le grand frère en question écoutait pas mal de choses, parmi lesquelles AC/DC. Donc, le copain m’a fait découvrir Queen, puis le Powerage d’AC/DC. A l’époque, on pouvait aller dans les magasins de disques, et chez les petits disquaires, il y avait des cabines. Tu prenais ton vinyle, puis tu allais le placer sur la platine et tu pouvais l’écouter avec un casque. 

Lionel : Donc premier contact avec AC/DC, c’est l’album Powerage ?
Philippe : Oui. J’ai craqué pour la musique d’entrée de jeu, mais aussi pour le visuel, car la pochette de Powerage, quand tu as 10 ans, ça te frappe. A l’époque, ils sortaient des albums très rapidement. Cinq ou six mois après Powerage, If You Want Blood sortait, avec Angus empalé sur sa guitare. C’était violent visuellement. Donc en 1978/79, j’achète les albums au fur et à mesure, et je comble mon retard en rachetant les précédents : High Voltage, Dirty Deeds, Let There Be Rock. Et c’est vraiment à partir de 1980 que je commence à collectionner, qu’AC/DC devient « mon » groupe. 
 

Philippe Lageat


Lionel : Et ta première rencontre avec le groupe ?
Philippe : Le premier concert, c’est le 23 Janvier 1981 au Parc de Penfeld à Brest, sur la tournée Back In Black. C’est la première fois que je les vois en « live ». Quelques jours après, je les vois « en live », mais au cinéma, avec le film Let There Be Rock et avec Bon Scott. Mais la première fois que je les rencontre, c’est le 5 avril 1988, la veille du concert au Zénith parisien. Par un concours de circonstances assez incroyable, j’arrive à savoir dans quel hôtel ils descendent, et au moment où j’y arrive, je tombe sur eux. Ils sont dans la rue et rentrent dans l’hôtel…

Lionel : Tout le groupe ?
Philippe : Non, Brian Johnson, Simon Wright et Cliff Williams. Je reviens le lendemain et là, je passe la matinée avec Malcom et Angus. Après ,je vais au concert, et le lendemain, je reviens, mais là il y a un peu plus de monde car l’adresse a dû circuler. On était une dizaine, mais les premiers jours, on était 4 ou 5. La première fois que je les rencontre, c’est en tant que fan en squattant à l’hôtel. Bon, maintenant, tout le monde connait un peu l’astuce. Avant, il y avait très peu de gens qui connaissait le truc. On pouvait donc passer du temps avec eux…

Lionel : Ont-ils des personnalités vraiment différentes ?
Philippe : Simon Wright était ultra timide, presque effacé. Cliff, lui, c’est la force tranquille. Angus est au premier plan, exposé, c’est lui qui va au devant des fans. C’est normal, c’est lui que ces derniers veulent voir en premier. Il est très habitué à tout ça, posé, cool et très disponible. Brian Johnson est toujours en train de déconner, peut-être le plus abordable. Et Malcom porte bien son surnom, c’est « The Brain » (le cerveau), on voit qu’il est carré, c’est lui qui est derrière la machine AC/DC

Lionel : Et par la suite…
Philippe : C’est un peu plus compliqué que ça. En fait j’ai réussi à avoir des pass par des copains qui travaillaient sur des concerts et voir l’envers du décor m’a donné envie de faire un fanzine exclusivement consacré au groupe. J’ai donc fait ce fanzine à partir de 1991, il avait pour nom Let There Be Light : que la lumière soit ! On voulait faire la lumière sur le groupe. Et il se trouve qu’AC/DC, qui n’était pourtant pas friand de ce genre de trucs, a apprécié ce que nous proposions, j’ignore pourquoi. Le management du groupe nous a aidés : ils nous envoyaient des lots pour des concours, nous donnaient la possibilité de faire des interviews, ou nous filaient des pass, c’était sympa. J’ai donc fait ce fanzine de 1991 à 1996. Et la première fois que je les ai interviewés sans être journaliste, ce fut en 1992. Phil Pestilence, qui travaillait alors pour Hard Rock Magazine, m’appelle pour m’interviewer sur mon fanzine et me dit « J’ai un scoop pour toi. Jean-Pierre Sabouret est à Dusseldorf parce que, demain, il interviewe Angus et Malcom pour la sortie de l’album Live. ! » et c’est tout ce qu’il me dit. Je raccroche, j’appelle le copain qui faisait le fanzine avec moi et je lui raconte l’histoire. Le lendemain, nous prenons le premier avion, faisons le tour des hôtels, sympathisons avec les portiers et leur demandons si les Boys sont là . Et nous finissons par tomber sur le bon hôtel. Là, il se trouve que la personne qui travaille avec eux, Jacqueline Ledent Vilain, est française. Elle a aimé notre démarche, en a parlé aux Boys, Angus et Malcom, qui lui ont répondu « Ok, demain on se lève une heure plus tôt et on leur accorde une interview pour leur fanzine ». Truc incroyable ! Donc, ce soir-là, ils nous filent la clef de leur chambre pendant qu’eux font de la promo dans l’hôtel. Et on se retrouve donc dans leur chambre, en train de regarder le Live en vidéo sur une grande télé. Et le lendemain matin, ils nous accordaent une interview pendant une heure. Après, on a continué à faire d’autres interviews en se débrouillant ou grâce au management. Ma première interview pro avec AC/DC, c’est pour Hard Rock Magazine en 1995 quand ils viennent à Paris faire la promo de Ballbreaker
 

AC/DC Tours de France 1976-2014


Lionel : Comment peux-tu expliquer le succès du groupe qui est passé par différents stades : l’arrivé de Brian Johnson qui avait mauvaise presse, puis un revival pour finir dans les stades ? Ils ont créé un manque pour créer le besoin ?
Philippe : C’est un peu particulier. Tu dis que Brian Johnson avait mauvaise presse, et c’est vrai qu’avec les souvenirs, c’est ce que j’aurais également dit. Et pourtant, en faisant le bouquin, je suis retombé sur les articles qui sortaient en 1980. Je parle de la sortie de Back in Black en France : ils étaient tous dithyrambiques. Les gens disaient « tiens c’est étonnant, la voix c’est bizarre, mais c’est bien ». Après il y a eu For Those about to Rock et ça a commencé à changer…

Lionel : Oui mais avec Flick of the Switch
Philippe : Là effectivement, il y a Enfer Magazine qui défonce l’album. Et comme c’est le premier magazine consacré entièrement au hard rock, beaucoup de gens le suivent. Et puis, surtout, à cette époque, il y a une émergence de nouveaux talents, Metallica par exemple. Et puis, Flick Of The Switch a un son plus rugueux, Mutt Lange n’est plus là… On sent même que, dans l’entourage du groupe, il se passe des choses et ce n’est pas la meilleure période pour lui, même si j’aime beaucoup cet album. Après, effectivement, il y a Fly On The Wall . Certains disent que c’est mieux, mais ce n’est pas forcément le cas. La prod’ est très bizarre. Ensuite, Who Made Who les rebooste un peu, le morceau est bon. Puis ils reviennent avec Harry Vanda et George Young pour Blow Up Your Video enregistré en France, plutôt correctement perçu sans que ce soit le grand enthousiasme. Mais avec The Razor’s Edge et « Thunderstruck », ça repart…

Lionel : Ils font les Monsters of Rock
Philippe : Oui c’est ça, avec Metallica. Donc, en 1991, ça repart dans le bon sens car ils font enfin Bercy et Vincennes. Avec Ballbreaker, ils font une très belle tournée en France avec six dates blindées. L’album est plutôt bon, ils bossent avec Rick Rubin, ils ont décidé d’arrêter de se produire eux-mêmes et ce n’est pas une mauvaise chose. Et au fur et à mesure, ça devient plus important. Les mecs comme moi qui avaient la trentaine à l’époque commencent à aller aux concerts avec leurs gamins. On dit de leur musique que c’est du Hard Rock, mais en fait, c’est juste du Rock. Ils ont une recette, c’est vrai, mais qu’ils appliquent avec un talent fou. Tu écoutes et tu es obligé de taper du pied. Tu retiens les morceaux en deux minutes, c’est aussi simple que ça ! Leur musique est universelle. Ce sont les nouveaux Stones. 

Lionel : C’était surtout dans le courrier des lecteurs que les gens se déchainaient…
Philippe : En 1983, ils ont encore beaucoup de fans, des jeunes fans qui les adoraent, et tout d’un coup, pour la première fois, on entend parler d’AC/DC en mal. Cela choque les plus jeunes fans qui écrivent à Enfer : « C’est scandaleux, Daniel Garcia a descendu l’album… ». Du coup, le magazine protège son journaliste et certains lecteurs, ceux qui trouvent que depuis la mort de Bon Scott ce n’est plus la même chose, comment à se lâcher. Ce phénomène est assez franco-français car on l’observe moins dans d’autres pays. Ici, on tire à boulets rouges sur Brian Johnson et sur Flick Of The Switch.
 

AC/DC Tours de France 1976-2014


Lionel : As-tu toujours été emballé à chaque sortie d’album ?
Philippe : Oui franchement. J’ai connu Powerage et il était sorti depuis deux mois. Et donc If You Want Blood est arrivé queklques mois après. L’année d’après, Highway To Hell, l’année suivante Back In Black, en 1981 For Those About To Rock… Ça allait très vite. Ensuite, il y a eu un peu plus d’espace entre chaque sortie. Flick Of Ihe Switch : deux ans, il sort en 1983 ; Fly on the Wall : 1985. En 1986, Who Made Who, trois nouvelles chansons. Désormais ce sont des périodes de 8 ans entre chaque album. 

Lionel : Ton Top 3 et ton Flop 3…
Philippe : Top 3, je dirais Powerage, Highway To Hell et Back In Black pour en mettre un avec Brian, mais si on parle vraiment de mes trois albums préférés, ce serait Let There Be Rock, Powerage et Highway To Hell.
Ceux que j’aime le moins avec le recul : Fly On The Wall, Stiff Upper Lip et Black Ice. Je trouve que ce dernier est trop long, cinq morceaux en trop. 

Lionel : Je suis d’accord avec toi car pour Black Ice à sa sortie, j’écoutais l’album à partir de la 7ème chanson…
Philippe : Je peux te comprendre. A sa sortie, j’en ai fait une bonne chronique, j’ai écrit des choses que je continue de penser : il est varié, contient des choses que le groupe a tentées qu’il n’aurait pas osé faire avant, mais globalement, le « meilleur dernier » album qu’ils ont fait, pour moi, c’est Ballbreaker.

Lionel : As-tu des infos concernant leur prochain album ?
Philippe : Sincèrement, non. Ils « devraient » rentrer en studio, mais cela n’a été confirmé par personne. Seul Brian en a parlé. Et avec ce que Malcolm Young vient d’annoncer… Disons, vraisemblablement, un dernier album en guise d’ultime révérence. 

Lionel : Dans 20 ans tu fais un livre sur Airbourne, The Deep End ou Blackberry Smoke ?
Philippe : (Rire) Heu… Airbourne, j’ai eu un gros coup de cœur. J’ai eu la chance, avec Rock Hard, d’aller les voir avant qu’ils ne viennent en France sur leur première date européenne, en Allemagne. J’ai trouvé ça géant parce que je retrouvais AC/DC. Pas musicalement, mais niveau énergie. Le AC/DC de Let There Be Rock, un AC/DC jeune. Et je retrouvais donc cet AC/DC jeune en club, comme je ne l’avais jamais vu. J’ai donc adoré. Les mecs ne s’économisaient pas. Ensuite, je les ai revus sur la tournée de leur premier « vrai » album et j’ai continué à adorer. Mais au fur et à mesure, je trouve que ça commence à se répéter. Pour les avoir fréquentés, ce sont des gens qui ne s’économisent pas : bibine, excès, etc. Et malheureusement, ce n’est pas toujours respecter le public parce que Joël fait énormément de choses sur scène : il chante, joue de la guitare, escalade les scènes… Il faut donc qu’il soit en permanence au top physiquement. Or parfois, en milieu de tournée il est totalement carbonisé, ses vocaux ne suivent plus. S’ils menaient une vie un peu plus saine, ce ne serait pas plus mal. 
 

AC/DC Tours de France 1976-2014


Lionel : Bon Scott n’avait pas vraiment une vie saine…
Philippe : Oui, c’est vrai, mais si tu écoutes des bootlegs de Bon Scott, il est difficile de trouver un enregistrement où sa voix déraille… Je ne dis pas que cela ne soit jamais arrivé, mais c’était très rare. Mais bon, je suis toujours fan d’Airbourne aujourd’hui. Sur album, ils n’ont pas le talent d’écriture d’un AC/DC. Mais bon, c’est énergique. Si tu as payé ta place 30 €, chaque euro est bien dépensé. Mais est-ce qu’ils vont perdurer, je ne sais pas. Je pense que, dans 20 ans, AC/DC sera toujours plus populaire qu’Airbourne même s’il ne tourne plus depuis belle lurette.

Lionel : Pour les Stones, cela fait 40 ans qu’on dit que c’est leur dernière tournée…
Philippe : Oui, mais AC/DC commence à être rattrapé par la maladie, c’est un autre problème. Et puis, si c’est pour voir un Angus Young qui fait du sur place… Parce qu’aujourd’hui, Angus bouge quand même et Brian assure le show et je préfère rester sur une bonne image comme celle du dernier Stade de France. Remarque, si c’est pour les voir en club faire du blues, je signe tout de suite !

Lionel : Quand ont-ils changé leur logo et pourquoi ?
Philippe : Le logo que tout le monde connait arrive sur Let There Be Rock en 1977, mais ce n’est pas eux qui l’ont conçu, mais un illustrateur payé par la maison de disques. D’ailleurs, ils en ont changé juste après, sur Powerage. Finalement, ils ont dû se dire que ce logo finalement n’était pas si mal puisqu’ils l’ont ressorti pour If You Want Blood, Highway to Hell./ Et c’était parti ! (…) En 1980, c’était l’AC/DCmania, mais aujourd’hui, c’est une mode. Par exemple, à Bercy, en 2009, je me suis demandé ce que certaines personnes faisaient là. 

Lionel : J’appelle cela les concerts C.E. (Comité d’Entreprise), ils peuvent passer de Shakira à AC/DC en passant par  Holiday on Ice, Johnny Halliday puis Iron Maiden…
Philippe : (rire) C’est exactement ça. Il y a un côté « tiens, le Stade de France, on va quand même aller les voir, je passe par le CE… ». Il y a aussi un autre public, plutôt bobo, public Rock & Folk, de « djeunz »… Mais après tout, en allant voir AC/DC, ils vont écouter de la bonne musique. Le public a changé, il est devenu plus mainstream. En 1988, au Zénith, il n’y avait que du Hardos…

Lionel : Vestes en jeans recouvertes de patchs…
Philippe : Voilà ! En 1991, que du hardos, 96 aussi. C’est à partir de 2000 que le public d’AC/DC est devenu plus familial. Plus encore sur la dernière tournée… 

Lionel : Est-ce que dans ton livre, il y a des photos du public ?
Philippe : Oui ,il y en a où on voit des mecs déguisés en Angus. Ça, c’est important : on a essayé de faire en sorte que le livre soit … Je crois que c’est Francis Zégut (qui écrit la préface) qui a eu le bon mot. Il a dit que notre livre était « participatif ». Il est vrai que nous aurions facilement pu le faire en ne prenant que des photos d’agences, en demandant des photos à Marc (Villalonga)… Mais nous avons voulu, en plus des belles photos de pros, faire aussi appel aux fans pour qu’ils puissent partager leurs clichés. Ce qui fait qu’on a de très belles photos « amateurs » prises des premiers rangs. C’est très sympa car on a l’impression d’être immergé dans la foule. Certaines photos ont vraiment le mérite d’être là et donnent un éclairage différent, car certains fans ont, sans être des pros, fait d’excellentes photos. Les gens vont penser que quelques-uns de ces clichés ont été réalisés par des pros alors qu’ils l ‘ont été par des particuliers doués. Merci à eux ! 

Lionel : Ça va être un magnifique cadeau de Noël…
Philippe : Oui, je le pense sincèrement ! Rien que pour le feuilleter de la première à la dernière page, il faut une bonne heure… Les fans devraient être super contents !

 

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