Entretien avec Coroner au Sylak Open Air 2014

Le passage du légendaire groupe de thrash helvète Coroner au Sylak Open Air était une occasion idéale pour s'entretenir avec ce talentueux trio. C'est dans une ambiance très détendue, alors que le festival se terminait, que nous avons évoqué ensemble le passé, le présent, et le futur de Coroner, mais pas seulement !

 

Diego Rapacchietti (batterie) : Avant de commencer cette interview, nous tenons à adresser nos excuses aux festivaliers du Sylak pour ce set écourté. La mise en place du plateau a pris du retard, et du fait du couvre feu instauré par la municipalité, nous ne pouvions pas nous permettre de continuer de jouer au-delà du créneau prévu, d’autant plus que Turbonegro devait jouer après nous. Nous sommes sincèrement désolés pour cet incident.

Vous avez déclaré que vous vouliez faire un nouvel album de Coroner. Est-ce que l’écriture a déjà commencé ?

Tommy Vetterli (guitare) : Malheureusement non, il n’y a encore rien de concret qui a été fait pour un nouvel album, à part l’intention de le faire ! Mais je crois que l’album est déjà-là, quelque part dans nos têtes, qui sont remplies d’idées. Le tout est maintenant de s’y mettre à fond, et de voir ce qui se passera.

Ron Broder (basse/chant) : Exactement, et nous allons faire de notre mieux pour écrire le meilleur album de l’histoire de Coroner ! [rires]

Est-ce que vous avez déjà une idée de la direction musicale que vous allez prendre sur cet album ?

Tommy : Oh oui, on va faire un double album de disco, bien sûr ! [rires] Plus sérieusement, on n’en a aucune idée. Quand on écrit, c’est toujours très spontané. On a jamais d’orientation en tête quand ça se fait. On écrit, on joue et on voit ce qui en résulte. Si ça nous plaît, on garde, si c’est mauvais, on jette ! [sourire]

Ron : Après, Coroner a un style, une personnalité. Et le prochain album restera cohérent avec cela. Ca sera du Coroner, ça sonnera comme du Coroner, pour sûr !

Est-ce que vous ressentez une pression dans la création de ce nouvel opus, du fait que vous n’avez rien sorti avec ce groupe depuis presque vingt ans, et que votre musique est beaucoup respectée dans la communauté métal ?

Tommy : Oui et non. En fait, la vraie pression, la plus forte qu’on subit, elle vient de nous-mêmes. Et elle est plus forte que n’importe quelle communauté de fans. On veut donner le meilleur de ce qu’on a, et ça va demander énormément de travail. Mais le défi est très intéressant.

Ron : En ce qui concerne la pression extérieure au groupe, nous n’y pensons pas, parce que ça ne sert à rien. Y penser ne pourrait résulter qu’en des choses négatives, et ça serait vraiment dommage.
 

Coroner, Ron Royce, interview, 2014,

Comment est-ce qu’une chanson typique de Coroner voit le jour ?

Tommy : Il n’y a vraiment pas de routine de composition dans Coroner, ce qui peut cependant fonctionner dans d’autres groupes. Dans ce groupe, c’est très varié. Ca peut être moi qui triture ma guitare, puis qui va construire la chanson avec une batterie programmée. Ca peut aussi venir de Ron ou Marky et maintenant Diego, qui, je l’espère, va apporter son lot d’idées à Coroner. Parfois, une chanson va naître d’un jam, ou que sais-je encore… Mais ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas de méthode préétablie, et c’est aussi ça qui rend l’écriture intéressante pour moi !

Comment avez-vous ressenti le départ de Marky ?

Tommy : Ca n’a pas été facile. Marky est un très bon ami, un frère. On a vraiment essayé de continuer ensemble, on lui a demandé deux fois s’il voulait rempiler pour un nouvel album avec nous. La dernière fois, c’était il y a un an, à peu près, on a clairement senti qu’il n’avait pas envie. Donc on a laissé tomber. Evidemment, se séparer d’un frère n’est pas facile. Nous avons vécu tant de choses ensemble, avec beaucoup de beaux souvenirs. Il me manque maintenant, alors que je te parle. Mais en tant qu’ami.

Ron : Oui, et Marky restera toujours un ami quoiqu’il arrive. Maintenant, nous devons aller de l’avant. Nous avons vraiment envie de commencer quelque chose de nouveau, et ce n’était pas en continuant avec quelqu’un qui n’avait plus la flamme que ça allait marcher !

Justement, que pensez-vous que Diego peut apporter de nouveau à Coroner ?

Tommy : Enormément de choses, probablement. C’est un musicien très talentueux, dynamique. Son arrivée est un nouveau départ pour ce groupe, et je pense qu’il y apporte déjà beaucoup de fraîcheur, et c’est une bonne chose. En fait, je pense clairement que Coroner n’a jamais été aussi bon qu’aujourd’hui, et c’est très motivant.

Et toi Diego, que penses-tu pouvoir apporter à Coroner ?

Diego : Je pense que ça serait présomptueux de dire que je vais apporter quelque chose de nouveau. Coroner, c’est et ça restera toujours ces deux larrons. [il désigne Tommy et Ron de la main] Maintenant, je pense pouvoir apporter mon expérience et ma personnalité musicale au groupe. Un nouvel album de Coroner est un vrai défi pour nous tous, mais être intéressant.  J’ai vraiment hâte d’y travailler.
 

Coroner, Marky, 2014, Interview, français,


Evidemment, le métal a pas mal changé entre la séparation et la reformation de Coroner. Est-ce que vous aimez la scène métal telle qu’elle est aujourd’hui ?

Diego : C’est vrai que la scène a beaucoup évolué. C’est parti dans plein de directions, et il y a beaucoup de choses inspirantes, je trouve. Je pense qu’on s’est imprégné de tout ça, et qu’elles vont influencer Coroner d’une manière ou d’une autre. Ca sera probablement des petites touches par-ci, par-là, un peu comme de petits coups de pinceau sur une toile, tu vois ce que je veux dire ?

Tommy : Je suis d’accord, mais si on prend du recul, la scène n’a pas tant changé que ça. Il y a bien sûr du sang neuf, et c’est très bien, mais le fonctionnement de la scène n’a pas changé. La plupart des personnes qui y travaillaient à l’époque sont toujours là aujourd’hui.

Est-ce que vous êtes nostalgiques de la musique quand il n’y avait pas internet, Facebook et compagnie ?

Tommy : Evidemment, ce ne sont pas de choses de notre époque, vieilles momies que nous sommes. [rires] Mais je pense que ça ne sert à rien d’être nostalgique et de grogner « Ah, c’était mieux avant ! » à longueur de journée. Ce n’est pas en faisant ce genre de remarques que les choses vont changer. Internet est là, et il ne va pas disparaître, a priori. Donc, plutôt que dépenser son énergie à être amer, il vaut mieux réfléchir aux nouvelles problématiques qui sont posées. Par exemple, pour les musiciens, c’est plus difficile, notamment pour les ventes d’albums. C’est à cela que l’on doit travailler.

La Suisse s’est rendue célèbre pour être le foyer d’un certain nombre de groupes cultes mais undergrounds, parmi lesquels on trouve Celtic Frost, Nostromo, Samael, et Coroner bien sûr… Comment vous expliqueriez cette étrange coïncidence ?

Tommy : C’est une question intéressante. On y a pas mal réfléchi, mais sans trouver de réponse. Je ne saurais pas vraiment quoi te répondre, si ce n’est que c’est vrai qu’il y a beaucoup de groupes particuliers en Suisse.

Diego : J’ai ma petite théorie là-dessus. Tu vas peut être trouver ça idiot, mais je pense qu’il y a un fond de vérité. Pour moi, c’est du au climat, ou en tout cas, le climat a une certaine influence là-dedans. Je m’explique : le climat en Suisse n’est pas très gai, il pleut souvent et il fait froid. Du coup, tu es plus incité à gamberger et à t’enfermer chez toi pour jouer de la musique que dans d’autres pays. Et si tu penses par exemple à l’Angleterre, où il y a tout un tas de groupes d’exception, c’est pareil : le climat est mauvais là-bas. Voilà un élément de réponse à ta question.

C’est vrai qu’on remarque que beaucoup d’artistes remarquables sont névrosés…

Tommy : Oh, mais c’est exactement ce que nous sommes ! [rires]

 

Coroner, interview, 2014, français,

Au début de la carrière de Coroner, Tom Gabriel Fischer a chanté sur votre première démo Death Cult. Comment décririez vous votre relation avec lui ?

Tommy : Notre relation ? Qu’est-ce que tu racontes, nous ne sommes pas ensemble ! [rires] Sérieusement, Tom est… Un vrai artiste. Je ne vois pas ce que je peux dire de plus. Tout ce qu’il a entrepris artistiquement est excellent, et j’ai un profond respect pour lui. En plus de cela, il nous a énormément aidé au début de Coroner, on lui doit beaucoup. Là, en ce moment, il est avec Triptykon, et c’est encore une réussite !

Est-ce que vous envisageriez de retravailler avec lui ? En tant que producteur peut être ?

Tommy : Je suis moi-même producteur, donc ça ne sera pas nécessaire. [rires] Nous allons faire ça par nous-mêmes.

Ron : Peut être qu’il participera à l’album d’une manière ou d’une autre en écrivant des paroles ou en chantant un duo ou peut être même en solo. Qui sait ? C’est en tout cas une éventualité, oui !

Il y a quelques temps, vous aviez annoncé travailler sur un DVD pour Coroner. Quand peut-on espérer voir sortir ce document ?

Tommy : On y travaille encore. En fait, les gens qui bossent sur le projet font ça en tant que « hobby ». Alors attention, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas professionnels, ils le sont tous ! Mais ils font ça sur leur temps libre, et ça prend du temps. En fait, ce dvd est plus qu’un document sur Coroner, c’est beaucoup plus large que ça. Il va y avoir pleins d’interventions extérieures, comme Tom Gabriel, ou Mike de Opeth, dont j’apprécie énormément la musique. Il y aura aussi Max de Sepultura. Enfin bref, plein de musiciens talentueux ! Et le DVD va parler de tout ce qui entoure Coroner, donc peut être que ce document aidera à répondre à ta question sur les groupes suisses ! Concernant la date de sortie, je ne peux rien promettre. J’espère vraiment que ça sortira avant la fin de l’année prochaine.

Tommy, il y a quelques années, tu as fait une tournée acoustique avec Stephen Eicher . Est-ce que tu penses renouveler une expérience de ce type ?

Tommy : Tu sais, je ne m’intéresse pas qu’au métal. J’écoute de tout et je m’intéresse à tous les genres. Pour moi, c’est juste une histoire de bonne ou mauvaise musique, pas de style. Stéphane est un excellent musicien avec un style unique, et si jamais il me recontacte pour qu’on rejoue ensemble, il me serait difficile de refuser.
 

Coroner, interview, 2014, français, Paris,

As-tu récemment fait des découvertes que tu voudrais recommander à nos lecteurs ?

Tommy : Ah, c’est typiquement le genre de choses dont je ne me rappelle pas ! Laisse-moi regarder sur mon téléphone. Alors, je ne suis pas vraiment fan de la musique, mais je suis en admiration totale devant la production de leur dernier album : Bring Me The Horizon ! Franchement, du point de vue de la production, c’est juste putain de parfait ! Je sais que les gens n’attendraient pas de moi que je dise ça, mais c’est la vérité. Hum… Black Sabbath, c’est nouveau ça, non ?? [rires] Ceci dit, le dernier album n’est pas trop mal. Difficile de faire le tri, mais j’aime beaucoup Deftones. Sinon, il y a un groupe absolument démentiel qui s’appelle Tribal Tech. Ce sont des génies, et à chaque fois que je les écoute, j’ai envie d’arrêter la guitare ! [rires] Tiens, je vais te noter une chanson, passe moi un stylo. [il note sur la feuille de l’interview le titre de la chanson] Voilà, « Face First ». Ca va te calmer, crois moi ! Voilà, je crois qu’on a fait le tour.

Et peut-on s’attendre à une sortie prochaine d’un nouvel album de 69 Chambers ?

Tommy : Hum, il se trouve que les compositions sont toutes terminées. Il n’y a plus qu’à aller en studio pour enregistrer tout ça en fait. Mais je ne sais pas quand ça va se faire, parce que ça coûte de l’argent, et on n’a pas forcément le budget pour tout faire en même temps. Maintenant, j’adore ce groupe, et ce n’est pas parce que Coroner est de retour que je vais arrêter mes autres projets.

Vous avez souvent des paroles qui parlent de sujets très sérieux, comme la guerre, la religion ou la politique. Est-ce important pour vous d’écrire sur ce genre de problématiques ?

Tommy : Oui, évidemment, On ne va pas se mettre à écrire « tout le monde est content, tout le monde est beau », ça n’a pas d’intérêt, et ça ne correspond pas à la réalité.

Est-ce qu'il va y avoir d’autres concerts en France prochainement ?

Ron : Eh bien, en plus du festival Rock Your Brain à Sélestat, figure toi qu’on a eu une offre pour un  concert à Paris. On espère que ça se fera !

Entretien réalisé par Tfaaon

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