Black Label Society (+ Black Tusk et Crobot) au Bataclan (26.02.2015)

Vieux motard que jamais…

Un peu moins d'un an après la sortie du décrié Catacombs of the Black vatican, Zakk Wylde et son gang de motards de Black Label Society sont de passage dans la capitale. La formation ne s’était plus produite dans une salle parisienne depuis désormais quatre ans et le Bataclan affiche complet ce soir. Looks de bikers, longues barbes et blousons en cuir, pas de doute, les fans se sont déplacés en masse pour accueillir comme il se doit Zakk Wylde. Mais pour l'heure, place à deux formations invitées en première partie et dont le style s'inscrit parfaitement dans la continuité de BLS.

Crobot

La première formation à fouler les planches du Bataclan ce soir en est encore à ses balbutiements. En effet, Crobot est un quatuor américain fondé en 2011, mais dont le premier album n'est sorti que l’année dernière. Qu'importe, le jeune groupe choisit ce soir de saisir l’opportunité qui s'offre à lui pour montrer ce dont il est capable sur scène. Sorte de croisement totalement assumé entre Led Zeppelin et Deep Purple, le tout joué avec un son plus moderne à rapprocher du stoner, Crobot montre qu'à défaut de s’être arrêté aux bases du hard rock, il maîtrise celles-ci sur le bout des doigts.

Crobot

Brandon Yeagley (chant) se sent très à l'aise dans les registres aigus et si son jeu de scène peut parfois rappeler Robert Plant, il se situe moins dans le plagiat que dans l'hommage respectueux. De son côté, Chris Bishop avec son faux air de Phil Anselmo ne tient pas en place et n'hésite pas à grimper sur l'enceinte de son ampli Orange et à faire tournoyer sa guitare autour de lui.

Crobot montre ainsi son aisance sur scène, chose rare pour un groupe débutant. Les Américains balancent des riffs simplistes, qui bien évidemment ne révolutionnent pas le style, mais dont le groove pousse une large partie des spectateurs à taper du pied et à applaudir entre les morceaux. Le titre "La Mano de Lucifer" et son intro bluesy entêtante récolte d’ailleurs un bon succès auprès du public.

Crobot

Crobot surfe sur la vague stoner/revival/blues rock, tout en s'imposant comme une future valeur sûre de cette scène. Une bien belle découverte, qui aurait eu toute sa place sous la Valley au Hellfest.

Setlist : 

The Legend of the Spaceborne Killer
Skull of Geronimo
Wizards
Nowhere To Hide
Night of the Sacrifice
La Mano de Lucifer
The Necromancer
Fly on the Wall

Black Tusk

Après une courte pause, c'est désormais à Black Tusk de faire patienter le public avant le set de BLS. Les Américains qui accompagnent Zakk Wylde ont du faire face à l'automne dernier au décès brutal de leur bassiste Jonathan Athon dans un accident de moto. Ayant tenu à rendre hommage à ce dernier en participant néanmoins à la tournée, c'est l'ancien bassiste de Kylesa, Corey Barhorst, qui remplace Athon à la quatre cordes et au chant. Black Tusk évolue dans un sludge caractérisé par une distorsion sale et des riffs gras, le tout inspiré de l’ambiance du bayou.

Black Tusk

Mais malgré ces éléments qui sentent bon sur le papier, les Américains décident de pas communiquer avec le public du Bataclan, n’évoquant le décès de leur camarade qu'en toute fin de set. De plus, le son beaucoup trop fort n'aide pas à rentrer dans l’univers de Black Tusk, de même que le chant hurlé des trois musiciens qui alternent leurs parties vocales. On signalera également que le chant de Jamie May, le batteur, est faux la plupart du temps. La redondance des riffs, le chant monocorde et l'attitude autiste des musiciens rendent pénibles les quarante minutes de set. Cela est d’autant plus dommage que via leurs clips et leur communication sur les réseaux sociaux le groupe bénéficiait d'un bon capital sympathie à l'origine. On souhaite néanmoins à Black Tusk de se relever de la tragédie survenue au sein du groupe et de revenir nous proposer un set plus abouti.

Black Tusk

Black Label Society

Avant le début du concert des bikers de Black Label Society, un grand rideau à l’effigie du logo du groupe permet aux roadies de s'affairer en toute discrétion au montage du matériel des musiciens. Les lumières s’éteignent et une intro mélangeant le « Whole lotta love » de Led Zep et « War pigs » de Black Sabbath, deux influences revendiquées par Zakk Wylde, résonne dans la salle, chauffant au passage le public du Bataclan.

Black Label Society

Lorsque le rideau tombe, le riff de « The beginning…at last » est entamé par un Zakk debout sur les retours et le public s'enflamme devant la puissance et le groove des riffs de guitare. Le son est cependant déséquilibré et la voix du leader est noyée dans une reverb qui s’avèrera très désagréable au fur et à mesure du concert. Mais la grande force de Zakk réside dans son charisme. Le public n'a d'yeux que pour lui, en dépit de la présence de très bons musiciens à ses côtés dont la dernière recrue Dario Lorina, remplaçant de Nick Catanese ayant quitté le gang récemment. Lorina est cependant assez effacé par le fondateur du groupe, mais sa discrétion n’empêche pas d'admirer sa technique à toute épreuve.

Black label Society

BLS profite de cette entame de concert pour enchaîner les titres, pratiquement sans transition et surtout sans même dialoguer et saluer le public. Il faudra attendre pour cela les deux tiers du show pour que Zakk prenne le micro pour présenter les musiciens, en tentant ainsi de meubler les temps morts pendant l’installation d'un piano. Mis à part ces problèmes de communication, musicalement tout le monde est impliqué, à l'image de John DeServio, désormais le membre le plus ancien de la formation, qui ne cesse de sourire, de lancer ses médiators et d'arpenter la scène.

Black Label Society

Les titres du dernier album comme « Heart of Darkness » ou « My Dying Time » rendent bien mieux en live qu'en version studio, mais souffrent cependant de la comparaison avec les classiques tels que « Suicide Messiah » ou « Stillborn ».

On s’aperçoit cependant rapidement que Zakk Wylde fait du Zakk Wylde. En effet, le frontman prend des poses de guitar hero (pour le plus grand plaisir des photographes), fait durer ses soli plus que de raison et surtout place son habituel solo de guitare de 10 mn en plein milieu du set. Ce solo a le double inconvénient de n’être pas très mélodique et musical et de casser la dynamique du concert, rendant l’audience amorphe. Et là, c'est la catastrophe, car alors que le public a du mal à retrouver l’énergie du début du concert suite à ce solo interminable, c'est ce moment précis que choisit le groupe pour placer les inévitables ballades mièvres dont il a le secret. Si l'hommage rendu par Zakk sur « In this river » à son compagnon d'armes Dimebag Darrell est toujours appréciable, le son beaucoup trop fort du piano, dont les notes saturent, n'aide pas à apprécier la performance. De plus, le frontman choisit d’enchainer avec la plus mauvaise ballade du dernier opus, « Angel of mercy », qui sert juste de prétexte pour placer un solo hyper mélodique qu'il affectionne tant.

Black Label Society

La fin du set approche et pour rattraper ces fautes de goût, BLS en profite pour sortir deux de ses meilleurs titres avec « Concrete Jungle » et « Stillborn », mais le mal est fait et le public ne retrouvera pas l’enthousiasme du début du concert. Sans rappel, les Américains saluent et s'effacent.

Au final c'est un sentiment mitigé qui ressort de l’appréciation de ce show. On regrette un manque d'envie et de communication, mais surtout l'impression que le spectacle est trop millimétré et répond aux gimmicks du leader de la formation. Avec un set mieux construit, moins de gimmicks et surtout sans ce solo interminable, le public aurait certainement été plus investi et le concert plus dynamique. Zakk, la prochaine fois que ton solo dépasse 5mn, on coupe ton ampli !

Black Label Society.

Setlist BLS

The beginning … at last
Funeral Bell
Bleed for me
Heart of Darkness
Suicide messiah
My dying time
Guitar solo
Godspeed hellbound
Angel of Mercy
In this river
The blessed Hellride
Concrete Jungle
Stillborn

Photographies : © 2015 Nidhal Marzouk  / Yog Photography
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Merci à Olivier Garnier

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