Skeletonwitch (+ Goatwhore et Mortals) au Covent Garden (19.04.2015)

Quand le bouc domestique la sorcière
 

En voilà une belle tournée…  Qui ne passait pas par Paris ! Il fallait donc se véhiculer jusqu’au lointain Covent Garden pour assister à la curée par le triplé Américain. Une affiche prometteuse soulevant trois questions : Skeletonwitch allaient-ils assurer avec son nouveau chanteur ? Goatwhore confirmeraient-ils la claque administrée en première partie de Dying Fetus en novembre dernier ? Les Mortals seraient-elles aussi puissantes que sur album ?


 

 

Mortals
 


En guise de première partie de luxe, nous avons droit à Mortals, trio féminin de sludge teinté de black metal. Et nos New yorkaises ne paient pas de mine : malgré un jeu de scène très posé, les compositions à la fois accrocheuses et agressives du combo captivent vite l’audience, d’une petite vingtaine de personnes au demeurant.Nous avons affaire à un collectif de musiciens vraiment efficace, et qui maîtrise parfaitement son affaire. Chaque instrumentiste est vraiment au point, et le son est, comme souvent au Covent Garden, très bon ! A la voix Lesley Wolf révèle une voix rauque et puissante, qui ne perd rien de la rage entendue sur album.
 

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On sent le trio un peu tendu en début de set. Peut être est-ce parce que c’est leur première fois en France ? Mais la tension disparaît rapidement, et on les voit se lâcher progressivement pour une fin de concert complètement débridée. Mortals finit sa prestation avec une rage qui ne laisse pas indifférent, et un son nettement plus brut que sur album, sans pour autant être imprécis ou sale, ce qui est une bonne chose ! On les espère de retour en France rapidement, pourquoi pas avec un nouvel album à l’occasion ?

 

Goatwhore
 


La rédaction de La Grosse Radio Metal se souvient encore de la correction que lui avait administrée Goatwhore en ouverture de Dying Fetus, où la formation de la Nouvelle Orléans avait largement tenu tête au fœtus mourant. Ce soir, rebelote, et même plus, puisque Goatwhore va tout simplement faire mieux que Skeletonwitch, à tous les niveaux.  Déjà Ben Falgoust a vraiment un charisme énorme ! Avec ses poses théâtrales, son énergie et son interaction régulière avec le public, il porte littéralement le groupe sur scène.
 

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Mais c’est loin d’être la seule qualité de Goatwhore : Samy Duet a toujours ce son hallucinant à la guitare, grâce à une technique de mediator unique. C’est bien simple, il sonne à lui seul plus agressif et tranchant que deux guitaristes. (au moins ceux de Skeletonwitch ce soir) Soyons honnêtes, cette guitare ne serait pas aussi efficace sans cette section rythmique impeccable, avec une basse groovy et un batteur qui blaste à en faire éclater sa grosse caisse. Le groupe est quasiment irréprochable techniquement, voilà tout.
 

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Musicalement, Goatwhore continue de brouiller les pistes entre thrash, black et death metal, même si c’est clairement le thrash qui prédomine. Après mûre réflexion, il y a un monde entre l’expérience Goatwhore sur scène et sur album. Ici, nous avons clairement affaire à un groupe de performers, qui brille sur scène alors qu’il pourrait laisser indifférent sur disque. Et le combo ne se contente pas de gérer sur les planches : ils s’assurent entre chaque chanson que le public passe un bon moment. Et malheur a quiconque ne participant pas à l’hystérie générale. Ainsi, on voit Samy demander à l’ingé-lumières de tourner un projecteur vers le public en disant : « Hey, cette fille là-bas ! Je l’ai vu, elle regardait son téléphone lorsqu’on a demandé à tout le monde de crier ! » Ce à quoi réplique Ben avec facétie : « Peut être qu’elle est en train de regarder du porno bizarre ? ».
 

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Et le concert reprend de plus belle. On aperçoit d’ailleurs les musiciennes de Mortals manifestement en train de prendre leur pied, et on les comprend. Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, et le set de Goatwhore en fait partie. La formation se confirme comme un monstrueux groupe de scène, qui gagnerait à être connu. Peut être les verrons nous un jour à l’affiche du Fall of Summer, qui sait ?

 


Skeletonwitch
 


Après une belle mandale administrée par Goatwhore, Skeletonwitch avait fort à faire, ne serait-ce que pour faire aussi bien. Malheureusement, on se rend  très vite compte que ça ne sera pas le cas. En effet, Andy Horn, chanteur engagé par le groupe pour assurer les concerts après l’éviction de Chance Garnette, a une espèce de growl black pas franchement convaincant, qui ne sonne pas très bien en plus de manquer clairement de puissance ! (même si on peut supposer que ce dernier détail est aussi du à un sous mixage) En plus de cela, le bougre a beau s’agiter sur scène, on a vraiment du mal a oublier le charisme de Ben Falgoust… Ou celui de Chance.
 

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Heureusement, derrière, il y a la machine à gros riffs de Skeletonwitch, qui parviennent à être agressifs  tout en gardant une bonne part de mélodie. Les musiciens assurent particulièrement bien leurs parties, notamment Evan Linger et son jeu de basse énergique. Par contre, on peut relever un point noir sur le son, qui a été beaucoup augmenté par rapport aux deux précédents groupes, et qui est manifestement trop fort, ce qui fait perdre à Skeletonwitch une bonne part d’agressivité et de tranchant, à cause du manque de précision.
 

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En dépit du bon growl death d’Andy, et du reste du groupe qui est instrumentalement très au point, il reste difficile d’entrer dans ce concert trop linéaire. Les chansons s’enchaînent et se ressemblent, toujours avec ce son crade qui rend les solos inaudibles. Ils ne sont de toute façon pas si importants dans la musique de Skeletonwitch, mais ça reste un élément de moins à apprécier, qui pu favoriser l’immersion dans la musique avec l’impression de vitesse.
 

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Bref, tout porte à croire que le départ de Chance Garnette a fait beaucoup de mal au groupe. L’énergie du concert était là, mais il manquait vraiment quelque chose pour que Skeletonwitch arrive à convaincre. Un meilleur chanteur et un travail sur leur son aideraient sans doute à inverser la vapeur. Une excellente soirée au demeurant grâce aux deux premiers groupes !

Compte rendu par Tfaaon (Facebook)

Photos :
Mortals & Skeletonwitch 1 : Benju, 2015
Goatwhore : © 2014 Arnaud Dionisio / Deviantart
Skeletonwitch 2 & 3 : © 2014 Fanny Storck
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 

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