Arcturus (+ Vulture Industries, Krakow et Seven Impale) au Divan du Monde (10.05.2015)

No Way But Norway (part II)
 

Après Satyricon en avril dernier, c’était au tour d’Arcturus de partir en tournée uniquement avec des groupes Norvégiens. Le plateau était on ne peut plus éclectique et prometteur : du rock progressif, du sludge et surtout de l’avant-garde, BEAUCOUP d’avant-garde. Dix ans après leur passage mythique à la Locomotive, les Arcturiens allaient-ils parvenir à convaincre ?

 

Seven Impale
 


C’est la jeune formation Seven Impale qui ouvrait la soirée. Avec un excellent premier album sous le bras, les amateurs de rock progressif pouvaient en leur fort intérieur bénir Arcturus, car un groupe de cette notoriété aurait probablement eu beaucoup de difficultés à tourner en France sans le support d’une tête d’affiche. A première vue, on pourrait croire que Seven Impale ne fait que reproduire les codes du rock prog’ établis par King Crimson il y a plus de 45 ans de cela, avec des morceaux aux structures, harmonies et rythmiques complexes, mais des instruments rarement entendus dans le rock comme le saxophone. Ici, il  a une place centrale dans les compositions du combo, ce qui fait inévitablement penser à Shining, eux aussi Norvégiens de leur état, à ceci près que Seven Impale est bien moins metal.
 

Seven Impale, live report, Paris, 2015, Arcturus,


Ceci dit, il ya tout de même beaucoup de lourdeur dans leur musique, et cela est du à des arrangements biens pensés, mais aussi des musiciens hors pairs qui savent mettre le feu sur scène.  Et pour rajouter à la confusion, la belle voix assez haut perchée du chanteur/guitariste n’est sans rappeler Greg Lake, chanteur sur les deux premiers albums du Roi Cramoisi. Alors certes, leur jeu de scène et minimaliste, et la communication avec le public avec le public est inexistante, mais tudieu, qu’est-ce que ça joue !! La maîtrise des musiciens est exemplaire, y compris dans les moments les plus agressifs, alors que la plupart du temps, avec ce genre de groupes, ça devient très désordonné. Grâce soit rendue aux techniciens, ils ont un bon son !
 

Seven Impale, live report, Paris, 2015, Arcturus,


On pourrait continuer longtemps à vanter les mérites de Seven Impale, mais très vite, le concert va se terminer au bout d’une petite demi-heure. Pour une fois sur ces affiches à rallonge, on en aurait bien redemandé un peu plus, une impression qui se fera ressentir plusieurs fois dans la soirée, pour une conclusion des plus surprenantes. Nous avons clairement affaire à un groupe très prometteur, à suivre avec beaucoup d’attention. Les absents auront eu tort.

Krakow

 

Avec son T-shirt Wu Tang Clan, le chanteur de Krakow se pose rapidement comme un étrange trublion. Cet étonnant choix vestimentaire contraste nettement avec la musique du combo norvégien, qui tape dans le sludge façon Neurosis bien comme il faut. En gros, ça commence avec une introduction planante avec des guitares claires, puis qui monte progressivement avec un crescendo, et la distorsion qui rentre progressivement en jeu. Cette entrée en matière extrêmement bien maîtrisée montre bien une des qualités de Krakow sur scène : la maîtrise de la dynamique. Une bonne grosse pelletée de groupes metal pourraient en prendre de la graine.
 

Krakow, live report, 2015, paris, Arcturus,


Encore une fois, le son est vraiment excellent et puissant, ce qui est idéal pour profiter de la musique jouée et particulièrement ce genre, qui s’appuie plus sur le volume que d’autres branches du metal. Encore une fois, nous avons droits à des musiciens vraiment au point, ça ne fait pas un pli, mention spéciale à notre chanteur/bassiste, qui a un jeu très pêchu aux doigts, en plus d’avoir un très bon growl à mi-chemin entre Aaron Turner et Scott Kelly. On sent vraiment que c’est la fin de la tournée et que les sets sont rodés.
 

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Et quand on croyait qu’on ne pourrait rien obtenir de plus de ce set tant il était réussi, on voit la silhouette frêle du saxophoniste de Seven Impale s’avancer sur scène. Ou comment terminer son concert avec un brin de folie improvisée par un musicien très talentueux. Classe, net et sans bavures, Krakow aura impressionné beaucoup de monde ce soir-là, nettement plus que sur album. Un groupe de scène visiblement !
 


Setlist :

Monolith
Last
Luminauts
Omen
Ten Silent Circles
Mound  (avec le saxophoniste de Seven Impale)
 


 

Vultures Industries

 

T’en souvient-il, public parisien, de ce concert mythique de Vulture Industries à la Boule Noire pour la tournée Golem ? Elle révélait certes un groupe imparfait techniquement à cause de l’irrégularité de la tournée, mais débordant de créativité et de générosité, proposant un spectacle inédit et d’une qualité rare pour leur niveau de notoriété. En tout cas, le début du set nous rassure vite sur un point : Bjornar est toujours aussi possédé sur scène. A croire qu’un esprit torturé prend possession de lui à chaque concert, avec ses mimiques perturbantes et ses poses théâtrales. Sa voix est un peu sous-mixée, en plus d’être un peu fragile sur les parties les plus aigues, mais rien de trop grave. D’ailleurs, les chœurs sont vraiment très bien assurés par les autres membres, ce qui marque une nette amélioration par rapport à la Boule Noire.
 

Vultures Industries, 2015, Paris, concert, divan du monde, Arcturus,


On remarque aussi que les musiciens sont beaucoup plus propres qu’en 2013. Encore une fois, on peut deviner que ce sont les effets bénéfiques de la tournée qui se font ressentir. On ne le dira jamais assez : la meilleure école de musique, c’est la scène, et la formation norvégienne nous le prouve ce soir. Avec deux guitares, donc l’une à sept cordes, Vulture Industries s’assurent des riffs bien tranchants et énergiques, qui visiblement ont beaucoup de succès dans la fosse. C’est le moment choisi par le combo pour lancer un medley mélangeant une de leurs chansons avec une chanson de Devil Doll : « Blood Don’t Eliogabalus ». Ou comment fusionner ses influences et sa propre musique de la meilleure des manières.
 

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Pendant cette longue pièce progressive, Bjornar se déchaîne, et descend dire bonjour au public dans la fosse. Malicieux, il lance une farandole-chenille qui remporte un franc-succès. Et tant pis pour les trves ! Et en remontant sur scène, ruisselant de sueur, il se saisit d’une serviette pour s’essuyer, et oui, le Bjornar fait partie de ceux qui mouillent le maillot ! Et c’est là que le drame est arrivé : le chanteur se met à faire tourner la serviette au dessus de lui alors que ses compagnons terminent le concert. Le pauvre, il ne sait pas que ce geste est hautement connoté dans notre beau pays du Camenbert, et encore plus en le faisant à un concert. L’anecdote reste assez hilarante malgré tout, en espérant que quelqu’un lui aura expliqué le pourquoi du comment. Un excellent concert au demeurant, vivement un nouvel album !
 

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Setlist :

The Tower
Divine Appalling
The Pulse of Bliss
The Hound
Grim Apparitions
Lost Among Liars
Blood Don't Eliogabalus

 

Arcturus
 


Après ces trois excellents concerts, Arcturus avait mine de rien fort à faire pour arriver à remporter  la palme du meilleur groupe de la soirée. D’autant plus que le temps de jeu ne serait pas très long, un peu plus d’une heure tout au plus… Soudain, on aperçoit des types en accoutrements ridicules monter sur scène… Attendez, non, c’est normal, ce sont les gars d’Arcturus ! Heureusement que leur musique est aussi soignée que leurs costumes ne le sont pas ! Passons.
 

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Une nouvelle fois, nous faisons face à des musiciens chevronnés et impressionnant techniquement, et tout particulièrement Hellhammer, dont le jeu est complètement différent qu’avec Mayhem, mais monstrueux d’efficacité avec des blast beat de l’enfer qui seront présents pendant une bonne partie du set. Le bougre a décidément bien choisi son nom de scène, d’autant plus que cette omniprésence ajoute énormément de brutalité et d’assise à la performance des Norvégiens, dont la musique n’est pas vraiment agressive en soit. Un grand merci à Satan, son kit a un son démoniaque, tout le contraire du son de batterie d’Arcturian, qui est franchement sale. C’est d’ailleurs la même chose pour le dernier Mayhem. Drôle de coïncidence, n’est-il pas ?
 

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A la voix, Vortex s’en sort vraiment bien, même si on sent que la tournée n’a pas été facile pour lui. Il nous avait avoué en interview être mort de fatigue, mais le voilà sur scène en train d’assurer comme un chef, même si la performance scénique est franchement loin d’être convaincante : il se contente de hocher la tête en rythme tout en mettant les mains dans les poches de son blouson de scène. Au lecteur de décider s’il lui pardonne son manque d’énergie sur les planches. Si le son de la batterie est toujours aussi  percutant, il en va autrement de la guitare de Knut, qui sonne baveux au possible, en rythmique comme en solo d’ailleurs.
 

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Soudain, un problème technique survient : le clavier de Sverd tombe en panne. Pour le coup, on peut comprendre : Vortex nous révèle que c’est un vieux synthé des années 80 qui a été utilisé sur tous les albums d’Arcturus ! Après avoir déclaré être désolé de ne pas connaître de blagues en français, il fait taire un mariolle qui hurlait à tue-tête. Et le concert reprend.
 

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Force est de constater que les nouvelles chansons s’insèrent très bien dans le set, notamment « Pale », toujours grâce au son de Hellhammer. Les vieux classiques sont aussi dégainés, comme « The Chaos Path » ou « Master of Disguise » qui n’ont pas perdu une ride et montrent Vortex assurant les aigus avec brio. C’est d’ailleurs le moment choisis par ce dernier qu’il n’y aura pas de rappel, et que « Shipwrecked Frontier Pioneer » sera la dernière chanson pour ce soir. Si on fait le bilan, Arcturus, loin de décevoir, aura bien assuré la soirée et son statut de tête d’affiche. Mais musicalement, les trois premiers groupes avaient clairement l’ascendant. A revoir avec un meilleur son et Vortex en bonne forme physique !

Setlist :

Evacuation Code Deciphered
Nightmare Heaven
The Arcturian Sign
Painting My Horror
Deamon Painter
Alone
The Chaos Path
Pale
Hibernation Sickness Complete
Master of Disguise
Raudt Og Svart
Shipwrecked Frontier Pioneer

Compte-rendu par Tfaaon (Facebook)

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe
 

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