Alice Cooper au Hellfest 2015

Vendredi, Mainstage 1 - 20h45

"...toujours aussi kitsch, mais comment ne pas adhérer à un tel spectacle ?"

Pour cette édition 2015 du Hellfest, le roi du rock grand-guignolesque vient marquer de sa patte les terres clissonaises pour la seconde fois, mais cette année, il n’occupe pas la tête d’affiche. Conséquence inévitable, et visible dès la préparation de la scène par les roadies : la totalité des effets visuels ne peut être montée et démontée dans le temps imparti par les changements de plateaux, si bien que nous n’aurons pas droit à tous les artifices du maître de l’ombre. Artifices primordiaux des shows d’Alice Cooper, il est vrai, mais la fête n’en est pas pour autant gâchée, et la setlist équilibrée s’avère au final être un vrai régal.

Cette setlist vient piocher dans pas moins de dix albums d’Alice Cooper, qui montre rien que par ces chiffres la qualité constante de ses efforts studio. Du culte Billion Dollar Babies seront interprétés les non moins cultes "I Love The Dead", "No More Mr. Nice Guy" et le titre éponyme. Ce dernier est bien sûr, comme à l’accoutumée, l’occasion pour Alice Cooper de répandre des billets de cent dollars à son effigie dans la foule, grâce à son sabre sur lequel sont enfilées les grosses coupures.

L’excellent album Hey Stoopid est également à l’honneur. "Feed My Frankenstein" est évidemment l’occasion pour le frontman de se faire enchaîner sur l’installation qui le voit se changer en Frankenstein dans un panache de fumée et d’arcs électriques. L’effet est toujours aussi kitsch, mais comment ne pas adhérer à un tel spectacle ? Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, et reprend de plus belle les paroles des derniers refrains.

Le titre "Hey Stoopid" est également très suivi par l’audience, même s’il constitue l’un des rares moments où la balance s’est dégradée. On ne peut ainsi que deviner le solo de guitare de la nouvelle arrivante Nita Strauss, qui reprend le flambeau après le départ de la regrettée Orianthi, partie entre autres épauler Richie Sambora. La belle – qui est quand même le 75ème musicien à rejoindre Alice Cooper depuis sa fondation en 1965 – assure ses parties comme une chef, comme on pouvait s’y attendre au vu de ses prestations décoiffantes aux côtés des Iron Maidens. En revanche, on peut émettre des doutes sur la pertinence d’une formation à trois guitares, qui n’a en pratique que peu d’effet sur le son assez dépouillé du groupe.

On note également la belle dynamique du batteur Glen Sobel, qui s’amuse à jongler comme une majorette avec ses baguettes pendant le court et divertissant duo réalisé avec le bassiste. Cet intermède placé au milieu de "Dirty Diamonds" est d’ailleurs un excellent moment d’interaction avec le public ! le morceau s’achève avec les guitaristes côte à côte à l’avant de la scène, dans une posture qui rappelle étrangement les grandes années de Status Quo.

Le son est quant à lui assez constant et appréciable tout au long du set : les chœurs sont notamment très bien rendus, et seul la voix semble parfois en retrait, du fait d’une grosse caisse trop sourde et présente.

Au niveau de la voix justement, "Mr. Vincent Furnier", comme se présente lui-même Alice Cooper, est fidèle à lui-même : les parties sont justes, et le timbre toujours proche des intonations studio, même si la fatigue commence à se faire ressentir lors des trois ou quatre derniers morceaux. C’est notamment le cas sur l'inénarrable "Poison", dont le rendu n’est pas pour autant gâché.

Et quand bien même la performance musicale ne serait pas irréprochable, même incomplet, le show est là pour effacer les quelques réserves que les sceptiques pourraient avancer. Entre les nombreux costumes du frontman, et ceux de ses comparses (comment ne pas mourir sous la peau de bête dont est paré le bassiste Chuck Garric ?), et les animations diverses qui ponctuent le show, le public ne sait plus où donner de la tête !

Après avoir empalé le faux photographe impertinent qui le harcelait sur "Wicked Young Man", Alice Cooper mène son public à la baguette vers le triptyque infernal "Ballad of Dwight Fry" - "Killer" - "I Love The Dead".

Cet enchaînement voit le frontman se faire passer une camisole de force par un archétype de l’infirmière sexy revenu des morts. Il finit par se libérer et étrangler sa geôlière, fait d’arme qui lui vaudra d’être conduit jusqu’à l’élément qui constitue l’apogée de tout concert d’Alice Cooper : la guillotine ! La mise à mort effectuée dans un rituel rodé des plus solennels, le bourreau empoigne la tête du défunt chanteur pour bien l’exhiber au public. Un baiser nécrophile plus tard, voilà qu’il crache du sang sur les premiers rangs, qui se retrouve souillé du “Poison” coulant quelques secondes plus tôt dans les veines d’Alice !

Malgré un total de dix-sept titres et une durée d’une heure quinze, le set parait trop court, car il est sans temps mort et rempli de hits : après un “I’m Eighteen” repris à tue-tête par tous, la fin du concert sonne avec la cloche introduisant le classique “School’s Out”, traditionnel dernier morceau des soirées en compagnie de M. Nice Guy. Quelques serpentins, confettis et un pont reprenant “Another Brick In The Wall, Pt. 2" plus tard, et les lumières s’éteignent déjà.

Pas de surprise quant à la qualité de la prestation délivrée par le groupe et son leader incontesté : malgré un arsenal visuel réduit, on ne peut que profiter du spectacle kitsch à souhait comme des enfants devant un dessin animé vu et revu des dizaines de fois ! A quand une prochaine date en salle, et en tête d’affiche ?

Photos © 2015 Nidhal Marzouk - www.nidhal-marzouk.com

Setlist :
Department of Youth
No More Mr. Nice Guy
Under My Wheels
I'll Bite Your Face Off
Billion Dollar Babies
Lost in America
Hey Stoopid
Dirty Diamonds
Welcome to My Nightmare
Go to Hell
Wicked Young Man
Feed My Frankenstein
Ballad of Dwight Fry
Killer
I Love the Dead
I'm Eighteen
Poison

Rappel :
School's Out

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