Décidément la province peut réserver bien des surprises pour les amateurs de musique. Un an et demi après la venue de Ron ‘Bumblefoot' Thal, la salle de l'Orient Express à Caen a programmé ce soir les Suédois fous de Freak Kitchen. Une initiative à saluer pour les organisateurs, puisque d'une part les concerts de metal sont plutôt rares dans la région, et d'autre part car le lieu (une salle de billard à l'origine) se prête plutôt bien au jeu des concerts intimistes. Et quand on connait la réputation des Suédois en live, tous les ingrédients sont réunis pour passer un moment « Goody goody ». Pour démarrer cette soirée, c'est le groupe local Odd&Even qui a été choisi pour faire l'ouverture.
Odd&Even
En raison d'une masterclass donnée plus tôt dans l’après-midi par Mattias ‘IA’ Eklundh, le leader de Freak Kitchen, le soundcheck a pris beaucoup de retard, et c'est vers 22h que les caennais d'Odd&Even montent sur scène pour une petite demi-heure de set. La formation a visiblement une partie du public déjà acquise à sa cause, puisque beaucoup de spectateurs connaissent les paroles des titres du groupe. Avec un rock tout de même assez convenu, la formation semble heureuse de fouler les planches en ouverture de Freak Kitchen. Seb, le chanteur et guitariste du groupe, plaisante facilement avec le public, envoyant quelques private joke, le tout dans une ambiance bon enfant.
Côté musique, le groupe est carré malgré le remplacement en dernière minute de son batteur, indisponible ce soir là. On notera tout de même quelques approximations du côté des chœurs, pas toujours très justes, mais cela ne semble pas entamer l’énergie du public, qui continue encore et toujours de plaisanter avec les musiciens. Cependant, en raison de l'horaire tardif et du retard accumulé lors des soundchecks, Odd&Even doit écourter son set. Même si le style pratiqué est bien différent de celui de la tête d'affiche, les caennais ont fait le job, bien soutenus par le public qui les connaissait déjà.
Freak Kitchen
La petite salle de l'Orient Express est désormais bondée au moment où entrent en piste les trois Suédois. Première constatation, Mattias Eklundh est malade, mais promet au public qu'il se donnera à fond (l’ensemble de la prestation lui donnera raison). Au cours des deux heures de concert, c'est une succession de tubes qui sera jouée par des musiciens impliqués. « Speak When Spoken To », « Porno Daddy », « Nobody's Laughing », « Freak of the Week »… autant de titres que le public connait sur le bout des doigts et qu'il reprend en chœur, aidant un Mattias qui souffre vocalement en raison de son rhume.
Chris Örtefors, le bassiste de la formation, est également largement présent en soutien vocal, assurant le chant lead sur certains titres (« Private property »), et s'illustrant par son jeu de scène totalement déjanté. Si Mattias Eklundh est le leader et fondateur de la formation, on assiste ici à la prestation d’un vrai groupe où chaque maillon est essentiel pour que le trio fonctionne.
Quiconque a déjà vu Freak Kitchen en live sait que les Suédois sont sur scène comme des poissons dans l'eau, affichant de larges sourires et blaguant entre les titres. Sans faillir à sa réputation de showman, Mattias s'amuse à dévoiler les quelques mots de français qu'il connait, tel que « Taboulé », avant de s'emparer d'un décapsuleur/sextoy que lui tend un spectateur. Mais guitare en main, ‘IA’ impressionne par ses plans instrumentaux extraterrestres. Tapping, Sweep, harmoniques artificielles, tout y passe, sans faire pour autant de sa musique un déballage technique prétentieux et stérile. D'une richesse harmonique incroyable, le trio parvient à fédérer sur scène, dans la joie et le fun.
Un peu en retrait sur scène, Björn Fryklund, maîtrise ses baguettes à la perfection, et envoie des rythmiques alambiquées et asymétriques sans sourciller. Le rhume de Mattias semblant prendre le dessus (mais n’altérant en rien son humour et sa bonne humeur), le guitar hero cède le micro à une vocaliste de la scène locale, Marjorie, sur deux titres. Peu après, c'est un autre invité surprise qui fait son apparition sur scène : Juanjo Garnido, auteur de la BD Blacksad, ayant réalisé le clip de « Freak of the Week » monte sur les planches, chevalet en main et croque ses compagnons suédois.
Peu après, le dessinateur s'emparera d'une guitare sur « Goody Goody », révélant un talent de plus à son actif. Le public répond présent, scandant le refrain d'une voix (quelques voix dissidentes hurlant « taboulé » à la place).
Le concert touche à sa fin. Mattias ne parvient pratiquement plus à chanter tant il se sera donné à fond, en dépit de son état. Le final se fera donc sur « My new Haircut », le trio intervertissant les postes. Mattias passe à la batterie, Chris à la guitare (qu'il maîtrise également) et Björn peut être enfin sous le feu des projecteurs, au chant et à la basse.
C'est un concert intense, drôle et en communion totale avec le public qu’a délivré Freak Kitchen. Prouvant une fois de plus que sans artifices on peut être un groupe taillé pour le live, l’énergie déployée par le combo a su mettre tout le monde d'accord. Malgré la fatigue, les musiciens font encore preuve de générosité, allant à la rencontre de leurs fans, qui auront passé une excellente soirée.
Setlist Freak Kitchen :
Blind
God Save the Spleen
Speak When Spoken To
Porno Daddy
Private Property
Chest Pain Waltz
Ranks of the Terrified
Raw
Nobody's Laughin' (avec Marjorie)
Silence (avec Marjorie)
Razor's Flower
Propaganda Pie
Freak of the Week
Goody Goody (avec Juanjo Guarnido et Marjorie)
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My New Haircut (échange d'instruments)
Photographies : © Childintime et Watchmaker (photo 1) 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe.
![[CONCERT] Freak Kitchen en France](https://cdn1.lagrosseradio.com/wp-content/uploads/2020/12/2201.jpg)
