Opeth 25th anniversary au Trianon (17.10.2015)

Réveries spectrales au Trianon

Les fans d’Opeth attendaient ce concert depuis longtemps, le Trianon affichant complet près de six mois à l’avance. Il faut dire que le programme était alléchant : Opeth avait prévu de célébrer ses 25 ans de carrière en interprétant Ghost Reveries (2005) en intégralité, suivi d’un set plus classique. Les fans avaient encore en tête le concert anniversaire donné au Bataclan cinq ans auparavant lors d’une tournée réduite de six dates. Tous les éléments étaient donc réunis pour que l’excitation soit à son comble. Et en ce samedi après-midi, cela se traduit tout particulièrement par la présence de fans venus très en avance, ce qui entraîne des cafouillages avec le service d’ordre devant la salle, particulièrement dépassé par les événements.

Mais qu’importe, le public finit par investir tranquillement la salle du boulevard Rochechouart et découvre une scène décorée de candélabres, rappelant directement la pochette de Ghost Reveries.

Set 1 : Ghost Reveries
 

Le programme étant déjà connu à l’avance, ce n’est donc pas une surprise de voir les Suédois débuter par « Ghost of Perdition ». De quoi mettre à rude épreuve les cordes vocales de Mikael Akerfeldt. Cependant, dès ce premier titre, on se rend compte que les claviers de Joakim Svalberg sont pratiquement inaudibles, retirant de ce fait les subtilités progressives inhérentes à la musique d’Opeth. Le growl de Mikael est également sous-mixé, et certains retours recueillis auprès des spectateurs situés dans les premiers rangs de la fosse témoignent d’un chant clair également sous-mixé. Il faudra attendre pratiquement la fin du premier set pour que ces problèmes sonores soient réglés. Mais indépendamment de ces soucis techniques, sur scène c’est un concert une fois de plus hors-norme que nous délivrent les Suédois. Cette tournée est l’occasion d’entendre des titres rarement joués en live, tels que « Baying of the Hounds » ou encore « Beneath the Mire ». Martin Mendez, le fidèle lieutenant de Mikael Akerfeldt, dévoile des parties de basse dont lui seul a le secret, apportant cette touche jazzy si subtile qui entoure la musique d’Opeth. De plus, le son de basse est très bien équilibré, ce qui est très appréciable.

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Contrairement à la tournée anniversaire de 2010, lors de laquelle Opeth avait joué Blackwater Park sans interruption, le leader communique avec le public entre les morceaux et fait preuve de son humour pince-sans-rire, devenu depuis légendaire. Lorsqu’un spectateur réclame un médiator, c’est par poignées entières qu’Akerfeldt les lance dans la fosse (obligeant Per « Sodomizer » Eriksson, roadie du groupe et guitariste de Bloodbath, à réapprovisionner le chanteur).

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Musicalement, ce set est l’occasion de rappeler à quel point Ghost Reveries est un excellent album. De plus, Opeth choisit de remodeler légèrement les titres, comme sur « Atonement », qui voit Joakim Svalberg délivrer un solo de Moog, réaffirmant l’amour que portent les Suédois au prog 70’s, avant que Fredrik Akesson (guitares) s’illustre à son tour avec un solo épuré et gilmourien. Le désormais classique « Harlequin Forest » constitue l’un des grands moments de ce set, surtout sur sa partie finale, totalement hypnotique. L’aspect prog/psychédélique de la musique du combo est également renforcé par des projections sur trois écrans, diffusant tour à tour des formes abstraites, entrecoupées de l’artwork de l’album (réalisé par Travis Smith et collant parfaitement à l’ambiance Opethienne) ainsi que des prises de vues de forêts hivernales.

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Ce set est un bon exemple de la dualité caractérisant la musique du groupe. Les passages les plus enlevés (« The Grand Conjuration », « Ghost of Perdition ») se succèdent aux compositions plus calmes et subtiles, sur lesquelles le leader dévoile une émotion et une sensibilité à fleur de peau (« Hours of Wealth », « Isolation Year »). « Hour of Wealth » est d’ailleurs l’occasion pour Akerfeldt de proposer un solo éthéré, en duo avec Svalberg, constituant le second temps fort de ce set. C’est « Isolation Year » qui conclut cette première partie, prouvant que Martin Axenrot est également très à l’aise pour interpréter des parties de batterie subtiles et jazzy.

Opeth, Trianon,


Set 2

Après une vingtaine de minutes d’entracte, la musique de Popol Vuh, jouée en ouverture de tous les concerts du groupe, retentit (alors qu’elle n’avait pas introduit le set précédent). Opeth annonce ainsi la couleur, c’est un concert plus classique qui va suivre, mettant en avant le dernier opus du groupe, Pale Communion, que les Suédois sont toujours en train de promouvoir. « Eternal Rains will Come » tranche littéralement avec le set précédent, les influences classic prog d’Opeth étant clairement assumées. Svalberg est d’ailleurs mis beaucoup plus en avant dans le spectre sonore que lors de l’interprétation de Ghost Reveries. « Cusp of Eternity », deuxième extrait de Pale Communion joué ce soir, fait déjà figure de classique, en dépit de son absence de growl.

Opeth,

Mais Mikael Akerfeldt et ses compagnons vont sortir l’artillerie lourde avec « The Leper Affinity », titre d’ouverture de Blackwater Park, l’album le plus plébiscité par les fans. Si le public est statique, presque en recueillement, les têtes headbanguent au rythme des coups de double pédale d’Axenrot. Sur ce titre, le growl de Mikael est un peu mieux mixé que lors du premier set, ce qui permet de mieux profiter du timbre de voix du leader. Comme pour la première partie, Akerfeldt blague avec le public (« Comme Charlie Watts, je ne suis pas blasé, c’est juste mon visage qui donne cette impression »).

Il va même jusqu’à donner de faux espoirs au public, interprétant seulement les premiers couplets de « Face of Melinda », « Hope Leaves » et « Drapery Falls ». A ce sujet, les fans remarquent rapidement qu’aucun extrait des quatre premiers albums ne sera interprété ce soir. Cela est d’autant plus étrange que pour fêter les 25 ans de la formation, le groupe ne joue que des titres écrits au cours des 15 dernières années de la carrière d’Opeth. Passée la déception de ce choix de setlist, le public peut néanmoins apprécier la voix de Fredrik Akesson qui vient compléter celle du leader sur un « Rid the Disease » très rarement joué par le groupe et qui fait office de belle surprise.

C’est « Master’s Apprentice » qui clôt ce second set, avec ses riffs beaucoup plus lourds et death metal (tranchant avec l’enchaînement « I Feel The Dark »/« Voice of Treason » joué juste avant).

Opeth

Lorsque les Suédois s’éclipsent, après un second set d’une heure, le public semble hébété, n’ayant pas vu le temps passer depuis l’entracte. Mais Opeth revient rapidement sur scène, avec un titre classique, « The Lotus Eater », très souvent interprété ces dernières années. Qu’importe, dès l’intro a capella, tout le Trianon chante en cœur avant un déferlement de double-pédale qui fait bouger les nuques. Après deux heures et quarante minutes de concert, Opeth termine sa prestation exemplaire, non sans une nouvelle dose d’humour lors de la présentation des musiciens. Dans les gradins, c’est une standing ovation totalement méritée qui salue les Suédois. Certes, on pourra regretter la setlist du second set occultant les premiers opus, ou le son hasardeux au cours de la soirée. Mais un concert d’Opeth constitue toujours un excellent moment. Les fans ne pourront s’empêcher de comparer cette soirée à celle donnée cinq ans plus tôt au Bataclan. Mais qu’importe, Opeth peut se targuer d’être un groupe unique, possédant des monuments discographiques qu’il est toujours bon de revivre en live. Bon anniversaire Messieurs et à dans cinq ans.

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Setlist :
Ghost of Perdition
The Baying of the Hounds
Beneath the Mire
Atonement
Reveries/Harlequin Forest
Hours of Wealth
The Grand Conjuration
Isolation Years

Eternal Rains will Come
Cusp of Eternity
The Leper Affinity
To Rid the Disease
I Feel the Dark
Voice of Treason
Master’s Apprentice
Rappel :
The Lotus Eater

Merci à Garmonbozia
Photographies : © Marjorie Coulin 2015
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe

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