Mötley Crüe à  la Salle des Etoiles de Monaco (12.11.2015)

Difficile de s’extirper de la terrible gueule de bois qui prend chacun d’entre nous à la gorge depuis les événements déchirants qui nous ont heurtés de plein fouet.
Difficile de se saisir de sa plume pour revenir sur un événement musical où des centaines de personnes ont partagé ensemble un moment de fête, sans se douter de ce qui se préparait. Mais il le faut, pour ne pas oublier notre façon de vivre, et continuer à célébrer la vie. Et c’est justement la vie que célèbre Mötley Crüe dans son univers musical, de façon extrême certes, excès en tous genres à la clé. Cap sur le Rocher monégasque pour une date atypique, qui semble bien lointaine.

Soirée mi-bière, mi-paillettes à la Salle des Etoiles, au cœur de l’institution de la haute, le Sporting de Monaco. Mi-paillettes, car le cadre est somptueux et luxueux, la salle intimiste et perchée au dessus de la mer. Et puis, en plus du champagne proposé aux comptoirs, il y avait cette mention “tenue correcte exigée” sur certains billets, qui a poussé certains à revêtir leur plus beau costume, conduisant à un mélange bien cocasse. Mi-bière, car nous avons finalement été nombreux à faire fi de la recommendation vestimentaire, arborant fièrement vestes à patches, tatouages, voire même peau de bête pour les plus joueurs. Et à remplir nos flûtes avec du houblon, bien sûr.

C’est dans cette ambiance aussi unique que dépareillée que nous pénétrons dans la Salle des Etoiles, carrelée de miroirs, sous le regard incrédule des agents de sécurité, probablement plus habitués aux rutilants V12 de Ferrari qu’aux tonitruants “Apéro !” hurlés sans sommation.

Ce sont quelques 1700 personnes qui se pressent dans la fosse étagée, avec une vue imprenable sur la scène, malheureusement réduite d’un point de vue production. Ainsi, exit les effets pyrotechniques et le drum coaster, qui voit habituellement Tommy Lee exécuter son solo de batterie à vingt mètres du sol, parfois la tête en bas.

Le résultat n’en est pas amoindri, car la taille réduite de la salle donne l’impression d’assister à un concert dans un petit club américain. Et le groupe joue le jeu : dès les première minutes de “Girls, Girls, Girls”, toute la bande, Vince Neil et Nikki Sixx en tête, échange beaucoup avec le public. Gestes et regards envers les premiers rangs, proximité physique, on croirait presque que le groupe n’a jamais quitté le regretté House Of Blues de Los Angeles. En revanche, les morceaux sont enchaînés à vitesse grand V, en dépit d'un timing pas du tout serré.

Malgré un son trop brouillon qui n’ira qu’en empirant - la faute à une guitare trop saturée et boueuse - Mötley Crüe assure sa prestation. Vince Neil, régulièrement critiqué pour ses performances variables et souvent catastrophiques, chante juste et bien. S’il laisse régulièrement ses fans reprendre les refrains pour s’économiser, c’est pour mieux assurer le reste des lignes de chant, sur lesquelles il réussit la plupart du temps le tour de force de retrouver l’éclat de sa jeunesse.

Difficile en revanche de juger la prestation de Mick Mars, réellement audible uniquement lors de son solo, aussi superflu que mal exécuté. Rythmiquement, le résultat est là, même si on regrette de n’avoir pu entendre les subtilités de jeu du guitariste chapeauté.

La “troupe hétéroclite” pioche allègrement dans toute sa discographie depuis l’endiablé “Live Wire” qui aura mis les cervicales à rude épreuve, au plus récent mais fédérateur “Saints Of Los Angeles”. L’habituelle reprise des Sex Pistols “Anarchy In The UK” est bien sûr de la partie, et réveille un public globalement - il faut bien le dire - gentillet, par rapport aux lieux habituellement fréquentés par la sphère metal.

“Shout At The Devil” fait bien sûr son petit effet, de même que “Looks That Kills” et son refrain entêtant. Et que dire du duo final “Dr Feelgood”-”Kickstart My Heart”, qui touche à deux morceaux cultes des Californiens ? Le set s’achève déjà par l’inoubliable “Home Sweet Home”, seul morceau du rappel, qui se transforme en véritable communion entre le groupe et ses fans. Sans aucun doute LE moment fort de cette soirée, alliant force et mélodie.

Seul reproche à cette soirée hors du commun : sa durée bien maigre. Entre l’absence surprise de la première partie Saint Asonia, pourtant annoncée initialement, et la suppression du long solo de Tommy Lee, le concert aura duré en tout et pour tout 80 minutes. On aurait par exemple aimé se consoler avec un ou deux morceaux supplémentaires, mais il n’en fut rien.

Mötley Crüe vous dit au revoir !


Mötley Crüe, c’est donc fini, et on est heureux d’avoir vécu ce dernier passage “presqu’en France”. Qu’il est regrettable que le show n’ait pas été amené dans d’autres salles tricolores ! Une belle énergie, de la joie chez chacun, un partage, voilà ce qui a eu lieu dans la Salle des Etoiles : c’est ce qui s’est produit de tout temps dans les salles de concert, et c’est ce qui continuera à se produire, contre vents et marées.

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