Coroner (+ Phil Campbell’s All Starr Band + The Yardbirds + Papooz + So was the sun) au Rock’N Festival – 30/04/2016

Keep on Rock'N !


Déjà la cinquième édition de cet évènement mêlant programmation pop, rock et metal qui s'est déroulée au Forum de Chauny. Le Rock'NFestival est devenu, par son  organisation plutôt irréprochable et son affiche de qualité, une date à retenir. En proposant des exclusivités (Coroner pour leur unique date française pour le moment  concernant 2016), des découvertes (So Was The Sun et Papooz), des rendez-vous festifs  avec de vielles connaissances (Phil Campbell et son All Star Band dont nous n'avions  plus vraiment de nouvelles depuis la mort de son ancien patron) et même d'agréables  surprises (les « anciens » Yardbirds qui ont mis le feu à la salle), le festival axonais a  conquis son public une fois de plus.

Le Forum a donc vibré de nouveau en décibels positifs (comme aurait pu le dire Mass Hysteria qui s'est produit dans ces lieux en novembre dernier) en ce samedi 30 avril en  accueillant le Rock'N Festival pour la cinquième fois.

Après avoir proposé en têtes d'affiche l'année précédente les vétérans anglais de Wishbone Ash,  les fougueux rockers néerlandais DeWolf et les jolies mais aussi talentueuses Suédoises Crucified Barbara, l'organisation a voulu faire fort cette fois-ci en obtenant  l'exclusivité de la venue des thrashers cultes Coroner en nos terres pour l'année 2016. Mais  le public a pu aussi compter sur la présence de Phil Campbell, désormais ex-guitariste de Motörhead, et de son All Starr Band, sans oublier les vielles gloires anglaises The Yardbirds pour animer la soirée. Tout cela garantissait des moments bien agréables et nous  n'avons pas été déçus effectivement.

 

So was the sun


Les festivités ont commencé pile à 18h00 comme annoncé sur les affiches et flyers, ce qui  démontre une parfaite organisation, avec la prestation de So was the sun, groupe partageant  sa domiciliation entre la Picardie et la région parisienne. Ce trio qui a sorti trois disques (un  album, un EP et un single) propose une power pop aux relents « grungy ». Le tout est  énergique et bien interprété, le micro se partageant entre Palem Candillier, qui tient aussi la  guitare, et la batteuse Audrey Quintin (à la voix proche de celle de PJ Harvey) qui ne manquent pas non plus de panache pour interpeller le public parfois entre les morceaux. 

On pense par moments à des groupes cultes de la scène power pop/noise française des  années 90 comme Drive Blind ou les Skippies en écoutant So was the sun, ce qui n'est  pas  déplaisant.
Le groupe en a profité pour interpréter un extrait de son prochain album à paraître bientôt  avant de conclure son set par une version groovy, et plus lente que l'originale, mais tout à  fait convaincante, du « Taxman » des Beatles. Un apéritif plutôt rafraîchissant pour débuter  la soirée.
 

Papooz
 

Se désaltérer, certaines vestes à patchs arrivées entre temps dans les lieux l'ont fait pendant  la prestation de Papooz, qui avec sa pop lo-fi et ensoleillée (décrite par ses interprètes  comme étant du tropical garage) a fait un peu office d'ovni dans cette soirée à dominante  rock/metal. Il serait cependant mauvaise langue de prétendre que la musique de ce duo parisien (complété par une section rythmique et la présence d'un violoncelliste) ne manque  pas d'atouts pour séduire. La preuve, pas mal de personnes dans le public étaient venues pour applaudir ceux que le quotidien Libération considère comme les Simon and  Garfunkel français (« l'ennui en moins ») et qui ont pu profiter de l'interprétation de « Ann  Wants To Dance », leur single aux allures de tube plutôt efficace.


 


The Yardbirds
 

La salle se remplit un peu plus alors que se préparent les grands anciens de la soirée The  Yardbirds sur fond de...Beastie Boys (excellent choix mais un peu surprenant). Autant faire son mea culpa, votre serviteur avait des réserves concernant la prestation de ces vielles gloires du British Blues Boom, précurseurs du hard rock et ayant accueilli en son sein trois des plus grands guitaristes de l'histoire du rock : Eric Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page.

En effet, il y a tellement de reformations (ou de groupes s'obstinant à continuer alors qu'il ne reste plus grand chose de leur talent) qui sentent le formol et le cachet facile... Quelques  vidéos regardées sur You Tube avant cette date montraient des vieux briscards plutôt en  forme, mais voilà nous avions besoin d'être convaincus. Surtout que la dernière véritable  sortie discographique des Yardbirds remonte, à notre connaissance, à 2003 avec  le plutôt  recommandable Birdland.
Nous en avons eu plus que de voulu car ce concert des Yardbirds a été la véritable surprise du Rock'N Festival

De la formation d'origine, il ne reste que le batteur Jim McCarty accompagné du fidèle guitariste et chanteur John Idan (arrivé dans le groupe en 1994 à l'origine pour aussi tenir la  basse), les autres musiciens étant des mercenaires au niveau irréprochable. A commencer  par Billy Boy Miskimmin (qui a joué aussi avec Nine Below Zero, d'autres fameux vétérans  du blues/pub rock anglais), au look de « blues brother » qui en plus de frapper de temps en  temps sur des congas et de chanter sort d'un harmonica, avec une classe décontractée qui est  souvent l'apanage des plus grands, des soli d'une fulgurance nous renvoyant à Sonny Boy Williamson (le 1 ou le 2, c'est à votre convenance) et autres harmonicistes de légende. Ce  n'est pas pour rien qu'Alice Cooper a déclaré à son sujet qu'il était « le meilleur jouer  d'harmonica qu'il avait entendu depuis Paul Butterfield. »

Et derrière on ne peut pas prétendre que ça ait faibli pour suivre la cadence car tout le monde  était en place. Finalement plus blues que rock ce concert des Yardbirds transpirait  cependant d'un feeling et d'une envie de partager que l'on trouve rarement chez certains  groupes de leur génération se produisant encore sur scène. Blues certes, rock bien sûr et  même quelques effluves psychédéliques parfois, finalement la musique proposée par la  bande de Jim MacCarty est plus riche qu'elle n'en a l'air.


 

Les classiques ont défilé : « Heartful Of Soul », « Train Kept a-Rollin' », « For Your  Love »...Et le public ( composé de fans du groupe et de curieux) a vite été conquis par le  talent des aînés de la soirée.

Il suffisait de fermer les yeux pour se retrouver transporté le long du Mississippi ou dans le  Londres des années 60, époque pendant laquelle tout l'avenir de la musique se disputait autour de salles mythiques comme le Marquee et où parfois on trouvait inscrit sur les murs  le graffiti : Eric Clapton is God

« Vous aimez le blues ? » finit par lancer derrière sa batterie en français un  McCarty  visiblement satisfait de l'accueil du public, lorsqu'il n'évoque pas quelques bons souvenirs de ses premiers concerts en France ou son vieux complice Jimmy Page. Tout s'achève par une  version réaménagée de « Dazed And Confused », titre à l'origine composé et interprété par  les New Yardbirds, première reformation menée par Jimmy Page à la fin des années  soixante qui deviendra Led Zeppelin et qui alourdira et amplifiera encore plus le blues pour  donner naissance au hard rock.  La boucle est ainsi bouclée. Jim McCarty n'étant pas John  Bonham et John Idan n'ayant pas la même voix que Robert Plant (tous les deux ayant  sûrement conscience de cela par ailleurs), la version Yardbirds 2016 de ce titre mythique  est plus blues (avec encore une brillante intervention à l'harmonica de Miskimmin) que hard  mais n'en reste pas moins convaincante.

Les vétérans anglais ont quitté la scène sous des applaudissements largement mérités en  ayant peut-être la satisfaction d'avoir rempli une mission: prouver que la légende était  vivante. Keith Reif,  premier chanteur et aussi co-fondateur du groupe, mort électrocuté en  1976, peut être content de là où il est. Les boys assurent comme aux premiers jours.

Setlist The Yardbirds :

« Drinking Muddy Water »
« I'm Not Talking »
« Heartful Of Soul »
« Please Don't Tell Me About The News »
« Better Man »
« My Blind Life »
« Train Kept a-Rollin' »
« Nazz »
« Shapes Of Things »
« Five Long years »
« Back Where »
« Over Under »
« Smoke Stack »
« For Your Love »
« Happenings »
« Dazed And Confused »

Phil Campbell's All Starr Band


C'est sur fond de musique...électro dark (ce côté décalé dans la programmation des titres diffusés entre les changements de plateau a son charme ceci-dit) que se prépare le groupe le  plus attendu de la soirée (avec la tête d'affiche Coroner). En effet, Phil Campbell est en  ville, et il n'est pas venu seul, il a emmené avec lui ses trois fils : Todd (qui s'occupe de la  deuxième guitare), Tyla (qui lui s'occupe de la basse) et Dane (qui se retrouve derrières les  fûts) accompagnés du chanteur Neil Starr. Le Phil Campbell's All Starr Band est donc  avant tout une affaire familiale et nous pouvons affirmer que celle-ci tourne bien. Pas de  prise de tête, on est là pour s'amuser et partager avant tout. Le répertoire du groupe est  essentiellement composé de reprises d'artistes ayant influencé Phil, mais aussi du Motörhead, forcément, surtout depuis que Lemmy n'est plus là. Mais on ne sent aucune  volonté de la part du guitariste de capitaliser sur le patrimoine de son ex-groupe, la démarche reste  sincère et monsieur Campbell et son clan semblaient contents d'être sur scène pour jouer  devant un public déjà acquis à leur cause. De plus le niveau d'interprétation nous fait penser que les fistons ont été à bonne école. 

La grande fête a débuté sur le classique des Stones  « Jumping Jack Flash » enchaîné à  « Nothing Up My Sleeve » extrait de Orgasmatron, album de Motörhead datant de  1986. Par ailleurs ce disque, le premier de la tête de moteur sur lequel a joué Phil  Campbell, sera largement présent dans la setlist avec pas moins de trois extraits interprétés.  Sûrement pour célébrer les trente ans de la sortie de cet album qui demeure, quoi qu'en  pensent ses détracteurs, un des meilleurs Motörhead.

Pour le reste, nous avons eu droit à un petit « Ace Of Spades » de derrière les fagots, un « Born To Raise Hell » toujours aussi fédérateur et quelques extraits de 1916, deuxième  disque le plus représenté ce soir là. Signalons aussi l'interprétation de « Silver Machine »,  autre titre composé par Kilmister qui a permis à son ancien groupe Hawkwind d'entrer dans  les charts anglais dans les années soixante-dix, « Rosalie »,le morceau de Bob Seger (et non  pas celui de Carlos) popularisé par la version qu'en a faite Thin Lizzy mais que Motörhead  a aussi repris sur scène.

On peut arguer qu'il manque parfois la basse et la voix si particulières de Lemmy dans les  interprétations de ses compositions mais ça serait faire preuve de mauvaise foi tant Phil Campbell et ses garçons sont là avant tout pour divertir et rendre hommage rappelons-le, et  ce n'est pas cette version chaloupée du « Sharp Dressed Man » des ZZ Top qui nous fera  penser le contraire.

Au rayon surprises, nous avons eu droit déjà à cette agréable version du « Nutbush City  Limits »de Ike And Tina Turner (qui a aussi été repris par les Nashville Pussy) et plus étonnant le « Heroes » de David Bowie sobrement dédié à Philthy « Animal » Taylor et  Lemmy. Il ne faut pas non plus oublier l'humour « so british » de Campbell qui demande au  public s'il connaît Black Sabbath avant de présenter « Sweet Leaf » comme étant une  chanson de...Deep Purple. Le tout s'est achevé par un medley de Led Zeppelin (décidément  mis à l'honneur) incluant « Moby  Dick » (sans le solo de batterie) suivi d'une version  furieuse de « Communication Breakdown ».

Les fans ravis n'ont plus eu qu'à attendre que Phil se présente au rayon merchandising pour  des dédicaces et des photos pendant que le dernier groupe programmé pour la soirée se  préparait à monter sur scène.

Setlist Phil Campbell's All Starr Band :

« Jumpin Jack Flash » (The Rolling Stones )
« Nothing Up My Sleeve » (Motörhead)
« Deaf Forever » (Motörhead)
« Sharp Dressed Man » (ZZ Top)
« Nutbush City Limits » (Ike And Tina Turner)
« Born To Raise Hell » (Motörhead)
« Sweet Leaf » (Black Sabbath)
« Heroes » (David Bowie)
« R.A.M.O.N.E.S » (Motörhead)
« Orgasmatron » (Motörhead)
« Ace Of Spades » (Motörhead)
« Rosalie » (Bob Seger)
« Going To Brazil » (Motörhead)
« Silver Machine » (Hawkwind)
« Moby Dick/Communication Breakdown » (Led Zeppelin)

Coroner

 

La balance dure un peu plus longtemps que pour les groupes précédents, logique pour une  tête d'affiche et encore plus lorsqu'il s'agit de Coroner, groupe qui met un point d'honneur à  combiner maîtrise musicale, son clair et puissant mêlés à un light show de qualité. Il s'agit  pour le moment de la seule date française donnée par les helvètes pour l'année 2016 donc tout doit être parfait, histoire de ne pas décevoir. La salle est quasi remplie (des fans sont  venus de loin même) lorsque le trio monte sur scène sous les vivats alors que les premières  notes de « Golden Cashmere Sleeper » (titre assez ambiant et progressif apparaissant sur  l'album compilation de 1995 Coroner) se font entendre. Ron Royce, le bassiste-chanteur, souriant salue le public mais on sent que quelque chose cloche car le titre tarde à décoller.

En effet, Tommy T. Baron a des problèmes avec sa guitare, ce qui fait perdre quelques  minutes au groupe mais tout le monde va attendre patiemment que les choses s'arrangent et  Ron plaisantera même en affirmant à un moment que si tout va bien, ils seront opérationnels  pour Noël.
Et le show commence enfin, plutôt calmement avec ce « Golden Cashmere Sleeper »  finalement assez planant mais lorsque le groupe entame le dévastateur « Divine Step » on se  prend la puissance du thrash metal technique, froid et carré de Coroner en pleine face.
Le son est fort mais pas agressif, tout le monde est en place, en particulier Diego  Rapacchietti (batteur de 69 Chambers, autre groupe de Tommy T. Baron) qui s'en sort  admirablement bien comme remplaçant de Marquis Marky et qui dégage une puissance de  frappe chirurgicale digne d'un Dave Lombardo. Daniel Stoessel, préposé aux samples et aux claviers est désormais sur scène aux côtés des autres membres et tout en restant concentré  semble en transe, bougeant discrètement sur la musique.  

Le groupe puise son répertoire ce soir majoritairement dans Grin et Mental Vortex, les deux  derniers albums studio sortis par Coroner et s'attarde parfois sur No More Color, un peu moins sur Punishment For Decadence et R.I.P, les deux premières sorties des Suisses mais cela suffit à rassasier ceux qui n'ont jamais eu l'occasion de voir ce groupe sur scène.

Nous pouvons l'affirmer, Coroner donne ses lettres de noblesse à l'expression power trio  tellement les musiciens sont en place. On entend même parfois un groove (cette complicité  basse/batterie par moments en est l'illustration) proche de Prong dans les moments les plus industriels.

Ron Royce remercie souvent le public entre les morceaux, s'exprimant parfois dans un français un peu hésitant mais de façon chaleureuse et dédicace dédaigneusement  « Masked Jackal » à Donald Trump. Le final apocalyptique sur « Grin », sous des lumières  stromboscopiques du meilleur effet,  ne suffit pas à mettre le public sur les rotules car un  rappel sera vite réclamé. Ce seront « Reborn Through Hate » et « Die By My Hand » qui  concluront ce set impeccable même si certains auraient apprécié un petit « Nosferatu » (et  pourquoi pas leur reprise du « I Want You (She's So Heavy) » des Beatles ou du « Der Mussolini » de D.A.F ?) mais bon Coroner a déjà énormément donné en énergie et satisfait  ceux et celles qui son venus les voir.

Il était temps de déclarer cette nouvelle édition du festival axonais achevée.

Setlist Coroner :

« Golden Cashmere Sleeper »
« Divine Step »
« Serpent Moves »
« Internal Conflicts »
« D.O.A »
« Son Of Lilith »
« Semtex Revolution »
« Tunnel Of Pain »
« Metamorphosis »
« Masked Jackal »
« Grin »
  Rappels :
« Reborn Through Hate »
« Die By My Hand »

Mes collègues Tfaaon et Arnaud croisés après le concert de Coroner m'ont fait part de leur  supposition que le groupe aurait peut-être interprété (au moins en partie) un nouveau  morceau, je partage leur hypothèse.

Ce cinquième Rock'N Festival aura été une réussite, que ce soit au niveau de la  programmation (qui ne peut pas plaire à tout le monde par son éclectisme mais montre un  esprit d'ouverture proche des grosses machines festivalières européennes « généralistes »),  de l'organisation (aucun temps morts ou couacs n'ont été relevés) et de l'affluence (Coroner par exemple semble avoir attiré beaucoup de spectateurs).

Dans un département aussi sinistré en événements organisés autour des musiques amplifiées  comme l'Aisne, la bonne tenue d'un tel festival est un heureux constat à faire. Et ce n'est pas  fini car l'association Rock'N nous donne déjà rendez-vous en 2017 pour une édition qui  compte déjà la diva déjantée Nina Hagen programmée à l'affiche. Nous pouvons l'affirmer : Rock'N rime avec on aime !

Remerciements à Jean-Michel Fondement pour les accréditations

Photos © 2016 Lyrama Photography- Visiter son site
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