Hard Rock Session – Foire aux Vins de Colmar (10.08.2016)

Tous les ans à l'approche de la fin de la saison des festivals, la Hard Rock Session de Colmar fait figure d'immanquable en rassemblant plusieurs gros noms pour une soirée metal dans le grand amphithéâtre du Parc des Expositions. Cette année, l'affiche était éclectique au possible avec quatre groupes au public bien différent avec en point d'orgue Limp Bizkit pour leur seule date française cette année. La Grosse Radio s'est déplacée jusqu'en Alsace et vous fait revivre ce moment mémorable pour le meilleur comme pour le pire.

Mass Hysteria
 

Difficile de rater Mass Hysteria ces temps-ci tant le combo truste toutes les scènes depuis la sortie l’année dernière de Matière Noire. En tant que seul représentant de la scène française de cette Hard Rock Session, c’est avec plaisir que l’on retrouve le combo emmené par Mouss en ouverture de soirée, avec tout de même un temps de jeu conséquent d’une heure.

Lorsque l’on a déjà vu le groupe cette année, le début de set ne comporte que peu de surprise avec « Chiens de la casse » et « Vae Soli », toujours aussi efficaces pour chauffer un public qui n’en demandait pas tant. De notre point de vue et contrairement aux commentaires postés après le festival, le son semble bien équilibré et surtout massif en mettant bien en avant les guitares de Yann et Fred. Tuerie aux grosses influences punk-hardcore, « Vector Equilibrium » vient continuer l’exploration du dernier album en date, dont les Mass ont l’air sacrément fier (six titres sur douze joués tout de même).

Yann, mass hysteria, french straight edge, colmar, 2016

C’est désormais devenu une habitude, Mouss et Fred descendent au milieu de la fosse pour interpréter « P4 » au milieu d’un circle pit plus que conséquent, à tel point que la sécurité suivra les musiciens pour former un rempart malheureusement nécessaire. La setlist est rodée, sans surprise mais pour un festival on ne demande pas mieux. En milieu de concert, « L’Enfer des Dieux » fait office de passage calme au service de l’hommage rendu aux victimes du terrorisme par Mass Hysteria à chaque concert.

Ce qui est appréciable, c’est que malgré la quantité de concerts donnés par le groupe cette année, on sent une spontanéité et une chaleur loin d’un groupe en pilotage automatique. Quand Mouss ne s’amuse pas à reprendre le refrain de « Seek And Destroy » au milieu de « Positif A Bloc », c’est Yann qui démarre le mythique riff de « Raining Blood » rappelant à tout le monde que Slayer va bien monter sur scène d’ici quelques heures.

Fred, Mass Hysteria, Colmar, Hard Rock Session, 2016

Quand « Plus que du metal » démarre, on constate que le pari avoué du groupe d’en faire un hymne incontournable des setlists est réussi. Le public acclame le riff d’introduction autant que ceux de « Contraddiction » ou « Une somme de détails » alors que le titre a moins d’un an, belle performance !

Un set de Mass Hysteria ne peut se terminer sans l’incontournable « Furia » qui achève la distribution de claque en règles. Si les organisateurs souhaitaient une valeur sûre de la scène française pour ouvrir la soirée, impossible de faire meilleur choix, malgré le léger décalage de style avec le reste des groupes présents. Place maintenant aux pointures internationales alors que la pluie commence à tomber sur Colmar.

Setlist :
Chiens de la casse
Vae Soli
Vector equilibrium
World on Fire
P4
Une somme de détails
L'Enfer des Dieux
Notre complot
Positif à bloc
Contraddiction
Plus que du métal
Furia



Arch Enemy

Les Suédois d’Arch Enemy aussi commencent à bien connaître la France à force de parcourir le pays de long en large depuis la sortie de War Eternal en 2014. D’ailleurs lorsqu’Alissa White-Gluz demande avec son accent caractéristique « Qui connaît Arch Enemy ? », presque toutes les mains se lèvent à l’unisson.

Le groupe connaît sa partition sur le bout des doigts et livre pendant une heure une prestation classique. Pour faire simple, si c’est la première fois que vous y assistez le tout parait excellent mais à la répétition on se rend vite compte de la mécanique et des gimmicks un peu usés des cinq membres du groupe. Reste à reconnaître que le tout est bien joué et reste fort appréciable pour la majorité.

Jeff Loomis, Arch Enemy, 2016, Colmar, Hard Rock Session

Le son n’est pas mauvais pour peu que l’on reste sur les hauteurs de l’amphithéâtre. On remarque qu’au jeu du mix des guitares, c’est Jeff Loomis qui l’emporte avec un son largement mis en avant par rapport à celui de son compère Michael Amott. Les deux sont impériaux dans leur jeu tout comme la section rythmique qui ne fait pas un pas de travers pendant toute la prestation.

Niveau setlist en revanche, c’est toujours aussi contrasté. Une chose est sûre, en une heure de set le groupe va davantage à l’essentiel que lorsqu’il joue en tête d’affiche, en supprimant la plupart des titres poussifs. On a beau s’ennuyer ferme devant « You Will Know My Name », les breaks progressifs de « My Apocalypse » ou « Ravenous » font toujours plaisir à entendre, rappelant qu’Arch Enemy n’est pas qu’une machine de death mélodique suédois tombée dans le cliché.

Alissa White-Gluz, Arch Enemy, 2016, Colmar, Hard Rock Session

Au chant, la technique d’Alissa est impériale et elle se permet même l’apport du chant clair pour parachever le tout dans un « Avalanche »  très convaincant. Alors que les écrans géants de l’amphithéâtre montrent des gros plans sur les doigts de Loomis lors des solos, les drapeaux et la batterie illuminée de Daniel Erlandsson apportent une jolie plus-value visuelle.

« No Gods No Masters » est l’occasion de voir la fosse sauter comme un seul homme et nous amène inévitablement vers la fin du concert. C’est la que l’ambiance devient vraiment électrique puisqu’Arch Enemy balance deux de ses meilleurs titres : « We Will Rise » et « Nemesis ». Le changement de dimension est palpable et même les spectateurs découvrant le groupe depuis les gradins commencent à se prendre au jeu du headbang furieux.

Arch Enemy, Colmar, bass, 2016, Hard Rock Session

En résumé, la performance d’Arch Enemy manque toujours d’un grain de folie et de spontanéité pour décoller véritablement mais le groupe fait des efforts pour des interventions plus naturelles. Loin de perdre le professionnalisme qui caractérise le jeu de tous les membres, on peut dire que les Suédois sont sur la bonne voie. Ils auront en tout cas convaincu sans problème à Colmar dans une région Grand Est qu’ils semblent particulièrement affectionner. Au point de revenir dès septembre en tête d’affiche à Metz.

Setlist:
Yesterday Is Dead and Gone
War Eternal
Ravenous
Stolen Life
My Apocalypse
You Will Know My Name
As the Pages Burn
Under Black Flags We March
Avalanche
No Gods, No Masters
We Will Rise
Nemesis

Slayer


Lorsque l’on voit Slayer en 2016, on sait à peu près à quoi s’attendre. Un matraquage en règle pendant une heure et cette prestation à la Hard Rock Session n’a pas fait exception ! En rentrant sur scène avec « Repentless », les légendes du thrash californien attaquent directement pied au plancher devant la plus grosse affluence de l’après-midi.

Déjà bien chauffé par les groupes précédents, le public ne se fait pas prier pour lancer le moshpit alors que les têtes se mettent en mouvement jusqu’en haut des gradins. Avec le combo « Disciple » et « Postmortem » il faut dire qu’on fait difficilement mieux comme début de concert. Un petit tour par World Painted Blood avec « Hate Worldwide » et Tom Araya lâche son terrible « War Ensemble » qui met tout le monde en transe et réchauffe encore un peu plus l’atmosphère.

Gary Holt, Slayer, 2016, Colmar, Hard Rock Session

Comme pour les groupes précédents, le son est correct pour Slayer lorsque l’on se place en haut de l’amphithéâtre et permet de profiter des solos convaincants de Gary Holt et Kerry King, bien que ceux de ce dernier soient un peu moins techniques. Le tout est dans l’ensemble carré et malgré quelques petites faiblesses dans le jeu de Bostaph ou la voix d’Araya, force est de constater que trente ans de carrière n’ont en rien fatigué le quatuor.

Comme à son habitude, le groupe s’octroie quelques pauses entre les titres où Tom Araya reste seul sur scène. Parlant lentement pour être sûr d’être compris du plus grand nombre, le frontman remercie à plusieurs reprises le public de Colmar d’avoir fait le déplacement pour cette affiche pour le moins éclectique. Si son aura se fait un peu moins forte avec les années, tout le monde est toujours hypnotisé lorsque Tom psalmodie « Dance with the dead in my dreams, listen to their hallowed screams » qui annonce « Dead Skin Mask ».

Kerry King, Slayer, 2016, Colmar, Hard Rock Session

Au moment de faire les setlists, le casse-tête doit être sacrément compliqué pour Slayer. Avec la ribambelle de tubes dans son répertoire, le nouvel album n’est au final pas si représenté que cela (seulement deux titres). Tous les immanquables sont présents mais on regrette tout de même l’absence de « Chemical Warfare » par exemple.

Après une longue introduction durant laquelle la majorité du public a compris ce qui l’attendait, c’est le mythique riff de « Raining Blood » qui déboule, annonçant la fin du concert. A partir de ce moment on rentre dans l’ultra-classique et c’est évidemment « Angel Of Death » qui clôt le set, toujours avec ce backdrop dédié à Jeff Hanneman, présent dans les cœurs trois ans après son décès.

Tom Araya, 2016, Slayer, Hard Rock Session, Colmar

Peut-être légèrement moins en forme qu’en 2013, le Slayer de 2016 reste en tout cas une impressionnante machine à tubes. La prestation pourrait être plus chaleureuse et spontanée mais Slayer est loin d’être le pire exemple dans ce cas et on passe facilement ce détail tant que les titres sont bien joués. A en croire l’ovation de l’amphithéâtre, les Californiens n’auront pas déçu.

Setlist :
Repentless
Disciple
Postmortem
Hate Worldwide
War Ensemble
You Against You
Mandatory Suicide
Fight Till Death
Dead Skin Mask
Seasons in the Abyss
South of Heaven
Raining Blood
Angel of Death

Limp Bizkit

Plutôt rare en France à l’inverse des trois groupes précédents, Limp Bizkit a pour tâche de conclure la soirée, préféré à Slayer en tant que tête d’affiche ce qui n’a pas manqué de faire grincer quelques dents. Pourtant le public n’a pas déserté et l’amphithéâtre est presque plein lorsque la bande à Fred Durst débarque au bout d’une longue introduction.

C’est « Hot Dog » qui lance les hostilités d’un show presque exclusivement axé sur Chocolate Starfish and The Hot Dog Flavored Water, l’album le plus populaire des Américains. La petite fosse devient rapidement dingue et ce n’est pas « Rollin’ » qui va calmer les ardeurs d’un public bien décidé à retourner 15 ans en arrière, à l’époque où le néo-metal était au sommet de sa popularité.

Fred Durst, 2016, Limp Bizkit, Colmar, Hard Rock Session

Très vite pourtant, on sent le manque de fluidité dans l’enchaînement des titres. Les longues pauses que prend Fred Durst pour saluer l’audience manquent cruellement de naturel et les interventions de Wes Borland sont sympathiques, mais pour la plupart peu utiles. Le comble est atteint lorsque le groupe s’arrête et que le DJ balance un titre de Pantera ! Conscient d’avoir payé pour un concert live et non pas un DJ set, le public commence à chahuter un peu le groupe qui finit par enchaîner avec « My Generation ».

Malheureusement, le rythme du concert ne décollera jamais. Entre jams, improvisations et autres jeux avec le public parfois drôle (faire chanter du Ludacris à un public en partie venu pour Slayer, il fallait oser !), on en vient rapidement à s’ennuyer. On dirait presque que Limp Bizkit cherche à jouer le moins de morceaux possible : en 1h15 seulement onze titres sont joués dont deux reprises, soit neuf titres au total ! On a une pensée pour les fans qui espéraient peut-être entendre « Nookie », « I’m Broke » ou même « Behind Blue Eyes ».

Wes Borland tout de blanc vêtu est dans son monde, envoyant sans sourciller les riffs de « Heart-Shaped Box » de Nirvana ou « Sad But True » de Metallica. Heureusement que le son reste tout de même correct et que Fred Durst nous offre de quoi nous divertir en allant se balader dans la foule comme Joel O’Keeffe d’Airbourne l’avait fait il y a deux ans. Les fans présents dans les gradins ont donc l’occasion de chanter « My Way » à quelques centimètres de leur idole qui prend un bon bain de foule avant de retourner sur scène, toujours sans se presser.

Wes Borland, Limp Bizkit, 2016, Hard Rock Session, Colmar

Il faut attendre la fin du concert pour que le groupe mette enfin une ambiance correcte, bien aidé par deux des titres les plus groovy de leur répertoire : « Break Stuff » et « Take A Look Around ». Sur ces titres, le groove de John Otto à la batterie et Samuel Mpungu à la basse déchaîne littéralement la fosse et permet de se rendre compte à quel point le concert aurait pu être exceptionnel si Limp Bizkit s’était donné à fond.

Difficile d’être positif après cette prestation qui semblait totalement en roue libre de Limp Bizkit. On sent tout de même que si le groupe lâche les chevaux, le potentiel est toujours là. La motivation elle semble perdue assez loin et à force, cela va finir par se remarquer.

Setlist :
Hot Dog
Rollin' (Air Raid Vehicle)
My Generation
Livin' It Up
My Way
Heart-Shaped Box / Smells Like Teen Spirit
Boiler
Gold Cobra
Faith
Break Stuff
Take a Look Around

Merci à Slaytanic pour les photos de Mass Hysteria 

Photos Arch Enemy / Slayer / Limp Bizkit : © Nidhal-Marzouk 2016
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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