Devin Townsend (+ Leprous & Between the Buried and Me) à  la Rock School Barbey Bordeaux (01.02.2017)


Le Devin Townsend Project est de retour à Bordeaux comme à quasiment chaque tournée européenne. Et cette fois-ci, c’est une salle complète qui attend le Canadien fou et sa bande pour une soirée prog exceptionnelle en Gironde. Car il faut dire que les premières parties alléchantes avaient aussi leur public, beaucoup de nos connaissances ne s’étant déplacées que pour Leprous ou Between The Buried And Me. Barbey se remplit très vite et dès 20h30, Leprous s’avance devant une fosse déjà acquise à sa cause.

 

Leprous
 


Pas de temps à perdre, la soirée sera longue et Leprous le sait bien. À peine installés, les Norvégiens   attaquent le titre ''Foe'', unique représentant de l’album The Coal. Tout le reste du set sera tiré du dernier album The Congregation, avec une set-list identique aux précédents concerts de la tournée. Le leader Einar Solberg et ses claviers sont placés au centre de la scène, entourés des musiciens avec tout de même un peu d'espace pour pouvoir bouger. Fait rare à Barbey, malgré trois batteries sur scène, l'espace est bien utilisé et le premier groupe n'est pas trop serré, la profondeur de la scène étant utilisée au maximum. Pas de gros décors, d'écran ou de structure complexe, un simple backdrop pour chacun des groupes suffira.
 


Découvrant le metal progressif de Leprous ce soir là, la maîtrise des ambiances reste le gros point fort du combo. Les vocalises finales de ''Foe'', les claviers, les nuances apportées par chacun et la retenue soudaine de la batterie font mouche, auprès des vrais fans comme des néophytes. Beaucoup dans la fosse restent les yeux fermés, hochant la tête au rythme haché de ''Third Law'' ou plus enlevé de ''Rewind''. Dans les premiers rangs le son est agréable, pas trop écrasé par les amplis posés sur scène ou la batterie plutôt proche, et ce n'était pas gagné dans cette salle.
 


Même si les autres musiciens ne sont pas à blâmer, Einar est et restera impressionnant et emporte presque à lui tout seul le public bordelais. Ses lignes de chant envoûtantes et sa présence cloue sur place et rend l'ensemble cohérent et accrocheur. Un autre de la bande mérite aussi son petit mot, le  jeune batteur Baard Kolstad (nommé champion du monde de batterie à 17 ans), habitué aux groupes généralement plus bourrins sait se tenir, mais avec beaucoup d'énergie. La rythmique complexe du thème de ''Slave'' passe sans soucis, aucun faux pas ni pour lui, ni pour l'ensemble de la formation d'ailleurs. Leprous quitte la scène après 35 minutes sous les applaudissements fournis d'une salle conquise.

Setlist:
Foe
Third Law
The Price
The Flood
Rewind
Slave

 

Between the Buried and Me
 


Les musiciens eux-mêmes montent et démontent leur matériel, pas de roadie pour les premières parties, aussi prestigieuses soient-elles. Mais place à la technique pure et au cran au dessus en terme de puissance. Bien plus typé metal que Leprous, Between the Buried and Me se place tout de même dans la même veine et on peut dire que la puissance monte crescendo sur cette tournée. Tout le monde s'installe, avec à nouveau un chanteur claviériste, batterie en fond cette fois, basse de profil (également claviériste) près de la batterie, et deux guitares aux extrêmes.
 


Nouvelle baffe que le set de BTBAM avec 45 minutes, mais avec trois titres de dix minutes (sur un total de six), il faut vite rentrer dans le sujet. Et c’est ‘’Fossil Genera – A Feed from Cloud Mountain’’ qui ouvre le bal, un morceau de douze minutes aux ambiances tellement variées que les néophytes comprennent vite où ils ont atterris. On passe du death chargé au heavy, voire à la pop en une fraction de seconde, sans vraiment comprendre ce qu’il nous arrive. Les transitions comme les breaks sur l’ensemble du concert sont ahurissants de maîtrise, les changements de rythme en deviennent étouffants et on ne peut que constater une leçon de musique assenée sans aucune fausse note.
 


Malgré cela le public se montre moins motivé, visiblement moins emballé que pour Leprous, tout en conservant un accueil chaleureux pour le quintet. Pas de quoi démonter l’envie des Américains qui enchaînent sur ‘’The Coma Machine’’ et ‘’Lay Your Ghosts to Rest’’, avec des côtés death assez prononcés mais vraiment efficaces. Le chanteur Tommy Giles Rogers est un exemple de polyvalence, passant en un clin d’oeil des hurlements couillus aux airs les plus aériens suivant les passages. Scéniquement l’ensemble rend très bien, le son est plus que correct, et l’on profite tranquillement des trois dernières compositions plus conventionnelles (autour des quatre minutes) comme ‘’Bloom’’ (aux faux airs de Dream Theater), ‘’Option Oblivion’’, pour terminer sur ‘’Life in Velvet’’ avec son final puissant. Très bon moment passé avec BTBAM dans une rare occasion de voir, avec Leprous, des groupes de cette trempe dans nos contrées lointaines.

Setlist:
Fossil Genera - A Feed From Cloud Mountain
The Coma Machine
Lay Your Ghosts To Rest
Bloom
Option Oblivion
Life In Velvet

 

Devin Townsend Project

Place nette pour la tête d’affiche, il ne reste plus rien sur scène si ce n’est la batterie et les claviers en fond, les pieds de micros en avant scène ainsi qu’une pédale wah-wah en bord de fosse. Un simple backdrop à l’image de l’artwork de Transcendance occupe le fond, pas d’écran ou d’artifice cette fois-ci, c'est simple mais toujours efficace. Les roadies s’affairent au son de la Ziltoid Radio hilarante diffusée pour patienter puis les lumières s’éteignent pour une longue intro faisant monter la pression…
 


Le Devin Townsend Project s’avance enfin, logos du groupe incrusté et lumineux sur les manches des guitares. On retrouve depuis un certain moment les mêmes musiciens derrière Devin : Brian Waddell à la basse, Ryan van Poederooyen à la batterie, Dave Young à la guitare et Mike St. Jean aux claviers, musiciens qui ont pu participer à l’élaboration de Transcendance de manière plus poussée qu’auparavant (lire notre interview de Devin fin 2016 ici). C’est donc un véritable groupe qui se présente, même si on le verra, le leader reste le centre de toutes les attentions.

Le pachydermique ‘’Rejoice’’ ouvre le bal et la foule se réveille enfin. Devin, tout sourire, découvre à nouveau le public bordelais quatre ans après son dernier passage dans cette même salle. Toujours pas de crash barrières à Barbey (hormis pour quelques styles plus violents), et les premiers rangs ont la joie d’être collés à la scène, à quelques centimètres du groupe qui n’hésite pas à s’approcher au plus près. Le son reste très correct dans la fosse, ce qui n’est apparemment pas le cas dans les gradins d’après le retour de beaucoup de gens (son très fort avec beaucoup trop de graves, problème déjà vécu dans cette même salle). Anneke absente, c’est donc Devin qui chante tous les titres, bien aidés par les bandes et ambiances de claviers évidemment présentes. Les guitares restent très en avant pour un rendu comparable aux albums : un mur de son d’où le chant de Devin arrive plutôt bien à s’extirper.
 


Si la tournée met en avant le dernier album Transcendance, la set-list reste un gros best-of de la carrière de Devin Townsend avec les incontournables ‘’Hyperdrive’’ et ‘’Supercrush’’ d’Addicted, petit coucou à Ziltoid avec la marche des Poozers et ‘’Ziltoid Goes Home’’, ‘’Night’’ d’Ocean Machine : Biotech (mais pas seulement, on y reviendra), ‘’Where We Belong’’ et ‘’Kingdom’’ d’Epicloud, le retour de ‘’Suicide’’… Il y en a pour tout le monde, avec toujours un petit changement de titre par rapport au concert de la veille, c’est toujours agréable. Les quelques morceaux de Transcendance passent l’épreuve du live sans problème, sans trop casser le rythme au milieu des grands classiques.

Hormis le choix des titres, c’est toujours un bonheur de retrouver notre Canadien sur scène, tant le bonhomme sait rester humble, drôle et proche des gens. Répondant sans problème au public entre les morceaux, ressortant ses mimiques légendaires sur les passages heavy, comptant les marionnettes de Ziltoid dans le public, Devin fait le show avec une sincérité remarquable. Ses modèles de guitare dont l’incontournable et imposant modèle noir avec laser et panaches de fumée intégrés sur ‘’Planet of the Apes’’ valent le coup d’oeil, déjà visibles lors du dernier live au Royal Albert Hall.
 


Malgré l’effet ‘groupe’, on sent réellement les autres membres en retrait et assez peu actifs dans la conception du show. Même si Dave et Bryan occupent l’espace, aucune intervention ou de réelle implication comparé à Devin qui concentre toute l’attention. Sentiment renforcé lorsque les rappels arrivent et c’est Devin seul qui revient sur scène, guitare acoustique autour du cou pour un moment encore plus intimiste. C’est l’éternel ‘’Ih-Ah !’’, prétexte à de nombreuses blagues avec le public, qui est chanté en choeur, et suivi d’une surprise assez inattendue. Un fan des premiers rangs ayant pu rencontrer Devin avant le concert voit sa requête exaucée : la reprise en acoustique de ‘’Life’’ dédiée à un de ses proches. Beau moment d’émotion pour lui comme pour la salle entière, qui témoigne d’une réelle simplicité et d’un humanisme de la part d’un musicien proche des gens.

Le groupe revient au complet pour le dernier titre, ‘’Higher’’ et ses dix minutes de riffs sinueux qui viennent clore cette longue soirée. Une ovation couvre les dernières notes, et le groupe quitte la scène, non sans avoir bénéficié d’un dernier bain de foule, Devin ayant pris le temps d’un petit mot pour chacun d’un bout à l’autre de la fosse. Chapeau bas monsieur Devin Townsend, et à une prochaine fois sur Bordeaux, accompagné une nouvelle fois de premières parties prestigieuses si possible évidemment !

Set-list:
Rejoice
Night
Stormbending
Failure
Hyperdrive
Where We Belong
Planet of the Apes
Ziltoid Goes Home
Suicide
Supercrush!
March of the Poozers
Kingdom
--
Ih-Ah! (acoustique)
Life (acoustique)
Higher

Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier
Utilisation interdite sans accord du photographe.

 

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