Le metalleux girondin avait l’embarras du choix en ce vendredi niveau concert : Trust de retour au nord de Bordeaux, tribute AC/DC et Iron Maiden au Haillan, et Sonata Arctica en centre ville, de quoi contenter tout le monde ! Si le passage de Trust affiche complet depuis déjà longtemps, ce n’est pas la même histoire pour les Finlandais avec à vue d’œil un peu plus de 300 personnes présentes. Résultat, les gradins de la grande salle de Barbey resteront clos pour la soirée, sans pour autant trop compacter la foule présente devant la scène, tout le monde pourra circuler sans problème durant la soirée. Conséquence de l’accueil plutôt froid du dernier album ? Lassitude ? Voyons cela...
Triosphere
Dès 20h, les lumières s’éteignent pour le premier groupe prévu de la soirée. Triosphere est comme son nom ne l’indique pas, un quatuor de trois hommes et surtout une femme, Ida Haukland, bassiste et chanteuse (seule femme de la soirée sur scène). Leur heavy metal dans la même veine que ce que propose Kobra & the Lotus (surtout côté chant évidemment), avec un côté plus brut et progressif typé Evergrey cette fois. La voix grave et rocailleuse d’Ida colle aux gros riffs syncopés et l’ensemble sonne plutôt bien, le statut de première partie n’empêchant pas le groupe de sonner correctement, remarque pas forcément valable à tous les coups.
Présents pour défendre leur dernier album The Heart of the Matter largement représenté sur la setlist, les Norvégiens sont venus avec le sourire et l’envie de bien faire. Malgré la présence scénique de leur leader, les guitaristes Marius Silver Bergesen et Tor Ole Byberg n’hésitent pas à se mettre en avant pour les soli, et tout le monde headbangue sans retenue sur les riffs les plus heavy de l'opener ''My Fortress'' ou sur les refrains de la demie ballade ''Breathless''.
Malgré la salle à moitié remplie, c’est un public bordelais plus que réactif qui accueille les Norvégiens. Confidence de la part d’Ida, c’est le second passage à Bordeaux de Triosphere et ils se souviennent encore de la première fois, considérée comme un moment très fort de leur tournée de 2011 (déjà avec Sonata Arctica, et Labyrinth en support). Le groupe ne sera pas avare en remerciements devant tant de participation, avec une petite pointe d’émotion d’ailleurs.
Setlist:
My Fortress
Steal Away the Light
Breathless
Heart's Dominion
As I Call
Relentless
Striker
Comment décrire la tornade canadienne qu’est réellement Striker ? Si les clips disponibles donnent un aperçu sympathique de ce que propose le groupe, il n’est en rien comparable avec l’expérience live, car c’est un déferlement d’énergie, de riffs, de transpiration et de bonne humeur qui attend le public de Barbey. Parfait compromis entre l’humour de Steel Panther et l’énergie d’Airbourne, les cinq Canadiens bloqués dans les années 80 (sans trop pousser le côté kitsch) s’installent, dévoilant leurs amplis Marshall prêts à rugir.
Striker est un bonheur pour les photographes comme pour le public. Si musicalement le combo est déjà irréprochable, c’était sans compter sur une présence scénique incroyable (certains devrait s’en inspirer, on en reparlera) et une proximité certaine avec les premiers rangs. Regards, grimaces, headbang, le groupe entier a le contact très facile et s’éclate véritablement sur la scène de Barbey. On ne sait ou donner la tête tellement il se passe de choses, comme lorsque le chanteur Dan Cleary s’amuse à élever les cymbales de son batteur en plein morceau (pratique), Tim Brown pointe du doigt les premiers rangs avec ses grimaces à la manière de Franck Bello d’Anthrax... C'est festif, décomplexé, dégoulinant de transpiration sur les guitares, que du bon !
Le dernier album du groupe est présenté (et offert en version numérique à la sortie si vous passez leur dire un dernier coucou, plutôt sympathique), ainsi que quelques grands classiques qui rentrent vite en tête : très facile de faire chanter le public sur les mélodies efficaces du combo comme le final ''Fight for your Life'', ''Born to Lose'' (pour Lemmy bien sûr) et c'est sans mal que le public de Barbey se laisse emporter par la fougue canadienne. Aucun temps mort entre les premiers titres et une seule ‘’ballade’’ auront fait du set de Striker le moment fort de la soirée, bien au dessus de la proposition de la tête d’affiche malheureusement...
Setlist:
Crossroads
Former Glory
Locked In
Lethal Force
Phoenix Lights
Out for Blood
Born to Lose
Too Late
Fight for your Life
Sonata Arctica
Avant d’aller plus loin, plantons le décor: avant scène maintenant dégagée, pied de micro lumineux pour Tony Kakko, batterie et clavier surélevés avec escalier central, de nombreuses toiles aux couleurs du somptueux artwork du dernier album… La scène est agréable visuellement. Aucun ampli ou retour sur scène, le mur de son à la Striker ne sera donc plus de la partie. La set-list identique à toute la tournée présageait le pire : très peu de titres rapides, de grands classiques écartés, le nouvel album et ses mid-tempos en première ligne… C’était pas gagné d’avance.
L’intro de ‘’We Are What We’’ Are fait monter la pression et les premiers membres s’avancent dans le noir, jusqu’à l’arrivée de Tony dit les cheveux fous, acclamé par la fosse. On s’attendrait à une explosion d’énergie en ouverture, un départ sur les chapeaux de roue, et c’est complètement raté. ‘’Closer to an Animal’’ et ‘’Life’’ sont les titres d’ouverture, et ne comptent déjà pas parmi les plus rapides du dernier album. Si vous aviez trouvé le début de The Ninth Hour étrange, autant dire que l'étape du live, qui plus est en introduction du concert étonne par son manque d'énergie. La fosse entière se regarde, une entrée qui tombe autant à plat, est-ce possible ?
Malheureusement oui, et ce n’est que le début. Le son manque de puissance et de relief, la guitare est très en retrait, la basse inexistante, et l’ensemble sonne réellement mou (tout en étant trop fort). L’aspect metal est relégué au second plan, avec chant et claviers très en avant, confirmant le tournant pris par le groupe depuis les derniers albums… A cause de cela, des titres passent complètement à côté de leur cible : ''In Black and White'' amputé de son côté hargneux tombe à plat, ''The Power of One'' s'étire en longueur sans aucun relief (et pourtant, quel titre !), trois ballades en six morceaux... On approche du désastre.
Heureusement quelques points viennent sauver les meubles pendant que le bateau coule. ‘’The Wolves Die Young’’ vient nous sortir des dix longues premières minutes avec enfin un peu d’intérêt. Le rythme s’accélère avec un ‘’Fullmoon’’ plus que bienvenu (au bout de sept morceaux tout de même !), également ‘’Abandoned, Pleased, Brainwashed, Exploited’’ est un bon choix (immédiatement coupé par ‘’We Are What We Are’’, pourquoi ne pas continuer en si bon chemin ?). La prestation de Tony Kakko est également à souligner, le leader tenant la baraque du mieux qu’il peut : proche du public, assez communicatif (même si chaque intervention est calibrée sur la set-list, et donc un peu moins spontanée) et bon comédien, toute l’attention se concentre sur lui. Cela dit, nous n’avions pas trop le choix…
Car il faut malheureusement se rendre à l’évidence, et hormis les interventions du leader, il ne se passe absolument rien sur scène. Pasi Kauppinen à la basse fait le minimum, restant à la croche sur les trois-quarts des titres et stoïque tout le long du concert. Elias Viljanen ne bougera pratiquement pas de son côté, de même pour Henrik Klingenberg perché sur sa plate-forme, qui descendra pour ainsi dire deux fois pour trente petites secondes en avant scène. Très peu d’interaction entre tous, chacun restant dans son coin, l’écart entre Striker et Sonata Arctica est criant et le verdict tombe très vite : on s’ennuie. Et ce sentiment sera confirmé par pas mal de monde en sortant de la salle, et sur d’autres dates de la tournée. Quel dommage ! Le groupe ne peut que se rendre à l’évidence devant le réveil du public sur les seuls morceaux rapides, qui par la même occasion redonnent un coup de fouet au groupe, pour tout faire retomber en quelques secondes avec un nouveau mid-tempo joué presque plus lentement que sur album (''Fairytale'' pour ne citer qu'elle)... Les ballades censées être un moment d’exception ne peuvent absolument pas ressortir de l’ensemble tant l’énergie n’est pas présente le reste du temps !
Il faudra attendre les derniers titres pour voir enfin un semblant de potentiel libéré par le groupe. L’enchaînement ‘’Misplaced’’, ‘’I Have a Right’’ et le très attendu ‘’Don’t Say a Word’’ sort la salle de sa torpeur, Tony prenant enfin le contrôle de la fosse sur l’éternel outro ‘’Vodka’’ (un des morceaux les plus énergique du set, c’est pour dire), joué de la même manière depuis une bonne décennie déjà. Le groupe s’avance donc pour saluer, et quelques remarques fusent déjà : ‘’Et Replica ? Et Caleb ? Il en manque plein !’’.
Alors oui la setlist était d’une longueur tout à fait convenable, et rien n’aurait pu être avancé si une énergie folle s’était dégagée du set. Mais concrètement, le choix des titres est réellement à blâmer avec un cruel manque de morceaux vraiment speed. Sonata avait en réserve bien trop de hits pour ne pas pouvoir réveiller son public, bien trop de surprises envisageables et on s’étonne grandement de voir un groupe en roue libre à ce point.
Oui il était agréable de retrouver Tony, oui les quelques classiques ont fait du bien, mais il en fallait beaucoup plus pour véritablement soulever la foule de Barbey malheureusement. Le discours critique de Tony délivré tout au long de la soirée sur le thème « garder la musique live en vie ! » (thème inscrit tel quel sur la setlist) aura bien du mal à trouver un écho crédible. Heureusement que les premières parties ont délivré un set appréciable, et auront eu, elles, le mérite de sauver quelque peu la soirée…
Setlist:
Closer to an Animal
Life
The Wolves Die Young
In Black and White
Tallulah
Fairytale
FullMoon
Among the Shooting Stars
No More Silence (sur bande)
Abandoned, Pleased, Brainwashed, Exploited
We Are What We Are
The Power of One
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Misplaced
I Have a Right
Don't Say a Word (outro Vodka)
Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier,
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