Festival Trolls et Légendes 2017


C’est fébriles que nous nous sommes aventurés dans les contrées Belges pour 3 jours hors de la réalité au Festival Trolls et Légendes. En effet, pour cette septième édition, les organisateurs du festival ont mis les légendes nordiques à l’honneur, et qui dit légendes du nord, dit viking, dit pagan metal ! Il faut dire que Korpiklaani et Wardruna en tête d’affiche des soirées concert avaient quelque chose de plutôt alléchant, surtout quand on sait que le Festival Trolls et Légendes est la première date belge des Norvégiens de Wardruna.

Cette année, quelques petites nouveautés sur le site du festival. Tout d’abord, la possibilité de planter sa tente tout près du site de festival. Ce qui a évité le stress de trouver un camping ou un hôtel pas trop loin qui ne soit pas déjà complet dès l’annonce du thème du festival. Des toilettes gratuites ! Finie la ruine pour aller au petit coin quand on s’est enfilé un petit peu trop de la fameuse Cuvée des Trolls. Une journée complète du vendredi, ce qui n’était pas le cas avant, sous le signe de la Potter Mania, et surtout un site bien plus grand que les autres années.
 


Cette année, le Lotto Mons Expo n’était pas le seul site dédié au festival. Pour la première fois, une section MANGA ouvrait ses portes avec à l’honneur la série Saint Seiya – Les Chevaliers du Zodiaque qui fêtait ses 30 ans cette année. Avec comme invités d’honneur Mamoru Yokota, character designer de Saint Seiya Poséidon et directeur d'animation de Death Note et Naruto Shippuden, entre autres ; ou encore Jérôme Alquié, illustrateur professionnel et dessinateur de la BD de fantasy Surnaturels.

Pour accueillir cette nouvelle section, le festival a dû étendre le site à un bâtiment annexe, ce qui a permis d’avoir un plus grand marché féérique à l’extérieur du festival, ainsi qu’un espace dédié aux démonstrations de combats vikings et cérémonies spirituelles animés par la troupe de reconstitution historique viking : Les Ours d’Alfadir venue spécialement de Poitiers pour faire découvrir la culture viking mise sous les projecteurs de cette septième édition du festival.


Les Vikings et les contes nordiques n’étaient pas seulement représenté par Les Ours d’Alfadir. L’affiche de cette septième édition a été illustrée par Adrian Smith, illustrateur anglais mondialement connu pour ses illustrations des jeux de rôles Warhammer et Warhammer 40000, entre autres.
 


Au niveau des auteurs et illustrateurs, on a également pu croiser Laurent Peyronnet et Godo qui ont travaillé en collaboration sur l’ouvrage de littérature de jeunesse Magnus qui suit les traces d’un jeune garçon qui découvre la culture et les légendes du Grand Nord après avoir été ensorcelé et aspiré par les livres d’un vieil ermite. Au niveau du marché féérique, on a également pu voir quelques artisans dont les créations s’inspirent tout droit des légendes lordiques comme : La Forge d’Asgeir qui proposait des peaux et fourrures de rennes, ainsi que des couteaux vikings ; ou encore Mawen et Moondust, qui bien qu’évoluant dans des univers différents, s’inspirent de la culture Sames pour créer leurs bijoux, tout en voulant faire découvrir ce peuple Lapon et sa culture bien méconnue ; ou encore Viking Krystall venu tout droit de Suède pour exposer leurs bijoux d’inspiration viking. Les festivaliers ont également pu croiser Clive Standen, comédien incarnant Rollo dans la série Vikings que ce soit en dédicaces, ou alors se promenant sur le site du festival, se mêlant avec joie aux festivaliers.

Après, une première journée à déambuler parmi les jeux, auteurs, illustrateurs et artisans venus remplir les hangars du Lotto Mons Expo, nous nous sommes dirigés vers la salle de concert pour écouter les artistes programmés lors de cette première soirée du festival.
Voici ce qu’en a pensé Thomas Orlanth.

Vendredi 14 avril :

Bien que nous ne soyons encore que vendredi en début de soirée, et que par conséquent il est fort à parier qu’une partie du public soit encore sur la route, les spectateurs sont cependant déjà nombreux dans la salle de concerts. La première journée du Festival Trolls & Légendes s’achève donc avec cette soirée dédiée à la musique. Pendant que les derniers visiteurs du salon de la fantasy se dirigent soit vers la sortie soit vers la grande scène pour ceux qui veulent poursuivre la fête, un groupe se prépare…

The Dolmen :

Vers dix-neuf heures, les anglais de The Dolmen lancent les festivités. Le terme est d’ailleurs bien choisi, car leur folk rock celtique a de quoi plaire à un public aux goûts variés. La plupart des morceaux débordent d’une énergie revigorante et l’ambiance est clairement à la fête.


Notons la prestation particulièrement dynamique de la bassiste et vocaliste Kaylegh Marchant qui ne cesse de bouger dans tous les sens, emportée par une folle danse ! Elle a l’air d’apprécier cette occasion de faire la fête avec les joyeux trolls.
 


A vrai dire, le show dans son ensemble est très intéressant et surtout vivant. Aucun doute, Taloch, Josh, Chris,  Anja et bien sûr Kaylegh ont parfaitement réussi à ouvrir dignement la partie musicale du festival !

MagoYond :

Trolls & Légendes est un festival de toutes les branches de la fantasy, et attire donc également bon nombre d’amateurs de jeux de rôles et autres joueurs de tout poil. Ces derniers vont donc pouvoir profiter de deux groupes aux thématiques fortement orientées vers la geek attitude qui prédomine en ces lieux.

Le premier d’entre eux se nomme MagoYond et propose un rock zombie de qualité. Voir un rock de zombies puisque c’est ainsi qu’ils se qualifient eux-mêmes.


En jetant un coup d’œil sur la setlist, on voit bien l’influence cadavérique :


1. Death Train
2. Six Pieds sous Terre
3. Vegas Zombie
4. Zone Zéro
5. Hit The Zombies
6. Le Pudding à l’Arsenic
7. Kraken Palace
8. Le Croque-mitaine
9. La Rumeur
10. Les Zombies
11. I Like to Zombie
12. Adopte un Zombie

Notons la présence de Ghislain et de Lady Fae du Naheulband, qui jouera juste après, sur cette reprise de  I like to move it  version zombifiée. Bref, un concert plein d’entrain (et de zombies).

Naheulband :

On pourrait parfois croire que le festival a été bâti autour d’eux, d’autant plus que le refrain « poulet poulet ! » résonne souvent encore pendant les autres concerts se déroulant le reste du week-end, tel un parasitage mental savamment orchestré.

Ce qui est amusant, c’est la totale désinvolture dont fait preuve le groupe pour préparer leur concert. D’accord, il y a du public, mais ce n’est pas une raison de s’inquiéter et de ne pas préparer tranquillement les instruments et autres accessoires indispensables à bon show. Par exemple, lorsque Ghislain lance un "Chloé, va chercher le pied dans la voiture" devant quelques centaines de personnes, et bien, on sait très bien qu’avec un pied ça sera mieux pour la suite. Vous voyez ce qu’on peut entendre par "désinvolture".
 


Quoiqu’il en soit, lorsqu’ils sont vraiment prêts (enfin, du moins suffisamment pour tenter le coup), le concert débute avec le grand classique qu’est  "La vie d’aventurier" . Ici, à Trolls & Légendes, en tête d’affiche, nous avons droit à une belle et longue setlist, propice à la fête totale. Même la prêtresse de Dlul a eu la présence d’esprit, et suffisamment d’énergie, pour s’habiller dignement d’une belle robe cléricale blanche. Certes, elle dort encore au début du concert, mais après tout, c’est aussi ça la manifestation de la foi ! (Rappelons que Dlul est le dieu du sommeil).

 


Le concert se déroule donc devant une salle conquise qui s’est complétée. Il faut dire que de pouvoir déguster une bonne bière belge devant un groupe tel que le Naheulband donne un indice très fort de ce qui peut être qualifié de bonheur. Les amateurs de sons lourds seront gâtés ce soir, avec outre le très viril "Crom !" , deux versions spéciales metal en fin de concert. Notons que les membres de MagoYond ont rendu la politesse faite par la visite de deux éminents membres du Naheulband lors de leur concert de toute à l’heure, en rejoignant le groupe sur scène, histoire d’augmenter encore le potentiel chaotique du show.
 

Le dé à vingt faces géant fait le tour de la salle pendant que le public chante en chœur. Et comme le dit le slogan visible sur les écrans géants « plus c’est débile, et plus c’est débile ». Parfois, on ne peut que constater que la philosophie peut rester simple et accessible… Il n’y a aucun doute, le Naheulband est ici chez lui, au pays des trolls et de la fantasy, et aussi, certains diront surtout, de la bonne bière !


Setlist :

1. La vie d’aventurier
2. Pub : Chiantos
3. La Bière du Donjon/ The Final Countdown
4. Nanana de l’Elfe
5. A l’aventure, compagnons
6. La polka du ménestrel
7. La compagnie du Chien Rugissant
8. Revendications monstrueuses
9. Chicken Quest !
10. Pub : Les masses Paf
11. Noël en Mordor
12. Le petit gobelin
13. Session à Carnadoe
14. Crom !
15. Le laridé du poulet
16. La chanson du tavernier
17. Pub : Les épées Durandil
18. Marche Barbare
19. Tralala du Nain
20. Massacrons-nous dans la taverne
21. Joyeux Trollaniversaire
22. Beatles Revenge (Tu dis bonjour)
23. Brouillard sur le cimetière
24. Mon ancêtre Gurdil (version metal)
25. Troll farceur et elfe farci (version metal)
26. Sauvons les rôlistes
27. Bugger Off !


Après une nouvelle journée à déambuler dans les allées bondées du festival où nous avons pu croiser Jonne le chanteur de Korpiklaani achetant de très beaux canons d’avant-bras confectionnés par Les Cuirs de Belfeuil, qu’il portera lors du concert du soir, et après avoir écouté quelques contes médiévaux grivois, et autres contes fantastiques, nous nous sommes pressés pour être aux premières loges de cette deuxième soirée de concerts qui s’annonçait haute en couleurs.

Voici ce qu’Antoine, notre chroniqueur belge a à nous dire de cette soirée.

Samedi 15 avril :

Comme il est de coutume, le samedi au Trolls & Légendes est placé sous le signe du metal et la foule s’est déplacée en masse pour cette soirée puisque l’espace concert affiche sold out ! La salle commence à peine à se remplir lorsque Ithilien monte sur les planches, mais dès le début, l’énergie est au rendez-vous tant sur les planches que dans la fosse où les premiers pogos, circle pits et slams ne se font pas attendre. Il faut dire que la musique des Belges s’y prête plutôt bien, évoluant quelque part entre le death mélodique et le metalcore avec une bonne dose d’instruments folkloriques pour rendre le tout dansant, un cocktail qui n’est pas sans rappeler Eluveitie, avec qui Ithilien a justement partagé la scène à plusieurs reprises, ce qui a grandement aidé le combo à se faire un nom.
 


Le groupe mené par Pierre Cherelle (chant, guitare et bouzouki) se produit dans une configuration inédite ce soir puisque, en plus du violon de Myrna Mens, de la vielle de Sabrina Gelin et des cornemuses et autres flutiaux de Geoffroy Dell’Aria, tous trois membres à part entière du groupe, le côté folk est assuré ce soir par l’accordéon de Laura et la flûte de Davy, ce qui ne fait qu’ajouter de la puissance à l’ensemble.
 


Peu communicatif, le groupe enchaine les titres presque sans temps mort, le frontman ne prenant la parole qu’avant "Drinkin’ Song" ou avant "Edelweiss" pour demander un wall of death, que le public surmotivé, et à présent bien plus nombreux se fait un plaisir d’exécuter. Un set très réussi et bourré d’énergie.

Setlist d’Ithilien

• Blindfolded
• Lies After Lies
• The One
• If Only
• Bear Dance
• Drinkin’ Song
• Shaping The Soul
• Edelweiss


Abordons à présent le cas Skeptical Minds. Si, comme mentionné plus haut, le samedi est réservé aux groupes d’obédience metal, ces derniers ont toujours un lien avec les musiques folk… Tous sauf Skeptical Minds qui fait véritablement figure d’ovnis aujourd’hui avec son metal gothique, sorte d’Evanescence (clips clichés à souhait à l’appui, car diffusés sur le côté de la scène) un brin plus énervé.


Il ne fait aucun doute que la formation belge a de nombreux fans et que sa musique est bien exécutée, mais dans le cadre de ce festival, tout cela parait tellement incongru que nous restons perplexes et il serait mentir que de dire que nous avons passé un bon moment. Il en semble ainsi de même pour une bonne partie du public puisque la ferveur du set d’Ithilien retombe très vite. Tout juste assistons-nous à un timide wall of death en fin de prestation. Pour ne rien arranger, le groupe n’est pas gâté par un son noyé dans les basses, ce qui n’aide pas leur cas. Le concert se termine sur une reprise de "Ace Of Spades" qui a dû faire retournerplus d’une  fois dans sa tombe…
 


Heureusement, c’est à présent au tour de Rastaban d’investir la scène avec son folk rock bien plus adapté au festival et à son public. Nous avions déjà chroniqué le set de Rastaban lors de la précédente édition du Trolls & Légendes mais le groupe est malin et nous propose un show spécial ce soir, sous-titré « Replugged ».
 


Le combo belge se produisant en temps normal en formation acoustique, il a aujourd’hui ajouté une guitare électrique et une basse dans sa recette et si ce changement n’altère en rien la nature de la musique, les compositions en ressortent plus puissantes. La musique du groupe alterne ainsi les passages atmosphériques et les parties plus festives, toujours dominés par le didgeridoo de Luka Aubri et les mélodies jouées par Stephan Késenne aussi bien au violon qu’au bouzouki, laissant souvent place à de longues parties instrumentales.
 


L’ambiance est au rendez-vous dans le public, certains se mettant à danser sur les airs de Rastaban et le groupe, bien qu’habitué de ce festival, semble véritablement heureux d’être là, d’autant plus qu’il fête ce soir l’anniversaire de sa chanteuse, Marine Libert, très souriante et humble, ce qui la rend d’autant plus sympathique. Parfait pour réveiller le public avant la tête d’affiche.


Il ne fait aucun doute que Korpiklaani a fait se déplacer les masses. Il suffit pour en juger de jeter un œil sur les nombreux t-shirts et autres vêtements aux couleurs du groupe croisés au cours de la journée. Alors que les Finlandais montent sur scène, les rangs se resserrent et c’est avec un son malheureusement loin d’être optimal que la fête recommence au son de "Viinamäen mies". Heureusement ce léger problème sonore est vite réglé et tout est rentré dans l’ordre dès "Pilli on pajusta tehty", second titre du set.
 


Si la setlist est assez similaire à celle que le groupe nous resserre à chaque prestation depuis la parution de son excellent dernier album, Noita (2015 déjà), le temps de jeu très confortable qui est alloué au sextet lui permet de nous ressortir quelques vieilleries et des titres moins joués dernièrement tels que "Tervaskanto" ou encore l’inattendu "Crows Bring the Spring". A noter d’ailleurs que ce soir, le violoniste Tuomas Rounakari est absent. C’est cependant un invité de marque qui le remplace avec brio en la personne d’Olli Vänskä (Turisas), presque méconnaissable sous son béret et sans maquillage, mais qui n’hésite pas à se mettre en avant sur scène.

 


Dans le public, c’est véritablement le bordel. Les pogos et les slams ne s’arrêtent jamais, même sur le plus calme et toujours aussi intense "Sumussa hämärän aamun". D’ailleurs, le pit a droit à un invité spécial puisque l’acteur Clive Standen (Rollo dans la série Vikings) s’y trouve, torse poil, et s’en donne à cœur joie, lançant les slammeurs et participant activement au mouvement de foule.

Quiconque a déjà vu Korpiklaani sur scène sait à quoi s’attendre et ce show, bien que très réussi ne diffère en rien des habitudes du groupe. Le chanteur, Jonne Järvelä, est intenable, courant sans cesse d’un bout à l’autre de la scène et, comme à son habitude, se contente d’annoncer le titre de la prochaine musique en guise de toute communication, mais la musique des Finlandais, tour à tour festive et mystique se suffit à elle-même et fait office de parfaite apothéose pour cette deuxième soirée de concert du Trolls & Légendes.


Setlist de Korpiklaani :

• Viinamäen mies
• Pilli on pajusta tehty
• Tuonelan tuvilla
• Lempo
• Erämaan Ärjyt
• Ruumiinmultaa
• Petoeläimen kuola
• Sumussa hämärän aamun
• Vaarinpolkka
• Metsämies
• Kipumylly
• Rauta
• Lonkkaluut
• Tervaskanto
• Kultanainen
• Minä näin vedessä neidon
• Ämmänhauta
• Sahti
• Kylästä keväinen kehto
• Crows Bring the Spring
• Wooden Pints
Rappel :
• Vodka
• Beer Beer

Le lendemain, nous sommes retournés sur le site du festival pour assister à la chasse aux œufs de Pâques organisée pour les enfants. Une matinée pleine d’effervescence où les plus petits ont pu courir parmi les allées et fouiller les stands en quête de chocolats. Cette chasse aux œufs nous a permis d’assister à de drôles de scènes comme celle du festivalier déambulant en vilain troll voulant voler les chocolats des enfants. Cette dernière journée de festival s’est déroulée dans un froid presque hivernal, mais la chaleur et les sourires étaient inscrits sur tous les visages des festivaliers aux anges et pressés de voir Wardruna à la nuit tombée.

Dimanche 16 avril :

Après la soirée metal de la veille, les programmateurs du Trolls & Légendes nous offrent une dernière soirée un peu plus planante musicalement parlant… mais peut-être un peu trop planante…

Ce soir, ce n’est pas le son qui pose problème, comme cela a été le cas la veille. C’est la programmation en elle-même. Pour cette dernière soirée, le public s’est encore une fois déplacé nombreux pour voir Wardruna, tête d’affiche de ce dernier jour de festival. Le choix de ce dernier groupe était tout à fait judicieux vue que les vikings étaient à l’honneur pour cette édition du festival. De plus, le groupe a su nous faire oublier les flops des deux premiers concerts grâce à un set magique et envoûtant.

C’est Hano-ah un duo féminin de Mons qui ouvre les festivités ce soir. Aurore Di Cesare entre discrètement en scène, s’assoie devant son clavier, joue quelques notes, et ce n’est que lorsqu’elle se met à chanter que le public se rend compte qu’elle n’est pas en train de faire les dernières balances mais qu’elle a bien débuté son concert. Elle s’enregistre en loop. Sa musique est douce et mélancolique. Sa voix est fluette, plutôt agréable, mais manque de justesse lorsqu’elle essaye de monter dans les aigües. Certainement les effets du stress de jouer sur une si grande scène. On ne la sent pas à l’aise.


Les effets ajoutés à sa voix ne sont pas toujours judicieux, c’est dommage. Au deuxième morceau, une violoniste vient l’accompagner, ajoutant encore un peu plus de mélancolie aux morceaux. C’est le calme plat dans le public. Certains sont allongés et dorment, d’autres s’assoient et papotent allègrement. Cela devient de plus en plus difficile pour les deux musiciennes de jouer dans le brouhaha ambiant. Mais bon, il faut dire que leur performance et plutôt statique et manque cruellement d’énergie. A la fin du concert, les deux femmes sortent de scène sans que la foule ne le remarque. Il y a peu d’applaudissement. Hano-ah signe la première déception musicale de la soirée.

C’est ensuite au tour de Karolina Pacan de monter sur scène. On retrouve presque la même formation que pour Skeptical Minds la veille mais avec une ambiance plus folk. Michel Stiakakis a troqué ses guitares électriques contre des mandolines et Karolina Pacan a remplacé sa tenue gothique par un costume de fée bleue un peu kitsch avec petites ailes, strass, paillettes et diadème qui a l’air presque ridicule comparé aux nombreux costumes hors-normes vus durant le festival.
 


La chanteuse chante en polonais. On peut bien mieux apprécier sa voix cristalline ce soir et le public est bien plus réactif que pour le premier groupe, mais l’ambiance n’est toujours pas au rendez-vous. C’est comme si la foule attendait impatiemment Wardruna, sans prêter attention aux autres groupes. On sent très vite que cela irrite le groupe. Karolina essaye de communiquer avec les gens dans la salle, mais son attitude enjouée sonne malheureusement faux. Elle demande au public de sortir les téléphones pour la filmer, la photographier et lui "donner de la lumière".Le requête n’est pas prise au sérieux par les gens plutôt distraits. Elle tente ensuite une blague qui fait un énorme flop. Elle nous crie "Eh regardez ! Michel est un magicien, il a fait rétrécir sa guitare ! Je vous présente Michel Copperfield!". La foule reste de marbre.
 


On sent que Michel Stiakakis s’énerve. Il se dirige vers l’avant de la scène et s’adresse au public en français pour lui dire que oui il est réellement magicien et qu’il connait d’autres tours. Il nous montre sa main, fait disparaître quatre doigts, jetant un beau doigt d’honneur au public. Cela ne fait rire personne. Pour ma part, je ressens cela plus comme une insulte qu’une blague. Mais va savoir quel était l’effet attendu. Tout dans ce concert sonne faux et c’est dommage car si l’on s’intéresse de plus près aux chansons de Karolina Pacan, il y a une réelle performance. En effet, elle compose toutes les paroles en polonais et même si elles sont souvent un peu cucul la praline, Karolina compose en rimes, un exercice de style compliqué en polonais, d’après Elyane Maciejewska, une amie polonaise venue voir le concert.

Ce concert laisse un ressenti assez mitigé. Les gens dans la salle commencent à se rapprocher de la scène pour pouvoir assister au concert d’Acus Vacuum. On sent que le public est déjà plus réceptif et en attente de ce concert.
 


Le concert d’Acus Vacuum démarre avec une mise en scène mystique et envoutante. Azora, vêtue d’un chaperon rouge vif entame une danse rituelle au son des cornemuses. Elle se dévoile au fur et à mesure de sa danse sous les yeux ébahis de la foule. A gauche de la scène, un des musiciens entre avec un majestueux carnyx qui en laissera plus d’un pantois dans la salle. Cet instrument celte constitué d’une trompe verticale de près de trois mètres, montée d’une tête de sanglier stylisée, servait à créer une cohésion et à motiver les combattants sur les champs de bataille ainsi qu’à effrayer l’ennemis.
 


Ce soir, le carnyx a eu un effet rassembleur au niveau du public. Le gens dans la salle, sont tout ouïe contrairement aux deux concerts précédents. Après cette entrée en matière très solennelle, les membres du groupe prennent la parole et nous annonce une chanson pour les piliers de comptoir, ce qui crée un cri d’approbation dans le public. Tout au long de leur set, Acus Vacuum alternera danse tribale sur fond de musique mystique et chanson à boire entraînantes. Le courant avec la foule passe très bien. Les gens rient aux pitreries des musiciens. L’ambiance festive de la soirée commence enfin à prendre.

Acus Vacuum nous offre également une belle interprétation d’une des musiques de la série Game of Thrones avec Azora dansant avec des épées. Puis, le percussionniste du groupe prend la parole pour annoncer qu’ils ont composé une chanson sur les vikings car il y en a un dans le groupe. Il commence à nous conter l’histoire de romains voulant aller en découdre avec les vikings. Et là… drame absolu ! J’attends derrière moi, Erik, des Ours d’Alfadir hurler "Aaaaaaaaaaaaaaah c’est pas histo !!!!!!!!!". Acus Vacuum a failli tuer un membre de la troupe de reconstitution historique viking venue animer le festival en le faisant saigner des oreilles. Heureusement, le morceau est super entraînant et les vikings oublient la boulette et se mettent à se trémousser aux sons des instruments.

Le public est totalement en phase avec le groupe, et répond positivement à toutes les interventions des musiciens. On entend un hourra général, lorsque les musiciens annoncent un grand concours pour gagner une bouteille d’Hypocras. Par contre, aucune fille ne montre ses seins quand les musiciens annoncent que les nanas topless gagnent une bouteille d’office… C’était bien essayé mais les propos sexistes ne font pas l’unanimité. Après, avoir bien chauffé la foule, les membres d’Acus Vacuum nous annoncent une chanson sur des barbares partis pour buter du dragon et lancent des massues gonflables dédicacés, ainsi qu’un alligator de plage faisant office de dragon dans la fausse. Le public et déchaîné, les massues volent au-dessus des têtes pendant un énorme wall of death.
 


Après ce grand défouloir, Azora entre à nouveau en scène et effectue une danse sensuelle avec des éventails et des voiles sur un morceau plus calme. Mais cet épisode magique est de courte durée. A la fin du morceau, les membres du groupe lancent un "Poulet ! Poulet ! Piou, piou, piou !", presque devenu slogan officiel du Trolls & Légendes. Ils nous font hurler cette phrase en passant du grave à l’aigue créant le fou rire général. Pock entre sur scène, le sourire aux lèvres. Sa consigne de ne pas hurler cette phrase pendant les concerts des autres groupes est loin d’être respectée et si en plus, ce sont les groupes sur scène qui lance le truc, autant baisser les bras ! Il accompagne Acus Vacuum au Bodhrán pour un morceau avant de s’éclipser.

La fin du concert approche. Azora entame sa dernière danse rituelle, qui ressemble à une sorte de transe. Le rituel accompli, le bois devenu braise et l’eau devenu feu, il est temps de danser une dernière fois avec elle. Pour la chanson suivante, qui achèvera le set, les musiciens demandent au public d’aller chercher une bière pour trinquer une dernière fois avec eux au son de la chanson "Hisse et oh Santiano". Le concert s’achève sur une demande expresse des musiciens. Au lieu de crier "Poulet ! Poulet ! Piou, piou, piou !", ils nous demandent de hurler "Sanglier ! Sanglier ! Miam, miam, miam !" Tout le monde ri et chante en chœur. Une fois, la phrase bien ancrée dans les esprits, les musiciens nous disent qu’il faudra la ressortir à tous les concerts du Naheulband histoire d’avoir un petit retour de bâton.


Après un dernier rappel, festif et communicatif, Acus Vacuum quitte la scène en laissant le sourire sur tous les visages. Ils ont réussi à nous faire oublier les deux premiers flops de la soirée. Ça commence à se bousculer dans le public, les fans de Wardruna affluent et s’agglutinent à l’avant pendant que les techniciens préparent la scène pour un show qui clôturera le Trolls & Légendes en beauté.

A l’arrière de la scène, un énorme filet de chasse blanc a été tendu. On se demande bien quel est l’effet recherché car avec la scène en pleine lumière, on ne comprend pas bien l’usage d’un truc aussi laid. Mais une fois la pénombre installée, cet accessoire douteux devient magique.


Clive Standen, qui incarne le personnage de Rollo dans la série Vikings et invité d’honneur du festival, apparaît au milieu de la scène et introduit Wardruna avec une citation guerrière poignante reprise par la foule. On sent que la collaboration musicale d’Einar Selvik avec la série Vikings a créé des liens forts. En effet, Clive Standen, ne devait restait qu’une journée pour les dédicaces, mais il a choisi de rester une journée de plus pour introduire Wardruna sur scène et pour pouvoir profiter du festival. On l’a vu déambuler à travers les stands et s’arrêté voir les Ours d’Alfadir pour leur poser des questions sur leur troupe et même jouer à quelques jeux vikings.

 


Cette apparition sur scène est une belle manière de débuter ce concert. Clive Standen quitte les planches est laisse sa place à Einar Selvik qui entre en scène accompagné de Eilif Gundersen. Tous deux jouent du Lur, deux impressionnantes cornes de cuivre incurvées. Leurs ombres dans la pénombre se reflètent sur l’immense filet de chasse blanc leur donnant une sature divine.
 


Tout au long du concert, les jeux de lumières ont créé une mise en scène très intéressante. Il n’était pas question de mettre la lumière sur les musiciens mais de créer une atmosphère sombre et mystique. Les ombres géantes des musiciens et des instruments nous donnaient l’impression d’être passé dans un autre monde. On peut également y voir une volonté du groupe de ne pas mettre l’accent sur les performances des musiciens mais sur le message et la dimension mystique véhiculée par la musique.

 


La voix si particulière de Lindy Fay Hella a l’air de provenir des cieux et soutient à merveille les voix graves masculines. Très vite, le silence total se fait dans la foule. Tous ceux tenter de crier "Poulet ! Poulet ! Piou, piou, piou !" s’abstiennent de peur d’y perdre la vie tant le public de Wardruna est en phase avec la musique. Même les fans de la première heure voulant pousser la chansonnette se font fusiller du regard.
 


On ressent comme une sorte de communion parfaite entre le groupe et son public. Einar Selvik ne prendra pas la parole du concert. Pas besoin de d’intervention de la part des membres du groupe pour créer une complicité, la musique s’en charge. Tout au long du concert, nous avons vu passer sous nos yeux ébahis, différents instruments venus tout droit d’un autre temps : des Lurs, des Tagelharpas, des Trossingen Lyres, des Bukkehorns, etc. Wardruna est un groupe qui sait parfaitement allier sons des temps anciens et musique plus moderne.

 


Avant d’entamer la dernière chanson, Einar Selvik prend enfin la parole et nous explique que Wardruna nous parle de "notre relation avec la nature, avec autrui, et avec des forces qui nous dépassent". Cette dernière phrase résonne en nous et résume tout à fait l’expérience musicale que le public du Trolls & Légendes vient de vivre ce soir. Wardruna clôturera son set avec "Helvegen" qui est un peu un passage vers l’autre monde. Rien de mieux pour finir ces trois soirées de concerts. Il nous faut quitter l’univers de Wardruna pour revenir au monde réel.

Il est temps de rentrer, de remballer, et de quitter le monde enchanté du Festival Trolls & Légendes qui nous laissera des souvenirs plus ou moins bons musicalement parlant, mais tout à fait merveilleux au niveau des animations, auteurs, illustrateurs, artisans et créateurs de jeux venus nous montrer leurs talents durant ces trois jours de festival.

Live Report : Eloïse Morisse
Vendredi 14 avril: Thomas Orlanth
Samedi 15 avril : Antoine Grignard
Photos : © 2017 Thomas Orlanth  - galeries complètes sur le site internet: www.thomasorlanth.com / facebook

 

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