Vendredi - 01h05 - Mainstage 2
Habitué des lieux, In Flames a pour mission de clore cette première journée de festival sur la MS2. Après plusieurs dates proposant une ambiance des plus intimes et singulières, le groupe suédois retrouve un exercice qu’il aime tout particulièrement, celui du festival. Certains se souviennent de l’ambiance ultra festive lors de leur passage en 2015. Pourtant ce soir c’est un In Flames des plus sincères et touchants que jamais qui s’apprête à se produire.
C’est dingue comme en deux ans les choses peuvent changer et évoluer. En 2015, à l’occasion de la tournée de Siren Charms, In Flames avait littéralement retourné la Mainstage 2 suite à la déclaration aussi simple qu’efficace d’Anders : « Y a une loi qui interdit le crowdsurfing en France ? ». Et c’est sur cette même Mainstage 2 que la légende suédoise débarque en cette nuit un peu fraiche, face à quelques pèlerins encore motivés. Car il faut le préciser, l’audience est très loin d’être importante pour cette prestation nocturne. Avant l’arrivée des musiciens, on dénote la présence de claviers, la bête aurait-elle désormais une sixième patte ?
Idée confirmée lorsque le groupe débarque sur la scène sur les premières notes de "Wallflower". Bjorn Gelotte, Niklas Engelin et Joe Rickard sont accompagnés de deux nouveaux messieurs. A la basse, Bryce Paul et après moult recherches il semblerait que le claviériste réponde au nom de Örjan Örnkloo (mais cela est à confirmer). Il faut le rappeler, fin 2016, In Flames a été amputé de son batteur (Daniel Svensson) et de son bassiste (Peter Iwers), tous deux présents depuis 1999. C’est donc une formation inédite qui se présente ce soir. Qu’à cela ne tienne, les gars veulent en découdre. Il n’y a qu’à voir l’énergie qu’ils déploient lors du deuxième titre "Leeches", tiré de Come Clarity et pas vu en live depuis très longtemps.
Anders finit par s’adresser à son public en précisant qu’ « à votre place je serais déjà en train de dormir. Faites comme moi, quand je suis fatigué je bois du vin ». On se dit alors que c’est avec humour que le frontman remercie cette (toute proportion gardée) modeste assemblée, rappelant au passage son amour pour le pif. Point d’appel à guerroyer ce soir mais quelques déclarations sympathiques comme l’ironique « c’est un titre que vous n’avez jamais entendu avant » précédant le vieux "Moonshield" datant de 1996, tiré du cultissime Jester Race. Instant découverte pour les nouveaux venus, instant émotion pour les aficionados (certains auraient vu votre serviteur verser des larmes sur ce morceau). Au passage, on ne peut que féliciter Anders pour sa performance vocale, faisant ainsi taire les détracteurs qui clament encore que le chanteur n’est plus capable de growler convenablement. Car pour mémoire, "Moonshield" s’inscrit dans la plus pure tradition de ce que faisaient les groupes de death mélodique suédois de l’époque.
Plus classique, la suite du set propose les incontournables "Only For The Weak" et "Cloud Connected". Le reste repose essentiellement sur le dernier album, Battles. C’est d’ailleurs avant l’une de ses compositions qu’Anders prend à nouveau la parole pour faire part d’une anecdote émouvante : « Le week end dernier, avant que nous montions sur scène, un ami nous a appelé pour nous dire qu’un très grand ami à nous, Justin, avait percuté un arbre alors qu’il était en moto avec sa future femme. Ils devaient se marier la semaine prochaine. Elle a survécu mais pas lui non. Ce que je veux vous dire… Oui, ce que je veux vous dire c’est qu’il faut vivre le présent et être heureux maintenant, ne pensez pas hier et à demain, vivez le présent ». Libre à chacun de juger ce genre de déclaration et d’apprécier l’eau de rose ou non. Mais ce qui est certain c’est que seuls les cœurs de pierre sont restés de marbre fasse à la voix tremblotante et les quelques larmes qui ont coulé sur le visage du chanteur entamant les paroles de "Here Until For Ever".
C’est sur la violence de "Take This Life" que s’achève ce show d’une heure. Un show dans la lignée de ce In our Room Tour entamé en début d’année : sincère, beau et presque intimiste si l’on regarde encore une fois cette fosse pas bien grosse. Grâce à un son très bon, une foule très réactive bien qu’un peu fatiguée et des musiciens totalement investis, In Flames prouve une fois de plus qu’il est un grand groupe capable du meilleur. En revanche on ne peut s’empêcher de se dire que malgré ses presque 25 ans de carrière, le combo est plus que jamais en rodage et cherche son line up. On aurait d’ailleurs apprécié de connaître l’identité des deux nouveaux venus. Mais pour le reste on retient une belle leçon ce soir : celle qu’un concert c’est aussi un échange et moment de partage. Voilà une bien belle façon de terminer ce premier jour de festival.
Setlist:
Wallflower
Leeches
All for Me
Where the Dead Ships Dwell
Moonshield
The Jester's Dance
Only for the Weak
Cloud Connected
Deliver Us
Here Until Forever
The Truth
Paralyzed
The End
Take This Life
Photographies : © Nidhal Marzouk - 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation manuscrite du photographe
