Epica (+Vuur & Myrath) – Krakatoa de Merignac – 18/11/2017

Le dernier album d'Epica aura été le prétexte à une année 2017 monstrueuse pour le groupe : début d'année dans les capitales d'Europe, printemps en Amérique du Sud et au Japon, retour en Europe pour les festivals d'été, tournée aux USA en automne...Et revoilà les Hollandais pour une vraie tournée européenne, un EP bonus sous le bras, et six concerts en France. Pari facile après avoir rempli un Zénith de Paris, cette tournée axée sur la province embarque également les Franco-tunisiens de Myrath et VUUR, nouveau projet d'Anneke Van Giersbergen.


Bordeaux aime Epica, le dernier passage du groupe avait suffit à un Rocher de Palmer dans sa configuration maximale de 1200 places. On s'en rapproche cette année également au Krakatoa de Mérignac, scène toujours conséquente et public présent. Bon point : les deux plateaux surélevés sont à la disposition des groupes en première partie, avec donc un avant scène entièrement exploitable.

 

Myrath

 
Notre chouchou chez La Grosse Radio Metal continue son ascension. Nombreuses premières parties (Symphony X, Adagio...), concert réussi au Hellfest 2017, première tournée en tête d’affiche annoncée en France pour 2018… Conséquence, beaucoup de monde dans la salle semble connaître le groupe et attendre son passage, malgré le statut de première partie.
 


Nous sommes donc accueillis par une charmante danseuse orientale pendant les quelques minutes d’intro au titre ''Believe''. Les autres membres du groupe s’installent tranquillement alors que la musique monte en intensité pour exploser sur les premières notes. La danse du ventre convient plutôt bien malgré le fond metal des morceaux, même si le cliché oriental est difficilement évité. Elyes Bouchoucha étant accaparé par les derniers détails du prochain album, c’est Kevin Codfert (Adagio) qui le remplace aux claviers et aux chœurs sans soucis.
 


Le groupe n’ayant que trente minutes de set, il faudra se contenter de cinq morceaux avec un peu d’interaction entre les titres tout de même. Zaher, verre de vin à la main (on est à Bordeaux évidemment), se montre  très mobile et proche du public. Le monstre Morgan Berthet à la batterie survole les morceaux avec toujours autant de talent, servant son jeu habituel précis et chargé de détails. Anis Jouini à la basse aura droit à son petit solo et à une balance assez flatteuse, le son étant plutôt correct pour une première partie.
 


Les cinq titres passent trop vite d’après les réactions du public qui demande un rappel. La prochaine tournée de Myrath ne couvrant pas Bordeaux, il faudra encore attendre un peu avant de retrouver le combo Franco-tunisien. En attendant le pari est réussi, les commentaires élogieux fusant de toute part dans l’assemblée. Voyons si Anneke aura un aussi bon retour…

 
 

VUUR

 
Choix parfaitement crédible que le nouveau projet d’Anneke en accompagnement d’Epica. Si votre serviteur a été moyennement convaincu sur album, c’est pourtant sans a priori que nous attendons le groupe pour sa toute première tournée. Après un rapide changement de plateau, une courte intro fait monter la pression. A noter des stroboscopes d’une rare violence, à tel point que l’on ne remarquera même pas l’entrée du groupe tant garder les yeux ouverts est impossible. Anneke Van Giersbergen ferme la marche, toute sourire devant un public (maintenant aveugle ou épileptique) entièrement acquis à sa cause.
 


Si l’idée sur le papier se défend sans problème, quelques défauts rédhibitoires sont encore flagrants. Si les titres sur albums ne vous ont pas convaincus, inutile d’espérer un miracle en live : la cohérence entre voix et musique se cherche encore, les lignes de chants d’Anneke virevoltent sans grand rapport avec une bande sonore plutôt adaptée à un death metal pas vraiment méchant. Le constat est sans appel lorsque les deux reprises du set arrivent, avec un titre de The Gentle Storm et le hit de The Gathering ‘’Strange Machine’’ et son riff d'intro caractéristique. Ces deux morceaux se démarquent immédiatement du reste, le chant revenant tout à coup dans le même esprit que le fond sonore.


Malgré les riffs et l’énergie déployée, la salle réagit mollement sur les morceaux. Anneke semble parfois un peu gênée, comme perdue, mais reste heureusement juste en toute circonstance. Les dissonances voulues (refrain de ‘’Save Me – Istanbul’’) ou le décalage entre chant et musique (couplets de ‘’My Champion – Berlin’’) déstabilisent plus qu’autre chose, là ou Devin Townsend se frotte à l’exercice avec brio. On se retrouve donc devant un hybride brut et bancal où même le sourire et la prestance d’Anneke ne parviennent pas à faire décoller l’ensemble. L’équipe quitte la scène au bout de trois quart d’heure avec la promesse de se retrouver au stand de merch. Mais les choses sérieuses sont sur le point de commencer…
 

 

Epica

 
Les quelques minutes pour préparer la scène nous laissent le temps d’apprécier le décor pourtant assez sobre. La tournée d’Epica se déroulant dans des salles bien plus petites que le précédent Zenith de Paris, impossible de retrouver la même scénographie. Exit donc les prismes transparents, les lasers et les effets de la même trempe mais tout de même un décor sur trois niveaux aux tons du dernier EP, des éclairages travaillés, et le maintenant célèbre clavier mobile de Coen Jansen qu’il prend plaisir à balader ou faire tournoyer sur tout l’étage supérieur, tout autour de la batterie placée au centre.
 


L’intro d’’’Eidola’’ retentit et le groupe arrive au compte goutte, la reine Simone Simons acclamée par une salle qui n’a d’yeux que pour elle. Et pourtant ! Quel chemin parcouru par le groupe en live. Si la prestance de Simone est au centre des débats, impossible de passer à côté du line-up masculin qui l’entoure. Et si des groupes comme Nightwish ou Within Temptation centrent le show sur leur meneuse, le constat n’est plus aussi évident chez Epica. Les garçons débordent d’énergie, d’aisance et de cohésion, faisant blague sur blague autour d’une Simone plutôt tranquille mais très en place, aux allures de surveillante de cour de récréation.
 


C’est un renouveau qui s’opère depuis quelques tournées. Les derniers morceaux plus modernes et plus puissants, toujours chargés de chœurs, aux riffs bourrins typés death mélodique épique gagnent en profondeur. La set-list de ce soir s’éloigne d’ailleurs encore de la période classique du groupe, avec une prédominance flagrante des derniers albums, comme si une page était tournée. L’enchaînement ''The Essence of Silence'' – ''Universal Death Squad'' est l'exemple parfait du nouvel Epica et la pièce de presque douze minutes ‘’The Holographic Principle - A Profound Understanding of Reality’’ nous emporte du début à la fin, malgré un dosage des chœurs un poil too much.
 


Servis par un son puissant et clair où personne n’est mis de côté (mention spéciale à la basse de Rob van der Loo), la redécouverte de certains titres se fait avec bonheur, sans regret de l'absence de quelques anciens morceaux moins efficaces. On est à des années lumières du rendu live d'un concert récent de Within Temptation par exemple: les guitares occupent une place importante avec un vrai rendu live brut et assez violent par moment, les bandes restant clairement au second plan, soutenant le travail du groupe.
 


Le public bordelais est très attentif mais obéissant, réactif aux nombreux appels de Simone et de Mark Jansen. Coen Janssen viendra encourager les premiers rangs avec son clavier portable, et le désormais obligatoire wall of death de ‘’Consign to Oblivion’’ sera de la partie. Malgré une setlist pas vraiment longue, le groupe prend le temps d’échanger entre les titres, rappelant son amour pour la France et que notre pays aura toujours sa place dans leurs tournées.
 


Nouveau pari tenu pour les Hollandais, capables de remplir un Zénith comme les salles moyennes en province lors de tournées chargées. Aucune redite, une spontanéité qui fait plaisir à voir et un véritable rendu live, Epica s'éloigne de l'image du groupe de metal mélodique à chanteuse blasé et loin de son public après tant d'années, la majorité du groupe étant présente quelques minutes après le show à l'entrée de la salle pour des photos et dédicaces... Il faudra certainement attendre quelques mois avant un retour d'Epica en France, et nous serons encore au rendez-vous.

Setlist:

Eidola
Edge of the Blade
Unleashed
Fight Your Demons
The Essence of Silence
Universal Death Squad
The Holographic Principle - A Profund Understand of Reality
Reverence
Unchain Utopia
Cry for the Moon
-
Sancta Terra
Beyond the Matrix
Consign to Oblivion

Crédit photo: Draksmoon - Julie Warnier
Utilisation interdite sans accord du photographe.
 

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