Primordial (+ Moonsorrow & Der Weg Einer Freiheit) au Trabendo (14.04.2018)


On est habitué à voir Primordial passer régulièrement dans la capitale mais ce concert au Trabendo revêtait un caractère particulier à plus d’un titre. D’abord, les Irlandais ont un nouvel album à défendre, l’excellent Exile Amongst the Ruin et ils emmènent avec eux deux groupes capable de tenir une tête d’affiche : Moonsorrow et Der Weg Einer Freiheit. Ce soir, les trois groupes ont ramené leurs propres fans sans que ces derniers connaissent beaucoup les autres et le succès est bien au rendez-vous avec un concert complet.


Der Weg Einer Freiheit
 

Après un concert triomphal complet au Petit Bain il y a six mois, on retrouve les Allemands de Der Weg Einer Freiheit dans une position bien différente. Cette fois, la bande de Wurzburg ouvre la soirée, montant sur scène seulement dix minutes après l’ouverture des portes ! Forcément, la salle sonne un peu creux lorsque démarre « Einkehr » mais la fosse va vite se remplir et prouver que Der Weg a décidément une bonne notoriété chez nous, surtout depuis la sortie de Finisterre.
 

Der weg einer freiheit, trabendo, paris, 2018, nikita kamprad


45 minutes de temps de jeu, ce n’est pas mal mais c’est loin d’être suffisant pour balayer la discographie du groupe. On aura donc droit à un best-of avec « Einkehr » et son riff sublime, « Skepsis Part.1 » et le surprenant « Requiem », préféré à « Repulsion » sur cette tournée. Le rouleau compresseur habituel est en marche et les fans en prennent plein les oreilles et les yeux avec les lumières épileptiques accompagnant les blasts rapides de Tobias Schuler. Pour les autres, la découverte doit être un peu difficile car le son n’est pas optimal et sans connaitre les chansons on peut vite se retrouver à n’entendre qu’un blast beat sans fin.


Nico Ziska, Der weg einer freiheit, paris, 2018, trabendo

Mais pour qui sait tendre l’oreille, le black metal du groupe révèle tout son potentiel en live, sous les cris déchirants de Nikita Kamprad absolument parfait dans le double-rôle guitariste/chanteur. Il communique davantage avec son public qu’auparavant et les Parisiens le lui rendent bien en accueillant comme il se doit tous les titres. Au milieu des blasts beats on a parfois droit à des jolis passages plus atmosphériques qui font aussi tout le sel d’une compo de DWEF.

Pour conclure, les Allemands jouent le single « Aufbruch », déjà très bon en studio mais qui prend une autre dimension en live, notamment grâce au chant clair de Nico Ziska et aux ambiances magnifiques créées par le tandem de guitares. Personne n’a vu le temps passer, comme d’habitude Der Weg a livré une performance dantesque et aura sûrement pu convaincre une partie du public de Moonsorrow et Primordial. On ne se lasse décidément pas de voir ces quatre Teutons sur scène.

Setlist:
Einkehr
Skepsis, Part I
Zeichen
Requiem
Aufbruch

Moonsorrow
 


Les fans de DWEF quittent le premier rang et laissent la place à ceux de Moonsorrow, un turnover assez rare mais qui se poursuivra toute la soirée, preuve qu’on est bien devant un plateau des plus variés. Pendant le soundcheck des Finlandais, on aura droit à une bande sonore assez étrange d’un Finlandais bien éméché pestant dans sa langue à grand coups de « Perkele ». De quoi déstabiliser un peu l’audience mais le groupe va vite remettre les pendules à l’heure.

Il y a quelques années, Moonsorrow était rare en France, ce n’est plus le cas maintenant mais c’est toujours un plaisir de les voir sur une scène ici. Les fans sont présents en nombre et le son est bien plus équilibré que pour Der Weg, de quoi mettre tout le monde en bonne condition pour « Pimeä », titre d’introduction de près de quinze minutes. Il faut s’y faire, il s’agit de la durée standard pour le pagan progressif de Moonsorrow et les Finlandais n’ont le temps de n’en jouer que six sur un set généreux d’1h15.
 

Moonsorrow, Paris, 2018, trabendo, garmonbozia

Impossible de nier le charisme des membres et notamment de Ville Sorvali, frontman plein de flegme. Il s’adresse davantage au public que d’habitude avec notamment ces petites blagues pince sans-rire dont les Nordiques ont le secret. Les Finlandais déploient un panel d’ambiances variées, notamment des chœurs solennels très réussis où chacun donne de sa personne, même le batteur Marko Tarvonen donne de la voix avec un chant des plus appréciables.

Comme souvent, la présence d’un vrai claviériste en la personne de Markus Euren paye et les parties ambiantes sont beaucoup plus convaincantes lorsque ce n’est pas un ordinateur qui les joue. Côté mention spéciale, on peut également citer Mitja Harvilahti qui s’éclate véritablement à la guitare, s’offrant même un solo bien senti en milieu de set.

Moonsorrow, Ville sorvali, 2018, trabendo, paris

Au bout d’une heure de set, on se dit que le tout commence tout de même à devenir long pour une première partie, surtout pour ceux n’ayant pas pu apprécier les albums studio avant le live. C’est le moment choisi par Ville pour annoncer la dernière chanson, un « Kuolleiden maa » endiablé sur lequel Ville et Janne viennent donner de leur personne vers le premier rang, une attention appréciée par beaucoup.

Moonsorrow n’a pas donné un mauvais concert mais est simplement à la mauvaise place, coincé entre le rouleau compresseur allemand et la furie irlandaise. On retiendra un moment qui aura ravi les fans mais ne restera pas comme le point d’orgue de la soirée.

Setlist:
Pimeä
Ruttolehto incl. Päivättömän päivän kansa
Suden tunti
Kivenkantaja
Mimisbrunn
Kuolleiden maa

Primordial

 


Revoilà donc Primordial à Paris, terrain que les Irlandais connaissent bien. Cette fois il s’agit de présenter le petit nouveau Exile Amongst The Ruin sorti il y a à peine deux semaines. « Nail Their Tongues » ouvre le concert et on est tout de suite plongé dans tout ce qui fait le sel de Primordial, avec des riffs et un chant toujours aussi unique dans la scène black/pagan.

Primordial, Nemtheanga, Alan Averill, Trabendo, Paris, 2018


Evidemment, le public ne connait pas encore sur le bout des doigts les titres du petit nouveau et reste un peu passif en début de concert. Ça ne va pas durer puisque Nemtheanga annonce « Gods to the Godless » dès le deuxième titre, petit bijou de 2000 bien connu des fans. Le son est le meilleur de la soirée et permet d’entendre la classe de chaque musicien. Si ces derniers restent dans l’ombre pour laisser tous les regards se poser sur Nemtheanga, ce qu’ils réalisent sur le plan musical est assez prodigieux. La basse de Pól MacAmlaigh se fait entendre et le garçon nous gratifie d’un jeu étonnant de créativité, pendant que les guitares de Ciáran MacUiliam et Micheál O'Floinn sont incisives tout en se permettant des détours loin du carcan metal, lorgnant vers la folk ou le prog.
 

Primordial, live, trabendo, paris, 2018, garmonbozia


Mais c’est donc bien le frontman qui capte l’attention de tout le monde avec son charisme toujours aussi efficace. On le retrouve souvent tout contre la barrière pour venir célébrer avec ses fans ou descendant une bouteille de rouge posée sur la scène. Mais malgré l’alcool son chant clair est impressionnant de justesse, on se croirait presque sur l’album. Pour les growls c’est un peu plus compliqué malheureusement mais ils se font de toute façon très rares dans la musique de Primordial désormais.

Pas de surprise niveau setlist, en plus des titres du nouvel album on reste sur des classiques qui ont fait leurs preuves au fil des années. « No Grave Deep Enough » et « Coffin Ships » remportent les faveurs du public et un moshpit commence à se créer. Le plus étonnant (et Nemtheanga ne manquera pas de le souligner) c’est cette vague de slammeurs arrivant vers la scène sur le titre pourtant le plus calme du set, « Stolen Years ».

Primordial, Nemtheanga, Alan Averill, Paris, 2018, trabendo

Du nouvel album, « To Hell or The Hangman » tire son épingle du jeu avec un refrain incisif. On est un peu surpris que "Where Greater Men Have Fallen" ait totalement disparu de la setlist, Primordial en aurait-il assez de jouer ces titres pourtant plutôt récents ? Peut-être, en tout cas on ne se pose pas la question longtemps lorsque débarque ce dantesque « As Rome Burns », sur lequel la partie psalmodiée est entamée par toute la salle.

Il est assez amusant de voir Nemtheanga trimballer son livre d’antisèches pour les paroles sur quelques chansons. Après tout mieux vaut ça que d’avoir des trous de mémoires. Contrairement à Moonsorrow, le temps est passé à une vitesse folle et nous voilà déjà face à l’éternel « Empire Falls » pour terminer ce show des Irlandais. Quelques fans du premier rang on droit au micro pour les screams puis Primordial se retirer malgré les protestations du public qui en aurait visiblement bien repris une petite demi-heure.

Alan Averill, Nemtheanga, Primordial, Trabendo, Paris, 2018


Ce soir, Primordial aura su rester maître de sa soirée, malgré des premières parties qui auraient pu lui faire concurrence. Le groupe a livré une très grosse performance, on en a l’habitude mais il y avait bien un petit truc en plus, des conditions qui ont rendu ce show particulièrement efficace. Au vu de sa riche discographie, il y aura toujours des déçus niveau setlist mais globalement tout le monde ressort ravi de la salle et on reprendra avec plaisir notre dose de pagan irlandais dès que l’occasion se représentera. 

Setlist:
Nail Their Tongues
Gods to the Godless
Exile Amongst the Ruins
No Grave Deep Enough
To Hell or the Hangman
As Rome Burns
Stolen Years
Traitors Gate
Upon Our Spiritual Deathbed
The Coffin Ships
Empire Falls


Photographies : © Lionel / Born666 2018
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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