Foo Fighters au Download 2018

Dimanche 17 Juin - Main Stage 1 - 21h

Foo Fighters (rock alternatif)

Quand l'Amerique aime la broderie...

Il est peu de dire que les Foo Fighters étaient attendus de pied ferme pour ce troisième jour en Essonne ! La dernière tournée française du groupe, déjà peu présent dans l’Hexagone, avait été annulée suite aux attentats de 2015. Alors les dizaines de milliers de personnes rassemblées à Brétigny, des plus vieux aux plus jeunes, espèraient bien rattraper le temps perdu.

Le public qui attend l’arrivée de Dave Grohl et ses potes est plus familial que pour les autres concerts du week-end : moins de métalleux et, niveau âge, plus de quadras voire plus vieux qui ont vécu en direct la carrière de Nirvana.


La tension monte un peu sans plus jusqu'à ce que le groupe débarque sur scène et commence à faire rugir ses instruments, tandis que Dave Grohl chauffe le public dès son apparition sur scène. La formation part alors à fond sur un "All My Life" ébouriffant, même si Grohl a tendance à s’essouffler sur les refrains… mais le public chante tellement fort qu’il y fait à peine attention.
 

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Les Foo Fighters sont lancés, impossible de les arrêter, ils semblent nés sur scène et pour la scène. Dave Grohl est littéralement déchaîné, il court d’un côté à l’autre de la scène comme s’il s’agissait d’un terrain de foot (mais plus France – Argentine que France – Danemark), s’époumone sur tous les morceaux, rugit en maintes occasions et avec beaucoup de conviction, et  galvanise le public avec des interventions environ toutes les deux minutes, qui vont du simple "Faites plus de bruit" au discours complet sur la genèse d’une chanson... Mais toujours en anglais, il n'a pas jugé bon d'apprendre quelques phrases en français, contrairement à d'autres. Quoi qu'il en soit, il est visiblement là pour les fans, et surtout les plus anciens, qu’il met en valeur à plusieurs reprises, comme par exemple sur "My Hero" : "On va jouer une chanson pour les vieux fans, les fans récents, faites comme les vieux !"

Tout le  groupe a l’air content d’être là et de jouer ensemble, et s’il rend aussi bien sur scène, c’est aussi grâce à ses chansons. En effet, tandis que les morceaux se succèdent, on comprend pourquoi le groupe compte autant dans le paysage rock mondial : le style du groupe, souvent décrit comme un mélange post grunge / rock alternatif / hard rock, est parfait pour le live, et son répertoire déborde de tubes par tous les côtés : "Learn To Fly", "The Pretender", "My Hero", "Best of You"… on ne compte plus les chansons qui font partie du paysage, qui ont été la bande-son d’un moment charnière de dans la vie d’une grande partie des spectateurs. Résultat, en 2h30, le concert ressemble plus à un énorme best-of jouissif qu’à la défense de Concrete And Gold, le pourtant excellent dernier album des Américains. Quatre titres sur vingt en sont issus, dont deux sont expédiés dès le début du concert, "Run" et "The Sky Is a Neighborhood".


Enfin, expédiés… on ne peut pas dire que les Foo Fighters connaissent réellement cette expression. Une bonne partie de leurs morceaux est retravaillée pour sonner différemment comparé aux albums ("My Hero", "Walk", "Best of You"..), et vu la popularité des morceaux, cela évite au set de ressembler à une compilation sans saveur.

Et le groupe s’éclate tellement sur scène qu’il allonge ses morceaux à l’infini, permettant aux uns et aux autres d’enchaîner des soli, de faire crier le public ou d’arpenter la scène d’un air inspiré. Si cela montre que dans le groupe, il y a de vrais musiciens capables de broder autour des chansons même les plus basiques, le groupe abuse un peu du procédé, au risque parfois de ralentir le rythme du concert – il aurait facilement pu jouer trois ou quatre chansons de plus en réduisant la broderie.


Mais les Américains ne se contentent pas d’être généreux avec leurs propres chansons, ils offrent aussi une flopée de reprises, de la plus classique à la plus délirante. Et ces reprises sont l’occasion de mettre les points sur les i en rappelant que non, les Foo Fighters, ce n’est pas "Dave Grohl et son backing band", en offrant à chaque musicien son moment de gloire. Le guitariste Chris Shiflett prend le micro sur "Under My Wheels", d’Alice Cooper, et s’en tire plus qu’honorablement, tandis que le bassiste Nate Mendell, le guitariste Pat Smear et le claviériste Rami Jaffee font la démonstration de leurs talents de musiciens sur respectivement "Another One Bites the Dust" de Queen, "Blitzkrieg Bop" des Ramones et "Jump" de Van Halen – mention spéciale à ce dernier, jouer "Jump" au clavier sur la mélodie d’"Imagine" de Lennon, il fallait y penser !

Mais le seul presque autant mis en avant que Grohl reste Taylor Hawkins (un complot de batteurs ?). Outre une batterie qui s’élève à dix mètres du sol sur "The Sky IS A Neighborhood" (logique) pour pouvoir ensuite se faire un solo sur "Rope" (c’est toujours mieux joué quand on est suspendu dans le vide), Hawkins pique plusieurs fois la place de vocaliste à Grohl, que ce soit sur "Sunday Rain", morceau bluesy-crooneresque issu de Concrete and Gold, ou sur "Another One Bites the Dust". Et comme le bougre chante bien (il faut dire qu’il  a son propre projet parallèle), il interprète même "Under Pressure", de David Bowie et Freddie Mercury, en duo avec Luke Spiller des Struts, pour un résultat franchement saisissant, et qui donne l'occasion à Dave Grohl de renouer avec ses premières amours à la batterie.


En deux heures et demie de concert, le groupe ne livre pas un résultat parfait : certaines chansons trainent trop en longueur, d’autres sont plus dispensables, le groupe s’en tient à ses tubes sans proposer de vraie rareté et oublie carrément certains albums comme Sonic Highways… sans compter la tendance exaspérante du chanteur à machonner son chewing-gum en permanence. Mais le groupe occupe la scène comme personne et sait faire plaisir à ses fans et mener un spectacle d’un bout à l’autre. Il le montre en concluant avec deux de ses plus gros succès, "Times Like These" et "Everlong". S’il est dommage que le groupe vienne si peu dans l'Hexagone, au moins le public en a pour son argent quand les Américains daignent se déplacer en France !

Setlist
•  All My Life
•  Run
•  Learn to Fly
•  The Pretender
•  The Sky Is a Neighborhood
•  Rope
•  Sunday Rain
•  My Hero
•  These Days
•  Walk
•  Under My Wheels (reprise d'Alice Cooper)
•  Another One Bites the Dust / It's So Easy / (reprises de Queen et Guns'n'Roses, premier couplet)
• Jump (reprise de Van Halen sur la mélodie d'Imagine de Lennon)
•  Blitzkrieg Bop (reprise des Ramones)
•  Under Pressure (reprise de Queen)
•  Monkey Wrench
•  Wheels
•  Breakout 
•  Dirty Water
•  Best of You
---
•  Times Like These (+ intro de Stairway To Heaven au début)
•  Everlong

Photos : Lukas Guidet. Reproduction interdite sans autorisation du photographe

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