Wardruna – Château des Ducs de Bretagne (Nantes) – 29/09/18

Il y aura eu un avant et un après. Il y aura eu ceux qui y étaient et ceux qui regretteront. Il y aura eu Wardruna, un soir d’automne, dans un décor de rêve.
 

Nous vous le racontons ici…

14 mars 2018. Une surprise de taille, et pourtant si discrètement annoncée, va faire l’effet d’un ouragan dans le monde de la musique metal. Dans le cadre de l’exposition "Nous les appelons Vikings", le Château des Ducs de Bretagne, en partenariat avec le Hellfest et Garmonbozia, fera venir sur scène Wardruna, pour un concert unique dans un cadre magique et plein d’histoire.

C’est ce qu’Einar Selvik et ses musiciens sont venus nous livrer ce soir du 29 septembre 2018. Une histoire racontée par un groupe norvégien, celle d’un peuple fier et fort, dans un château lui-même truffé de souvenirs de l’histoire de Bretagne. On ne pouvait rêver meilleur endroit pour écouter la prestation de Wardruna.

Quelques heures seulement. C’est ce qu’il aura fallu pour vendre l’intégralité des 3000 places … et pour briser le rêve de celles et ceux qui n’auront pas eu la sagesse d’en acheter assez vite.

L’exposition offre en elle-même une bonne entrée en matière du sujet. Malgré la complexité de se référencer sur le domaine, le Château des Ducs de Bretagne a mis les petits plats dans les grands, évitant de perdre les néophytes au profit des amoureux d’histoire. Habits, armes, agriculture, navigation, les thèmes ne manquent pas, avec des pièces splendides mises à la disposition du regard curieux des spectateurs.

Pendant ce temps-là, la scène se monte doucement, mais sûrement. Les balances terminées, des petits malins s’approchent déjà de la crash barrière afin d’être parmi les premiers à voir les Norvégiens. Erreur. Nous sommes toutes et tous invité à quitter les lieux dès 18h00 pour entrer de nouveau à 18h30.

L’attente se fait dans une ambiance chaleureuse, le château ayant tout prévu pour l’accueil des fans : stand de débit de boissons, de nourriture, merch (vite pris d'assaut) : c’est bel et bien un mini festival qui se profile à l’horizon. De longues tables et bancs sont mis à la disposition de tout le monde, pour se restaurer dans une atmosphère conviviale. Une bande son atmosphérique est diffusée, pour occuper les quelques centaines de spectateurs ne voulant pas participer aux festivités, en préférant s'amasser devant la scène en attendant Wardruna.


"D’un cœur à un autre"


20h45 : les lumières sont tamisées et laissent place au groupe, alors que la nuit est maintenant tombée sur l’enceinte du château. La scène se trouve être côté ouest de la cour, cette dernière étant utilisée pour accueillir les 3000 personnes rassemblée devant le groupe. Pas de réelles surprises sur le décor, avec un backdrop classique, utilisé pour tous leurs shows. Il ne manquera que les torches ce soir, mais...comment vous le dire sans vous faire regretter de ne pas être venue ?

En regardant en face de vous, vous avez Wardruna, en direct, sur une scène d’une belle taille, et dont la visibilité est accessible à tous. À droite, les murs du château, avec le grand logis, le Grand Gouvernement (avec son escalier d’où certains spectateurs contempleront l’intégralité du set) et la tour de la couronne d’or. À gauche (côté Nord) la conciergerie, le Petit Gouvernement et plus en retrait, le bastion St Louis. Enfin, derrière nous, le vieux donjon et le bastion St Pierre.

On ne pourrait trouver une meilleure place que celle-ci ce soir.

Wardruna entame le spectacle avec la valeur sûre : "Tyr". Extrait de leur dernier album, Runaljod - Ragnarok, ce titre ne peut être qu’une évidence pour débuter ce concert :
 

"Tyr est son nom
Le dieu à une main
Nourrisseur du loup
Roi du château."


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Dieu très important dans la mythologie nordique, il est le référent en justice et le dieu du ciel. Et le ciel étoilé suffit à ajouter encore au charme de cette soirée qui n’en est qu’à ses prémices.

Sans emprunter un chemin chronologique, Wardruna souhaite tout de même faire profiter à ses fans d’un panel complet de leurs trois albums. Car oui, ce soir, le concert n’est pas pour la découverte ou les curieux. Il s’agit bien d’un live pour les fans. Les spectateurs connaissent bien Wardruna, Einar, voire même la mythologie nordique.

Pour preuve, et en se répétant, la rapidité avec laquelle les places se sont vendues. 3000 fans, parmi lesquels on distingue une approche plus spirituelle pour certaines des compositions et de la cérémonie offerte ce soir par les musiciens du Nord.

Ainsi, nous contemplons une jeune fille, les yeux fermés, une larme coulant délicatement sur sa joue droite. Isolée, elle ne peut retenir cette émotion transmise par "Runaljod" ou "Rotlaust Tre Fell".

Peu de devil’s horns. À la place, ce sont des bras grands ouverts à la scène qui envahissent la fosse. Une sorte d’ouverture, d’accord, pour que l’esprit soit plus réceptif à cette musique. D’ailleurs, notre photographe, qui passa sa soirée à chercher les meilleurs angles pour immortaliser ces instants, assistera à une conversation peu banale, où des salariés du château s’interrogent sur le calme de la foule : "Ils vont rester aussi calme toute la soirée ?"

Oui, messieurs-dames, le monde du metal est très grand. Oubliez les clichés, faites tomber les barrières et découvrez à quel point vos oreilles sont passées à côté de tant de choses !

Mais revenons à l’essentiel. La prestation du groupe est somptueuse et l’équilibre est parfait. Quand Einar termine son couplet sur une note aigüe, Lindy Fay Hella, seconde chanteuse, assure le relais, pour terminer sur une osmose sans contrainte.

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Un ascenseur émotionnel. Un mélange de bien-être, de tristesse puis de paix. C’est tout cela que procure la musique de Wardruna. Chaque composition a son histoire, est une ôde cérémonielle à leurs ancêtres, et envoûte. "Odal", et cette vision tellement poétique de la famille. "Raido" et cette charge émotionnelle qui vous transperce, même si vous ne comprenez pas l'ancien norrois. Alors, quand vient le moment du dernier morceau, la foule s’attriste. Nous ne les reverrons peut-être pas tout de suite. Par la voix de Einar, la bande nous confirme sa stupéfaction de jouer devant un public aussi nombreux et réceptif.

"Helvegen", l’une de leur plus belle création, doit donc clore la soirée. Le passage de la vie à la mort à travers un poème fait de doutes et de vérité :
 

"Le troupeau meurt, les parents meurent,
on meurt aussi,
Une seule ne se perd jamais,
Le jugement tenu sur chaque trépassé."


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C’est ainsi que s’achève cette histoire, dans des applaudissements et des cris de joies provoqués par 3000 fans. Mais, tandis que le groupe, ovationné, descend de la scène, un membre n’arrive pas à nous quitter. Einar, trop ému par cette symbiose, ne peut nous laisser sur une telle fin, si grandiose soit-elle. Il faut marquer à jamais cette venue de Wardruna.

"Un dernier titre alors...mais nous devons être très silencieux." Des cris continuent de se faire entendre. "Je peux attendre". La foule comprend alors et on ne distingue plus que les "chut !" répétés de façon systématique autour de nous.

Les premières notes nous rappellent bien quelque chose..."Völuspá" ! Le poème le plus connu de la mythologie scandinave, dont l’interprétation de courte durée faite en solo par Einar Selvik avec sa Kravik Lyre, laisse sans voix. L’assistance est plongée dans un silence respectueux. Puis, lorsque la dernière note s’estompe, se mêlent alors applaudissements et hurlements.

"Merci infiniment d’être venus. Cela signifie beaucoup pour nous. D’un cœur à un autre...je suppose, jusqu’à la prochaine fois. Passez tous une belle soirée. Sköll !"

Certains pleurent, d'autres s'enlassent, mais une chose est commune à tout le monde : nous avons vécu une expérience inédite et incroyable. Aussitôt le concert terminé que les musiciens proposent aux fans, via une séance de signing session, de les rencontrer, de faire signer leurs albums, tee shirts ou de prendre une photo souvenir. Personne ne sera oublié.

Il y a ceux qui l'ont manqué, et il y a ceux qui y étaient, confiant qu’ils ont vécu là l’un des plus beaux shows de cette année 2018. Ils étaient 3000, seulement, à pouvoir communier avec Wardruna ce soir. Et nous avons eu la chance d'en faire partie.

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Setlist :

Tyr
Wunjo
Bjarkan
Hagal
Runaljod
Raido
Isa
Jara
Algir - Stien klarnar
Dagr
Rotlaust tre fell
Fehu
NaudiR
Odal
Helvegen
--
Völuspá (Solo de Einar)
 

Merci infiniment au Château des Ducs de Bretagne et à Garmonbozia.
Toutes les photos sont disponibles ici.
Photos par Nidhal Marzouk. Toute reproduction interdite.

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