Never Say Die Tour 2018 (Being as an ocean, Northlane…) au Trabendo (03.11.2018)

Chaque automne, c'est la tournée dont les fans de metalcore attendent l'annonce avec impatience. Le Never Say Die Tour proposé par Impericon emmène tous les ans sept groupes en tournée en choisissant parmi les pointures du style. Après quelques années passées du côté deathcore de la force, on revient cette année à un line-up plus axé hardcore mélodique avec la présence notamment de Being as an Ocean, Casey et Alazka. Récit de la date parisienne qui se tenait le 3 novembre au Trabendo.

Thousand Below

Il n'est jamais facile d'ouvrir un line-up à sept groupes, surtout lorsque le set démarre à 17h30. Pourtant la salle est loin d'être vide lorsque Thousand Below monte sur scène, preuve que le combo californien a déjà une petite réputation malgré une formation il y a moins de deux ans. Musicalement, on est en plein dans le revival post-hardcore 2008 (sans les mèches malheureusement) avec un chant clair qui rappelle l'époque ou blessthefall ou Asking Alexandria remplissaient de grandes salles. Le tout posé sur des compositions rappelant des groupes comme Devil Sold His Soul avec tout de même moins de talent.

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On sent que le groupe tente de se battre contre le son plutôt brouillon en ce début de soirée et nul doute que les conditions auraient pu être meilleures pour eux. En attendant, le chanteur James DeBerg s'égosille de façon plutôt convaincante mais s'il est parfois complètement faux tout comme son guitariste qui lui n'aura pas lancé une seule note juste au chant de la soirée. Malgré cela, on sent que Thousand Below a du potentiel et qu'ils peuvent faire leur trou dans une scène qui commence à manquer de candidats crédibles. A voir ce que cela donne à l'avenir.

Un petit moshpit s'est déjà formé et James s'amuse de la forme bizarre de la fosse pour demander un « triangle pit », exécuté à la perfection par le Trabendo. Sur cette touche d'humour et après à peine plus de 20 minutes de set, les Américains s'en vont. On les reverra très probablement bientôt en Europe pour s'en faire une meilleure idée.

Currents

Avec Currents, on a affaire à un groupe un peu plus expérimenté, déjà passé par la capitale avec Miss May I en début d'année. Guitares sept cordes et accordages bas, on est bien face au groupe le plus énervé de la soirée. Le metalcore/djent des Américains ne présente pas grand chose d'original mais fait mouche facilement grâce à des membres parfaitement en place. On apprécie de voir le niveau technique des guitaristes et de voir la majorité des notes jouées, contrairement à pas mal de groupes de metalcore qui samplent leurs parties en tapping.

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Le scream de Brian Wille est puissant mais il atteint ses limites avec un chant clair à la limite du catastrophique. Cela ne semble pas perturber le public qui réserve un bel accueil au groupe du Connecticut, certains fans chantant même les paroles. Le nouveau titre « Into Despair » fait forte impression avec son blast beat en introduction et le futur de Currents semble assuré.

Certains breaks manquent un peu de mordant et sont un peu faciles mais le groupe est encore jeune et a certainement encore beaucoup à montrer. Sur ces 25 minutes, ils ont en tout cas bien tiré leur épingle du jeu.


Polar

Polar revient sur le Never Say Die, deux ans après avoir ouvert la tournée, ils se retrouvent maintenant en troisième position. On est content de voir les Anglais, seuls vrais représentants de la scène hardcore sur la tournée et on retrouve avec joie leur très bonne présence scénique.

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Le problème, c'est que Polar a décidé d'axer son set sur les nouveaux titres : le moyen « Breathe » en ouverture, le très bon « Drive » pour la suite et une autre nouvelle composition pas encore sortie. Le pari est osé mais sur un set de seulement trente minutes, on reste sur sa faim puisque ces nouveaux titres pas encore connus des fans remplacent des incontournables comme « Black Days ». En dehors de ça, Polar fait du Polar et on retrouve des titres diablement efficaces comme « Tidal Waves and Hurricanes » ou « Destroy ». Adam Woodford n'hésite pas à venir aux barrières pour faire participer les fans qui semblent aujourd'hui nombreux, plus en tout cas que lors du dernier passage du groupe avec Parkway Drive.

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Pas de stagedives ni de slams mais le public parisien donne tout de même à Polar une ambiance digne de ce nom. Les guitaristes s'occupent des singalongs et le potentiel hymnesque de tous les titres des Anglais se révèle encore davantage en live. Pour finir, c'est le classique « Blood For Blood » et son intro hyper efficace qui viennent terminer les nuques des Parisiens. Le set était très bon comme d'habitude avec Polar mais le pari de présenter des nouveaux titres dans cette configuration a fait un petit flop. A suivre en 2019 une fois que l'album sera sorti.

Setlist:
Breathe
Drive
Tidal Waves and Hurricane
Midnight
Destroy
Blood for Blood

Casey

Changement d'ambiance total avec les Gallois de Casey, pour lesquels nous n'avons aucune objectivité à La Grosse Radio. Toujours avec cet humour absurde qui le caractérise, Tom Weaver arrive en pyjama pour chanter et nous déclare rapidement « Nous sommes 60% du groupe qu'on appelle Casey ». En effet, Max (batterie) et Liam (guitare) manquent à l'appel mais même dans ces conditions pas évidentes, le groupe va se sublimer.

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On voit les membres du groupe surpris de voir la salle reprendre fort les paroles. Il faut dire que depuis la dernière fois, la popularité de Casey a décuplé et le sourire esquissé par les membres en dit long. La setlist est parfaitement construite et va chercher le meilleur des deux albums et de l'EP du groupe avec un début sur « Bloom » enchaîné avec « Bruise » et « Fade ». La reverb de Toby Evans nous colle la chair de poule et le chant de Tom est particulièrement juste, que ce soit en chant clair ou en growl. On sait le frontman parfois victime d'anxiété lorsqu'il est sur scène mais ce soir il paraît plus à l'aise, sans être exubérant bien sûr.

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Le son ne semble pas totalement convenir aux membres du groupe et Tom fait souvent des aller-retours entre la scène et la régie pour corriger les soucis. Moment d'émotion intense sur « Fluorescents » où la voix du public se fait plus forte que jamais et se fond avec celle de Tom. Globalement, le dernier album semble avoir eu moins de succès que les anciens titres de Casey mais l'équilibre dans la setlist est plutôt bon. C'est avec plaisir qu'on entend les premières notes de l'incontournable « Hell » pour finir le concert.

Casey est un groupe à part dans la scène melodic hardcore et ce set l'a une nouvelle fois confirmé de façon éclatante. Il est désormais plus que temps que les Gallois viennent à Paris en tête d'affiche.

Setlist:
Bloom
Bruise
Fade
Phosphenes
Fluorescents
Hell

Alazka

Vous connaissiez peut-être Alazka sous leur ancien nom, Burning Down Alaska. Peu de choses ont changé du côté des six Allemands mais ils ont sorti un très bon album Phoenix qu'ils défendent pour la première fois sur une scène parisienne.

La musique du groupe est assez originale puisqu'elle mêle hardcore mélodique et pop de façon très poussée. Au chant, cela se traduit par deux chanteurs, Tobias s'occupant du scream et Kassim avec une voix très pop, n'hésitant pas à en faire des caisses à coups de trémolos à tout va. Là aussi, on sent les membres tout surpris lorsque la fosse leur renvoie les paroles de « Ghost » et le set va se passer dans une ambiance beaucoup plus aboutie que celle des groupes précédents.

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Tobias et Kassim ne lâchent jamais leur public. On les avait vus en plein milieu de la foule au Jera on Air et on les retrouve ici collés aux barrières pendant toutes la durée du set, chantant à quelques centimètres des premiers rangs et rattrapant les slammeurs. Ceux ci commencent à se faire plus nombreux et on constate la barrière accentue le danger alors qu'elle est censée le diminuer. Des spectateurs se jettent depuis la scène ou atterrissent dans le pit photo la tête la première puisqu'il n'y a pas d'équipe sécurité pour rattaper.

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En dehors de ça, Alazka nous prouve une nouvelle fois qu'il est l'un des groupes lives les plus solides du circuit. Des titres pas forcément incroyables en studio comme « Hearts of Gold » ou « Phoenix » sont sublimés et des tubes comme « Ghost » ou « Empty Throne » dévoilent tout leur potentiel. Tout ça malgré l'absence de leur meilleur titre « The Witness ». Leur place haute sur l'affiche était parfaitement méritée et on a hâte de les retrouver de nouveau à l'avenir.

Northlane

C'est l'automne en Europe et comme d'habitude Northlane revient en tournée. Cette fois-ci, les Australiens ne sont pas en tête d'affiche mais vont délivrer un set des plus classiques. Après une année à promouvoir Mesmer, le groupe a décidé de ressortir des vieux titres de l'époque Adrian Fitipaldes. Le set commence ainsi avec « Genesis » et « Scarab », un choix payant et audacieux, d'autant que Marcus Bridge est totalement capable de remplacer l'ancien frontman sur ces titres.

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Pour ceux qui avaient des inquiétudes sur le nouveau bassiste, aucun problème puisqu'il offre un jeu précis et encore plus spectaculaire qu'Alex Milovic. Pour le reste, on est sur du Northlane classique avec un Nic Petersen martyrisant ses fûts et un Josh Smith multipliant les sourires au premier rang. La seule chose différente, c'est les cheveux de Marcus Bridge.

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Le moshpit est déchaîné et offre la meilleure énergie de la soirée face aux lumières violettes caractéristiques de Northlane. Mais à chaque fois que le groupe est sur scène, on fait le même constat : on finit par s'ennuyer ferme en milieu de set. Le son n'est pas terrible et les breaks finissent par tomber à plat, par manque d'énergie ou de variété. Heureusement, les Australiens vont nous réveiller avec un nouveau titre en exclusivité : « Talking Heads ». Une seule écoute et on pense furieusement à Korn et au néo-metal des années 90 sur ce titre, prometteur pour le nouvel album. Puis comme toujours, le sempiternel « Set Me Free » de Quantum Flux vient conclure tout cela. Jusqu'au retour des Australiens d'ici six mois ou un an ?

Setlist:
Genesis
Scarab
Vultures
Rot
Colourwave
Worldeater
Citizen
Talking Heads
Intuition
Obelisk
Quantum Flux

Being as an ocean

Eux-aussi sont des habitués des routes européennes, Being as an ocean n’en finissent plus de tourner pour promouvoir l’excellent Waiting For Morning To Come. Leur dernier concert parisien avec Stick to Your Guns avait été un poil en demi-teinte et aujourd’hui ça ne commence pas mieux. Le premier titre « OK » est complètement raté à cause d’un problème de sample, le batteur n’est pas dans le rythme et les musiciens semblent très agacés. Une longue pause pour régler les problèmes techniques, ça ne part pas de la meilleure des manières.

Heureusement, les Américains ont de la ressource et vont tout de suite nous replonger dans leur univers avec un « Dissolve » émouvant où Michael McGough donne tout au chant clair. On ne sortira plus de l’univers de BAAO qui va faire un avec le public par l’intermédiaire de son frontman Joel Quartuccio.

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Comme d’habitude, on va avoir droit à uniquement des chansons du nouvel album pendant la première partie du concert. « Alone » et « Know My Name » de l’édition deluxe se sont ajoutés à la setlist et fonctionnent parfaitement en live grâce à une section rythmique plus dynamique. On retrouve les petites perles d’émotions que sont « Glow » ou « Black & Blue » ou au contraire les titres un peu moins percutants comme « Thorns ». Depuis le virage vers la pop des Américains, les deux guitaristes n’ont plus un rôle aussi proéminent qu’auparavant et cela laisse le champ libre aux cordes vocales de Michael. Le jeu de scène est toujours aussi sobre si on excepte bien sûr Joel.

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Joel semble vouloir faire oublier au public le début de concert chaotique et commence rapidement à investir la fosse du Trabendo pour chanter au milieu du public. On le sait coutumier du fait, mais voir le frontman hurler à quelques centimètres de soi est toujours une expérience aussi particulière. Le groupe enchaîne et finit par ressortir quelques pépites de son passé, « L’exquisite douleur » et « The Poets Cry For More ».

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Pour finir le concert, le classique « The Hardest Part » vient rappeler que Being As An Ocean était autrefois un groupe résolument plus heavy. Malgré un début de set raté, les Américains ont bien redressé la barre et nous ont offert un set superbe et plein d’émotion ce soir. Ils méritaient leur place de tête d’affiche de ce Never Say Die et on espère les retrouver bientôt avec un nouvel album.

Setlist:
OK
Dissolve
Black & Blue
Alone
Know My Name
Glow
Thorns
How We Both Wondrously Perish
The Poets Cry For More
L'exquisite Douleur
The Hardest Part Is Forgetting Those You Swore You Would Never Forget

Photos : Justinator / Justine Cadet 2018

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