Nightwish (+ Beast In Black) à  l’AccorHotels Arena (Paris) – 10.11.18

Habitués à voir les Finlandais se produire en France pour trois voire même cinq dates, les fans se sont rassemblés ce soir dans l’unique enceinte qui accueillera Nightwish pour le concert Decades, retraçant vingt ans d’histoire et de musique : l’AccorHotels Arena de Paris Bercy. L’heure n’était pas à la découverte, même si l’émerveillement était incontestable. Le moment était offert aux fans de la première heure, comme à ceux qui ne connaissent le groupe de metal symphonique que depuis peu, mais une chose est sûre : c’était un concert pour les fans, marqués par la nostalgie des premières notes de morceaux inédits en France comme ailleurs en Europe. Comme l’a dit Troy Donockley "Notre machine à voyager dans le temps vous plaît ?"

La salle est en configuration pour accueillir un peu plus de 12 000 personnes. Les rideaux ont été descendus sur les gradins du haut. Une fosse or, une fosse "normale" (une première pour Nightwish en France), les deux étant bien comblées pour cet événement unique.
 

Beast In Black


Beast In Black entre en scène à 19h20. Du temps déjà de Bercy, la ponctualité était de mise, et le changement de nom de l'enceinte ne dérogera pas à la règle. Présentant un power / heavy metal kitch à souhait, les Finlandais menés par l'ancien guitariste de Battle Beast, Anton Kabanen, nous propose des morceaux mélodieux sous le signe de la modernité et de la bonne humeur.
 


Avec un seul album en poche, Berserker sorti en 2017, on aurait pu penser que le set serait peut-être vide. Même s'il on notera une énergie sincère et une envie de se faire découvrir au public français, la mayonnaise ne prend pas, au point que même lorsque Yannis Papadopoulos, le chanteur de la bande, parle au public, celui-ci ne réagit que peu, ne l'écoutant parfois qu'à peine sans même daigner lui répondre.

 



Le son est bon, le visuel n'apporte malheureusement pas grand chose (un backdrop et deux autres sur les côtés avec respectivement "The Beast" et "Is Back") et malgré un bon contact avec les premiers rangs, on ne peut pas dire que les Finlandais auront marqués les esprits par leur passage.
 


Avec ce mélange de mélodies ancrées dans un synthétiseur de la fin des années 90 et une rythmique effrénée, mais répétitive, Beast In Black perd l'auditeur en cours de set, pour laisser une salle sur sa faim, avant de revenir comme headliner dans la capitale en mars 2019.

Setlist :

Beast in Black
Eternal Fire
Blood of a Lion
The Fifth Angel
Born Again
Ghost in the Rain
Crazy, Mad, Insane
Blind and Frozen
End of the World
 


Nightwish


20h40...Les lumières s'éteignent et le rideau tombe pour laisser place à une scène magnifique. Comme d'habitude, face à elle, on retrouve les claviers de Tuomas Holopainen sur la gauche, surélevé du reste de la scène. En face, se trouve la batterie de Kai Hatho, elle aussi surélevée, tout comme le petit coin aménagé spécialement pour que Troy Donockley puisse s'assoir et nous envouter avec ses ulian pipes. Un écran géant à la place du backdrop, et deux autres sous les claviers de Tuomas et la batterie...Mais pour quoi faire?
 


Après une brève introduction invitant chaque assistant à préserver la magie du spectacle (en limitant, voire même en prohibant, l'utilisation de téléphone portable pour filmer et mettre en ligne les vidéos), un compte à rebours d'une minute est lancé.

Les dix dernières secondes sont particulièrement suivies par la foule, qui fait le décompte jusqu'au moment fatidique du zéro, où Troy entame une version remastérisée de "Swanheart".
 


L'utilité des écrans sous les claviers er la batterie de Troy trouve alors toute sa valeur, avec un effet d'optique permettant de ne distinguer que les musiciens parmi ce décors tournant et mélancolique, l'artwork de Oceanborn sorti en ... 1998 !

À la fin de cette réinterprétation commence alors le "show" avec "Dark Chest Of Wonders" (en remplacement de "End Of All Hope", utilisé jusqu'à lors de la tournée US et des festivals), le morceau peut être le plus approprié pour commencer les concerts depuis 2004. Pyrotechnie et son puissant, les membres de Nightwish nous semble tout de même assez fatigués, à l'instar de Floor Jansen qui, peu de temps après le premier refrain, montre déjà des signes de faiblesse vocales peu habituelles chez la frontwoman.

 



C'est lors de "Wish I Had An Angel", titre certainement le plus connu des Finlandais, que l'on notera l'état de santé de Marco Hietala, bassiste et chanteur. Pourtant équipé d'un organe vocal puissant, Marco ne peut assurer l'entièreté des refrains, reprenant sa respiration, saturé dans les aigus, puis soutenu par Floor.

L'énergie est, quant à elle, bien intacte. Le voyage nous emporte vers des contrées lointaines, avec des morceaux peu joués en France, comme "10th Man Down" ou "Gethsemane" et sa mélodie entrainante, marquée par les débuts de Tuomas à la composition et cette envie de recherche de l'inédit.

 



Un réel effort a été fait sur les projections des écrans. On ne se contente pas de simples décors pour embelir la scène, mais de vidéos bien exploitées, proposant d'entrer dans des mondes différents (comme avec "Gethsemane" et la forêt dans laquelle on avance) ou "The Carpenter", plus joué dans une salle parisienne depuis...et bien jamais joué en fait ! Premier single de la bande à avoir été proposé au public, il s'agissait à la base d'un duo entre Tarja Turunen (première chanteuse du groupe) et ... Tuomas Holopainen ! C'est bien le seul morceau sur lequel il a accepté de poser sa voix, l'expérience ne lui ayant apparemment pas plu. Qu'importe, puisque ce soir, c'est Troy Donockley qui prête sa voix pour chanter :


"Qui es-tu?
Un homme condamné à faire briller le salut à
travers les siècles
Pourquoi?
Le vin du graal était-il
trop acide pour l'homme ?"

 

 


Tout comme sur "Elvenpath", ces réinterprétations sont rafraîchissantes (comparées au travail original qui, à l'époque présentait un intérêt mais qui ont vieilli et parfois mal), à la fois ponctuées de nostalgie et de poésie. Le seul bémol pourrait bien venir de Kai Hatho. Le batteur de Wintersun, remplaçant Jukka Nevalainen depuis Endless Forms Most Beautiful, y va de son petit (gros?) grain de sel. Et trop de trop tue le trop, au point de constater plusieurs ratés à répétition. Il faut parfois juste savoir rester dans le ton, s'en vouloir en donner plus que de raison au risque de se casser la figure.
 

 


Comme à l'accoutumé, Nightwish nous a préparé une version folklorique d'une composition finlandaise. Après le fameux "Finlandia", ayant servi la tournée Dark Passion Play Tour de 2009 et Imaginaerum World Tour en 2012, c'est au tour de "Elvenjig", un morceau traditionnel, revue dans une version folklorique qui nous est offerte. Troy fera monter le niveau d'un cran avec cette instrumentation si particulière et si cher à la culture celtique, qui, elle, ne vieillit pas.

Aucune envie de la bande de faire un retour en arrière chronologique. "Dead Boy's Poem" sera joué bien après "Elan", mais bien avant "I Want My Tears Back". Le choix est tout de même judicieux. "Dead Boy's Poem", une des compositions les plus emblématique de l'époque Tarja, est interprété par Floor sans fausse note, avec une magie renouvelée par ces petites attentions incrustée un peu partout, une version plus accoustique au début, pour aboutir vers quelque chose de très proche de l'original.
 

 


La foule apprécie grandement cette façon de présenter les titres. Le show passe à une grande vitesse, les morceaux s'enchaînant les uns derrière les autres dans une fluidité ahurissante, puisque chaque album de Nightwish traite d'une thématique bien différente. Pourtant, les combos ("The Kinslayer" + "Devil & the Deep Dark Ocean") engrangent des tonnerres d'applaudissement de la part de l'AccorHotels Arena, le public de Paris remerciant sans retenue la bande pour nous offrir ce qui se sera plus jamais offert durant leur carrière : un vrai retour aux sources. La voix de Floor, bien qu'en peine ce soir, se rapproche bien plus de celle de Tarja Turunen que Anette Olzon ne pouvait le faire.

Les immanquables sont au rendez-vous, sans réelles surprises, "Nemo" ayant perdu un peu de sa superbe à force d'être joué en concert et le charisme de Emppu Vuorinen, pourtant si proche avec les premiers rangs, est tombé en lambeaux depuis Imaginaerum. Emppu est absent, inexistant, malgré quelques solos inhérents aux anciennes compositions, mais où le guitariste se contente de faire le job, rien de plus.

 



Vient le moment le plus "metal" de la soirée, avec "Slaying The Dreamer", une véritable claque dans les gencives, tant par la puissance de ce morceau que par la prestation que le groupe en fait sur scène. C'est énergique, violent et tellement nostalgique. On croirait regarder le DVD End Of An Era.

Lorsque les premières notes de "The Greatest Show On Earth" se font entendre, c'est un silence de cathédrale qui envahit l'enceinte. Tuomas, habitué à rester dans une bulle lors de ses performances, ne déroge pas à la règle. Ses regards et sourires fuyants ne seront perceptibles qu'entre deux morceaux. Pendant ce temps-là, le claviériste jouant cette mélodie digne d'une bande original de film, Troy répète sa partition de guitare, rien n'ayant vraiment changé depuis la tournée Endless Forms Most Beautiful. Il s'agit tout de même d'un vrai plaisir que de pouvoir entendre cette œuvre tout droit sortie de l'esprit de Maestro Holopainen. Peut-être est-ce la dernière fois, ce dernier durant tout de même...18 minutes sans l'outro !

 



Proposant un fond étoilé, puis variant entre le commencement de la vie dans les profondeurs marines et celle proliférant sur terre jusqu'à l'époque moderne, la thématique est amplement respecté et coïncide avec ce que Nightwish voulait proposer à son public avec cet album. L'ultime "We Were Here" est scandé par la foule, unie, avant qu'une explosion ne vienne conclure cette ode à la musique.

C'est alors le moment d'admirer le sublime et non moins connu "Ghost Love Score", choisit par la bande pour clôturer ces concerts de la tournée Decades. Floor se chargera d'ailleurs de faire tomber le masque, et de montrer sa puissance vocale sur l'ultime note de ce morceau, poussant à l'extrémité son organe pour que ce concert se termine en apothéose, dans les applaudissements et les cris.
 


Alors oui, Nightwish a maintenant plus de vingt ans de carrière. Holopainen et ses amis ont créé une véritable machine de guerre, remplissant les salles et les festivals lors de leurs passages, sachant se renouveler albums après albums, mais ayant toujours cet ADN unique au metal symphonique proposé par les Finlandais.

Joyeux anniversaire Nightwish, et rendez-vous en 2020 !
 



Setlist :

Swanheart (performance de Troy Donockley)
Dark Chest of Wonders
Wish I Had an Angel
10th Man Down
Come Cover Me
Gethsemane
Élan
Sacrament of Wilderness
Dead Boy's Poem
Elvenjig (traditional cover)
Elvenpath
I Want My Tears Back
Last Ride of the Day
The Carpenter
The Kinslayer
Devil & the Deep Dark Ocean
Nemo
Slaying the Dreamer
The Greatest Show on Earth (Chapitrer I, II et III)
Ghost Love Score

Merci à Valérie de JMTConsulting
Merci à Veryshow
Merci à Denis Goria pour ses photos exclusives.

 


Photos de Beast In Black et Nightwish par Arnaud Dionisio. Tous droits réservés.
https://www.deviantart.com/anantaphoto

Photos de Nightwish par Denis Goria. Tous droits réservés.
https://www.instagram.com/denis_goria/
https://www.facebook.com/denisgoria

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