Gorod et Deflesher à  l’Usine à  Chapeaux (78) le 30.03.19

L’Usine à Chapeaux reçoit Gorod et Deflesher pour une soirée placée sous le signe du death metal. Deflesher joue à domicile, les Yvelinois connaissent bien l’endroit puisque c’est ici qu’ils ont fait leurs premiers pas et les nombreux fans du groupe sont au rendez-vous. Gorod vient ce soir à Rambouillet avant de s’envoler vers les US pour une tournée faisant suite à la sortie, fin 2018, de l’excellent album Aethra, plébiscité par le public et la critique.

 

Deflesher


Le concert démarre sur les chapeaux de roue avec "Cold War" et le ton est donné. Un déferlement d’énergie s’abat sur la petite salle toute en longueur et néanmoins bien remplie. L’urgence d’en découdre, le besoin irrépressible de communiquer le trop plein de vitalité sont les maîtres mots de la formation et le public entre dans la danse immédiatement.

Sans transition, le groupe entraîne la salle dans son sillage avec "The Waste Makers", titre issu de la démo Once Upon the Carnage. Chacun des titres de la démo, dont "Dysentry" également joué ce soir, est repris sur Ossuary, premier album de Deflesher, sorti en 2017. Cet unique album est autoproduit et s’est fait remarquer par sa qualité. La setlist de ce soir reprend donc tout naturellement une grande partie de l’album.

"O.U.T.C (H)" provient lui du second album en cours d’écriture, comme "Gorge (March to Oblivion)" et comme on pouvait s’y attendre, les deux nouveaux titres font grandir encore la hâte de sa sortie. La violence du son et la qualité de la mise en place semblent avoir encore progressé. La volonté d’aller de l’avant et la vision perçues sur Ossuary se confirment ici : Deflesher est un groupe prometteur et va le démontrer.

Sur "Dawn ov Ire and Woe", on retrouve la source des influences de Deflesher : les growls ankylosants bercés par un son dense évoquant Cannibal Corpse, entrecoupés de persiflages serpentesques, happent les visages hantés dans un tableau lugubre et mystérieux. La scène est encadrée par  Florent Larcher et Arthur Lapierre aux guitares. Dans cette moiteur obscure, ils semblent immergés dans le son comme sur "Cocaine Rodeo" ou "Strangled with Guts" et ajoutent une touche supplémentaire à la lourdeur ambiante.

Plombé par autant de noirceur, le public semble vouloir repousser les murs sur "Mutilate to Educate", galvanisé par Dimitri Petinos dont les dreadlocks dessinent dans la pénombre les entrelacs de la recherche effrénée de liberté, barrée sans cesse dans les dédales de la complexité. La voix est impérieuse, protéiforme alors que Dimitri lui, vient au contact du public, souriant et direct.

Les sirènes de "Warzone" annoncent le dernier titre pour ce soir. Les guitares à la fois lourdes et stridentes jouent des partitions complémentaires, le son général est excellent sans être poussé à l’excès, ce qui permet de saisir toutes les nuances, puissantes et mélodiques, d’un ensemble cohérent, orchestré avec finesse et intelligence.

Setlist Deflesher:
Cold War
The Waste Makers
O.U.T.C (H)
Dawn ov Ire and Woe
Mutilate to Educate
Dysentry
Cocaine Rodeo
Gorge (March to Oblivion)
Strangled with Guts
Warzone

 

Gorod


Gorod continue sa tournée démarrée fin 2018 avec la sortie de l’album Aethra et dès les premières notes de "Wolfsmond" s’installe en soi l’apaisement de retrouver encore l’atmosphère addictive de cet album cent fois écouté. Aethra est une merveille, où la technique épouse la mélodie, où la créativité canalisée rassure le néophyte et invite au voyage le plus audacieux sur les pentes escarpées du death metal le plus pointu, sans réticence, simplement ouvert.

Vient ensuite l’énorme "Bekhten's Curse" et monte l’émotion. Même si la prestation live est le reflet fidèle de l’album, elle donne à la musique une dimension indescriptible qui remplit à la fois de gravité et d’exaltation. A l’image de l’expression discrètement jubilatoire de Benoît Claus à la basse, le groupe est en train de nous en mettre plein la gueule… mine de rien. Scotchés, saisis, les spectateurs ne bougent plus, la musique se distille à grande vitesse dans les cellules affamées. Toute la salle est entrée en résonnance.

Gorod vous attrape à la première seconde et ne vous lâche plus. Les titres de Aethra s’enchaînent avec "Goddess of Dirt" puis "Aethra" où Karol Diers à la batterie joue les chefs d’orchestre avec une précision et une facilité déconcertante. La batterie est ici en incrustation dans l’ensemble du son au point qu’il faut parfois porter son attention spécifiquement sur elle pour réaliser la qualité artistique, la justesse accordée au moindre détail. Les musiciens ont tous ceci en commun d’être attachés à un travail précis et toujours avec sobriété et naturel.

Sur "And the Moon Turned Black", le public sort d’un coup de sa torpeur hypnotique. La voix de Julien Deyrez passe tour à tour par toutes les palettes d’expression, du growl qui vous décolle à l’instant, puis la voix vous court après en rugissant sans répit, et quand on s’y attend le moins s’élève librement dans les airs portée par les guitares. Escalades, ruissellements, envolées se succèdent sans répit et produisent l’effet escompté : on lâche prise et l’on cède à l’invitation de Gorod pour les  accompagner dans un voyage astral qu’ils maitrisent à la perfection. C’est à la fois puissant, beau, exaltant et effrayant. C’est une expérience qui vous libère, vous élève, vous grandit.

L’intro de "Birds of Sulphur" annonce un retour à l’album précédent A Perfect Absolution, avec également "The Axe of God". Ayant reçu un accueil un peu mitigé, il mérite pourtant autant d’attention à bien des égards et notamment la technique progressive qui fait l’identité du groupe depuis ses débuts. L’atmosphère est plus sombre, les guitares de Matthieu Pascal et de Nicolas Alberny sont à pleurer d’harmonie et de virtuosité. Dans ce déferlement de technique de haut vol, les soli sont de toute beauté, les mélodies vous arrachent le coeur. Renversant.


Le concert se termine sur le titre culte "Disavow Your God" où l’on se retrouve au cœur de la machine Gorod. L’inspiration, l’univers artistique est tellement riche que dès le premier album, le devenir du groupe est écrit. Certains groupes après avoir livré leur essence ne trouvent plus en eux la capacité de porter leur potentiel plus loin. Ici c’est le contraire, Gorod se nourrit de lui-même, chaque pas effectué sur le chemin de la création est en soi une source d’inspiration qui, en toute logique, élève les musiciens au travers de leur travail. Avec Gorod, nous effectuons un voyage astral qui nous conduit du plus profond de nous-même aux contours de l’infinitude.

Setlist Gorod:
Wolfsmond
Bekhten's Curse
Goddess of Dirt
Aethra
And the Moon Turned Black
The Call to Redemption / Birds of Sulphur
The Axe of God
Disavow Your God

Textes et Photos : SAMM
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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