Amenra (+ Ashtoreth) à  l’église Saint-Merry (17.12.2019)

Il est des soirs où on se dit chanceux. Même en pleine grève, handicapant les déplacements, on se sent bien loti à être sur Paris en ce 17 décembre 2019, aux abords du centre Georges Pompidou. La raison ? Un concert acoustique, à l’église Saint-Merry, des Belges d’Amenra, plus connus pour traiter la tristesse, la détresse et les sentiments les plus sombres de l’humain, avec de lourdes distorsions.

 


 

Astoreth

Alors que les gens continuent à s’installer et à s’asseoir sur les nombreuses chaises placées au cœur de l’église, les lumières s’éteignent pour laisser parler Ashtoreth. Il s’agit d’un one-man band où s’allie spiritisme, chamanisme et répétitivité.
 


Ashtoreth cherche, via la superposition des plages, le son du vent et de bruits opérant tels des remous en bordure de lac, à éveiller, à évoquer le mysticisme. Le décor donne au concert, aux moments où l’homme sur scène brûle du papier d’Arménie, à toutes ces voix qui s’entrechoquent, à ces bruits et murmures, un côté hypnotisant.

Et bien qu’on puisse trouver la prestation un poil longue, on ne peut pas rester de marbre devant cette prestation très intéressante, envoutante et portée par des lumières naturelles sublimes.
 

 


 


Amenra

Place maintenant à l’attente. Le froid du lieu de culte, tout juste éclairé, rend ivre d’impatience au moment où, à 20h30, tout s’éteint. Les membres d’Amenra s"assoient sur scène. Colin, comme à son habitude, est dos au public quand résonnent les premières notes de ".Aorte".
 


Malgré une mise à nue, Amenra dévoile une nouvelle facette dans ses compositions. Dans une quasi-austérité, décharnées de leurs atours les plus violents, les chansons d’Amenra transpirent de mélancolie. Le lieu se prête à un exercice solennel qui devient magique au fil du concert. Loin de cette agression et de cette rage étincelante dans le malheur, reste à la musique des Belges une détresse qui s’abat sur les spectateurs.
 


Les lumières des bougies succèdent à un maigre spot faisant apparaître la divine sculpture du fond, derrière les membres d'Amenra, rendant le moment toujours plus grandiose. Le son se répand dans toute l’église, majestueuse et incandescente, sublimée par le chant clair de Colin.

L’archer qui glisse délicatement sur les cordes du violon, la basse intense et les notes écrasantes des guitares dénudées arrivent à garder l’essentiel, le cœur de la musique d’Amenra. Preuve que la richesse des accords et des arrangements permet de transformer et de transcender les compositions des belges sans pour autant les dénaturer.
 


La setlist pioche avec subtilité dans toute la discographie du groupe et réussit à chaque fois à l’exploit d’envoyer au public un uppercut de sentiments noirs. Que ça soit "The Dying Of Light" d’Aftermath, "Ritual" de Mass III, ou encore la puissance de "Razoreater" issue de Mass IIII, il n’y a rien à jeter dans l’exercice. Et même quand Amenra se frotte à la reprise acoustique, celle-ci se fait avec mysticisme et brio via "Parabol", des Américains (peu connus, apparemment ils ont sorti un nouvel album cette année) de Tool.

En ce lieu de prières, de confessions, de rassemblement, les énergies les plus négatives s’échappent du public pour se perdre sur les murs de l’église. La fin du set est en ce sens cathartique, quand résonne la sublime version de "A Solitary Reign". On se sent vidé, vulnérable, triste face à cette puissance évocatrice, suivie de "To Go On.: And Live With. Out", gifle immense grâce au duo des voix de Colin et de la violoniste.
 


Sous les ombres de Jesus et des deux anges l’accompagnant, les musiciens terminent leur setlist sur "The Longest Night", avant de voir partir les membres, chacun leur tour, sur "Deemoed". Dans cette majestueuse sobriété, Amenra effectivement vient de nous laisser sur une longue nuit, qui hantera longtemps la mémoire des spectateurs présents. Un concert majeur et magistral proposé par un groupe qui, quel que soit le support, aura toujours quelque chose à dire et à transmettre.
 

Setlist Amenra : 
.Aorte
Razoreater
Plus près de toi
Nowena
Parabol (Tool cover)
Diaken
The Dying of Light
Wear My Crown
Ehre
Het dorp (Zjef Vanuytsel cover)
Ritual
A Solitary Reign
To Go On.: And Live With. Out
The Longest Night
Deemoed

Photos : Arnaud Dionisio 2019
Toute reproduction interdite

close

Ne perdez pas un instant

Soyez le premier à être au courant des actus de La Grosse Radio

Nous ne spammons pas ! Consultez notre politique de confidentialité pour plus d’informations.



Partagez cet article sur vos réseaux sociaux :

Ces articles en relation peuvent aussi vous intéresser...

Ces artistes en relation peuvent aussi vous intéresser...