Dimmu Borgir (+ Amorphis + Wolves in the Throne Room) au Bataclan (23.01.2020)


En ce mois de janvier aux températures glaciales, le vent du Nord ne semble pas s’arrêter de souffler avec la venue à Paris de deux formations scandinaves mythiques : Amorphis et Dimmu Borgir. L’affiche joliment concoctée par nos amis de Garmonbozia place les Norvégiens et Finlandais en co-headliner pour cette date unique en France, tandis que l’ouverture de la soirée revient à un combo américain qui monte, Wolves in the Throne Room. Devant une telle affiche, difficile de résister et nous étions bel et bien présents au Bataclan pour accueillir ces trois groupes.

 

Wolves in the Throne Room

C’est devant un parterre encore peu garni que les Américains de Wolves in the Throne Room se présentent, Kody Keyworth (guitare) profitant des premières minutes de son set pour allumer des bâtons d’encens. Pourtant, malgré une faible affluence en début de prestation, l’accueil qui leur sera réservé ira grandissant au fur et à mesure de leur set. En effet, si le public porte en nombre des t-shirts à l’effigie de Dimmu Borgir, le son finalement très norvégien qui ressort du black metal / post-black de WITTR ne peut que satisfaire les fans de Shagrath et de sa bande. En effet, malgré leur origine géographique, la musique proposée par les Américains lorgne plus du côté de la Norvège et l’on sent que les groupes cultes comme Emperor ou Immortal font partie de leurs influences.

Se partageant le chant lead, Nathan Weaver et Kody Keyworth possèdent un timbre de voix âpre que n’aurait pas renié Abbath. Et musicalement, les nombreuses respirations et arpèges qui émanent des compositions du combo offrent une belle diversité à son set.

Bien sûr, on sent encore de l’hésitation dans la prestation scénique de la formation, ou dans les transitions entre les morceaux, bien que le groupe affiche désormais près de dix-huit ans d’ancienneté. Trente minutes de set, cela est bien court pour les Américains, surtout avec des titres avoisinant les dix minutes, si bien que ce ne sont que trois morceaux qui seront présentés au public du Bataclan. Logiquement, WITTR a mis l’accent sur son dernier bébé, Thrice Woven, avec deux compositions extraites de cet album.

Il nous tarde de voir le combo dans de meilleures conditions et avec un temps de jeu plus long tant son black / post-black à la fois éthéré et puissant nous a convaincu. Visiblement, une bonne partie de l’audience est également de cet avis si l’on en juge l’accueil reçu par les Loups de l’Etat de Washington.

Setlist WITTR
Born From the Serpent’s Eyes
Angrboda
I Will Lay Down My Bones Among the Rocks and Roots


Amorphis

Changement radical de registre et d’ambiance avec la venue sur scène des Finlandais d’Amorphis. Le combo s’est produit à Paris il y a moins d’un an au Cabaret Sauvage pour défendre son dernier album, Queen of Time. Mais malgré cela, les fans d’Amorphis prennent d’assaut la fosse, tandis que ceux de Dimmu Borgir semblent se mettre en retrait. Il faut dire que la musique des Finlandais n’a finalement que peu de choses en commun avec celle des Norvégiens.

“The Bee” et “Heart of the Giant” en témoignent dès l’ouverture du set d’Amorphis. Le son est excellent, et la prestance de Tomi Joutsen (chant) en impose, surtout lorsque le vocaliste s’aventure du côté du growl, profond et impeccablement réalisé. Il en va autrement lorsque ce dernier se lance en chant clair, sur des refrains aux sonorités lorgnant largement vers la pop (le refrain de « Bad Blood », au chant particulièrement maniéré). C’est d’ailleurs le principal reproche que l’on peut faire à Amorphis. Techniquement et scéniquement irréprochable, le sextette propose des mélodies sucrées, parfois mièvres, qui ont tendance à agacer rapidement l’auditeur.

Il n’y a que lorsque les Finlandais entament des titres plus anciens, rappelant parfois les premiers Children of Bodom (« Into Hiding » et « Black Winter Day » tirés de Tales From the Thousand Lakes (1995) que ce sentiment désagréable ne nous assaillit pas. 

Aucun doute, la formation est talentueuse pour écrire des mélodies catchy qui restent en tête (les parties de claviers de Santeri Kallio y sont clairement pour quelque chose), mais après une ouverture comme celle de Wolves in the Throne Room, cela manque cruellement de puissance et l’auditoire reste globalement passif, à l’exception de quelques fans purs et durs.

Ces lourds reproches affectent par conséquent la prestation du groupe puisqu’avec une douzaine de titre, celle-ci manque de diversité et l’on finit par s’ennuyer fermement. Même les interventions de Tomi Joutsen manquent de spontanéité et restent finalement classiques lorsqu’il s’adresse au public. Il ne reste plus qu’à souhaiter que lors de sa prochaine entrée en studio, le sextette finlandais prenne plus de risques et retrouve le mordant de ses débuts.

Setlist Amorphis :
The Bee
Heart of the Giant
Bad Blood
Silver Bride
The Four Wise Ones
Into Hiding
Against Widows
Sampo
Wrong Direction
The Golden Elk
Sign From the North Side
House of Sleep
Black Winter Day

Dimmu Borgir

Tout comme Amorphis, cela fait environ un an que nous n’avions pas pu assisté à une prestation des Norvégiens dans une salle parisienne. Il s’agissait de leur date à l’Olympia, en co-headline avec Kreator. Si l’affiche avait clairement de quoi convaincre, nous étions restés sur notre faim car Dimmu Borgir ne proposait alors qu’une redite de son set au Hellfest (même setlist, mêmes gimmicks, mêmes interventions). Autant dire que nous attendions beaucoup de cette prestation au Bataclan en 2020, qui n’a malheureusement pas évité l’écueil de la redite.

Avec une setlist globalement similaire à celle de l’Olympia fin 2018, Dimmu n’a pris que peu de risques (les Norvégiens ont remplacé « Indoctrination » par « Aetheric »). Alors certes, avec des titres incontournables comme « Progenies of the Great Apocalypse », « Mourning Palace », « The Serpentine Offering » ou encore « Gateways » et « Dimmu Borgir » (pour les plus récents), l’ossature du set est rapidement inamovible. Néanmoins, lorsque Shagrath annonce un titre ancien pour plaire à ses fans (en l’occurrence « Puritania ») on se prend à espérer (en vain) que les Norvégiens ressortent des tiroirs des titres de For All Tid, leur premier opus récemment réédité.

En dehors de ces considérations, il faut reconnaître à Dimmu Borgir une qualité d’interprétation sans faille, où la puissance des orchestrations (samplées mais également jouées par les claviers de Gerlioz) s’allie parfaitement aux riffs de Silenoz et Galder (guitare). De même, le chant écorché de Shagrath ne souffre d’aucun défaut. On peut toutefois regretter amèrement que les passages initialement chantés par ICS Vortex sur les albums datant d’avant son éviction du groupe aient été retirés des samples et réarrangés par des chœurs. De même, il est dommage que Victor Brandt, ex-bassiste d’Entombed et d’Entombed A.D. n’ait pas la présence scénique de Vortex. Pourtant, Brandt semble presque officiellement intégré au combo (restant toutefois musicien de session) et prend beaucoup de place sur scène, allant à la rencontre des premiers rangs.

Côté scénographie, les Norvégiens restent fidèles à eux-mêmes : maquillages et capuches, jets de fumée et lumières aux tons froids, collant parfaitement à l’ambiance des titres interprétés, sont au programme. Si bien que dans la fosse, l’accueil réservé à la formation est globalement satisfaisant, le public chantant à tue-tête sur le refrain de « Gateways » ou « Dimmu Borgir », sans pour autant moins s’investir sur les compositions d’Eonian. A ce titre, notons que « Council of Wolves and Snakes » s’impose comme un nouveau classique du groupe, notamment à travers ses sonorités presque tribales.

En soi, c’est donc une nouvelle prestation inégale qu’a proposée Dimmu Borgir. D’un côté, il est toujours plaisant de retrouver la formation sur scène (d’autant plus qu’avant la sortie d’Eonian, elle se faisait rare en France), mais on regrette un show parfois trop rodé où le pilote automatique semble avoir été enclenché. Le public du Bataclan aura toutefois profité pleinement de ce set et de l’avalanche de classiques offerts aux fans des Norvégiens. Mais à voir les sourires de ces derniers lors du salut sur « Rite of Passage », nul doute que Garmonbozia a réussi son pari une nouvelle fois.

Setlist Dimmu Borgir
The Unveilling
Interdimensional Summit
The Chosen Legacy
The Serpentine Offering
Gateways
Dimmu Borgir
Puritania
Aetheric
Council of Wolves and Snakes
Progenies of the Great Apocalypse
Mourning Palace
Rite of Passage

Photographies : © Marjorie Coulin 2020
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

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