Pain of Salvation au Divan du Monde (18.02.2012)

On the Road of Salvation...

Ce mois de février oscille entre hiver rigoureux, automne pluvieux et prémices d'un printemps précoce. La météo, devenue complexe depuis quelques temps, se met donc elle aussi au prog et cela tombe bien puisque les suédois de Pain of Salvation étaient présents sur les planches du Divan du Monde ce samedi 18 février 2012 à Paris. La bande à Daniel Gildenlöw a ainsi pu donner l'étendue de tout son talent, présentant au passage quelques nouveaux membres à peine arrivés, et ravissant les fans français notamment via son batteur Léo Margarit. Compte rendu d'une soirée riche en émotions.

CRYPTEX

C'est aux plutôt méconnus autrichiens de Cryptex qu'il convient d'ouvrir le bal. Fort d'une musique plutôt colorée naviguant entre folk rock et progressif, le jeune combo ne montre aucune retenue ni la moindre timidité devant un public français qui goûte bien vite au nectar de leurs mélopées riches et variées.

D'autant plus que le frontman Simon Moskon n'est pas un chanteur/musicien comme les autres. Un temps caché derrière son double clavier, il vient très vite donner de son être en haranguant la foule, passant de ses pianos au micro central en un quart de seconde (sur le titre 'It's Mine") et proposant une panoplie d'instruments différents. Un petit solo d'harmonica par ci, un coup de didgeridoo par là, de la bonne humeur du début à la fin, le jeune hmme a très certainement tout d'un grand. Son chant, souvent éraillé et tiré vers une émotion aigre douce, en aura d'ailleurs charmé plus d'un.

Cryptex (Simon Moskon) - Paris 2012

Cryptex est avant tout un trio bien huilé malgré une relative inexpérience parfois ressentie. Le batteur Ramon Fleig n'est pas en reste et laisse aller ses origines sud-américaines en tapant le rythme sur un cajón le temps de quelques morceaux. Quant au guitariste (mais aussi xylophoniste ou plutôt "sansuliste") Martin Linke, il brille plus par sa retenue et sa précision technique caché derrière sa cravate, histoire de contrebalancer l'énergie débordante de son intenable meneur de troupe.

Un groupe à revoir très certainement avec une expérience encore plus accrue et des compositions encore plus marquantes, bien que celles jouées en cette soirée ont su captiver l'auditoire, notamment la très convaincante "Grief and Despair" en final.

PAIN OF SALVATION

Après un temps d'attente relativement long mais bercé de Rammstein ou autres Faith No More (passons sur la reprise gospel de "Let the Sunshine in" quelque peu irritante sur la fin), une musique folk suédoise retentit dans les travées du Divan du Monde. La foule commence à s'exciter et perd presque connaissance lorsque les premières notes de "Road Salt Theme", conclusion du dernier album à date Road Salt Two, se mettent à jouer.

Et ils sont là, prêts à en découdre, un Daniel Gildenlöw au sourire de diamant lançant ainsi un "Sofly She Cried" qui nous plonge directement dans l'ambiance. Le son, bien au point, connaîtra un léger mic mac au démarrage avec un voix trop en retrait mais le tout sera très vite corrigé - tant est si bien que plus aucun souci majeur n'interviendra à ce niveau jusqu'à la fin du set.

Pain of Salvation (Daniel Gildenlöw) - Paris 2012

Très vite, la tension et la tempérure montent, Daniel G. regrettant très vite le choix des manches longues en jean malgré une prestation effectuée pieds nus afin d'optimiser la respiration de son corps. Pain of Salvation balade son public entre morceaux péchus, tels que "Chain Sling" ou le très noué/Rage Against the Machine "Stress", et moments calmes emplis d'une troublante sensation de nostalgie. "1979" et "To the Shoreline" ainsi enchaînées à la perfection procurent des frissons incontrôlés, sans oublier le "Kingdom of Loss" ultra aérien en quasi final.

"Enter Rain", grand final du très controversé Scarsick, viendra ainsi "pseudo-conclure" le concert, avant les traditionnels rappels. Amusant de constater le démarrage délicat effectué sur ce morceau, comme si tout était quasi volontaire et programmé. Erreur de placement ou théâtralisation d'un moment burlesque ? On en viendrait presque à douter tant le talent du combo suédois et de son leader charismatique n'est plus à prouver.

Pourtant, après cette fausse conclusion, Pain of Salvation en remet une couche et nous offre une fin absolument parfaite. Tout d'abord la surprise, cette reprise de KISS sortie de nulle part, un "Black Diamond" pendant lequel les membres du groupes s'échangent les instruments (Daniel Gildenlöw prenant place derrière la batterie avec brio - Léo se permettant ainsi une petite pause). La version originale sera ainsi respectée à la lettre, jusqu'à cette conclusion funeral doom avant l'heure (et dire que ce morceau aura 40 ans en 2013...) ! Ensuite, c'est tout simplement orgasmique, conclure un tel show par "The Physics of Gridlock" et "Sisters" (probablement les deux meilleurs morceaux des deux Road Salt) relève d'un certain génie. Le temps de constater au passage que Daniel a fort bien bossé son français afin de restituer la fin de la première nommée à la quasi perfection.

Pain of Salvation (Ragnar & Gustav) - Paris 2012

Des surprises, outre cette reprise inattendue, le groupe a su en placer ici ou là de manière sporadique. Outre les changements de guitare (dont une qui y a laissé une corde au passage) quasi perpétuels du frontman entre chaque morceau, nous avons eu aussi droit à un "No Way" rallongé de quelques vers supplémentaires. Ce "There is no way that you can fuck her like I do" n'était clairement pas sur l'originale, c'est que ces messieurs se lâchent en conditions live ! Mais le vrai miracle de la soirée sera sans doute cette cohésion ultime dans un groupe pourtant remanié à l'extrême et ce il y a quelques mois à peine. Si Daniel Karlsson (remplaçant de Fredrik Hermansson) a assuré ses parties clavier sans chichi, si le revenant Gustaf Hielm a retrouvé la basse du groupe avec brio, que doit-on dire du petit nouveau Ragnar Zolberg qui avait pourtant la pression de remplacer Johan Hallgren à la guitare et au chant ? Malgré quelques critiques sur son look très androgyne, le jeune islandais a assuré comme un vieux briscard. Pour le plus grand plaisir des demoiselles parfaitement conquises.

Un superbe Show avec un S majuscule. Du grand art huilé à la perfection mais non dénué de quelques touches d'humour, Gildenlöw communiquant avec son public à la perfection - avec l'aide de son batteur Léo Margarit, assez ému par moments, puisqu'on fêtait ce soir-là les 10 du fan club français Inside the Pain. Là où tout a plus ou moins commencé pour lui, lors d'un concert à Barcelone où il n'était encore que simple fan. Un fan devenu à nos yeux batteur d'exception, un métronome hors pair. Un grand merci donc à Pain of Salvation, groupe à la fois simple et complexe, émouvant et drôle à voir évoluer, une perle qui va au-delà de tout délire progressif. Rock 'n' roll jusqu'au bout des ongles, la musique dans la peau !

Pain of Salvation - Paris 2012 / La Grosse Radio / Yog Photography

Setlist :

(Svordomsvisan)
(Road Salt Theme)

Softly She Cries
Ashes
Linoleum
The Deeper Cut
1979
To the Shoreline
Chain Sling
Ending Theme
The Perfect Element
Stress
Kingdom of Loss
No Way Play (Extended Version)
Enter Rain

Black Diamond (KISS Cover)
(Gustaf à la guitare, Daniel Karlsson à la basse, Ragnar à la guitare et au chant, Daniel Gildenlöw à la batterie)

The Physics of Gridlock
Sisters

 
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Photos : © 2012 Nidhal Marzouk  / Yog Photography
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
 

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