The CNK au Divan du Monde (01.03.2013)

Nous vous avions rebattu les oreilles il y a quelques temps avec un groupe hexagonal que l’on aimait beaucoup, The CNK et son univers très cinématographique à mi-chemin entre l’infâme et le glamour-paillettes. Nos quatre musiciens qui s’amusaient dans Révisionnisme, leur dernier album en date, à reprendre des classiques de la musique subversive, étaient à Paris vendredi dernier pour nous présenter en live leur cabinet de curiosités.

C’est un Divan du Monde plein comme un œuf que vont inaugurer Varsovie et Diapsiquir, deux formations amies de The CNK. Avec une allure très simple et un son voguant entre rock / post punk et des racines new wave, Varsovie est composé de trois musiciens qui offrent une musique à texte, hermétique à souhait, et qui annonce bien la couleur de la soirée. Les textes sont en français, mais le visuel très sobre voire fondamental, laisse quelque peu sur sa faim car il ne permet justement pas de palier au fait qu'il soit plus difficile de percevoir en live le fond du message. Diapsiquir continue dans cette lignée indépendante qui sera la marque de fabrique de la soirée, mais propose une musique beaucoup plus extravertie que la précédente. On retrouve là le côté chanson à textes et la même difficulté à percer le message des morceaux, mais la vidéo-projection d’ampleur permettra de se laisser porter par le côté dérangeant, oppressant de la musique du groupe, et l'ambiance n’en sera alors que plus captivante et malsaine. La dynamique post-punk et l'engagement très underground sont communs aux deux prestations. La recherche abstraite, que l'on ne saurait définir comme maladroite ou pertinente ponctue régulièrement le concert, et si parfois il y a des moments intenses, on peut malheureusement décrocher tout aussi rapidement, comme en attesteront les quelques voix qui se feront entendre dans le public (« metal ! »).

 

Rose au Congo

Fort de ce contexte de malaise et d’apocalypse bien personnelle, The CNK prend la scène d’assaut sur toile de fond exotique et en tenue coloniale ! Les slogans ne tardent pas à apparaître sur les trois écrans placés au dessus de la scène : « Eat Meat, Wear Fur, Horse Meat Is Excellent » mais aussi « Sauvons les boucheries chevalines », qui tombent à point-nommé au milieu du battage médiatique récent, et donnent le ton provoc’ et nonchalant cher au groupe. "Vote For Winners" se voit affublé de flingues et de slogans « Vote CNK » ou encore « Applause » afin d’exhorter le public à applaudir, parabole grotesque et loufoque qui rappelle le chiqué des émissions de télévision grand public calibrées. Comme Zoé Von H (basse) nous l’avait annoncé dans notre interview du mois de février dernier, le groupe n’a pas lésiné sur les moyens visuels et l’on constate avec enchantement qu’une attention toute particulière a en effet été portée à l’expression scénique du répertoire du groupe : décors, tenues, maquillages, micros stylisés, vidéo-projections, mais également chorégraphies.
 

The CNK loves you

Chose incongrue, Fabrizio Volponi (batterie) joue de côté mais aussi debout sur pas mal de morceaux, laissant filtrer son ombre de profil, de manière très graphique et statuesque, sur l’écran de fond de scène. Volonté d’exprimer un idéal de beauté Gréco-romaine ? Dérision à l’encontre de ces instrumentistes généralement dotés d’un ego au volume proportionnel  à leur set de batterie ? Le mystère reste entier, et la porte est ouverte à toutes sortes de spéculations sur les partis-pris du show de ce soir. A l’image de leurs albums, The CNK est un groupe qui aime à la fois choquer ou faire sourire, soulever des questions, et dans tous les cas faire parler de lui.

 

Quelques rebondissements sont au programme et battent le rythme : sur "Cosa Nostra Klub", deux jeunes femmes voilées entrent sur scène en porte-jarretelles et bas-résilles, viennent prendre position aux côtés de Rose Hreidmarr (chant) et lancent d’hypothétiques pétales de roses au public. "I Am The Black Wizards", reprise des Norvégiens d’Emperor, renoue avec les influences black metal et teinte de mysticisme la performance du groupe. Les vidéo-projections proposent des bribes de documentaires sur les fameuses incendies d’églises qui ont ponctué par le feu la genèse du black metal en Norvège, et l’on peut ainsi distinguer pêle-mêle l’église de Fantoft et un jeune Varg Vikernes (Burzum), personnalité extrêmement controversée et fantasmée, au tribunal lors de son procès pour le meurtre d’Euronymous (Mayhem), deux affaires qui firent scandale dans les années 90 et paradoxalement permirent au black metal de sortir des fjords et des frontières underground pour s’immiscer dans l’imaginaire terrifié du grand public.

 

Zoé et Varg Vikernes

Nous vous parlions de rebondissements qui enrichissent et rythment le show. Deux interventions de guests ajoutent à cela : Pills (Prime Sinister) viendra apporter une touche de mélodie et de douceur sur "Kommando ‘96" avec quelques beaux phrasés et soli à la guitare, puis ce sera également au tour de Swan (BlackRain) de venir poser quelques vers suraigus sur la reprise de  "Too Fast For Love". Sur les écrans, on peut distinguer la mythique pochette des Californiens de Mötley Crüe, avec la boucle de ceinture transformée pour l’occasion en logo « The CNK ». Torses nus, Jack Daniels et jet de paillettes pour une version dynamitée. "Sabotage" puis le medley "Gadd Ist Gott" (les reprises des Beastie Boys et de Gary Glitter respectivement) s’imposent véritablement comme les hits de la soirée, avec leur refrains catchy et leur groove qui passe incroyablement bien en live.

 

Rose & Swan (BlackRain) - Too Fast For Love

Rose s’empare d’un fusil et le groupe lance "Get A Gun", qui sera le dernier titre de la soirée. Il poursuivra dans le décalage le plus complet avec une alternance de vidéos aux scènes sanguinolentes, mais aussi de femmes en maillot de bain occupées à s’affairer sur un stand de tir. La troupe tirera sa révérence, et la voix de Gene Kelly prendra le relais pour entonner un "Singing In The Rain" du meilleur goût.

Une belle soirée en salle quasi-comble, qui aura tenu le public en haleine du début à la fin. Varsovie et Diapsiquir instilleront le mal-être et le spleen, et de leurs fleurs naîtront le spectacle tout en grandeur et décadence de The CNK. Teintés d’un fort esprit d’underground et de révolte, les trois groupes s’attèleront à pousser autant que possible vers l’exploration de tous les sujets sensibles que la société rend tabous, que ce soit par convention ou pudeur, et qui trouveront ce soir leur expression la plus noble dans un show très bien ficelé.
 

Get A Gun / Shoot At Random

Setlist The CNK :

Intro
Dinner Is Ready
Vote For Winners
Blood Is Thicker Than Water (Impaled Nazarene cover)
Jim Beamed Ahnenerbe TV
Total Eclipse Of Dead Europa
Bunkermoon Khaos 3
Cosa Nostra Klub
I Am The Black Wizards (Emperor cover)
The Doomsday
Kommando ‘96
Political Police
Too Fast For Love (Mötley Crüe cover)
Sabotage (Beastie Boys cover)
Gadd Ist Gott (Gary Glitter medley cover)
Get A Gun / Shoot At Random

Liens :

Le Site officiel de The CNK
Page Facebook The CNK

Un grand merci à Olivia Rodrigue pour ses photographies du concert : Son site officiel 

 

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