The Pineapple Thief (+ Dave McPherson) au Batofar (16.03.2013)

Il est toujours intéressant de voir un groupe pour la première fois sur scène. Cela permet de découvrir l’artiste en conditions « live », et surtout de voir si on a affaire à des charlatans ou à de vrais musiciens, qui arrivent à reproduire la musique qu’ils ont composée sur scène. Cette tâche n’est pas toujours aisée pour un groupe, et cela vaut encore plus pour un groupe de prog’ écrivant de la musique complexe et/ou alambiquée. Le 16 mars au Batofar, le public a pu constater de ses yeux (et de ses oreilles) que The Pineapple Thief n’est pas là pour faire de la figuration.

Dave Mc Pherson

Le public se rassemble autour de la belle et petite scène du Batofar, en attente de la première partie de The Pineapple Thief, groupe qui s’est très rarement produit sur scène jusqu’à présent. C’est Dave Mc Pherson qui se chargera de cette tâche toujours ardue d’ouvrir pour le groupe de tête d’affiche. Chanteur du groupe de métal déjanté Inme, ayant déjà ouvert pour The Pineapple Thief lors du précédent passage parisien du groupe, ce chauve monte sur scène seul, armé de sa belle Gibson acoustique, visiblement déjà bien éprouvée sur scène. Et c’est donc avec surprise qu’on découvre ce métalleux endurci nous délivrer un sympathique set orienté pop’, tiré de sa discographie solo. Et par pop’, j’entends bien pop’ façon Beatles et compagnie, pas soupe populaire sans saveur ! Car le Dave, il joue et chante avec toute ses trippes sur scène, avec un jeu de guitare plein de finesse, et une voix haut perchée, mais très bien maîtrisée.

Entre deux chansons, il nous explique être malade et raconte quelques anecdotes piquantes sur sa tournée d’une journée (!) en compagnie de ses potes de The Pineapple Thief. Loin d’être irrespectueux, le public écoute avec attention, bien que le registre musical n’ait pas grand-chose à voir avec le rock prog’ énergique qui va suivre. Ce même public, composé en grande majorité de progueux fins connaisseurs, va vite se laisser séduire par la délicate mise en bouche que constitue le set de Dave, qui semble agréablement surpris par cet accueil chaleureux. (qui tord le cou à la rumeur selon laquelle les fanatiques de prog’ sont fermés d’esprit à tout autre type de musique) A la fin de son court set de 25 minutes, on en vient à se demander si les chauves n’ont pas une prédisposition génétique pour le chant et la guitare (cf : Devin Townsend), car Dave Mc Pherson s’en est sorti avec brio, chantant et jouant avec une ferveur rock n' roll touchante, le tout avec une justesse très appréciable !

The Pineapple Thief

L’écran de led du Batofar laisse maintenant apparaître la pochette d’All The Wars, dernier album en date de The Pineapple Thief, sorti en 2012. Après une sommaire vérification du matériel sur scène, les roadies quittent la scène, et les lumières s’éteignent au son d’une musique électro, ce qui surprend une fois de plus étant donné le style de musique que joue le groupe, lequel a l’air d’entendre le terme « progressif » au sens d’ouverture d’esprit musical, et pas musique ultratechnique et cérébrale.

Et c’est sous les vivats d’un Batofar bien rempli que The Pineapple Thief commence son concert. Comme on pouvait l’espérer, le son est bon, sans être trop fort ni agressif, et cela dès la première chanson, fait assez rare pour être remarqué, et qui ne laisse présager que du bon pour la suite. Après, s’être brièvement présenté, le groupe va continuer le show en axant principalement sa setlist sur son dernier album, All The Wars, avec ça et là, un titre des précédents opus qui se ballade, et sans oublier de promouvoir leur EP à venir, Build A World, sortie prévue le 25 Mars prochain chez Kscope Records. A part Bruce Soord, son charismatique chanteur/guitariste et principal compositeur, les membres du groupe sont assez effacés, concentrés dirons-nous. Car il faut bien le reconnaître, ce concert a été presque exempté de fausses notes, mis à part quelques incertitudes vocales de Bruce, qui a été à de rares et brèves occasions totalement faux.

Heureusement, ce petit défaut est compensé par beaucoup de qualités, notamment un sens certain du show, qui se développera tout au long du set. En effet, le groupe se lâche progressivement, sans doute grâce à l’excellent accueil qui lui est réservé. Il faut rappeler que le public est constitué pour beaucoup de zélotes passionnés, connaissant parfaitement l’oeuvre du groupe, et probablement trop heureux de voir le groupe se produire, et cela dans un cadre intimiste et zen. Bruce Soord, armé de sa Telecaster customisée, nous en mets plein la vue, car c’est un guitariste chevronné, toujours à l’affut du petit plan ou riff qui tue, et servi par un timbre délicat et puissant. A  la moitié du show, il se prendra pour Matthew Bellamy de Muse et nous fera cadeau d’une petite séance de bruitages dans la droite lignée du savant fou précité, grâce au killswitch installé sur sa guitare. (Petit interrupteur qui coupe le signal de la guitare, permettant d’obtenir des sonorités inédites. Tom Morello de Rage Against The Machine ne pourrait que le confirmer)

On passe donc un agréable moment aux côtés du groupe britannique, quasiment irréprochable pour ses chansons électriques ou acoustiques. La seule réserve qu’on pourrait émettre est le léger manque de punch dont fait preuve le set. L’album All The Wars avait pourtant presque une tonalité métal, et cette part de puissance ne se retrouvait pas totalement samedi dernier au Batofar. Ceci n’a pas l’air de déranger le public, qui est à fond, dans tous les sens du terme. Bruce le laissera d’ailleurs chanter sur « Reaching Out» et constatera par ailleurs que le Batofar aura été le meilleur public de la tournée. Et Bruce ne fait pas de la langue de bois, car ce fait sera confirmé par le sympathique roadie et responsable du merchandising.

Le chanteur déclarera avant le rappel que le groupe envisage d’enregistrer un concert en vue d’une sortie en DVD/Bluray, nouvelle que le public apprend avec enthousiasme, car The Pineapple Thief n’a jusqu’à présent jamais sorti d’album live, malgré une discographie de 9 opus. Il annonce d’ailleurs ne pas encore savoir si le concert sera enregistré à Londres ou à Paris, et après un instant de réflexion, admet que le public parisien a été nettement meilleur, ce qui augure de très bonnes choses pour les fans français du voleur d’ananas !

C’est déjà l’heure du rappel, avec « Nothing At Best » en guise de final. Une soirée à placer sous le signe du professionnalisme et de la générosité, puisque les membres du groupe descendront dans la foule peu de temps après le concert pour signer des albums, setlists et autres goodies. Tout le monde repart le sourire aux lèvres, le groupe compris.  Une bonne soirée pour mélomanes et autres progueux, le tout pour le petit prix de 13 euros ! Merci qui ??

Setlist :

Wake Up The Dead
3000 Days
Last Man Standing
Burning Pieces
Show a Little Love
Someone Pull Me Out of Here
All The Wars
Snow Drops
Shoot First
Stop Struggling
Innocent
Build A World
Someone Here is Missing
Reaching Out

Encore :

Nothing at Best

Photos : Un grand merci à Jaybee Cee / © 2013 Cleven Raw
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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