Paul Gilbert à  La Flèche d’Or (20.03.2013)


"Voyager léger pour envoyer du lourd" tel aurait pu être le slogan pour accompagner l'actuelle tournée européenne de Paul Gilbert.

Après son passage phénoménal au Trabendo en décembre 2010, c'est avec un plaisir non dissimulé que nous nous rendons à la Flèche d'Or pour retrouver Paul Gilbert dans le cadre de la tournée "Vibrato". Connaissant le bonhomme, sa gentillesse, sa simplicité, son talent et son humour, on sait dès le départ qu'on ne prend pas de risque à parier sur une soirée de pure plaisir.

 

Paul Gilbert, Vibrato, Paris, Flèche d'or, guitariste
Paul Gilbert en pleine action !


Pour cette série de concerts dans de petites salles, l'ex shredder de Racer X et six-cordiste émérite de Mr Big est accompagné par la formation avec laquelle il a enregistré son dernier opus, à savoir Thomas Lang, à la batterie (qui compte à son actif des collaborations avec Tina Turner, Bonny Tyler, Robbie Williams etc.), Kelly LeMieux à la basse (Fear, MD45) et Emi Gilbert aux claviers, qui n’est autre que l’épouse de Paul.

Lorsque le héros du soir arrive sur la minuscule scène de la Flèche d'or (salle très sympathique qui fait penser à une place de quartier ancien, la scène y représentant le podium à musique, un lieu très chaleureux) un constat s'impose d'emblée, Paul Gilbert vit hors du temps ! Ce garçon ne vieillit pas et possède toujours cette allure de grand ado tout en longueur et à la mine enjouée ! A côté de lui, Kelly LeMieux (par ailleurs très bon showman), tous tatouages dehors contraste franchement.
 

Kelly LeMieux, bassiste, Paris, Flèche d'or, Paul Gilbert
Kelly Le Mieux, Un excellent bassiste, doublé d'un assez bon comédien !


Le groupe attaque directement par "Enemies (in Jail)" et plonge instantanément le public dans l'ambiance rythm'n' blues jazzy rock du dernier cd du maestro. Côté rythmique (et ce sera une des claques de la soirée), ça groove, ça swingue de folie, et déjà, c'est un feu d'artifice de gimmicks de guitare auxquels répondent des acrobaties aux claviers, le tout pour accompagner le chant de Paul. Quatre amis doués s'amusant entre eux, mais aussi avec le public (Paul fait participer l'audience à grands renforts de "In Jail" joyeux tandis que le duo basse-batterie en met absolument partout), voilà ce que nous avons devant nous. Le son étant très bon (peut-être des claviers un poil pas assez forts en début de set), tout est réuni pour faire de ce concert un moment rare, et la suite va nous montrer que cette très bonne impression de départ est la bonne !

La setlist fait la part belle à "Vibrato" dont le combo reprend les sept premiers morceaux quasiment dans l'ordre, avec le tellurique "Rain And Thunder and Lightning" puis le groovy titre éponyme. L'hallucinante adaptation du "Blue Rondo a la Turk" de Dave Brubeck, durant laquelle Emi Gilbert est tellement mise à contribution qu'elle passe son temps à essayer de se détendre les mains entre deux interventions, constituera un des très grands moments de la soirée (les claviers et guitare entrent en fusion, à tous les sens du terme).
 

Paul Gilbert, Vibrato, Flèche d'or, Paris, guitariste
Ah oui, parce qu'en plus, il chante !

 

Vue l'orientation musicale de cette dernière galette et la composition de la formation (un clavier mais pas de seconde guitare), le shred metal ne sera à l'honneur que sur deux morceaux de Racer X. Mais quand vous avez pris dans les dents "Scarified" et "Technical Difficulties" est-il vraiment indispensable d'en faire plus ? Le groovy et récent "Put It In The Char" donnera aussi des cauchemars à tous les guitaristes présents dans la salle tant la virtuosité bluffante de Paul s'étale sur ce titre (et toujours avec un désarmant sourire)


Mais ce qui fait la spécificité de Paul Gilbert, c'est que le guitar hero est surtout un véritable juke-box humain, qui aime par-dessus tout les chansons. Ce garçon n'a rien à prouver, juste du plaisir à donner. Aussi aurons-nous droit à de très nombreuses reprises (et vue les pointures présentes sur scène, vous imaginez bien qu'il ne s'agit pas de simples interprétations fidèles à la note près aux versions originales). La première de la soirée sera d'ailleurs une version purement monstrueuse du "Space Trucking" de Deep Purple sur laquelle Emi se déchaine sur son orgue Hammond.


Paul Gilbert, Emi Gilbert, Paris, Flèche d'or, vibrato
Emi Gilbert


Après un solo de batterie très propre puis un "Technical Difficulties" qui fait toujours son petit effet, Paul reste seul en scène le temps d'un medley électro-acoustique démarré et conclu par "To Be With You" (clin d'œil à l'ironie d'un monde qui aura fait de ce morceau simplissime le plus gros succès de la carrière de ce musicien hors norme).

Le groupe rejoint Paul pour une série de reprises dont le "Man On The Silver Mountain" de Rainbow et surtout une superbe version du "Still Got The Blues" de Gary Moore. Le choix du morceau colle parfaitement à l'ambiance de la soirée, même si il révèle aussi les limites vocales de Paul. S'ensuit une version fusion (et peu à mon goût, je l'avoue) du Synchronicity" de Police.
Et là, histoire d'achever tout le monde (et de s'offrir également un autre instant de folie), Paul passe à la batterie, thomas à la basse, Kelly à la guitare et Emi s'empare du micro pour une cover plus que convaincante de "Sin City" d'AD-DC ! Que voulez-vous dire après un truc pareil ? … ah oui ! Merci !
 

Kelly LeMieux, Paul Gilbert, Paris, Flèche d'or, guitariste
Vous en voulez encore ?


Lorsque le groupe quitte les planches on se demande bien quelle surprise pourrait venir conclure ce concert qui dure déjà depuis deux bonnes heures. Paul gratouille sa guitare, l'air innocent et progressivement, un thème semble se dégager et lorsque la rythmique se met en marche, il n'y a plus de doute, il s'agit bien du "Dancing Queen" de Abba ! Surnaturel (surtout que question groove, ça le fait carrément et on se prend à penser qu'une boule à facettes va venir transformer la Flèche d'Or en dancingfloor improvisé). Du coup, le groupe se demande par quoi il pourrait bien finir, et Paul suggérant que l'on continue avec un groupe dont le nom commence par A, c'est bien évidemment le plus célèbre combo australien qui est plébiscité. "Beat Around The Bush" largement accélérée sera donc le bouquet final de ce concert une nouvelle fois mémorable.

Voir des musiciens décontractés prendre (et donner) autant de plaisir en jouant une musique de haute volée avec une telle décontraction et un plaisir évident, c'est toujours du bonheur. Ce soir, on avait un peu l'impression d'être invité dans le salon des Gilbert et d'assister à une petite soirée entre amis où les jams fusent de partout. Et vous savez quoi ? C'était bon !
 

Carmyn & Ben

Setlist :

Enemies (In Jail)
Rain And Thunder And Lightning
Vibrato
Scarified (Racer X)
Bilvalve Blues
Put It On The Char
Space Trucking (cover Deep Purple)
Blue Rondo A La Turk (Dave Brubeck)
Atmosphere On The Moon
Solo de batterie
Technical Difficulties (Racer X)
Mini-set acoustique Paul Gilbert : To Be With You / Green-tinted Sixties Mind / divers Mr Big
25 or 6 to 4 (cover Chicago)

Man On The Silver Mountain (cover Rainbow)
Stay With Me (cover Faces)
Still Got The Blues (cover Gary Moore)
Synchronicity (cover The Police)
Sin City (cover AC)
C.O.D. (cover Leo Gooden, popularisée par Stevie Ray Vaughan)

Rappel :
Dancing Queen (cover Abba)
Beating Around The Bush (cover AC/DC)

Un grand merci à Roger pour les accreds, l'accueil et l'organisation.

Photos : © 2013 Olivier GESTIN / INTO The PiT Photographe
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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