Lame de fond française au Divan du Monde
Le metal français était à l’honneur le 22 février au Divan du Monde, avec Zuul Fx qui a joué en compagnie de Lost Opera, Thanatic Eyes et Kopper 8. Quatre formations aux influences différentes, mais qui ont su trouver leur public et faire bouger les spectateurs du Divan du Monde en cette soirée de week-end musclée.
Kopper8
La soirée est ouverte par les Franciliens de Kopper8, qui présentent un metal moderne et énergique. Avec des influences principalement venues des Etats-Unis, situées quelque part entre le thrash metal moderne, le stoner et une pincée de metalcore, le jeune groupe remue bien des popotins en usant et abusant de riffs simples, mais accrocheurs et bien amenés.
Au bord de la scène, le frontman Tex, flanqué de son kilt, n’en finit pas d’haranguer les spectateurs présents, en nombre réduit en ce début de soirée. En effet, les fêtards ne semblent pas décidés à commencer la fièvre du samedi soir à 19h. Cependant, le chanteur arrive à avoir son circle pit pendant la chanson "Patrie" après avoir chauffé la foule comme il se doit. Côté musiciens, ça bastonne et ça se défend plutôt bien, notamment sur les rythmiques dotées d’une pointe de groove. On pourra juste regretter quelques imprécisions du guitariste Niko, qui ne gâchent pas le concert pour autant.
Habitué des scènes parisiennes, Kopper8 a su présenter en une demi-heure une musique puissante et taillée pour le live. Malgré les pains et un public peu fourni, l’envie était présente et l’énergie de la partie. A revoir.
Setlist :
Innocent
Amnesia
Macho Blood
Hate God
Born to Die
Patrie
Requiem
Thanatic Eyes
Vient ensuite le groupe Thanatic Eyes, qui profite de la soirée pour assurer la release party de son premier album, The Suffering Mechanisms. Il est donc joué dans sa quasi-intégralité, hormis le titre "War". Ce sont donc quarante minutes de metal moderne, avec des éléments de thrash, death et metalcore qui sont présentées à un public déjà plus conséquent.
En effet, le Divan du monde est bien plus rempli que pour Kopper8, preuve que la release party de Thanatic Eyes était attendue. Moins timide, le public prend un malin plaisir à mosher comme il se doit et offre même au groupe un beau wall of death lors du titre The Tormentor, dont l’intro n’est pas sans rappeler celle de "Coma of Souls" de Kreator, aussi propice à cette pratique.
Il faut dire que Flo, frontman et hurleur du groupe, est très à l’aise avec son public. Fait original, pendant Independant, il encourage les fans à finir la bouteille de whisky qu’il fait boire à tout le monde. La complicité avec le public est totale, comme celle avec les musiciens, bien mobiles et souriants, qui montrent qu’ils sont heureux d’être là, même le bassiste, Fred, qui assure ce soir-là son dernier concert avec le groupe. Si la joie d’être là est présente, la performance est au diapason, malgré quelques maladresses lors des harmonies à deux guitares. Mais les rythmiques sont bien présentes, notamment avec la batteuse Klemence arrive à s’imposer pour mener l’orchestre à la baguette.
Une release party bien réussie pour ce jeune groupe français, qui a su amener des fans avec derrière lui et assurer un concert énergique avec un son tout à fait acceptable, ce qui donne lui un bon point de départ pour son premier album.
Setlist :
Guilty
Euthanatized
Independent
Rings (The Thanatic Obsession)
Dark Santa Klaus
The Tormentor
Hypnotized
…Before You Die
Lost Opera
Il est temps maintenant de quitter un temps le metal extrême pour aller chasser dans les terres du metal symphonique avec Lost Opera. Cette fois-ci, le chant clair est à l’honneur dans ce groupe fortement influencé par Kamelot. Notons que c’est aussi le seul groupe de la soirée à disposer d’un claviériste dans ses rangs, nommé Stéphane.
On peut cependant regretter qu’il ne soit pas assez présent dans le mix, d’autant que les parties harmonisées avec la guitare de Sven sont plutôt intéressantes. Ce dernier a d’ailleurs quelques problèmes de son avec sa guitare, de nombreux larsens se feront entendre pendant les 40 minutes du set de Lost Opera. Côté chant, si on peut saluer la volonté de Loïc de vouloir offrir des lignes de chant épiques au public, on pourra regretter quelques imprécisions lors de ses attaques.
Ces désagréments ne gênent pas le public, qui semble bien apprécier la performance du groupe d’Evreux et qui le montre bien, notamment sur le morceau Rage, qui fera l’objet d’un moshpit bien suivi. Sur cette même chanson, Loïc reçoit d’ailleurs une petite culotte de la part d’une fan peu farouche. En échange, le groupe présente un tout nouveau en fin de set, "The Lonely Owl", avant de conclure de la même manière que sur son album Alchemy of Quintessence, avec "Xenocide".
Une pause entre deux groupes extrêmes a été marquée. Lost Opera a su apporter un peu de fraicheur avec une musique plus posée et plus mélodique. Si quelques couacs musicaux se sont fait entendre, le groupe a pu convaincre une bonne partie des spectateurs présents.
Setlist :
Razielle
Betrayal
Alone
Rage
So Wrong
Lost Opera
The Lonely Owl
Xenocide
Zuul Fx
Arrive maintenant la tête d’affiche de la soirée : Zuul Fx. Après la prestation de Lost Opera, il est temps de remettre les pendules à l’heure avec du death metal moderne rentre-dedans et burné. C’est exactement ce qui est au menu à ce concert de Zuul Fx : une heure de brutalité moderne et accrocheuse quasi-entièrement made in France.
En effet, elle ne l’est pas entièrement car le groupe s’amuse reprendre deux groupes américains en fin de set : Fear Factory et Pro-Pain. Hormis ces deux titres, le groupe pioche de manière équilibrée dans ses albums, en représentant autant son dernier album en date, Unleashed, dont est tiré le single "Zombie Followers", que le premier By The Cross dont est tiré le sulfureux "Behind the Light", pendant lequel Steve s’amusera à cracher un glaviot et le rattraper en plein vol.
Bien en voix, le frontman se montre aussi très charismatique, avec une belle proximité avec le public et une certaines facilité à sortir des plaisanteries qui fonctionnent plus ou moins. Côté musiciens, l’interprétation est là, avec une solide section rythmique assurée par Arnaud Verrier à la batterie et de Ben Miranda à la basse, pendant que Quentin Godet enchaîne riffs agressifs et solos dissonants bien sentis. On pourra regretter le fait qu’il ait placé un solo un peu long, qui permet cependant à certains spectateurs expérimentés de faire une pause pipi.
Il fallait bien choisir son moment, car le concert n’a laissé que peu d’instants de répit. En effet, le public était bien remonté, avec des slammeurs qui n’en finissaient pas de visiter la scène, surplombant les mosheurs insatiables, qui ont notamment fait un circle pit conséquent sur "I8U", titre final du concert.
Zuul Fx a donc commencé l’année d’une manière bien brutale, avec une heure de set qui montre que le groupe n’a pas perdu son énergie. Une belle mise en bouche pour la tournée européenne qui aura lieu en novembre 2014, comme l’a annoncé le frontman.
Setlist :
Here Is Pure Hatred
Beat the Crap Out...
Under The Mask
I Never Forget
The Torture Never Stops
Guitar Solo
Zombie Followers
Battlefield
Behind the light
Drum Solo
Cabal
Demanufacture [reprise de Fear Factory]
Love/H8 [reprise de Pro-Pain]
I 8 U
Photos : ©2014 Nouria Vil-Stinson
