Rock n’roll et éclectisme
Dix-huit ans après leur dernier passage à Paris, les membres de Corrosion of Conformity ont su réjouir les fans punk hardcore et de stoner en revisitant l’ensemble de leur carrière. Une aubaine pour plusieurs familles de metalleux qui étaient présentes au Glazart et qui ont su entretenir l’ambiance du concert. Le groupe toulousain Drawers s’est chargé de démarrer les festivités.
Drawers
La soirée commence avec un groupe français, Drawers, qui pratique un metal assez moderne, avec des influences stoner dans le son lourd et massif des instruments, en faisant aussi quelques emprunts au hardcore, notamment avec le chant hurlé de Niko Bastide.
Assez énergiques et mobiles sur scène, les musiciens mettent surtout en avant leur nouvel album, Drawers, en lui accordant les deux tiers du set, le dernier étant réservé au premier, All is One. Si les musiciens sont dedans, le public semble statique, même s’il reste fourni et concentré sur le set. Drawers fait probablement office de découverte pour l’ensemble des spectateurs présents.
Drawers a donc su accomplir avec brio sa lourde tache de jouer en première partie de Corrosion of Conformity, groupe très attendu et objet de toute l’attention des fans. Reste à savoir si les Toulousains ont pu détourner cette attention…
Setlist :
Bleak
Detour
Red Ballet
Once and for All
Words
Caput Mortuum Ocean
Mourning
Shadow Dancers
Corrosion of Conformity
Arrive maintenant Corrosion of Conformity, clou de la soirée, pour son grand retour à Paris, 18 ans après avoir assuré la première partie de Metallica à Bercy lors de la tournée Poor Touring Me. Les choses ont bien changé en tant de temps, Pepper Keenan s’est fait la malle, le bassiste Mike Dean a repris sa place de frontman et le groupe est à nouveau un power-trio, comme à ses débuts.
Le groupe met d’ailleurs bien en avant ses débuts, avec 5 titres issus de la période pré-Keenan, dont "Loss for Words", précédée d’une partie de "Hand of Doom" de Black Sabbath et "Technocracy", qui clot le set énergiquement. Mais le groupe se concentre surtout sur son œuvre récente, avec cinq titres de son dernier album en date, Corrosion of Conformity, et deux de l’EP Megalodon. Leur prochain album a beau être terminé, aucun extrait n’est joué ce soir.
Le groupe tourne quasiment le dos à ses succès, exit les "Clean my Wounds" ou "Albatross", et se concentre plus sur le mélange des genres, en piochant des titres de sa période stoner et de sa période punk hardcore. Le résultat est crédible et intéressant, avec des musiciens bien dedans. Si Mike Dean chante faux assez souvent, son interprétation reste sincère et est consolidée par celle des deux musiciens à ses côtés.
Ainsi, Woody Weatherman aligne riffs directs tout en se montrant à l’aise sur scène, toujours mobile et spontané. Le batteur Reed Mullin est aussi intéressant. Loin de l’esbroufe des batteurs stars, il montre un jeu groovy tout en sachant se faire discret, mais arrive à mettre en valeur les différentes compos à sa manière, avec un feeling bien présent.
On remarque que le mélange des genres est aussi présent au sein du public. Les fans de stoner et de punk se rencontrent, avec une manière différente d’apprécier le spectacle, en moshant ou en regardant de loin. Un ensemble atypique qui a l’avantage de fonctionner le temps d’une soirée qui fait figure d’évènement.
Si Corrosion of Conformity ne ressemble en rien à sa période glorieuse, il continue néanmoins d’avancer, avec le rock n’roll pour seul guide, loin des paillettes et des tubes qu’il a su mettre en avant par le passé. Une démarche curieuse, mais intéressante.
Setlist :
Seven Days / The Moneychangers
On Your Way
Strong Medicine Too Late
Psychic Vampire
Deliverance
Rat City
Holier
The Doom
Vote with a Bullet / Your Tomorrow
Hand of Doom / Loss for Words
Mad World
Hungry Child
Priest Brains
Rappel :
Technocracy
Photos : ©2014 Fanny Storck.
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.
