Joe Satriani à  l’Olympia de Paris (23.06.2014)


Il y a tout juste un an, Joe Satriani faisait salle comble d’un Grand Rex qui – comme son nom l’indique – est magnanime en soi. En ce lundi 23 juin, le guitariste en provenance de l’espace venait nous faire offrande de son show dans le mythique Olympia. Il faut dire que l’entrée dans le luxueux music-hall est une expérience déjà à elle seule : l’opulence des lieux, et la foule de petites fourmis laborieuses qui s’affairent au service du spectacle de la soirée instaurent d’emblée le constat que Joe Satriani & band, c’est irrémédiablement la classe au-dessus.

Tandis que votre humble serviteur prend place dans les fauteuils carmin et cosy des balcons, un public des plus hétéroclites afflue : jeunes, moins jeunes, rockeurs, metalleux, BCBGs, starlettes ; il y a réellement de tout. La vue en contreplongée d’un petit set planté devant un décor voilé suscite l’interrogation : mais qui peut bien ouvrir pour Joe Satriani ? Tout comme avec Steve Vai (cf. notre live report de son concert à l’Olympia en novembre 2012), on ne peut s’empêcher de se demander qui pourrait bien proposer quelque chose d’assez spectaculaire (ou être assez fou) pour ouvrir pour de tels magiciens ?
 


Sit Down Servant

Dans une lueur bleutée très feutrée, se glissent sur scène deux silhouettes : un batteur crêté, et un baba cool à ce que l’on appelle au pays de l’oncle Sam la « triple neck steel guitar » (pensez à la guitare sur genoux de Ben Harper, mais dans une version plus complexe), et maniant également la basse Moog sur pédale. Le duo singulier propose une expérience sonore troublante : mélange inattendu de blues, de country, et de dub, Sit Down Servant est originaire du Texas et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils jouent (fort astucieusement) sur l’effet de surprise. Choix futé, que d’offrir en guise de hors d’œuvre une première partie aussi incongrue, et aussi radicalement différente de ce que propose la star de la soirée.
 


Tablant sur un créneau qui ne peut décemment mettre personne en concurrence directe (et donc potentiellement sortir perdant), l’expérience que proposent Gordie Johnson (guitare et basse, donc) & Brannen Temple intrigue et sait bien mettre en appétit pour la suite des convivialités. Par moments, la prestation peut avoir un effet quelque peu hypnotisant voire soporifique, mais l’écoute demeure cependant plaisante, et l’on ne peut qu’apprécier l’originalité et la qualité d’exécution du duo. Le feeling très jazzy de Temple, et la justesse et la beauté des notes de Johnson (qui rappellent un peu le guitariste Michael Lee Firkins, pour les spécialistes) font voyager outre-Atlantique, pour insinuer l’auditeur dans le paysage musical classe des pointures à l’américaine.

 

Joe Satriani

Lorsque Joe débarque, c’est sur une scène épurée que se lève (métaphoriquement) le rideau. Très peu d’artifices, et quatre musiciens remontés comme des coucous Suisses : Bryan Beller à la basse, Marco Minnemann à la batterie, et Mike Keneally aux synthés et à la guitare.

 

Joe Satriani c’est tout de même, il faut le rappeler, 10 millions d’albums vendus de par le monde, et 14 nominations aux Grammy Awards. Etrange parcours que celui d’un guitariste qui arrive à soulever les foules par le son-même de sa seule guitare. Pas de chant ce soir, mais du strict plaisir instrumental si éloquent et magistralement exécuté qu’il se substitue allègrement à toute tentative de narration vocale. Et le public répond tout à fait à l’appel puisqu’il se montre déchaîné, particulièrement sur les classiques que sont « Flying In A Blue Dream », « The Crush Of Love », « Satch Boogie » ou encore « Always With Me, Always With You ».

 

Marco Minnemann, the "Spirit Carries On"


Les fans de metal progressif se souviendront fort bien de Marco Minnemann dans The Spirit Carries On, le documentaire retraçant les auditions menées par le groupe Dream Theater ; Joe présente l’Autrichien qui l’accompagne ce soir comme « the aristocrat #2 », que les shredders connaissent comme le loup blanc de par son implication dans le groupe de Guthrie Govan - confrère artiste-fou tout aussi génial. La touche funky et folle de Minnemann n’a d’égale que sa précision et sa perfection technique délirante, s’accoquine à merveille avec le génie musical de Satriani, et contribue à le porter fort dignement sur scène. Que dire de Bryan Beller également, et de Mike Keneally ? Excellent de voir sur scène ce dernier, musicien d’âge noble, qui brille aussi bien aux ambiances de synthé comme à la guitare. Car il faut pouvoir le suivre, le Satriani, et c’est pari relevé dignement par le vétéran Keneally, qui jongle comme un as entre les deux instruments, entre les harmonies & battles de guitare en tout genre, et assure le show comme pas deux.
 


Joe Satriani & Mike Keneally, un duo remarquable


N’hésitant pas à proposer, en pâture live, de nombreux morceaux de son nouvel album - Unstoppable Momentum (notre chronique ici) - Satriani nous gratifie ainsi de « Jumpin’ In », de l’éponyme « Unstoppable Momentum », « The Weight Of The World », « I’ll Put A Stone On Your Cairn », « A Door Into Summer » (de saison !), «Lies And Truths », « Shine On American Dreamer ». Pas moins de sept morceaux, magistralement exécutés et s’intégrant à merveille dans le catalogue de l’artiste. « Crowd Chant », chantée en chœur par le public (comme sur le disque), et « Summer Song » concluront le programme de la soirée, et viendront nous souhaiter à tous un bel été !
 


Mention spéciale pour la chanson « Time Machine » (le titre ouvrant l’album du même nom), à l’intro de batterie si reconnaissable, et … le moment préféré de votre fidèle serviteur.

Curieux pouvoir que celui de provoquer la liesse de tant de gens, d’être capable de les émouvoir, et de parvenir à faire salle comble d’un lieu aussi prestigieux, tout cela par le seul pouvoir de sa guitare… Une soirée magique, un show magistral, des musiciens au top, et une organisation impeccable : la recette sans faille d’une nuit très spéciale à l’Olympia. La très grande classe.

Setlist :

1. Jumpin' In
2. Devil's Slide
3. Flying in a Blue Dream
4. Unstoppable Momentum
5. The Weight of the World
6. Ice 9
7. The Crush of Love
8. I'll Put a Stone on Your Cairn
9. A Door into Summer
10. Lies and Truths
11. Satch Boogie
12. Shine On American Dreamer
13. Three Sheets to the Wind
14. Cryin'
15. Drum Solo
16. Time Machine
17. Always with Me, Always with You
18. Surfing with the Alien
Rappel :
19. Crowd Chant
20. Summer Song
 


Liens utiles : 

Le site officiel de Joe Satriani
Le site de Sit Down Servant
Le site de Mike Keneally

Photographies de : © 2014 Arnaud Dionisio / Anantaphoto
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Un grand merci à Sarah (Sony Music Entertainment) ; et à Yazid pour l'opulente discographie sélective.

 

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