Les Cactus Riders réveillent les morts

Rassemblez vos ossements, les pictaves de Cactus Riders vont faire guincher les cimetières avec ce nouvel album long, Skulls Out. Toujours coincés dans les années 50 et leur rock à banane, ces anciens vont vous décoincer l'arthrose en moins de deux.

Le quatuor nous a confectionné pas moins de 16 (oui, seize !) titres, une belle grosse pelletée de morceaux pour ce troisième album. Toujours fidèles aux codes du vieux rockabilly (rouflaquettes incluses, bien entendu), les musiciens qui se trémoussent depuis 2016 ne proposent cette fois que des chansons originales, au lieu de donner dans les reprises comme ils en avaient l'habitude.

On retrouve alors au fil de l'album un petit piano guilleret, des chœurs enjoués, des guitares dansantes et une bonne contrebasse qui rythme le tout pour faire groover le popotin.

Alors, "School's Out", comme dirait Alice Cooper (parce que les vieux ont forcément les réf's), ou plutôt Skulls Out ici, pour une ambiance avec des crânes et des œillets dans les pures références graphiques des rockeurs.
Bienvenue chez nous, « Welcome to Lemonum » on débarque à Poitiers, ou plutôt Poit-yeah (yeah-yeah-yeah !), en Vienne Louisiane, capitale bien connue du jazz, berceau du swing. Puisqu'on vous le dit. Et qu'on le montre, déhanchement à l'appui.

C'est la folie douce, on sent que l'énergie déborde de partout. Les Cactus Riders balancent généreusement toute leur bonne humeur dans les oreilles, et en surchauffent l'ambiance lors des concerts. Ils en mettent partout, et ce n'est pas sale, c'est très chic, c'est classe, c'est classique, c'est un hommage au bon vieux temps « Good Old Days », celui où on découvrait tout le potentiel du blues et de la syncope.

On parie que vous ne pourrez plus vous arrêter de guincher au son de l'entêtant piano swing, notamment sur « Tonight You're Mine », et que l'envie irrépressible de faire des claquettes vous submergera sur « The Cuddly Toy ». Mais le gros tube semble être ce « Boogie Cemetery Lanes », entre humour, emo et rétro, on ne choisit pas, on dansera jusqu'au bout de la vie nuit.

Entre les exubérances du piano qui font craindre de s'emmêler les phalanges, comme avec « Circus Riders », on note de ci de là quatre balades plus suaves (comme « I Didn't Speak » ou « Last Goodbye »). C'est qu'il faut aussi distiller un peu d'émotions tendres, ne serait-ce que pour reprendre haleine parmi tout ce trémoussement effréné.

Et d'ailleurs, pour reprendre ses esprits, on devrait aller au comptoir pour se réhydrater, ça donne soif de guincher si ardemment. Bim-bam, bim-bam, une bière pour le pianiste ! Avec « Spicy Stout », si on se sent assomé, c'est que c'est de la bonne.

Avec ce bel album, on n'a pas envie d'aller ailleurs que sur une piste de danse (« Why Should I Go »), et même si le quatuor semble fermement garder un pied dans le passé, ce n'est pas forcément pour le regretter. Au lieu de se quitter sur les chœurs légèrement mélancoliques de la chanson de fermeture « Day By Day », je vous propose de réécouter « Rockabilly Boogie ». Tout est dit dans le titre, ce style est la substance même des Cactus Riders.