De son vrai nom Dennis Anthony Thomas, King Kong est né en 1964 à Kingston. Celui qui reçu tout jeune le surnom de Junior Kong par son père commence sa carrière de DJ en 1982 en enregistrant le titre "Pink Eye" pour Tuff Gong.
Par la suite, il rejoint les rangs de King Tubby sur son label Firehouse et la collaboration s'avère payante avec des textes conscients porteurs de messages forts comme dans "Babylon".
En 1985, c'est Anthony Red Rose qui se retrouve à ses côtés pour le fameux "2 Big Bull Ina One Pen". L'année suivante, il fait équipe avec King Jammy pour lequel il enregistra notamment "Legal We Legal" et "Mix Up", présents sur l'album Trouble Again distribué par Greensleeves Records.
A la fin des années 80, il s'installe à New York puis au Canada où il crée son éphémère label Conscious Music, le temps d'enregistrer le titre "He Was A Friend", en hommage au regretté Tenor-Saw en 1989.
C'est à Londres qu'il réapparaît et qu'il prouve si besoin est qu'il faudra compter avec lui, son efficacité étant intacte aux côtés de Mafia & Fluxy et Gussie Prento.
En 2000, il choisit de se faire produire par Linval Thompson qui pour le coup ressort toute une flopée de riddims roots des tiroirs datant des années 80 dont le fameux "Who Say" paru sur l'album Dreadlock Nah Run de Linval.
Depuis 2005, c'est chez Massive B en compagnie de Dobby Konders qu'il boucle ses singles qui d'ailleurs se jouent toujours dans les sounds aujourd'hui comme le prestigieux "Rumble Jungle Life" sorti en 1997 sur le Cuss Cuss Riddim.
Judy K quant à lui, oeuvre dans le reggae depuis la fin des années 90 en qualité de technicien et érigeur de sons pour différents labels. Il sort plusieurs titres et singles comme "The House Of The Rising Sun" chez Dubsquad Records.
Le riddim maker originaire du Mans, crée son propre label Old Capital Records en 2005 qu'il inaugure avec les séries Rasta Pickney et Togetherness, invitant entre autres Turbulence et Fantan Mojah.
Le 26 Mai dernier est sorti en digital la première de sa nouvelle série de riddims intitulée In The Old Capital en compagnie du toaster jamaïcain King Kong. Une première mouture dont nous vous parlions ici-même, comprenant cinq titres chantés et cinq versions dub. Un EP où il a tout fait lui-même, de l'enregistrement à Irie Ites Studio à la production sur le label maison.
C'est d'un pas massif et imposant tel celui du primate qu'arrive la première tune. "Old Time Gorilla" nous replonge au coeur de ses grandes années avec un son lui rappelant sa période avec King Jammy.
Le son est brut et la basse bien lourde pour accompagner la voix du singer made in JA. Un titre que je vous laisse découvrir avec ce premier extrait vidéo.
King Kong In The Old Capital - "Old Time Gorilla"
L'accomplissement d'un travail ne se fait pas en un jour mais à force de répétitions. Depuis que King Kong est dans le métier, il sait, avec son expérience, qu'il faut sans cesse redoubler d'efforts.
Tout ceci est traduit dans le titre "Work" où il nous donne sa recette du succès. Un titre que vous pouvez entendre sur notre antenne.
King Kong In The Old Capital - "Work"
"King On His Throne" est un rub a dub musicalement moins enlevé que les deux précédents, plus posé, sur lequel la voix majestueuse de la légende fait merveille.
La trame de cet EP serait son histoire. C'est d'ailleurs le but de ce projet où Judy K a judicieusement choisi la star jamaïcaine pour commencer ses nouvelles sessions. On dit souvent que les légendes ne meurent jamais et le beatmaker a eu cette idée de génie de recréer la carrière de cet acteur hors pair de la scène reggae.
"Cyaan Break Me" ne fait qu'agrémenter son plaisir de travailler avec la jeune garde.
"No Run Around Girl" est le dernier titre chanté de cet opus. Le rythme est plus énergique, à la confluence du rub a dub et du raggamuffin.
Une tune qui vous donnera envie de bouger avant d'attaquer la partie instrumentale.
C'est donc à cinq versions mixées par le Manceau auxquelles vous allez avoir droit. Le riddim builder nous offre un panel de tout ce que l'on peut faire avec les nouvelles technologies numériques. "Gorilla Dub" reste fidèle au morceau d'origine avec quelques apparitions vocales.
"Work Dub" est une version plus conventionnelle avec quelques effets de voix, un soupçon de guitare et même une pointe de xylophone. On imagine facilement le tandem travaillant côte à côte avec un plaisir non dissimulé.
Il en va de même pour "Dub On His Throne", où règne une atmosphère planante, le digital nous emmenant aux frontières de l'Inde avec des sons s'apparentant à celui des tablas traditionnelles.
"Cyaan Dub Me" vous fera hocher la tête de haut en bas j'en suis sur. La voix impériale de King Kong est toujours présente à la manière freestyle.
"No Run Around Dub" est le dernier instrumental de cet EP. Une nouvelle fois, c'est pour une croisière dans les îles que nous embarquons à la sauce sound system, faite d'escales les pieds dans le sable sous les cocotiers, sirotant un fruit juice bien frais.
Quand "une légende vivante du reggae passe par la vieille ville", çà donne un digiroots de haute facture.
Tracklist:
1 - Old Time Gorilla
2 - Work
3 - King On His Throne
4 - Cyaan Break Me
5 - No Run Around Girl
6 - Gorilla Dub
7 - Working Dub
8 - Dub On His Throne
9 - Cyaan Dub Me
10 - No Run Around Dub
