Bony Fly – XPRNC

XPRNC, autrement dit expérience, tel est le titre, parfaitement adéquat, de ce premier EP du DJ et producteur Bony Fly sorti le 22 novembre. En effet, même s'il n'en est pas à son coup d'essai en ce qui concerne la composition, force est de constater que l'artiste vient de s'offrir une autre expérience avec cette galette en franchissant un nouveau palier.

Il n'est jamais aisé de sortir son premier album (ici un EP, mais avec 9 titres, cela se rapproche beaucoup d'un album), nul besoin d'insister là-dessus, mais il faut avouer que Bony Fly a été très bien entouré pour cet XPRNC. Faisons un rapide tout d'horizon des featurings pour s'en convaincre : Busy Signal, Capleton, Jigsy King sont présents ici, pour ne citer qu'eux. Rien que ça ! Pas mal pour un EP d'intronisation. A ce propos, c'est Evidence Music, le label genevois qu'on ne vous présente plus, qui s'est chargé de mettre en œuvre ce projet du DJ. Là aussi, on ne reviendra pas sur la qualité du travail fourni par les Suisses, nos précédents articles les concernant étant suffisamment explicites à ce sujet.

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Un label reconnu, des big artistes, il ne restait plus qu'à Bony Fly de proposer des riddims qui puissent mash up le game. De ce point de vue-là, c'est réussi également, cela ne fait aucun doute. Si la tonalité dancehall/reggaeton de l'opus se situe dans l'air du temps (tout le monde fait du dancehall ou du reggaeton aujourd'hui, de Justin Bieber à Aya Nakamura en passant par Madonna, tous influencés de près ou de loin par Diplo et DJ Snake), il n'empêche que la production a été bien orchestrée : l'efficacité et la fluidité sont les maîtres-mots de cet EP, à défaut de l'originalité.

Mais effectuons un petit retour en arrière pour essayer d'en savoir un peu plus sur Bony Fly et sa manière de faire. La première fois que nous avions entendu parler du DJ, c'était en
2017 par l'entremise de Taiwan MC. L'auteur de Cool & Deadly (la grosse chronique ici) nous expliquait en effet à l'époque que son morceau "Catalina" cartonnait en Colombie et qu'il irait le défendre dans ce pays en compagnie d'un certain Bony Fly (voir ici), le même Bony Fly qui allait également se charger d'un remix façon reggaeton du morceau en question (voir ici). 

Alors certes, on ne retrouve ni Taiwan MC ni de Colombien sur cet EP, mais le casting n'en demeure pas moins très international, puisqu'il est constitué de Jamaïcains (normal), de Nigérians, de Guinéens, etc... L'un des singles parus avant la sortie de cet XPRNC illustrait d'ailleurs très bien ce melting-pot : "Summer Sign" est effectivement une combinaison dancehall entre le Jamaïcain Busy Signal, le Suédois Million Stylez et le Guinéen Safa Diallo. Et c'est d'ailleurs par du dancehall et par une combinaison (mais cette fois-ci 100% jamaïcaine et dans le premier sens du terme) que s'ouvre l'EP avec "We No Take Talk" entre Tony Curtis qui assure les parties chantées et un Jigsy King en mode toaster avec son flow rocailleux.

On passe ensuite à un dancehall plus mainstream en compagnie de Digital Sham sur "Magical" avec une structure plus reggaeton, un peu d'autotune et un soupçon de trap dans l'introduction des refrains. L'utilisation des synthés renforce cet aspect plus conventionnel et consensuel et qui séduira peut-être moins les adeptes d'un son plus yardie (a contrario du terrible "Badmind" avec Capleton pleinement ancré dans le dancehall jamaïcain).

Et cela se poursuit avec une "trilogie africaine" qui se situe au cœur de l'album. Le Ghanéen Vick D se pose sur "Growth", morceau au confluent du dancehall et de l'afrobeat, le genre développé et popularisé par le Nigérian Fela Kuti ; c'est donc en toute logique que deux de ses compatriotes ont été invités sur cet EP, d'autant plus qu'on ne le dira jamais assez, mais les ressortissants de ce pays d'Afrique de l'Ouest sont de plus en plus plébiscités aujourd'hui dans la pop, que l'on pense à Wizkid ou Burna Boy (réécouter son big tune, "No Option" avec DJ Snake), pour ne citer qu'eux. En premier lieu, on retrouve Fame sur "Only One", track lui aussi ponctué d'incursions afrobeat, voire baile funk, et renforcé par des effets dub et digitaux. Quant à Emiz, il intervient avec sa voix suave sur "Blow My Mind" aux influences très caribéennes.

L'Afrique se fait également ressentir sur "Dancehall Rave" (tout est dit dans le titre), morceau qui vous fera danser et remuer au rythme d'un son Gqom et afro house, ou quand l'electro se permet de faire ressusciter la beauté primitive de la musique quand les Anciens frappaient uniquement sur des tambours et autres instruments de percussion. Puis, tout aussi dancefloor, mais d'une tout autre nature, le wicked "Rapid Cash Flow" synthétise à lui seul l'esprit éclectique de cet XPRNC avec son ambiance se baladant entre le dancehall, le baile funk et le reggaeton surplombé par le flow ragga/hip-hop de Lenky Don.

TRACKLIST

1. We No Take Talk feat. Jigsy King & Tony Curtis
2. Summer Sign feat. Busy Signal, Million Stylez & Safa Diallo
3. Magical feat. Digital Sham
4. Dancehall Rave feat. QQ
5. Growth feat. Vick D
6. Only One feat. Fame
7. Blow My Mind feat. Emiz
8. Rapid Cash Flow feat. Lenky Don
9. Badmind feat. Capleton

Artiste : Bony Fly
EP : XPRNC
Label : Evidence Music
Date de sortie : 22/11/2019

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NOTE DE L'AUTEUR : 6 / 10



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