Entretien avec Iron Dubz

Deuxième jour de festival au No Logo (live report ici) et deuxième série d'entretiens. Cette fois-ci, c'est le dubmaker Iron Dubz qui a accepté de se confier à La Grosse Radio.

Le samedi, en alternance avec Weeding Dub, Iron Dubz s'est chargé, non pas de réchauffer, le soleil caniculaire remplissait déjà cette mission, mais de faire patienter les massives à coups de basses bien grasses durant les interscènes sur la sono du Rootikal Vibes Hi Fi.

Peu avant de s'installer derrière ses machines, Iron Dubz nous a parlé de sa vision du dub, de ses liens avec O.B.F Sound System et l'Usine de Genève et d'une sortie prochaine d'un album avec du beau monde en feat.

Bonjour Iron Dubz, merci de nous recevoir au nom de La Grosse Radio. Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m'appelle Iron Dubz. J'ai commencé à produire de la musique il y a six ans. Je suis producteur, j'ai mon petit label indépendant et je joue mes morceaux en tant que DJ. Je suis originaire d'à côté de Genève, mais je suis français.

Comment se passe ton travail de composition ? Mixes-tu tes dubs à l'ancienne ou apportes-tu une touche plus moderne ?

Depuis peu, j'ai un studio dans un local proche de chez moi où je peux travailler sur mes sons en permanence. J'ai une table old school, analogique multi-tracks, et je bosse sur un logiciel séquenceur. Je balance toutes mes pistes sur une table de mixage et je mets des effets à l'ancienne, reverb, phasers, dans la lignée de King Tubby et Lee Perry, tout en conservant l'analogique dans le processus de création.

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Sur ton Facebook, on peut lire que tu fais du "reggae, early dancehall, digital et dub stepper". Le roots 70's, ça ne te branche pas ?

(rires) Si, si, j'en écoute beaucoup. J'ai bien sûr commencé par ça, comme tous les gars qui font du stepper au final. Mais oui, j'écoute du roots et j'achète du roots et du rocksteady. J'aime vraiment toutes les vibes.
Et pour revenir à mon local, je peux également y enregistrer des groupes. J'ai justement un autre projet avec quelques musiciens, avec lequel on fait de vieux classiques roots, uniquement avec des instruments, mixés et dubbés à l'ancienne. J'essaye d'utiliser des effets encore plus old school pour cela.
Je kiffe aussi l'early dancehall, j'en produis pas mal. J'ajoute quelques synthés futuristes mais je garde des arrangements et des batteries dancehall.
Donc, non, je ne suis pas fermé, j'apprécie vraiment tous les styles, dont le roots. Pour ceux qui pensent que je n'écoute que de la techno, c'est faux. (rires)

Ton son, d'une manière générale, est assez digital et se situe dans la lignée d'O.B.F. C'est une grande influence pour toi O.B.F ?

Oui, clairement. J'ai découvert le sound system avec des amis en 2006 au Garance. Rico [selecta d'O.B.F, (retrouvez d'ailleurs notre interview ici), NDLR] habitant à côté de chez moi, je suis allé par la suite à leurs soirées. J'ai fini par les rencontrer, il y a eu un très bon feeling entre nous. Du coup, j'ai été boxman pour O.B.F pendant un moment, j'ai donc beaucoup voyagé avec eux. Et lorsque j'ai commencé à produire mes riddims, j'ai forcément été influencé par eux et également par toute la mouvance 90's, dont Iration Steppas. Rico m'a énormément appris, j'ai mixé mes premiers dubs chez lui. Ils m'inspirent même dans leur façon d'animer un sound system.

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Alors justement, penses-tu que le dub digital est une des grandes orientations que prend le dub aujourd'hui, à l'instar du reggae digital ?

Oui et non. Non, parce que la plupart des artistes produisent un peu tous les styles. Après oui, c'est une mouvance, puisque des producteurs se dirigent uniquement vers ça. Certains ne connaissent pas le roots et ont découvert directement le stepper et le dub à la française. Mais finalement, tout finit par se rejoindre, le point de départ étant avant tout reggae music.

Tu as sorti beaucoup de singles, tu produis des dubplates. Mais as-tu un album en prévision ?

Tu mets le doigt dessus. Depuis deux mois et demi, je bosse sur un album qui sera bientôt disponible. En effet, de plus en plus d'amis se plaignent du fait qu'ils ne peuvent pas écouter mes vinyles, sachant qu'ils n'ont pas nécessairement de platine. J'ai donc pour projet de produire quelque chose qui soit écoutable partout en CD ou en digital. L'album comprendra onze ou douze morceaux avec sept ou huit chanteurs différents d'un peu partout. Ce sont des gens que j'ai rencontrés sur la route, avec qui j'ai fait des dubplates ou même des releases. Je suis à la moitié de l'album, je ne peux pas encore donner de date précise pour la sortie, mais j'espère que ce sera pour la fin d'année. Et en même temps, je prépare un live dub, dans lequel je proposerai un truc différent avec peut-être quelqu'un au violon ou au saxophone ; je mixerai un live dub multi-tracks avec effets hardware. Tout cela arrive plus ou moins au même moment, je bosse beaucoup ces temps-ci, enfermé dans mon studio, raison pour laquelle je n'ai pas sorti grand-chose dernièrement.

Peux-tu donner quelques noms à propos des featurings de l'album ?

Oui, bien sûr. Il y aura, entre autres, Sis I Leen, Blackout Ja, Mr Williamz, Troy Berkley, Derrick Parker, etc, etc...

Ok, du beau monde, cool. Peux-tu nous parler de tes sessions en sound ? Par exemple, comment ça va se passer ce soir ?

Normalement, je devais faire un set où je joue que mes dubs, mais j'ai appris qu'avec les Rootikal, on allait partager une session ensemble, je ne jouerai donc pas forcément mes productions, on fera une sélection.
En fait, le sound system, ce n'est pas quelque chose de carré, on s'amuse avant tout, on partage la vibe, on joue 20 minutes chacun en alternance. On s'éclate tous ensemble.
Après, en ce qui concerne les sélections, on s'adapte en fonction de la réaction du public. Au début, on joue des tracks classiques, pour ensuite se diriger sur des choses plus digitales avant de finir en mode stepper quand les gens sont plus énervés dans la soirée (rires). C'est essentiellement une question d'adaptation ; il y a des régions, par exemple, où je vais proposer trois fois plus d'early dancehall que de stepper selon l'engouement du public. C'est vraiment à la vibe. De même si un pote a envie de prendre le mic ou le melodica. Il n'y aucune règle finalement.

Tu le disais plus haut, tu es proche d'O.B.F, mais également de l'Usine [dont on vous avait parlé ici, NDLR], qui s'est retrouvée dans le collimateur de la municipalité ces derniers mois. Quelques réactions  ?

C'est assez récurrent ce type de provocations de la part de la municipalité, qui avait déjà attaqué l'Usine il y a cinq ans. Les membres de l'Usine avaient manifesté et revendiqué le droit à la culture. Cette année, on a sorti le sound system dans les rues avec Ubik [autre collectif proche d'O.B.F, NDLR] pour protester. Maintenant, apparemment, ça va, on a réussi à remettre à plat les choses pour un moment. Mais de toute façon, la municipalité cherchera encore des noises à l'Usine dans quelques temps.
En tant que Français, j'ai vraiment de la chance d'être à côté de Genève, puisque culturellement parlant, c'est quand même très différent. J'habite vers Annecy, il n'y a rien qui se passe en ce qui concerne le reggae et le sound system ; si tu veux sortir une sono, ce n'est même pas la peine. A Genève, où tu trouves quelques endroits alternatifs comme l'Usine, c'est nettement plus facile, mais beaucoup ont disparu. Il faut donc les conserver.

Quelques mots sur le No Logo ?

Je n'étais jamais venu, mais j'en entendais beaucoup parler. Tout le monde me disait que c'était génial comme festival et que l'orga était super. J'attendais donc de pouvoir y participer avec impatience. Ils m'avaient contacté l'année dernière, malheureusement, je ne pouvais pas venir. Pour cette édition, ça s'est décidé au dernier moment. En tout cas, je suis très heureux d'être là, d'autant plus que je suis présent les trois jours. Hier, les Upfull ont démonté et demain, avec les Dub Addict, ça va être fat.

Un dernier mot pour La Grosse Radio ?

BIG UP à vous La Grosse Radio. Bientôt, je vous enverrai les tunes finies de l'album pour écouter tout ça.

BIG UP à toi aussi Iron Dubz. Merci de nous avoir accordé cette interview.

Crédit photos : Frédo Mat

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