Entretien avec Pablo Anthony

Le 17 Novembre dernier, Pablo Anthony sortait son album intitulé New Day, dont nous disions ici qu'il s'agissait là d'un album abouti et plein de maturité.

Dans l'entretien à suivre réalisé par mail, nous avons bien sur évoqué ce dernier album. Pablo Anthony est revenu aussi sur son parcours, ses influences, les différents tournants de sa carrière, ses projets, entre autres choses que nous vous laissons découvrir.

Bonjour Pablo Anthony. Merci d'accorder cet entretien à La Grosse Radio. Peux-tu te présenter à nos lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore?

Bonjour Roots Tof et toute l'équipe de La Grosse Radio, aussi bien sur à tous ceux qui vous suivent. 
Moi c'est Pablo Anthony, je viens de sortir mon album New Day. Je suis chanteur, auteur, compositeur et producteur. Je suis né en banlieue parisienne d'une mère Française et d'un père Chilien. J'ai commencé à faire de la musique dès mon plus jeune âge ! J'ai toujours chanté en fait. Je suis né dans une famille de musiciens. Ma vie et ma musique ne font qu'un. Indissociable.

Pablo Anthony est ton nom de scène. Faut-il y voir une inspiration Jamaïcaine, comme Pablo Moses ou Augustus Pablo?

Augustus Pablo et Pablo Moses sont des artistes qui ont pu m'influencer car je les écoutais depuis mon plus jeune âge. Mais mon nom de scène n'a rien à voir avec çà. En réalité, mon vrai prénom est composé, typiquement sud-américain, je m'appelle Pablo Antonio. Mais çà sonnait trop chanteur de salsa! (rires)

Quelles sont tes influences, tes artistes du moment?

J'ai beaucoup d'influences mais particulièrement la musique jamaïcaine. J'ai été aussi influencé par le hip-hop, le rythme and blues et beaucoup de musiques latines (salsa, son cubain). J'essaye d'avoir ma propre identité vocale, mais mes influences principales sont surtout les crooners jamaïcains comme Beres Hammond, Freddie Mc Gregor, Sugar Minott, Dennis Brown. Les sinjays et singers aussi comme Luciano, Bushman, Capleton, Sizzla, etc...
Pour n'en citer que deux, je dirais que mon année 2017 a été marquée par l'artsite Samory I, qui a marqué l'année de beaucoup d'entre nous d'ailleurs, et l'incontournable artiste dancehall jamaïcain Jahmiel pour la qualité de ses productions, ses lyrics et l'originalité de son flow.

En 2010, tu fais la rencontre de Obidaya et Natural I avec qui tu fondes le label Natural Prod. Tu peux revenir pour nous sur cette expérience?

L'essence de Natural Prod a été l'unification de forces de plusieurs groupes évoluant sur la capitale, Natural I, Obidaya, Overstanders et autres. On se voyait tout le temps, comme une famille, pour jouer. On avait des musiciens communs dans chaque groupe et les chanteurs s'unissaient pour reprendre des classiques Jamaïcains en choeur, mais aussi pour travailler sur des projets plus personnels.
Mais en réalité, il n'y a vraiment que trois personnes qui ont oeuvré à monter cette asso: Raphaël Baldy ( guitariste pour Obidaya, Banyans, Marcus Gad), Paul Kauffman (chanteur de Natural I), et Charly Duraud (claviériste pour Obidaya et moi-même à l'époque). En a découlé de belles dates, des tournées en Europe, et de beaux albums.

Un mot aussi sur le collectif MIRAV que tu intègres en 2013?

J'ai fait la rencontre de Léo Woel, fondateur du collectif MIRAV sur Montreuil, regroupant graffeurs, chanteurs, rappeurs et danseurs. A l'époque, il s'occupait de la pochette de mon premier projet Black Soul, avant de devenir le graphiste officiel de presque la totalité de mes projets. La collaboration perdure encore aujourd'hui.
Il se lance parallèlement dans la production d'un album se nommant MIRAV L'album, regroupant une trentaine d'artistes, des plus méconnus aux réputés. Dessus j'ai le featuring "Reality" avec Lyricson notamment, Léo a aussi le single "Never See Me Down" avec Maleek Jays. Ces deux featurings ont une sonorité hip-hop et chacun leur clip disponible.

Tu as parcouru beaucoup de chemin en plus de 10 ans de carrière. Comment vis tu le fait qu'en quelques années tu te retrouves "en haut de l'affiche jusqu'en Allemagne? C'est une forme de reconnaissance pour toi?

J'estime que j'ai encore beaucoup de chemin à faire. Ces 14 ans de carrière ont été un grand apprentissage pour moi. Mais bien sur lorqu'un site spécialisé reggae Allemand vous contacte pour représenter la France au nouveau Yaam et sur leur char durant le festival culturel qui regroupe chaque année plus d'un million de personnes dans les rues, c'est un honneur plus qu'une satisfaction! 
Mon honneur a été de voir l'accueil du public lors de mes différents voyages et différents concerts à Berlin. Je suis encore loin d'être en haut de l'affiche, mais on travaille pour espérer un jour partager "le haut de l'affiche.

Venons-en à l'album que tu as co-produit. Parle-nous de sa construction, et dis-nous un mot sur les musiciens qui t'entourent.

Oui, avec le label Sweet Waters on est producteurs de cet album. J'en ai été le directeur artistique et ai pris part à toutes les phases de sa conception, de l'idée et de la mélodie qui te trotte dans la tête jusqu'au pressage... Mais bien sur, rien n'aurait été possible sans mes magnifiques musiciens, le Small Axe Band et les différents guests musiciens et chanteurs qui sont venus le sublimer! J'ai énormément travaillé en collaboration avec Prince Baba pour la maquettage, post-prod et la réalisation. Le recording, le mixage et une partie de la réalisation ont été effectués en binôme avec Amir El Sawah. Le mastering a quant à lui été fait  au Basalte Studo par Simon Capony que je ne connaissais pas avant, mais que j'ai appris à connaître et avec qui je collaborerais sûrement à nouveau car j'ai été satisfait de son travail.
Pour en revenir aux musiciens, j'ai la chance de travailler et de partager la scène avec une famille, et j'ai la reconnaissance extrême de la chance que j'ai de jouer avec des musiciens aussi talentueux: Hugo Sarton (batterie), Lucas Veillet (basse), Martin Grenier (guitare), Jean-Baptiste Gentil et Alexandre Perroud (claviers), Indy Eka et Nayeli Precious au choeurs.

On y retrouve justement plusieurs collaborations, avec King Lorenzo, Lyricson et Ilements. Tu peux nous en dire quelques mots?

J'ai voulu faire des featurings avec des chanteurs que je connaissais personnellement sur ce premier album, avec qui j'avais partagé des vibes... Mes choix se sont arrêtés sur l'artistique. Je suis fan de leur travail et de leur musique! Du coup, ces deux criètes ont été prépondérants dans mes choix. Sinon la musique a décidé d'elle-même, comme souvent.

Le titre "Cyan Stop Me" date de 2013, sur lequel tu as collaboré avec Fabwize et qui est sorti sur le projet Black Soul. C'est une tune qui te tient particulièrement à coeur pour avoir eu l'idée de le revisiter sur cet album? Parallèlement, faut-il le voir comme ta ligne conductrice, ton leitmotiv?

Oui exactement. C'est mon leitmotiv!! Et c'est aussi l'essence même du message que j'essaye humblement de passer dans ma musique. La confiance en soi, l'amour de soi, sont des choses importantes et c'est ce genre de messages qui ont pu me toucher entre autres quand j'ai commencé à écouter du reggae music et comprendre les paroles. C'est ce genre de force qui me pousse encore aujourd'hui malgré les tribulations que l'on peut traverser, de continuer à faire vivre notre musique, alors qu'elle n'est pas médiatisée à grande échelle à cause de tous les clichés auxquels on doit faire face.
Pour en revenir au choix de la remettre sur New Day, c'est une tune qui a beaucoup plu à mon public et les gens qui me suivent et dont pour ma part, je n'étais pas satisfait à 100% du résultat final. J'avais envie de lui donner une version 2017 pour ceux qui me découvrent maintenant.

Tu es aussi à l'aise sur du rub a dub, du dancehall ou du reggae. D'où te viens cette faculté d'adaptation, et faut-il y voir un rapport avec tes premières ambiances sound system?

J'écoute vraiment tous styles de musiques. Dans les musiques jamaïcaines, je n'arrive pas à me dire que je préfère le dancehall au rocksteady, le roots au new roots, le revival au ska. Toutes ces facettes font la force de cette musique et je ne me sens pas bloqué par un style en particulier. Si la musique me parle, ma voix chantera.

Cet opus respire la Terre mais en même temps sent le soufre comme sur le titre "In What Kind Of World" où tu poses un oeil averti. Quelle en est ta vision et quelles sont selon toi les priorités?

Education is the key et love is the answer (l'éducation est la clé et l'amour est la réponse). A l'heure d'aujourd'hui, nous sommes tous au courant du monde dans lequel on vit. Il suffit d'ouvrir les yeux, d'écouter, de sentir la Terre crier et en pleurs. Les peuples qui ont faim, les Youth qui s'entretuent, 1ù de la population qui se gave sur le dos des 99% restants... Je ne suis pas un politicien, encore moins un prophète, mais comme je l'ai dit avant, j'ai des yeux et des oreilles, et j'ai surtout le coeur et la voix. Du coup, j'essaye à mon niveau de m'élever contre certaines injustices avec mes armes.

Tu conclus cet album par des versions instrumentales. Est-ce un choix délibéré  de ta part de laisser la place aux musiciens? Pourquoi avoir fait le choix de ces titres en particulier?

Enfant, je m'endormais avec mon petit poste à cassettes et ses grosses touches carrées avec les cassettes de mes grands frères: des dubs roots Jamaïcains. Ce qui m'a toujours plu et que j'essaye de faire transparaître, c'est de laisser la place aux arrangements auxquels on ne prête pas forcément attention quand il y a un vocal posé dessus. Du moins, çà les met plus en avant. Je trouve que trois dubs concluent bien ce livre si on veut bien prendre l'album comme tel, chapitre après chapitre. Je suis très adiratif aussi du travail d'Amir qui a réalisé les dubs en live.

Nous disons dans la chronique que c'est l'album de la maturité. Tu partages ce sentiment?

J'ai réussi à faire la production de cet album grâce aux expériences que j'ai pu vivre et aux différentes personnes avec qui j'ai pu travailler. On peut donc dire qu'après 14 ans de travail, il a un semblant de maturité, mais j'espère en fait n'être qu'au début de ma carrière. Car je suis enfin à peu près content et fier du travail que je présente, même si heureusement on est jamais arrivé au bout. Je pense et espère encore avoir une grande marge de progression ! 
J'ai hâte de pouvoir défendre cet album sur scène avant de me projeter déjà sur le second album, même si, au fond de ma tête, j'y pense quand même un peu.

Il est dit aussi que pour faire une bonne recette il faut des bons ingrédients. Quels sont ceux qui, selon toi, font la réussite de cet album?

Déjà j'ai la chance de travailler depuis des années avec de supers musiciens qui donnent réellement une couleur uniforme à cet album. Je pense aussi que la collaboration entre Prince Baba, Amir El Sawah et moi-même a été forte. Sans un des éléments de ce trio, nous ne serions jamais arrivés à cette qualité de production. Sans un des maillons de cette chaîne, rien n'aurait été possible ni réalisable. Ce fut un travail de longue haleine, qui nous a tous les trois demandé un très gros investissement personnel, d'échange et de partage de nos connaissances pour en arriver au résultat final. J'espère que cette collaboration a de beaux jours devant elle. L'avenir nous le dira. Only Jah Knows.

As-tu quelques dates à nous communiquer? Où te voir en 2018?

Oui, j'ai déjà quelques belles dates qui sont tombées. Le 27 Janvier à Evron pour Les Rastas du Coeur, le 8 Février au Bataclan avec une vingtaine d'artistes pour l'association World Of Tchad, le 2 Mars pour une Killa Party en compagnie de Rod Killa et Apollo J.
Cependant, nous sommes toujours à la recherche d'un tourneur, car pour l'instant je suis seul à gérer le booking. N'hésitez pas à nous contacter.

Merci Pablo Anthony de nous avoir accordé cet entretien. Avant de se quitter, tu aurais un dernier mot pour La Grosse Radio Reggae?

Déjà, je vous remercie infiniment pour le soutien et l'intérêt que vous portez à l'album depuis sa sortie et même avant, pour le travail que vous faites pour le reggae music en France et votre activisme. C'est grâce à des gens comme vous que notre musique est véhiculée et que le message se propage. 
Un message aussi pour vos auditeurs et lecteurs, on est ensemble ! Il n'y a pas de star ou quoique ce soit, on est le peuple. United we stand, divided we fall. 
On se check sur la route, espérant partager avec vous des bonnes vibes sur scène.
Merci. Blessed Love.

Pablo Anthony - New Day

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