Entretien avec Ousco et Henen

Entretien avec Ousco et Henen & The Milay Band

Un peu avant son concert au Mic Mac à Amiens le  30 mars où La Grosse Radio était présente, Ousco nous a accordé un peu de temps pour répondre à nos questions. On en a profité pour en savoir un peu plus sur ses influences, les thèmes abordés dans son album et bien sûr on a évoqué avec lui Mon Côté Reggae.

On s’installe dans les loges derrière la scène afin de commencer.

LGR : Bonjour Ousco, merci de prendre de ton temps pour répondre aux questions de La Grosse Radio Reggae.

[Quand d'un coup Henen arrive et s’aperçoit que nous étions en train de réaliser l’interview. Gêné, il commence à se faire discret afin de ne pas nous déranger mais nous l’avons bien sûr invité à participer à cet entretien.

C’est donc maintenant Ousco et Henen qui se tiennent devant moi.]
 

Ousco


LGR : Bonjour les gars, merci de répondre à nos questions, on va démarrer avec Ousco mais tu peux intervenir quand tu veux Henen.
Comment le public Français a-t-il réagi en découvrant Mon Côté Reggae, ton premier album ?

Ousco : Je dis déjà bonjour tout le monde à toute la famille de La Grosse Radio, on est ensemble !

L’album, il est sorti et il a reçu un très bel accueil auprès de tout le monde. Les gens, ils ne s’y attendaient pas du tout, pas mal de gens qui ne me connaissaient pas, ils ne connaissaient même pas SMOD dans mon affaire plus jeune et quand ils me voient dans cet angle, ils me disent : Ah, on s’attendait pas à ça, c’était une bonne surprise agréable.

LGR : Rappelons que tu as commencé la musique dans le groupe SMOD, un groupe de hip-hop et de rap.

Ousco : Voilà, oui avec SMOD. Mon histoire avec le hip-hop à démarré là. Les gens qui me connaissent bien, il me disait : " tu vas faire un album reggae ? "

LGR : Et comment tu en es arrivé au reggae justement ?

Ousco : Le reggae c’est…. Tout le monde a un côté reggae quoi !!! Comme l’album le dit.

Par exemple, même, quand tu dis à quelqu’un dans la rue que tu fais du reggae, les gens te répondent : " Ah, j’adore le reggae !! ". C’est rare de voir quelqu’un dire le contraire.
C’est ce côté-là qui était là et j’ai laissé parler ce côté tu vois.
 

Ousco - Mon côté reggae


LGR : Au niveau de tes sources d’inspiration, j’ai lu qu’à la toute première écoute, tu n’avais pas du tout aimé Bob Marley ? C’est assez original pour le souligner.

Ousco : La première écoute de Bob Marley, ouais ça c’est toute une histoire. Bob Marley quand j’ai écouté, je ne comprenais pas ses paroles, je ne comprenais pas son style de musique, c’est du reggae et ce n’est pas du tout le style de musique que j’écoute au Mali.

Le Mali, c’est un grand pays de culture.

En fait, il y a une fois où un mec, il m’avait filé un DVD, un vieux DVD de Marley et il me dit : " Tiens ça " donc moi je l’ai pris mais je ne savais même pas ce que j’allais en faire et un jour, j’ai vu un groupe de jeunes qui s’asseyaient tout le temps sous un arbre et ils écoutaient cette musique-là. C’était des militaires, il y a un camp militaire au village et du coup je suis venu et je leur ai donné la cassette de Bob Marley et eux ils étaient trop contents et je suis reparti.

Après Bob, petit à petit, il est venu s’installer et c’est impossible de passer à côté.

LGR : Sur ton album, tu dédies une chanson à Mame Cheik N’Diay ?

Ousco : Ouais Mame Cheik N’Diay. Parce que moi je suis talibé Baye Fall tu vois et donc Mame Cheik N’Diay pour moi c’est : Quand on dit que le Christ il va venir et le Christ quand il viendra, il s’appellera Madhi, il s’appellera plus Jésus.

Mame Cheik N’Diay c’est Madhi pour moi, lui sa mission c’est vraiment l’unité, l’unité de tout le monde pour que l’on sache même que l’on est tant, c’est l’unité et dieu. Donc c’est tout un esprit. On dit qu’il va venir avec ses sabres et qu’il va demander de témoigner et qu’il coupera la tête de ceux qui ne savent pas témoigner.

Donc Mame Cheik N’Diay c’est le témoignage et une fois que tu témoignes tu sais que tout est One.

One by One.
 


LGR : Autre thème abordé dans mon côté reggae, dans la chanson " Consommer national ", l’éveil du peuple Africain concernant les ressources que le pays contient ?

Ousco : Ce sont les sources d’inspiration, ce sont les mots que l’on entend tout le temps dans la vie quotidienne. Un pays n’est jamais développé que par soi-même, en mettant en valeur ce qu’il fait. Le premier développement d’un pays ça passe par la langue, par sa langue nationale, il faut que nous commencions à le transcrire, à l’écrire et à les utiliser comme il faut et une fois qu’on comprendra ce système, " Consommer National " est venu dans ce contexte et Thomas Sankara m’a encore confirmé le truc donc je me suis souvenu et je suis allé me balader un peu dans ce truc quoi.

LGR : J’ai vu une interview de toi où tu parlais de Thomas Sankara et justement dans une des réponses tu reprenais une partie de son discours ?

Ousco : Oui, Thomas Sankara, il a parlé de consommer national et il a dit " Consommons ce que nous produisons, produisons ce que nous consommons ". Voilà, l’Afrique a de quoi nourrir sa population avec ce qu’elle produit et même plus. Malheureusement par manque d’organisation, elle est obligée de tendre la main à des aides extérieures, des aides extérieures qui bloquent, qui créé dans nos esprit ce réflexe de mendiant. Boum ! Boum !

Nous devons mettre de côté ses aides extérieures par notre très grande production.
" Consommons ce que nous produisons, produisons ce que nous consommons ". Je ne peux ne pas citer cette beauté tu vois.

LGR : Dans " Change de Façon ", tu parles des présidents Africains qui profite de leurs pouvoirs au détriment du peuple ?

Ousco : Triste réalité, on en est là. Tiken Jah, il l’a dit, lui il prêche dans le désert, il a l’impression de prêcher dans le désert et quand moi je l’écoute, ça m'inspire et j’ai fait " Change de Façon ", c’est pour un peu prêcher avec quoi.

LGR : J’ai vu sur Facebook qu’il t’avait fait un Big Up pendant un de ses concerts.

Ousco : Yes I, Big up à Tiken Jah, j’étais trop content quand j’ai vu ça.

LGR : On va discuter un peu de la date de ce soir que tu partages avec Henen.

Ousco : La rencontre avec papa Henen, Yes I. Il est là, représente.
C’est une belle rencontre qui se confirme de jours en jours. On fait le même métier.

LGR : Ce n’est pas la première fois que l’on vous voit ensemble ?

Ousco : Ça fait beaucoup de fois que lui et moi on se voit. Avant de le rencontrer j’avais entendu parler de lui et j’avais le CD de Henen que j’écoutais tout le temps dans la voiture et on m’a dit : " Il faut que tu rencontres Henen.".

Et Henen il avait parlé de moi avec ma copine et du coup, c’est la famille qui s’est réuni.
 

Ousco et Ben


LGR : Pour rebondir avec toi Henen.

Tu peux nous faire découvrir Henen en quelques mots s’il te plaît ?

Henen : Henen, c’est un jeune Sénégalais qui s’est expatrié en France il y a environ 7-8 ans, qui a monté un projet juste après, il y a 4-5 ans que l’on a mis en place le projet Henen & The Milay Band avec à son actif un premier album sorti en 2013 enregistré à côté, à la Briquetterie qui s’appelle Bana-Bana et en 2016 on a sorti Door Waar toujours sous le concept Henen & The Milay Band. On continue à se battre dans le coin, à faire des lives, à créer des petits événements.

LGR : Je t’ai vu faire la première partie des Mightys Diamonds et des Gladiators aussi.

Henen : Exactement, le chemin est long mais il porte ses fruits tranquillement.
 

Henen & The Milay Band


LGR : Tu es natif de Dakar, tu avais un premier groupe B-Yoon et tu bossais dans une radio locale, c’est comme ça que tu as commencé dans la musique ?

Henen : En fait oui, moi j’ai commencé la musique, c’est assez spécial, chez moi j’ai toujours écouté plein de musiques différentes, pas forcément un style bien déterminé. En sachant que mes oncles sont des salseros, ils font de la salsa et eux c’est le groupe Orchestra Baobab de Dakar qui est maintenant mondialement connu, donc j’ai un peu grandi dans cette atmosphère musicale de mélanges.

En grandissant j’ai eu beaucoup d’influences hip-hop même si je n’ai jamais eu de carrière hip-hop, j’ai commencé la musique par le reggae. J’ai commencé par animer sur une radio locale à Thiès avec deux émissions, une, le mardi (united Zion) et une, le dimanche (Rastaman vibration). 

Au départ quand on écoute, parce qu’on n’est pas des pays anglophones, on est beaucoup bercé par la langue française, forcément. Donc ces artistes-là qui venaient de Jamaïque ou d’ailleurs et qui parlaient anglais on ne comprenait pas ce qu’ils disaient et donc il y a toujours eu cette petite barrière de la langue et au fur et à mesure avec l’école, avec les fréquentations, avec le hip-hop qui s’est vachement développé au niveau de Dakar et du Sénégal, ça nous a amenés à mieux comprendre les textes, à mieux comprendre les messages ce qui m’a poussé à partir dans ce mouvement-là, dans ce mouvement reggae.

Donc, j’ai fait quelques années de radio et en comprenant ce qu’il disait pour rejoindre ce que je te disais, en comprenant je me suis rendu compte que les réalités qu’ils défendaient en Jamaïque ou dans tous les ghettos du monde, c’était pratiquement les mêmes que l’on vivait tous les jours en fait, les mêmes galères, les mêmes choses et j’ai pris la plume et j’ai commencé à écrire mes textes.

J’ai intégré les B-Yoon, d’ailleurs aujourd’hui j’ai le plaisir de jouer avec un ami qui vient de Dakar qui est Goréen, Séni, avec qui j’ai partagé la scène en 2000. Voilà jusqu’au moment où je suis venu en France. Voilà pour mon petit parcours au Sénégal.
 

Henen & The Milay Band - Door Waar


LGR : Avez-vous de nouveaux projets en cours ?

Henen : Les projets en cours, c’est faire beaucoup de live parce qu’en tant que musicien la première des choses c’est de faire de la scène et pour le reste c’est de faire des collaborations avec différents artistes, d’où bien sûr j’espère bientôt avec Ousco.

LGR : J’allais le demander justement.

Henen : Yes, ça va se faire, je pense qu’il y pense et moi aussi.

Ousco : Yes I

Henen : On va mettre ça en place et les collaborations à venir pour enchaîner, il y a un groupe de hip-hop de Dakar, c’est deux jeunes qui sont très connus là-bas et qui ont un super style, qui ont un vrai talent avec qui on essaie de monter une collaboration à partir du mois de juin à travers des concerts, des sessions studio, avec une thématique. Une thématique spéciale pour leur tournée parce qu’ils vont venir quelques temps ici et après ils ont une petite tournée en Europe.

Pour les projets, il y a ça, il y a peut-être un album en vue, quelques clips.

LGR : Et le Béguéé Fest qui arrive ?

Henen : Voilà, le Béguéé qui arrive qui est organisé par FarmaProd, ceux qui gèrent un peu le band. Farma Prod dont Jade ( la manager du groupe) fait partie. C’est le 28 juillet, la programmation a depuis été dévoilée.

Le Béguéé Fest, c’est un concept qui à la base démarre par une répet' à la maison chez moi et le lendemain les voisins qui reviennent vers moi en me disant : " hier, il y avait du son chez toi, ça fait plaisir ". Et en fait l’idée a fait tac.

Pourquoi pas organiser un petit événement dans Courson ? Parce que Courson pour tout dire c’est un petit hameau, il y a 14 maisons, c’est assez sympa, c’est vraiment à la campagne et on a mis en place ce petit festival, le Béguéé Fest.

Béguéé qui veut dire bonheur en wolof, donc c’est le festival du bonheur.
 

Affiche Béguéé Fest


Mais cette année, on se concentre sur les collaborations avec différents artistes, j’ai d’ailleurs déjà pris contact avec certains d’entre eux, Puppa Lek Sen, Natty Jean.

LGR : C’est pour ça que vous étiez au cabaret sauvage lors de leur concert avec Méta Dia

Henen : Yes, on y était et toi aussi d’ailleurs. Pour en finir avec les collaborations, avec Joe Pilgrim and The Ligerians aussi. Donc voire un peu comment on peut mettre ça en place.

LGR : Merci beaucoup à vous deux de nous avoir répondu.
Avez-vous un petit mot pour les auditeurs de La Grosse Radio ?

Un gros Big up aux auditeurs de La Grosse Radio et à toute la famille de La Grosse Radio.
On est ensemble!!!

La Grosse Radio tient à remercier Le Mic Mac à Amiens, Jade, Ousco, Henen & The Milay Band et Max D'IWelcom.

Big up à vous.

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