Interview Déshumaniser
Aujourd’hui, ça nous fait bien plaisir de partager avec vous cet article. Pour ceux qui auraient pris une bonne vibe il y a quelques années avec le Groupe Jah Gaïa, ces quelques lignes vont sûrement vous plairent. Si vous vous rappelez bien, Jah Gaïa, c’était un duo avec des voix et une vibe de dingue qui pose sur des riddims roots reggae d’un band plus que talentueux !!!
Alors, on a contacté Nicolas, un des deux chanteurs qui continue à nous véhiculer ses messages positifs et conscients comme on pouvait le faire savoir avec la chronique de Déshumaniser signée Deuf son nouveau blaze.
Notre chronique de Déshumaniser à voir ici
LGR : Salut Nico. Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir échanger avec toi. Personnellement, j’adore ta vibe et ta voix. Je me suis régalé avec Déshumaniser, ton dernier EP.
Commençons par discuter de la situation actuelle si cela ne te dérange pas. C’est la misère pour tout ce qui est artistique.
Deuf : Salut La Grosse Radio. Oui, en effet, c’est vraiment la misère et j’ai bien l’impression que ça va durer.
LGR : Je regardais les infos ce matin et quand on voit qu’à Paris, les gens sont parqués dans un coin du stade, c’est un peu contradictoire de la part du gouvernement d’autoriser les rassemblements dans des stades ou des parcs et que l’on empêche les espaces culturels de pouvoir ouvrir.
Deuf : Comme toujours, ils privilégient le business.
Ce qui nous fait flipper, je suis intermittent et du coup la grosse période c’est de mars à juillet/août. On bosse assez souvent au stade de Lyon à cette période. On fait les gros événements, les gros concerts mais j’ai peur qu’avant qu’ils ne rassemblent 40 à 50 mille personnes, ça va être compliqué et comme la plupart, il faut faire des heures pour 2021, sinon, il n’y a plus de dossier. Déjà que pour les gros artistes, c’est compliqué alors pour les petits, t’imagines bien. Perso, je suis à l’arrêt depuis le mois de mars, on a fait 2-3 concerts depuis et j’en ai eu plein d’annulés. Le dernier date de 15 jours où nous avons joué vers Boisset, c’est un petit village pas loin de chez moi. Les places étaient limitées à 90 personnes, les gens dans le public masqués, ça donne une ambiance un peu particulière.
LGR : Dur de se faire un petit cachet dans ces conditions.
Deuf : On rentre dans nos frais mais on ne fait pas de cachet. Si l’on voulait se faire un cachet, il faudrait que l’on se vende 600-700€ et ça dans les bars ou pour les petites structures, c’est impossible. Nous, on est trois dans Gaïacoustic plus une personne à qui on file toujours un petit billet donc, c’est impossible pour un petit lieu.
LGR : C’est sûr, il faut être motivé et passionné.
Deuf : C’est clair que c’est la passion qui te tient. Moi, si je n’étais pas passionné, j’aurais arrêté depuis longtemps !!! Quand Jah Gaïa, ça s’est fini, ça m’a mis un gros coup pendant presque 1 an mais j’ai repris le dessus et j’ai monté ce projet de Gaïacoustic, histoire de continuer à jouer, de prendre du plaisir…
LGR : Pourquoi est-ce que Jah Gaïa, ça s’est fini ? Le groupe montait bien, on vous voyait de plus en plus et il y avait une bonne vibe.
Deuf : En fait, c’est JB, le deuxième chanteur qui a arrêté. Parce que sa vie à évolué. Il a eu un enfant et je pense qu’il en avait marre d’être toujours sur la route, de bouger, d’attendre, c’est un choix de vie qu’il a fait.
LGR : C’est un métier compliqué.
Deuf : Oui, il faut être passionné. C’est aussi une sorte de sélection naturelle où les plus résistants restent. C’est dommage parce que Jah Gaïa, ça commençait à bien tourner. La mayonnaise avait bien pris. Les 10 dernières dates que l’on a faites, c’était blindé partout. On avait entamé la compo du 4ème album, on avait monté un studio, je nous sentais bien partis. JB avait déjà voulu arrêter un an auparavant et j’avais réussi à le convaincre de rester. Après, on a tous des choix à faire dans la vie. De mon côté, je continue la musique.
LGR : Yes et de belle façon. J’ai bien entendu posé une oreille sur Déshumaniser où tu chantes sous l’identité Deuf et on s’était eu au tel à la période du Show Me Love qui consistait à faire une cover d’un titre de Clinton Fearon. C’était Carmine qui organisait cela et là, c’était la team de Gaïacoustic qui s’y était collée.
Deuf : Alors avec Gaïacoustic, on joue dans la région pour continuer à jouer et de mon côté, je continue à faire de la musique seul. J’ai sorti un maxi en juin 2019 Déshumaniser sous l’identité Deuf et un premier avant intitulé Nature. Nature, on avait enregistré ça avec un pote à la maison.
Deuf
" Nature "
LGR : Déshumaniser, je le trouve juste excellent. J’ai d’ailleurs discuté de toi avec Farida Wadada Wadada), il y a quelques jours et elle m’a dit qu’elle avait pu tendre une oreille sur tes prochains titres.
Deuf : Merci. Farida, je l’ai assez souvent au tel. Je fais de la zik chez moi, les morceaux à la maison et je les réenregistre après en studio avec Dub Inc.
LGR : C’est une bonne team Dub Inc.
Deuf : C’est une bonne team, je connais bien Ben, c’est un ami d’enfance à moi, j’aime bien bosser avec lui et c’est lui qui m’a un peu poussé aussi, tu vois. Il m’a dit : " N’arrête pas comme ça, si tu veux pour enregistrer, il n’y a pas de souci." Il me file un coup de main, c’est sympa.
On avait commencé à enregistrer. On a fait les basses/batterie, les claviers. L’autre fois, j’étais chez Idir, on a fait les pompes, les orgues et puis il y a eu ce covid, donc on ne s’est plus trop revu depuis. Normalement, je suis censé le sortir en 2021. Je tiens à remercier toute la team des Dub Inc pour leur aide et leur soutien.
Deuf
" Déshumaniser "
LGR : Top. Ce sera un EP, un album ?
Deuf : Ce sera un EP. Un album au vu de ma situation ( je suis seul), ça me coûterait trop cher. Ce n’est vraiment pas une question de morceaux, je dois en avoir peut-être 20 ou 30, pas tous finis mais bien avancés mais c’est une question de finance. Si je veux faire un bon truc, j’en ai pour 10000€. Un EP avec 5-6 titres, ça me coûte 3500-4000€.
LGR : C’est déjà un bon investissement.
Deuf : C’est déjà un bon investissement. Après, j’arrive à retomber sur mes pattes en vendant un peu à droite et gauche, avec mon entourage, j’en envoie aux radios. C’est compliqué quand tu repars tout seul, de tout gérer, pour trouver des dates, de vendre un projet et vu la période actuellement, laisse tomber, je ne t’en parle même pas !!!
Je continue la zik parce que c’est ma passion et puis parce que c’est ma vie. Le reggae, j’en écoute depuis que j’ai 10 ans, il ne se passe pas une journée sans que j’en écoute, puis, j’ai des trucs à dire aussi, tu vois ? Pour l’instant, je les enregistre et je les sors en CD, sur d’autres supports et puis après, il se passera ce qu’il se passera. J’essaierai en tout cas, à ce que les gens entendent ma musique au maximum. Avec tous les nouveaux moyens que l’on a à notre disposition aujourd’hui et notamment internet, c’est assez simple de partager notre musique.
LGR : On a beaucoup parlé de Deuf. Que pourrait-on dire sur Gaïacoustic, afin d’être complet ?
Deuf : Alors, on pourrait dire pour présenter Gaïacoustic que c’est un groupe de reprises. Des anciens membres de Jah Gaïa qui ont monté ce projet pour garder un pied dans la musique. Après, on ne fait pas que du reggae, on fait de tout. Dans quelques temps, on va publier quelques clips que l’on a tournés. On a enregistré 6 morceaux en studio et nous les avons filmés. Il n’y a pas de date de prévu pour le moment mais ça va venir.
Gaïacoustic
" Via Con Me "
(Cover Paolo Conte)
Gaïacoustic
" Artibella "
(Cover Ken Boothe)
Un grand merci Deuf
Deuf, c’est deux projets.
Le premier : Nature
Le second : Déshumaniser dispo
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