Derajah, la pépite du roots jamaicain

Petite entrevue téléphonique avec Derajah en direct de la Jamaique. Un artiste qu'on aime beaucoup et dont on voulait vous livrer une interview depuis longtemps. C'est aujourd'hui l'occasion pour moi de converser avec un homme sage et très agréable qui a sorti un pur album l'an dernier avec le Donkey Jaw Bone : Paris is burning.

Stouff : Salut Derajah, tout d'abord merci de m'accorder un peu de ton temps pour cette interview.
Parlons de ton premier album, pourquoi et comment as tu choisi de travailler avec le DJB pour ce premier album, Paris is burning ?

Derajah : J'étais en contact avec eux via internet, ils aimaient beaucoup ce que je faisais et du coup on a beaucoup échangé, j'ai écouté ce qu'ils faisaient et j'ai aimé, puis ils sont venus me voir en Jamaique et ça s'est fait naturellement entre nous. J'avais déjà écrit certains de mes textes avant puis d'autres ensuite.

 

derajah and the donkey jaw bone

S : Peux tu m'en dire plus sur le riddim "Paris is burning", penses tu que Paris est Babylone ?

D :  Il s'agit de purifier quand j'emploie le mot brûler. Quand je suis venu à Paris j'ai vu tellement de choses. Les gens qui n'ont pas la chance de connaître pensent que c'est le paradis alors qu'il y a beaucoup de pauvreté et de souffrance. Bien sûr c'est un endroit très beau avec de très belles choses mais il y a tellement de gens dans le besoin, qui sont dans la rue et souffrent d'injustice. C'est pourquoi je parle de purifier Paris.

S : Ca pourrait être aussi New York ou une autre grande ville ?

D : Oui bien sûr ça pourrait être New York aussi effectivement.

S : C'est un album très conscient, avec des sujets très sérieux, est ce un exutoire pour toi ou juste un constat ?

D : Oui d'une certaine manière on peut dire que ça me fait du bien de parler de tout ce qui me touche, comme de la mort de ma soeur ou de mon ami Mario qui se sont fait assassiner. Mais ça concerne tous les gens qui ont perdu des êtres chers dans ces conditions. Je parle aussi de travail, c'est important de travailler pour obtenir ce que tu souhaites. Tous ces sujets me tiennent à coeur et je préfère parler de ça plutôt que de champagne et de fiesta.

S : Penses tu que ce sont les politiques qui rendent ce monde mauvais ou que les gens ont perdu leur foi ?

D : Pour être honnête je pense que les politiciens ne sont pas responsables de tout, il y a des bons candidats et des mauvais. Certains font de bonnes choses pour représenter les gens qui les soutiennent, on ne peut pas toujours les blâmer pour tout le pays, ils sont élus, il faut modérer, certains sont bons et d'autres mauvais. Certains font de bonnes propositions honnêtes et d'autres sont des menteurs.

J'entends des cris d'enfants en fond, je lui demande si c'est son enfant "Oui c'est ma fille, elle a 4 ans, je lui chante souvent une chanson de Tom Fire" et il m' improvise une jolie chanson "mummy loves you, daddy loves you, don't cry ..." live & direct ...

 

S : Quelles sont tes influences musicales ?

D : J'aime le reggae mais pas seulement, j'aime la musique du monde, Steevie Wonder, Michael Jackson,  Arétha Franklin,  Youssou n' Dour, la soul, la funk, j'aime beaucoup de choses. Et crois moi je peux aussi bien écouter du r'n'b que Céline Dion !!

S : C'est une blague ? Céline Dion ??

D : Non je pense qu'elle a vraiment un talent vocal , elle chante très bien, elle fait de grands shows, elle est performante.

S : C'est surprenant !

D : Je te le dis car il y a beaucoup de musiciens que j'apprécie d'univers différents qui ont beaucoup de talent et qui sont admirables avec une bonne vibe.

S : Ta maman est un chanteuse, est ce elle qui t'a donné l'amour de la musique ?

D : Oui elle chante dans les églises. C'est la plus importante influence que j'ai eue. Pour moi ce serait un rêve devenu réalité que de chanter avec elle un jour sur scène et de partager cet instant. Ce serait un accomplissement pour moi, mais je ne pense pas à une salle remplie de cris et de public qui hurle mais juste de l'avoir sur scène avec moi.

S : Qu'aurais tu fais de ta vie, si tu n'avais pas fait de musique ?

D :  Je ne sais pas, sûrement avocat, pour les personnes en prison, pour défendre les droits des gens, des opprimés et essayer d'éviter les injustices. C'est ce qui me plaisait quand j'allais en cours, d'ailleurs j'ai croisé un collègue d'école il y a quelques années qui m'a dit "comment Derajah, tu es chanteur ? je pensais que tu serais un avocat !" . Mon père voulait que je me batte pour mon pays, que je fasse des choses biens et que je combatte pour mon pays. Je le fais à travers ma musique.

S : Si tu devais vivre ailleurs qu'en Jamaïque, ce serait où ?

D :  La Jamaïque est si belle et les gens si exceptionnels. Peut être que je voyagerai chaque jour dans un endroit différent pour découvrir de beaux endroits.

S : Tu étais à La Réunion il y a quelques mois, comment c'était ?

D : C'était une très belle chose, ça s'appelle Réunion et effectivement ça réunit plein de gens différents justement. C'est un très bel endroit, une très belle île. J'ai fait un bon concert là bas. Je suis tombé amoureux de cette île et des gens, du coup j'ai donné le meilleur de moi lors du concert, c'était fabuleux, je pense que tout le monde était satisfait et je pense y retourner. J'ai joué avec le Moon Band c'était fabuleux.

 

S : Quand vas tu revenir en France ?

D : Je ne pense pas revenir très vite, je suis sur un projet de bande musicale pour un film qui s'appelle Océane. Je dois beaucoup travailler dessus. Après je verrai l'Europe et le reste du monde.

S : Que penses tu du reggae français ?

D :  Il y a beaucoup d'artistes de qualité, j'aime ceux qui vivent vraiment la musique, la ressentent vraiment. La France et l'Europe ont de très bon artistes. Par exemple Christiane Prince qui joue parfaitement, ou quand on voit Fixi* ( accordéoniste du groupe Java) aux côtés de Winston Mc Anuff, c'est énorme. En parlant de Winston, quand il a perdu son fils Mathew, nous avons joué en hommage avec Christiane Prince un rythme nyabinghy pour lui. J'aime aussi voir les hommes et les femmes faire de la musique et ressentir vraiment la vibe. Il y a de très bons musiciens en France. Big respect pour Fixi. J'ai aussi rencontré de grands musiciens à La Réunion.

 

S : Je trouve qu'il n'y a pas assez de femmes dans le milieu ?

D : Oh si je trouve qu'il y en a de plus en plus, parfois elles écrivent des chansons que les hommes interprètent, parfois elles chantent, ou il y a de très bonnes musiciennes, elles font énormément. C'est super. Je cotoie beaucoup de femmes dans le milieu.

S : Quels sont tes projets ?

D : Je vais travailler sur le nouvel album, sur quelques collaborations. J'espère que le prochain album sera fantastique et qu'il sera aussi bien accueilli que le premier.

S : Ok pour finir, veux tu rajouter un petit message ?

D : Je veux juste rajouter, big respect à ceux qui me soutiennent, big respect aux musiciens, à ceux qui m'aident dans mon travail et qui l'apprécient. Merci beaucoup à toi pour ton temps et pour contribuer à faire vivre mon image et mon travail en France. J'adore les français, ils m'apprécient et apprécient mon travail, je ne peux que les aimer.

S : Merci à toi pour tout ça et j'espère te voir bientôt en France.

D : Merci big up à toi & La Grosse Radio

Voilà une rencontre fort agréable avec un homme très intéressant et enrichissant qui à travers son regard et ses constats sérieux dégage une sensation de paix et de bien être.

Big up Derajah !

*Fixi (accordéoniste du groupe Java) est en tournée actuellement avec Winston Mc Anuff. Un album est à paraître en septembre.

Big merci à Anais

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