Nomade Reggae Festival – Jour 1

Frangy est une localité peuplée d'irréductibles reggae addicts qui résiste encore et toujours à cet envahisseur qu'est Babylone et qui a à sa tête une sorte de VercinJAHtorix des temps modernes. En effet, bien loin de s'opposer à notre genre musical préféré, le maire de la commune, M. Bernard REVILLON, est partie prenante de l'organisation du festival consacré au reggae qui se déroule à Frangy chaque été depuis 2015.

Mais si le Nomade Reggae Festival est soutenu par le maire, il est avant tout l'œuvre de Mélodies Du Monde, association à vocation humanitaire gérée par Bafing Kul, artiste reggae originaire du Mali et diffusé sur notre antenne. Bafing Kul milite depuis de nombreuses années en faveur de l'amélioration des conditions de vie dans son pays natal et en s'engageant plus particulièrement contre l'excision. Son dernier morceau, "Exciser, c'est pas bon", en feat. avec Waris Dirie, témoigne de cette mutilation infligée aux femmes. Mais encore, conformément à ses idéaux, Bafing Kul s'est investi dans la construction d'un centre de santé à Sanankoro au Mali, dont les travaux débuteront prochainement grâce aux bénéfices générés par le festival.

Cette année, le Nomade Reggae Festival avait lieu du 4 au 6 août sur le terrain de sport de Frangy et La Grosse Radio avait donc décidé de s'y rendre afin, d'une part, de voir les choses de plus près et, d'autre part, pour la programmation de qualité offerte aux festivaliers.

C'est bien sûr pour le line-up que La Grosse Radio s'était déplacée, puisque celui-ci mêlait autant artistes de la scène locale au sens large avec Feuilles De Roots, Missah & WeedO, I Woks Sound & Reggae Mylitis, Iron Dubz (qui ne figurait pourtant pas sur l'affiche, mais vous comprendrez plus tard), etc, que groupes nationaux (Raggasonic, Papa Style, Weeding Dub, YaniSs Odua & Artikal Band...) et affiches internationales comme Mellow Mood, Black Roots, Radikal Guru, Raging Fyah, dont notamment un "artiste de classe mondiale" dixit M. Le Maire (vidéo à 0'26"), à savoir Alpha Blondy.

Malgré quelques soucis d'organisation auxquels le public a dû faire face comme le manque de points de restauration, de buvettes et de toilettes, mais qui peuvent être très facilement améliorés en aménageant différemment le site (de la même manière que le camping), nous pouvons d'ores et déjà dire que nous avons passé un excellent week-end festif à Frangy tant pour la programmation que pour l'accueil du staff et que le Nomade Reggae Festival cru 2017 a été une franche réussite.

Mais avant de nous plonger plus en profondeur sur ces trois jours de musique, il y a un point sur lequel nous nous interrogeons : comment se fait-il que le drapeau breton ait pu faire la nique à l'étendard savoyard chez les gars de la Yaute et du 7-4 ? Comment se fait-il que lorsqu'est sorti le Gwenn Ha Du, il n'ait pas été recouvert par une nuée de bannières à croix blanche sur fond rouge ? Mystère...

Retour sur trois jours de reggae music, de good vibes, de grosses basses, de rires et de beau temps.

C'est en effet sous un soleil éclatant qu'a débuté cette troisième édition du Nomade Reggae Festival et l'ouverture en musique faite par le Shining Sound System allait donc de soi. Pendant trois jours, le collectif a fait vibrer le festival au rythme de ses sélections et l'on a pu entrendre quelques classic tunes comme le "Chase The Devil" de Max Romeo ou le "Fally Ranking" de Johnny Osbourne, mais également des morceaux d'Icho Candy, artiste peut-être moins connu du public mais tout aussi excellent avec ses "Jah Calling All Over The World" et "Babylon".

Puis ce sont les Belges de Radikal Sound qui furent les premiers à fouler la scène du Nomade, scène suppléée par, excusez du peu, un écran géant, oui oui, vous avez bien lu, un écran géant. A Frangy, on ne fait pas les choses à moitié : rares sont en effet les festivals de taille moyenne à offrir une telle qualité et une telle visibilité au public ; cela permet au spectateur qui est allé chercher une crêpe ou une bière de ne pas perdre une miette du concert.
Bref, nous disions donc que le Radikal Sound s'était présenté devant les massives afin de leur faire part de leurs sélections ragga, rub-a-dub ou dub tout court. Nous avons pu skanker sur le "Bun Di Ganja" de Chezidek ou encore sur un tune des compatriotes de Radikal Sound, j'ai nommé Atomic Spliff. La Belgique représente !! Malgré un public encore peu présent et timide, les grosses basses furent bel et bien rendez-vous et Radikal Sound a mis tout le monde d'accord.

C'est alors qu'un intermède non prévu mais bienvenu s'est malicieusement glissé entre Radikal Sound et Weeding Dub qui devait jouer juste après, puisque nous avons eu droit à un show exécuté par un collectif de percussions. Il est vrai qu'on ne s'y attendait pas du tout, mais le balafon et autres djembés auront su nous convaincre avant de nous replonger au sein des basses abyssales propagées par Weeding Dub.

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Cependant, là aussi, un événement non prévu mais bienvenu s'est déroulé durant le set du Lillois. En raison de quelques soucis techniques et logistiques, Weeding Dub n'a pas pu jouer son live machine habituel, il a, par conséquent, dû se rabattre sur de la sélection. Et c'est là qu'Iron Dubz intervient (on vous en parlait justement plus haut), habitant lui-même en Haute-Savoie, non loin d'Annecy, pour officier en qualité de MC, au sens strict et initial du terme, c'est-à-dire qu'il ne faisait qu'animer la session et non chanter sur les versions. On n'a pas l'habitude de voir ni l'un ni l'autre agir dans les fonctions qu'ils occupaient ce soir-là, mais peu importe, puisqu'ils s'en sont très bien sortis. Pendant que Weeding Dub jouait quelques classic tunes comme le "Black Roses" de Barrington Levy ou le "Divorce à l'italienne" de Mungo's Hi Fi ft Marina P, Iron Dubz haranguait et motivait le public. Dès lors, Weeding Dub a enchaîné sur ses productions dont le mythique "Gypsy Dub", un "hit du sound system" proclamait Iron Dubz, avant de nous faire part de certains morceaux de son prochain album, opus dont il nous parlera plus tard dans une interview à retrouver très prochainement sur notre webzine. Lorsqu'elle est maîtrisée, l'improvisation peut avoir du bon : Weeding Dub et Iron Dubz nous en ont fait la démonstration brillante, le public a joué le jeu et nous avons finalement passé un excellent moment en compagnie des deux artistes.

nomade reggae festival, frangy, weeding dub

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A propos d'improvisation, fort de son expérience de MC incontournable de la scène reggae/ragga/hip-hop/metal/electro/jungle/grime/drum n' bass/UK Garage (on se demande encore sur quel style l'auteur de Vapor n'a pas déjà toasté) depuis une trentaine d'années, Big Red en connaît un rayon. On aurait pu admirer ses talents de "tchatcheur" en dehors du cadre de son set avec DJ Vadim lorsqu'un problème technique est venu perturber celui-ci et que le producteur russe ne pouvait plus balancer les instrus ; cependant, c'est à ce moment précis que le maire de Frangy, soutien inconditionnel du festival, a fait irruption sur la scène à la surprise générale afin de nous offrir un petit speech fervent et exalté à travers lequel il a promu sa ville, bien entendu, mais également le reggae en général et le Nomade Reggae Festival en particulier. Il a rappelé l'importance de la culture et de la musique comme vecteurs de cohésion, tout en soulignant sa fierté de co-gérer l'organisation d'un événement pour les jeunes. Reggae et jeunes, voilà deux mots qui d'habitude suscitent la méfiance auprès des autorités et de l'administration : foin de ces préjugés, M. le Maire ne mange pas de ce pain-là et on ne peut que se satisfaire et saluer l'attitude de l'édile au cours de ces trois jours de festivité pour la confiance qu'il a accordée au public et au reggae music. Et cerise sur le gâteau, hormis deux ou trois badauds recadrés par la sécurité, absolument aucun incident notable n'a été recensé pendant le festival.

Revenons maintenant à Big Red et DJ Vadim. Cela fait déjà plusieurs concerts que les deux font la paire. Chacun étant une pointure reconnue dans son domaine, on a donc pris beaucoup de plaisir à les voir évoluer sur scène. Et ce qui est bien avec Big Red, c'est qu'il peut, comme nous l'affirmions plus haut, se poser sur n'importe quel genre musical ; c'est donc à une ambiance moins vapor à laquelle nous avons eu droit à Frangy contrairement à Chalon où il était accompagné de Youthman (le gros report ici). C'est la force même du MC de pouvoir travailler avec n'importe quel selecta et il peut donc proposer des sets différents selon par qui il est accompagné. DJ Vadim, de par sa culture hip-hop poussée, a principalement opté pour ce style, même s'il joue également beaucoup de reggae et de dub ou du James Brown et du Benny Page. Pendant ce temps, Big Red, armé de son fast style redoutable, revisite son répertoire, mêle ses anciens morceaux comme "Redvolution" ou "Respect or Die" avec ses plus récents comme "Ma Gueule" ou "J'ai Pas Le Temps" sans oublier bien sûr de nous remémorer quelques tunes de Raggasonic dont "Légalisez La Ganja" ou "Aiguisé Comme Une Lame". On entendra bien évidemment "Kill Kill Kill", fruit du très emblématique featuring entre DJ Vadim et Big Red. Ce dernier n'omettra pas enfin de mentionner les artistes de Brigante Records (label sur lequel est sorti son dernier album), Biga*Ranx, Atili Bandalero, Supa Mana (autre selecta qui le backe régulièrement), Green Cross, etc..., sorte d'hommage à cette jeune génération qui suit ses traces.

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Et ce fut finalement le dub stepper de Radikal Guru qui est venu conclure en beauté cette première journée du Nomade Reggae Festival. Accompagné d'une section cuivres pléthorique (trombone, trompette et saxophone), le Polonais revisite d'une certaine manière la french touch façon dubwise où les instruments se mêlent aux machines. On retrouve même ainsi un peu de Zion Train (crew pionnier dans l'utilisation des cuivres en live dans le dub) dans le son de Radikal Guru. Ce n'est donc sûrement pas pour rien qu'il s'est assuré les services du Britannique Echo Ranks sur la scène du Nomade, d'autant plus que les deux artistes avaient déjà collaboré au préalable avec "Warning" notamment, titre qu'ils interpréteront inévitablement ce soir-là.

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Crédit photos : Live-i-Pix 

A SUIVRE ! STAY TUNED !!

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