Chinese Man + Mr Abitbol – Le Cèdre, Chenôve (21) – 13.10.2017

Bien que nous les avions déjà vus cet été aux Eurockéennes (le gros report ici), il nous semblait évident de retourner à la rencontre des Chinese Man en concert. Rendez-vous fut donc pris le 13 octobre dans la salle du Cèdre à Chenôve à proximité de Dijon.

Le public s'était déplacé en masse pour accueillir le crew de Marseille et découvrir les versions live des morceaux de l'album Shikantaza sorti en début d'année (la grosse chronique ici).

Mais avant de nous pencher en détail sur le set de chacun des artistes, il est deux choses sur lesquelles nous aimerions insister et qui nous ont particulièrement interloqués. La première, c'est notre incompréhension totale devant les personnes capables de rester assises pendant un concert du trio ; le Cèdre comportant en effet des gradins, des spectateurs ont eu la curieuse idée de ne pas s'en détacher (après tout, chacun fait ce qu'il veut).
La seconde, c'est qu'à partir de...20h30 (c'est-à-dire avant le concert), le stock de bières de la buvette avait déjà été liquidé ! Nous ne sommes bien évidemment pas là pour inciter à la consommation d'alcool (vous savez le fameux slogan insupportable "L'abus d'alcool est dangereux..."), mais on s'interroge : est-ce que Shirley & Dino, présents dans la même salle quelques jours plus tôt, avaient déjà tout bu ? Ou alors les bières avaient-elles été réservées pour Emir Kusturica et son No Smoking Orchestra programmés plus tard ? A l'heure où nous écrivons ces lignes, Eliott Ness mène toujours son enquête.

Bref, c'est l'homme le plus classe du monde, le beatmaker Mr Abitbol, qui a officié en qualité de première partie avec son abstract hip-hop limite trip-hop aux basses appuyées. S'inspirant donc de La Classe Américaine, Mr Abitbol sample quelques-uns des extraits de ce film, à la manière du Peuple de l'Herbe sur son mythique Triple Zéro. Mais ça ne s'arrête pas là, puisqu'il pioche également chez Brassens ou remixe Al'Tarba. Le producteur en a aussi profité pour dévoiler quelques morceaux de son album qui sortait le jour même, en cela épaulé de temps à autres par deux MCs aux lyrics conscients. Puis Mr Abitbol finira son set par un pur track jungle/drum n'bass avant de laisser la place à la tête d'affiche de cette soirée.

C'est sur le morceau éponyme de leur dernier opus que les Chinese Man ouvrent leur show. Têtes dissimulées sous une capuche, les trois DJs déroulent l'instru dans une obscurité totale pendant que l'écran géant, installé derrière eux, ne fasse défiler les images du clip. A l'instar de la vidéo, le son est épique et massif et enveloppe toute la salle de son atmosphère lourde. C'est ensuite que les lumières s'allument sur la scène et que Sly, High Ku et Zé Mateo laissent apparaître leurs visages sur "Maläd" aux accents dub : on peut alors les voir scratcher, trifouiller leurs MPC et autres synthés. Oui, Chinese Man est bel et bien de retour avec ses grosses basses.

Ils enchaînent direct avec "Escape" et c'est à cet instant que l'on comprend toute la signification des deux pupitres placés de part et d'autre de la scène, puisqu'ils servent de perchoir à Green et FP, les deux MCs d'ASM (A State Of Mind) qui accompagnent le crew sur la tournée. Alors que l'on a les yeux braqués sur le trio, Green et FP montent discrètement tour à tour sur ces fameux pupitres afin de débiter leurs flows so british. Enfin, c'est Youthstar qui surgit juste devant l'écran géant.

Si les Chinese Man ont toujours fait appel au hip-hop dans leurs compositions, ils les nourrissaient de notes plus chaudes sur Racing With The Sun. A contrario, avec Shikantaza, le soleil a disparu, l'ambiance est plus sombre, plus cold. Et cela se ressent d'autant plus en live. Les morceaux sont beaucoup plus abstracts, beaucoup plus saccadés. Et d'ailleurs, le crew ne joue justement pratiquement pas d'anciens titres de son répertoire, et quand il le fait, ils sont pratiquement tous remixés. Et c'est tant mieux ! "Get Up" perd par exemple son aspect jovial initial, "I've Got That Tune" est relooké en jungle (normal, c'est Youthstar qui pose sa voix dessus), le dub stepper "Racing With The Sun" se montre plus dark (on l'entendra juste après "Warriors", sorte de dub tribal aux antipodes de "One Past" ou "Skank In The Air"). Il y a un peu de High Tone, d'EZ3kiel, voire même de Massive Attack aujourd'hui dans le son de Chinese Man. "Wolf" ou "Golden Age" qu'ils joueront ce soir-là, sont ainsi parfaitement représentatifs de cette tournure que prennent aujourd'hui les Marseillais. Que cela plaise ou non, le trio de beatmakers a au moins le mérite de vouloir se renouveler.

chinese man, concert, chenôve

Pour revenir au second trio, celui vocal, on le verra opérer sur quelques freestyles, dont l'un sur une instru façon boogie et sur un autre où ils rendront hommage à quelques morceaux boom-bap des 90's dont le "Can I Kick It ?" d'A Tribe Called Quest. La complicité est évidente entre les trois MCs qui s'agitent et courent de partout sur la scène en haranguant le public en permanence. Youthstar fera répéter d'innombrables "Blah" aux massives avant que Ze Matéo, Sly et High Ku n'envoient le beat. "Blah, blah, we gonna mash it up again, blah blah this ya Chinese Man anthem, blah, blah !!"

Et c'est sur un track tout aussi puissant, "Night Terrors", extrait de l'EP de Youthstar, SA.MOD (la grosse chronique ici), que le trio conclura son set avec des sonorités oscillant entre le trap ("on injecte quelques éléments trap dans notre musique maintenant", nous confiait Sly en interview aux Eurockéennes) et le dubstep, preuve, une fois de plus, que le collectif ne s'enferme pas dans un style bien déterminé.

Lors du rappel, on entendra FP sur "What You Need" qui prendra des airs de dancehall par la suite, puis il se substituera à Taiwan MC pour "Miss Chang". Et histoire de finir en grande pompe, c'est le symphonique "Operaz", la dernière release en date de Chinese Man, qui retentira dans la salle du Cèdre avant que High Ku ne prononce la rituelle sentence finale à base de nems.

BIG UP au staff du Cèdre pour son accueil, aux organisateurs, à tous les artistes qui ont joué ce soir-là, ainsi qu'à Ephélide !

BLAH !!

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