Télérama Dub Festival – Lyon (Transbordeur) – 10.11.2018

En attendant la traditionnelle soirée parisienne aux Docks de Paris qui se déroulera le 24 novembre, le Télérama Dub Festival faisait halte à Lyon et plus précisément au Transbordeur (comme à l'accoutumée) le 10 novembre dernier. Et de la même manière qu'à Marseille quelques jours plus tôt, cette date affichait complet, montrant ainsi tout l'intérêt que portent les massives pour le dub et notamment sous sa forme la plus créative et originale. En effet, bien loin des fameuses "Dub Club", "Dub Town", "Dub Session" et autres qualificatifs qui essaiment un peu partout dans l'Hexagone et qui se limitent uniquement au sound system (du stepper, du stepper et encore du stepper pendant six heures d'affilée !!??), le TDF conserve sa singularité avec une programmation riche, passionnante et surtout éclectique.

Comme tous les genres musicaux, le dub est aujourd'hui mondialisé ; ça fait belle lurette qu'il a dépassé les frontières de la Jamaïque, et même de l'Angleterre, et qu'il a pris position au Japon, en Allemagne, en Chine, au Mexique, all around the world. Et étant donné que la France est pionnière en matière de dub en live band (si l'on excepte les groupes de punk britanniques de la fin des 70's), c'est tout naturellement que le TDF propose, depuis ses débuts, un line-up reflétant la diversité du dub.

Par conséquent, c'était un peu un condensé de la sono mondiale du dubwise que le public a pu découvrir ce soir-là, avec un net penchant pour l'Europe et l'Amérique du Sud, mais aussi une surreprésentation de la scène de...Tours. En effet, c'est un effectif pléthorique de "LA ville du reggae français" (lire ou relire notre reportage consacré au reggae tourangeau) qui s'est lancé à la conquête de Lyon. Biga*Ranx et son frère Atili, ainsi qu'OnDubGround et Chill Bump, sont ainsi venus propager la vibe tourangelle auprès d'un public lyonnais qui avait décidément résolu d'en découdre en remplissant le Transbordeur.

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Comme d'ordinaire pour le Télérama Dub Festival dans la cité des gones, deux ambiances étaient proposées : l'une plus portée sur le live dans le club et l'autre axée sur le sound system dans la salle principale (ou main stage, si vous préférez).

Dès lors, aussitôt rentrés dans l'arène vers 23 heures, les massives avaient le choix entre le Sinaï Sound System de Sheffield dans la grande salle ou les Brésiliennes de Feminine Hi Fi. Pour notre part, nous avons opté pour le son du crew féminin, tout simplement parce que nous ne les connaissions pas. Et quelle claque nous avons prise ! Du dancehall, du reggae, du dub, des sonorités plus latinos, le quatuor joue à peu près de tout sans véritablement se poser de questions. De Bob Marley au fameux "Mandela" d'O.B.F feat. Mr Williamz, Feminine Hi Fi a retourné le dancefloor de par ses sélections mais aussi et surtout via son énergie débordante. Les activistes jumpent et skankent en permanence sur scène, communiquant leur fougue aux spectateurs. Pour une entrée en matière, on n'aura pas été déçus.

C'est ensuite un autre quartette, mais cette fois-ci exclusivement composé de chanteurs, qui a succédé à Feminine Hi Fi au Club Tranbo afin d'accompagner le producteur stéphanois qu'on ne vous présente plus, Brain Damage. En effet, les quatre Colombiens que sont Jimena Angel, La Gaitana, Macky Ruff et Javier Alerta Kamarada étaient exceptionnellement présents en France pour une seule et unique date avec Brain Damage afin de défendre l'album ¡ Ya No Más ! (la grosse chronique ici) sorti quelques semaines plus tôt. Autant dire qu'on n'a manqué cela sous aucun prétexte, d'autant plus qu'on a découvert un Brain Damage un peu inhabituel sur scène faisant fi des riddims dark ou stepper, puisqu'il n'a joué que des morceaux de cet album à la tonalité roots. Et cela a très bien fonctionné avec le renfort des quatre vocalistes, qu'il s'agisse des incantations plutôt soul de Jimena Angel ou du flow reggae de Javier Alerta Kamarada. Chacun des chanteurs est apparu tour à tour avant un bouquet final exaltant à travers lequel ils ont tous interprété "Lloran".

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Au même moment, dans la grande salle, c'est un autre projet inédit (mais pas exclusivement formé pour le Télérama Dub Festival) que nous pouvions découvrir, en l'occurence Irie Ites (représenté par l'un de ses fondateurs, Manu) qui backait King Kong, le dernier album du Jamaïcain, Repatriation (la grosse chronique ici), étant en effet sorti sur le label manceau en début d'année. Pour faire simple, Manu mixait les pistes en live & direct et King Kong se posait sur les versions. Mais plus que des versions, ce furent des extended versions qui nous ont été offertes. Après avoir entendu King Kong sur, entre autres, "Pree The Money" ou "Wake Up The Town", Manu, dans la plus pure tradition du dubwise, se chargeait ensuite de dubber tout cela. Un bon moment passé avec ce duo ; seul bémol, trop d'aigus sur la voix de King Kong de la part de l'operator du Sinai Sound System (constat que l'on refera plus tard avec Marina P), ce qui pouvait rendre le show assez désagréable par intermittences.

Venons-en maintenant à la délégation de tourangelle venue porter haut et fort les couleurs de "LA ville du reggae français". Tours City RPZ avec Biga*Ranx & Atili et OnDubGround & Chill Bump. Il se trouve cependant que les deux crews jouaient en même temps et il fallut donc, une fois de plus, effectuer des allers-retours incessants pour apprécier les concerts à leur juste valeur.

A ma gauche, au Club Transbo se produisaient donc Chill Bump et ODG (sans oublier Jeep d'Higher Light en qualité d'ingé son) ou quand le hip-hop rencontre l'electro dub, une création spécialement conçue pour le Télérama Dub Festival, à l'instar de Joe Pilgrim & The Ligerians meet Pilah en 2016 (le gros report ici). Quoi, encore des Tourangeaux !! Par conséquent, les nostalgiques de la grande époque du dub live à la française en auront eu pour leur grade avec ce mélange des genres et ce mélange d'électronique et d'instruments. Dub, trap, hip-hop et electro, tout y est passé (notamment sur "Shake Dat Ting") et on en aura pris plein les esgourdes et la vue avec ce déferlement de basses abyssales, de skanks digitaux, de mélodies imparables, de scratches bien sentis de Bankal, le tout surplombé du flow de Miscellaneous. Une bonne partie de l'album (la grosse chronique ici) a été jouée ce soir-là, ainsi qu'un remix de Panda Dub ou celui d'High Tone, "The Orientalist".

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Et à ma droite, dans la grande salle, l'on pouvait apprécier le dub champagne de la fratrie composée de Biga*Ranx (qui faisait son grand retour au Télérama Dub Festival après une participation en 2014 avec Kanka) et Atili (quant à eux accompagnés par Lil Slöw de Damé en ingé son). Ce dernier nous balance d'entrée de jeu son terrible remix du "Dinosaurs" de Travis Scott, avant que Biga*Ranx ne nous fasse part des tunes de son 1988 (la grosse chronique ici) paru l'année dernière. Il a ainsi interprété "My Face", "Petit Boze" et bien entendu "Liquid Sunshine", mais aussi "Paris Is A Bitch" ou encore "Push The Limits" en feat. avec L'Entourloop. Biga*Ranx venant avant tout du sound system, on l'a senti plus motivé que jamais, d'autant plus que la proximité avec le public, inhérente à cette configuration, n'a fait que renforcer ce moment de communion avec les massives. Et celle-ci n'a fait que se renforcer quand le Tourangeau s'est mis à entonner son prochain single en feat. avec Pupajim sur une prod...d'Atili. Le DJ jouera d'ailleurs quelques-uns de ses propres morceaux comme "Longtime" ou le stratosphérique "Tomorrow", clôturant cet aparté rub-a-lounge dans la nuit du Transbordeur.

Et pour finir la soirée, l'on pouvait naviguer entre le sound system classique avec Mungo's Hi Fi qui accueillait Marina P ainsi que Kenny Knots ou alors découvrir Sclachthofbronx, un duo de producteurs allemands assez atypiques. Et c'est parce qu'ils sont atypiques que nous sommes restés vers eux. D'une manière générale, les Allemands restent, quoiqu'il advienne, des maîtres en matière d'expérimentation sonore et le dub des Schlachthofbronx s'en ressent : pas de skank, un dub épuré qui se rapprocherait de la techno minimale berlinoise et du son de Rhythm & Sound. Il y a fort à parier que la musique de Schlachthofbronx attire autant des massives venant du dub qu'un public plus axé sur l'electro ; en tout cas, c'est notre ressenti et c'est probablement la raison pour laquelle les deux DJs ont été programmés au Télérama Dub Festival.

BIG UP à tous les artistes présents ce soir-là !!
BIG UP également au Transbordeur, ainsi qu'au Télérama Dub Festival, à Bi-Pole et à Frédéric Péguillan !!

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