Th Da Freak : nouveaux éléments à  charge

MAJ du 06/12/18

Nous concluions notre enquête précédente par l'évocation de la naissance potentielle d'un groupuscule inquiétant, il semblerait que nous ayons sous-estimé le th da frism – de nombreux éléments nous laissent penser que l'organisation s'est en fait déjà bien développée, au vu des nouvelles données dont nous disposons suite à la parution de H-Sides, dans la continuité du T-Sides publié plus tôt (voir article du  001/11 ci-dessous).

Si l'illustration terrifiante signée Christian Bolognaise et Courtney, propagandistes personnels du gourou, ne nous laisse plus aucun doute quant à la dangerosité du personnage, le titrage de l’œuvre, à propos duquel nous avancions qu'il pourrait s'agir d'un mouvement en deux temps, a confirmé sa bipolarité en complétant le puzzle mystérieux – cela reste hypothétique, mais T et H font bien TH, comme les premières lettres de l'alias qu TH Da Freak s'est choisi, ce qui nous laisse craindre qu'il pourrait s'agir ici des premiers signes de l'instigation d'un culte de la personnalité radical. Une impression nourrie également par l'apparition discrète mais incontestable d'un ethos autoritaire (« disponible uniquement en téléchargement gratuit sur la plateforme bandcamp » nous dit-on : on ne peut plus dirigiste).

Le système de valeurs présenté dans ce deuxième document, semble également plus abouti que nous ne l'imaginions. Il repose apparemment sur des préceptes empruntés à des croyances pré-existantes, comme le laisse entrevoir la liste de titres en forme de manifeste organisé : celui de l'auto-culpabilisation dans un premier temps, "Voyeurism", "Jealousy, Mediocrity", "Men Are Not Responsible Of All Fucked Up Things but I Still Feel Ashamed To Be One of Them" – de quoi créer un climat malsain de remords et de désespoir dans le coeur de ses cibles innocentes, avant de semer le trouble dans leur esprit par des messages au sens obscur ou contradictoire ("Mysterious", "This Is Not Your Fault"), voire carrément absurde ("A Problem With The Sink", on ne voit pas le rapport).

Si l'on s'intéresse au musical (il faut bien le faire de temps en temps), les ambiances proposées ne laissent la place à aucun doute, se veulent évidemment des tentatives de mise en transe hypnotique à distance – secte connectée comme on n'en voyait fleurir jusque là que dans la Silicon Valley – l'ambiance stone dépravée de "Jealousy, Mediocrity", la boucle temporelle dans laquelle s'enferme "A Problem With The Sink", l'atmosphère Jardin Zen de "Deadly White Light", ou celle, polyphonique, donc schizophrénique, de "I Don't Want To Watse My Time". Avec ce que l'on observait déjà de T-Sides, ce que l'on connaît maintenant de H-Sides, le constat est irrécusable : TH-Sides est un album stupéfiant, au sens douanier du terme.

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On savait les miliciens bordelais de Flippin Freaks déjà acquis à sa cause, et que les petites mains prolifiques de 1 EP par Jour, mouvement dans lequel TH Da Freak est investi, n'étaient pas bien innocents non plus, mais pus de doute à présent : d'autres âmes perdues tomberont sous son influence pernicieuse. Nous mêmes commençons à ressentir les premiers signaux d'une dépendance, d'un inexplicable sentiment de hâte à l'évocation de l'album annoncé pour 2019 – qui devrait atteindre des sommets de dangerosité.

Article du 01/11/18

"TH Da Freak tease son nouvel album avec... un double-album."

Etrange, cette formule empruntée au communiqué de presse de Howlin Banana Records ; intrigante, paradoxale ; dangereuse.

Le Bordelais Th Da Freak vient donc de publier T-Sides, le premier volume d'un double album du nom de TH-Sides (on ne voudrait pas trop s'avancer mais le second volume risque de s'appeler H-Sides), officiellement voué à annoncer la sortie, en 2019, d'un nouvel album, Freakenstein. Mais personne n'est dupe, et chacun sait qu'il ne s'agit là que d'un moyen pour embrigader massivement de jeunes prosélytes dévoués à moindre coût.

Malgré les efforts de dissimulation, le complot est aisément détectable : comme par hasard, ce premier volet est excellent, parfaitement équilibré entre up-tempo enthousiastes, avec le garage-mais-mélodiquement-soigné-cependant ("Sophism Professionnal", bien comme le premier café du matin, de quoi s'inscrire dans le quotidien de tous), excentricités addictives ("Repetto", qui nous met un peu mal à l'aise tout en nous forçant à taper du poing sur la table en fronçant les sourcils et faisant un O avec la bouche – haine de soi, honte, culpabilité), balades déprimantes ("I'm Sad" : "bou-hou", dit-il, comme pour faire entendre à de pauvres âmes vulnérables que quelqu'un les comprend, et que ce quelqu'un sera bientôt en tournée près de chez elles) et faits d'armes démonstratifs ("Immortality", un titre interminable, lourd et entraînant à la fois, une transe infinie conçue pour s'en aller carotter bassement les ouailles de John Dwyer).

La pochette quant à elle, tout en verdure, est étrangement captivante, d'un hypnotisme franchement pernicieux, mais dont on ne peut décrocher le regard qu'au prix d'un violent effort spirituel. Et en guise d'ultime confirmation de nos craintes : l'album est proposé en téléchargement gratuit sur la page bandcamp du label. Ce sont donc les classes défavorisées que l'on vise, comme depuis la nuit des temps, les désespérés qui ne demandent qu'à se jeter à corps perdu dans le giron d'un nouveau gourou, porteur d'espoir. Tout semble donc indiquer que nous assistons à la naissance d'une secte moderne, inquiétante et déterminée.

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Crédit photo : Antoine Monégier

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