Iris von Gul – Iris von Gul

"Ce premier essai n'est pas encore bien abouti, même si sa volonté farouche de ne rentrer dans aucun carcan est très appréciable"

Iris von Gul aura bien pris son temps pour proposer autre chose qu'un single de ci de là. "Artemis" version démo en 2013 (et quelques reprises et remixes), "Artemis" version définitive en 2015, morceau que l'on retrouve encore sur ce premier jet. Prendre son temps n'est pas un mal après tout, et les garçons sont également impliqués dans le collectif We are Vicious, impliquée dans l'organisation de soirée et la promotion d'artistes en tous genres. Leur point commun : la distorsion, une vision un peu tordue du monde environnant, le refus des conventions généralement admises. Soit des partis pris que l'on retrouve parfaitement dans la musique d'Iris von Gul, ainsi que chez leurs principales influences (Nine Inch Nails, Queen Adreena, Mike Patton ou les Beastie Boys).


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Pas la peine donc de s'attendre à une musique cherchant à respecter quoi que ce soit. Non, Iris von Gul est furibard, très punk dans son envie de shooter dans la fourmilière, de provoquer quelque chose, quitte à ne plaire à personne. On passe ainsi d'ambiances inquiétantes, voire glauques, à des hurlements cinglants sur fond de gros riffs saturés. "The Breaker", qui fait office d'intro, en donne un bon exemple en évoquant forcément le Nine Inch Nails des débuts avec ses boucles dégénérées, ses interludes très calmes au piano et ses rythmiques électro à l'ancienne. Le chant, qui privilégie l'expressivité à la mélodie, n'a en revanche que peu à voir, si ce n'est dans son affection pour les changements de registre radicaux. "Artemis", le single donc, fait l'effort d'être plus "conventionnelle" avec son beat dansant sur les refrains, même si l'aspect dégénéré (les transitions sont vraiment très bien trouvés) reste bien présent.

N'allez pas croire pour autant que les morceaux ne sont que de simples collages de parties n'ayant aucun lien. Il y a bien une continuité musicale, on parle bien de chansons, même si celles-ci prennent beaucoup de libertés. De la même façon, et malgré le côté glauque omniprésent, il y a aussi de l'humour, ou à tout le moins du second degré chez Iris von Gul, même si celui-ci n'est pas aussi présent que chez MrBungle. Ce qui est parfois un peu dommage, car l'agression sonore rend parfois la musique un peu monocorde, de sorte que tout changement est le bienvenu, comme les "couplets" de "All day long", plus mélodiques, et qui tombent à pic après la violence pure de "All I love". 

Paradoxalement, le groupe propose une musique qui se fait à la fois trop monocorde et à la fois trop foutraque. Si on donne dans le monocorde, il faudrait plus d'efficacité, de concision. Quitte à partir en délire, autant varier les plaisirs et ajouter des variations plus importantes (d'autant que le groupe cite John Zorn parmi ses influences). Ce premier essai n'est donc pas encore bien abouti, même si sa volonté farouche de ne rentrer dans aucun carcan est forcément appréciable, surtout pour les personnes auxquelles les influences précitées parlent un minimum. Ce n'est pas tous les jours que l'on découvre des groupes dans ce créneau, avec ce genre d'attitude très tranchée qui force le respect. A voir si les musiciens, qui privilégient l'expression à l'aspect purement musical, parviennent plus tard à davantage varier les plaisirs et à trouver le bon équilibre (ils en sont capables, comme le montre leur single). Même si en l'état, ce premier disque est un bon début.
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6,5/10

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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